La dette thermodynamique

Chaque fois que nous produisons une voiture, nous détruisons irrévocablement une quantité de basse entropie qui, autrement pourrait être utilisée pour fabriquer une charrue ou une bêche. Autrement dit, chaque fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d’une baisse du nombre de vies humaines à venir. Il se peut que le développement économique fondé sur l’abondance industrielle soit un bienfait pour nous et pour ceux qui pourront en bénéficier dans un proche avenir: il n’en est pas moins opposé à l’intérêt de l’espèce humaine dans son ensemble, si du moins son intérêt est de durer autant que le permet sa dot de basse entropie. Au travers de ce paradoxe du développement économique, nous pouvons saisir le prix dont l’homme doit payer le privilège unique que constitue sa capacité de dépasser ses limites biologiques dans sa lutte pour la vie.

Nicholas Georgescu-Roegen, mathématicien et économiste
La Décroissance. Entropie, écologie, économie (1979)

2 commentaires sur “La dette thermodynamique

  1. CarFree

    Dans le même ouvrage, j’aime bien aussi cet extrait (page 131):

    « Toute pièce d’armement comme toute grosse voiture signifie moins de nourriture pour ceux qui aujourd’hui ont faim et moins de charrues pour certaines générations à venir (quelque éloi­gnées qu’elles soient) d’êtres humains semblables à nous-mêmes »

  2. Lomoberet

    CARFREE
    «  »d’êtres humains semblables à nous » »
    Des êtres humains semblables à nous, il n’y en aura plus beaucoup dans les siècles à venir ! Cons en insousciants !
    Les générations futures auront la haine et nous maudiront retrospectivement.
    Pourvu qu’on ne vive pas trop vieux et qu’il reste un peu de pétrole pour faire tourner notre corbillard !

Les commentaires sont clos.