De l’utilité du Drive

J’ai été durant des années responsable d’un « fast-food » avec drive. Vous savez, c’est le truc qui vous permet de chercher à manger pour le ramener chez vous (ou manger sur le parking, moteur tournant). Comme les centres commerciaux, ca s’est développé en périphérie. Sauf, peut-être, celui où j’ai bossé.

Il est en effet situé en ville, entre deux stations de tram, au carrefour de deux itinéraires cyclables, à deux pas du centre de la ville de 35000 habitants, et à même pas deux kilomètres des quartiers nord de la ville centre. La zone de chalandise ? 3 km de rayon.  A vélo ? Quinze minutes. En voiture, avec la circulation ? Quinze minutes.

Bref, l’emplacement idéal pour laisser sa voiture. Et bien non, le drive est utilisé par plus de la moitié des clients. Encore, pour des familles avec des commandes conséquentes, on peut comprendre, mais pour le reste ???

Peut-être faudrait-il, pour convaincre la « Fast-clientele » (c’est le titre de mon blog) sacrifier quelques places de parking pour y mettre un abri vélo. Mais ca coute des sous, et puis tant que ca marche comme ca… Pourquoi changer ?

21 commentaires sur “De l’utilité du Drive

  1. CarFree

    Témoignage intéressant… qui prouve que si les automobilistes pouvaient entrer dans les magasins avec leur voiture, ils le feraient! C’est franchement désespérant, au-delà de l’acculturation culinaire, même en centre-ville c’est mcdo et le règne de la bagnole. De manière plus générale la junk-food flatte tous les bas instincts de l’homme: malbouffe hypersucrée et graisseuse dans un environnement bagnolard. Au passage, as-tu vu le docu Supersizeme? Terrifiant…
    Sinon, un exemple qui montre qu’en france on sait faire pire que le pire: dans une zone commerciale, à côté d’un drive-in mcdo, j’ai pu découvrir l’existence d’une boulangerie drive-in où on achète son pain sans sortir de sa bagnole… Typiquement français, non?

  2. colombo_35

    Le progrès est partout, à Cesson Sévigné près de Rennes, il y a aussi un point de vente de pain en mode drive in ainsi qu’une boite au lettre de la poste en mode drive-in.

  3. Vélops

    On peut aussi aller au drive-through à vélo, ça se fait dans certaines villes.

    NB : le drive-in est un cinéma en plein air où on regarde le film dans sa caisse. Concept typiquement américain qui a fait un flop en France…

  4. Minou

    L’automobilisme n’a-t-il jamais été étudié d’un point de vue psychiatrique?

  5. ronuick

    J’ai toujours l’impression, en parlant de clients du drive, de « gars scotchés à leurs sièges »… N’hésite pas à cliquer sur mon pseudo, il y a d’autres témoignages, mais pas forcément liés à la voiture.. Encore que j’ai consacré un article aux « fangio » du drive.

    Pour supersizeme, je suis un peu critique. Forcément, si tu bouffe tous les jours la même chose, en quantités astronomiques, tu as des problèmes de santé. Je suis sur que si tu manges tous les jours de la blanquette de veau, tu arrives au même résultat. Mais le souci, c’est qu’au delà de la caricature, il y a effectivement des gens qui ne mangent que comme ca ! Bon, ils varient entre sticks, gâteaux, barres chocolatées, McDo, burger king… Et si en plus ils ont le cul vissé à leur siège de voiture….

  6. Minou

    Aux gens qui ne voient pas la laideur et l’agonie du monde, à ces gens qui réclament les « preuves scientifiques » des méfaits de la pollution (sic), à tous ces climato-sceptiques, cyniques, nihilistes, aveugles, il conviendrait enfin de leur en donner, des preuves scientifiques, puisque leurs cinq sens ne leur suffisent pas. Il faudrait leur démontrer scientifiquement -puisqu’ils ne croient qu’au dieu de la science- que l’automobilisme est une maladie mentale et physique.

    Une autre solution serait que des professeurs, dans les écoles primaires, éduquent la jeunesse. Qu’ils l’éduquent à être sensible à la beauté, plutôt qu’à l’analyse scientifique sans âme d’une oeuvre d’art en trois parties et trois sous-parties. Qu’ils leur apprennent enfin que l’automobilisme en particulier est un acte HONTEUX, que la technophilie en général est une maladie, que leurs parents les condamnent à vivre dans un monde laid parce qu’ils abdiquent leur responsabilité d’individus devant la responsabilité de l’État, des industriels, des commerçants, des publicitaires, des journalistes.

    Ras-le bol de ceux qui disent qu’ils ne font « que leur boulot », qu’ils « obéissent à des ordres », qu’ils « n’ont pas le choix ». Si une certaine horreur a été possible au XXe siècle, ce n’est pas par la volonté d’un seul dictateur, mais parce qu’une masse de cons « faisaient juste leur boulot ».
    Quant à ceux qui s’apprêtent à dire que je touche un certain point Machin, ne vous fatiguez pas, je vous le concède. C’est justement là mon propos; nous touchons un certain point d’absurdité et de barbarie qui dépasse l’imagination.
    Mais il suffit que quelques connards d’urbanistes foutent un peu de gazon entre deux rails de tramway pour que tout le monde il soit gentil tout le monde il soit vert et durable.

    Tant que les leaders écolos n’auront pas une réflexion réelle sur la Technique ELLE-MÊME, sur sa valeur, nous continuerons d’aller droit dans le mur avec des bidules durables, pingouino-compatibles et earth-friendly…

    Aujourd’hui, les politiciens « écolos » n’envisagent pas une seule seconde de ne pas polluer du tout. Ils proposent de polluer « un peu, modérément, ou alors pas trop, ou alors raisonnablement… »
    Pourquoi? Parce qu’ils ne remettent toujours pas en cause la valeur du « progrès ».

    Jusqu’à quand persistera cette croyance inconsciente ou assumée que les époques passées étaient barbares ou à plaindre parce qu’ils se déplaçaient en bateau à voile, à cheval, ou piiiire, à pieds?! Mon Dieu, j’ai dit le mot. Le mot pied. Je l’ai fait. Pied. Pied.

    Pied.

  7. cycliste alcoolique

    En fait c’est un cercle vicieux: plus on developpe ces zones commerciales, plus le paysage devient hostile, et plus on se sent en securite dans la bagnole–> On agrandit les zones avec plus de parking, plus de goudron, plus de bagnoles, plus de service a la voiture.
    QUand je sors de Montreal, c’est la desolation, des boulevards entiers traversant zones de parking, bagnole, bruit, publicite (le cycliste n’y est vraiment pas le bienvenue). C’est meme devenu un hobby familial que d’aller poser son SUV dans un de ces parking et en famille d’aller faire les quelques magasins autour, et s’engouffrer dans l’un d’eux des qu’il y a une annonce pour un rabais sur un produit pendant la prochain quart d’heure. Notre societe tourne autour de ca: la bagnole confortable, les nombreux deplacements inutiles, besoin de plus, plus loin, moins cher.
    Les memes (banlieusards vivant dans des maisons demesures), viennent te raconte les bienfaits de vivre a l’exterieur de la ville, la liberte, le BBQ le midi, l’air pur, le silence, le compostage, le recyclage, hone a l’exploitation des sables bitumeux. Ca me fait gerber.

  8. cycliste alcoolique

    – A voir Food Inc.
    – A lire Toxic : Obésité, malbouffe, maladie : enquête sur les vrais coupables de William Reymond.

  9. CarFree

    Et pour info, dans supersizeme, il ne bouffe pas « en quantités astronomiques », il se contente juste de manger uniquement de la macbouffe, et pas seulement des hamburgers mais aussi les salades qu’ils vendent ou autres nuggets, etc. avant d’arrêter au bout d’un mois sur l’injonction de son médecin! donc la comparaison avec la blanquette de veau matin, midi et soir n’est pas vraiment recevable… Il faut être clair: la macbouffe, c’est de la malbouffe et ça nuit gravement à la santé!

  10. Alex

    En plus, bien souvent, se garer pour commander au comptoir la nourriture à emporter est plus rapide que de faire la queue dans les gaz d’échappement… J’ai souvent fait le test, en regardant la voiture derrière laquelle je me serais collé si j’avais pris l’otpion drive-in. 9 fois sur 10, je ressors avant elle.

  11. URB

    @CARFREE
    Dans « Super Size Me » il ne mange pas uniquement de la macbouffe, mais comme c’est dit dans le documentaire/film, il mange ce que la personne en caisse propose, ce qui veux dire :
    si il commande un menu et que le caissier lui propose le menu taille Super Size, ben il le prends.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Super_Size_Me

    Donc ce n’est pas seulement de la macbouffe, mais aussi en quantité « astronomique ».

    Après pour préciser, comme c’est dit dans « Super Size Me », ils ont choisi McDonald’s par rapport à ses part de marché et ils auraient très bien pu le faire avec une autre enseigne.
    Après c’était une expérience sur 1 mois, le médecin préconisait d’arrêter avant la fin du mois.

    Tu l’as vu ou tu t’es contenté de voir la bande annonce ?

    @TOUS
    Comme l’a dit VELOPS, on parle de DRIVE et non pas de DRIVE-IN, ce n’est pas la même chose.

  12. CarFree

    Alors urb, on cherche des noises comme d’hab?
    Si tu as vu le film (et non pas seulement la fiche wikipédia), tu saurais que le menu supersize est pris très fréquemment aux usa, il ne s’agit pas de « quantités astronomiques », mais d’un menu standard, certes plus gros que la moyenne des menus, mais d’un menu quand même. Il n’ingurgite donc pas quantité de burgers pour faire un film à charge…

  13. Raghnarok

    Surtout que au final, il en mange pas tant que ça des menus supersize… Donc bon.

  14. LEGEOGRAPHE

    En ce qui concerne l’ancrage maladif de l’utilisation de la voiture, il est navrant de voir combien de temps et d’énergie les automobilistes mettent déjà dans le dégivrage de leur pare-brise. Pour moi qui ai 3 kms (en montagne) à faire pour aller au boulot, je mets 8 minutes en moulinant tout du long.
    En voiture, on met presque 4 minutes (voitures garées dans un bourg perché sur un escarpement rocheux, avec des ruelles en lacets !). Comptez deux minutes pour dégivrer efficacement la voiture.

    S’il n’y a de l’humidité que dans l’air (et pas sur le bitume), ce qui est le cas la plupart du temps quand il gèle, le vélo ne craint pas de nous faire chuter.

    Avec la voiture, on a gagné donc 2 minutes (le trajet des 3km est rural, bien sûr). Génial, on a au moins pu réchauffer le climat pour essayer d’éviter le givre le lendemain !

    Dans ce cas-là, moi, je sors mes gants et je chante tout en roulant pour oublier que j’ai froid aux doigts ! Et je regarde les gens se battre contre le givre !

  15. ronuick

    J’aime bien le pseudo « le géographe »… Pour cycliste alcoolique, je dois aller tout à l’heure dans une de ces zones commerciales pour honorer un chèque cadeau que ma petite soeur m’a offetrt dans un des grands magasins. Et je me suis dis, je vais en profiter pour aller voir ici ou là pour ne pas faire de trajets inutiles. Et je me suis même dit : je vais laisser ma voiture sur un parking et le reste… Ben non, j’ai regardé sur Google Earth : il y a en tout plus de quinze kilomètres à faire pour tous les achats prévus.
    Oui, les zones commerciales sont des bouffeuses de place (merci l’imperméabilisation et la stérilisation des sols) et c’est dingue de voir, tous les samedi, les bouchons pour aller faire ses courses (sacro saintes courses) dans ces temples.
    Je vais pas râler, j’y vais aussi tout à l’heure. Je vais en profiter pour faire de la sociologie expérimentale.

  16. Minou

    De la sociologie expérimentale, Ronuick? Ne pourrais-tu pas en faire sur toi-même? Ne pourrais-tu te demander : « suis-je obligé de me déplacer avec une bagnole? »
    Et pour aller là-bas, dans cette très poétique zone commerciale, diras-tu? Et bien tu n’as qu’à ne pas y aller. L’individu a une responsabilité. Elle est limitée, mais elle existe.

    Pas plus tard que hier soir, à la sortie d’une fête, une jeune fille nous demandait, à mon amie et à moi, par où nous passions pour rentrer chez nous. Et de faire des yeux globuleux en apprenant que nous rentrions à PIEDS. Pour faire de la pédagogie, je lui ai dit « oui, nous sommes des héros! Nous y allons à pieds, dans ce monde hostile… »
    Elle était véritablement bouche-bée que nous puissions nous servir de nos jambes. Des héros…
    …Cette fille habitait à un quart d’heure et ne savait pas comment rentrer chez elle puisqu’elle se balade toujours en bagnole ou, de temps en temps, dans un bus qui emprunte un itinéraire beaucoup plus long que celui de la MARCHE À PIED.

    Sur le chemin, il y avait, PARTOUT, des emballages en plastiques qui tournoyaient sur le sol, et qui s’en allaient nourrir les quelques cignes et cormorans du Rhône, et qui iront agrandir les nouveaux continents de plastiques.

    Alors c’est facile de parler de recyclage, mais ne soyons pas dupes en ce qui concerne le sort de nos déchets. Le fait de jeter des emballages dans une poubelle ne signifie pas qu’ils seront « valorisés ». « Valorisés », encore une belle expression orwellienne…

  17. Minou

    *cygnes, pas cignes. Mais peut importe l’orthographe du mot puisque un jour on ne saura plus ce que c’est…
    Dans quelle eau nagent-ils et se nourrissent-ils, les pauvres!

  18. cycliste alcolique

    Chaque jour je fais mes 30 bornes à vélo pour aller au travail.
    On me demande souvent pourquoi je n’utilise pas ma voiture, car mon lieu de travail est à l’extérieur du centre ville, juste à coté d’une sortie d’autoroute, et dispose de pleins de facilités pour les automobilistes: un immense parking surveillé entre autres. Je leur donne mes arguments: je n’ai pas de voiture et je n’en veux pas pour plein des raisons sociétales, écologiques, économiques, et puis de toute façon je vais plus vite à vélo.
    On me regarde aussi comme une étrange bête. Pour peu que la suite de la conversation soit sur les programmes TV et que j’avoue ne pas posséder non plus de TV… alors beaucoup me trouve sans conversation.

  19. ronuick

    Hé hé… Tout juste ! C’est vrai, j’aurais pu aller en bus chercher les chaussures de marche indispensable pour faire un peu de randonnée. Et puis ensuite continuer à pied pour aller honorer ce fameux chèque cadeau. Mais bon, il y a un bus par demi-heure pour cette zone là ! C’est ca qui est un peu embêtant… Faut dire qu’entre chez moi et là bas, il y a 15 bornes, alors pour aller à pieds…
    Mais je te rassure, je viens de rentrer de mon club de modélisme (ferroviaire parce que les trains je trouve cela sympa) en vélo. 22 bornes aller-retour, mais aussi parce que je n’avais pas grand chose à porter… (Oui, mon super vélo customisé pour porter des courses, je me le suis fait chourer).

    Ah ! Ces emballages plastiques… A Strasbourg, s’ils sont mis dans la poubelle, ils sont incinérés pour ceux qui ne sont pas triés… ET même là il y a du « rebut ». Ne pas faire de déchets, c’est mieux. Et en général c’est meilleur pour le cholestérol, vu que toutes les cochonneries sont sur-emballées

Les commentaires sont clos.