Après la voiture

John Urry, sociologue à l’université de Lancaster (Grande-Bretagne), spécialiste de la mobilité, a coécrit « After the Car » (« Après la voiture ») avec son confrère Kingsley Dennis. En septembre 2009, il envisageait un futur post-automobile lors d’un entretien avec le journal Libération.

Vous envisagez plusieurs scénarios, parmi lesquels un retour à la barbarie…

Dans le futur «barbare», il y a une pénurie de pétrole, de gaz et d’eau et des guerres intermittentes. Il y a une rupture des connexions entre mobilité, énergie et communication qui permettent aujourd’hui d’enjamber le monde. Le niveau de vie s’effondre, les déplacements se relocalisent, des seigneurs de la guerre locaux pullulent et contrôlent les nouvelles formes de mobilité et des gouvernements faibles. Les infrastructures s’effondreront et les régions seront de plus en plus séparées les unes des autres. Les voitures et les camions, les bus et les trains rouilleront dans les déserts ou seront emportés par les inondations. Comme c’était préfiguré dans Mad Max 2.

Un autre scénario est l’autosuffisance locale…

Le voyage sera fortement limité. Les modes de vie et de mouvement seront réduits en échelle. On choisira ses amis parmi ses voisins, le travail sera à proximité, l’éducation donnée sur place, les saisons dicteront ce qu’on mangera et la plupart des biens et services seront simplifiés et produits localement. Le PIB sera plus modeste mais le bien-être sera amélioré pour ceux qui feront partie de ce «small is beautiful» futur. Ce futur sera peut-être imposé à mesure que le pétrole se raréfiera, que les voitures rouilleront, que les avions seront immobilisés au sol et que les environnementalistes en quête de ce genre d’autosuffisance locale l’emporteront.

Lire aussi :  La vie sans voiture : le vélo pour faire les courses

Le XXIe siècle risque-t-il alors d’être non seulement la fin de la voiture mais aussi du mouvement ?

Il y aura sans doute un système qui combinera la marche, le vélo, le transport public et d’autres choses à inventer, mais ça ne suffira sans doute pas pour maintenir cette culture d’une grande mobilité. A présent, 95 % du voyage personnel dépend du pétrole ; avec sa raréfaction, le XXe siècle mobile pourrait en effet s’arrêter et les espoirs d’un mouvement en continuelle augmentation pourraient bien passer la marche arrière. Pendant un siècle, le monde riche est devenu fou jusqu’à ce que ses contradictions fassent leur effet. Les vies mobiles pourraient être par conséquent juste un interlude court, quoique remarquable, de l’histoire de l’humain et de ses étonnantes machines mobiles.

Source: Libération

Lire « After the car » en anglais sur Google Books

6 commentaires sur “Après la voiture

  1. Tassin

    Je pense pas que le scénario Mad Max 2 se réalisera. Les pays riches comme les nôtres mettront le paquet pour faire des bagnoles électriques quitte à construire encore quelques réacteurs nucléaires.

  2. franck

    moi non plus je ne crois pas au scénario Mad Max, plutôt au scénario numéro 2 avec un bémol, je pense qu’il y aura encore des déplacement possible, seulement il faudra prendre son temps, celui qui voudra aller a l’étranger pourra toujorus le faire en train, ou en velo, en voilier aussi, il existe deja des paquebot a assistance a voile.

    je pense par contre que ce genre de voyage possible tres facilement aujourd’hui deviendra exceptionnel.

    autre bémol, si effectivement je pense que la consommation redeviendra essentiellement local, je pense qu’il restera quelques échange dans le genre du café, du thé et du chocolat, des denrées qui sont considérées comme de « base », mais qui ne peuvent être produite localement.

  3. Alain

    Sans vouloir vous offenser, je pense que vous pensez mal. Le scénario 1 me parait convaincant car nous sommes au bord de manquer de pétrole, de cuivre, de fer, de manganèse, d’uranium, de nickel et de tas d’autres matières premières qui remettront tellement en cause le monde qu’il basculera. Des pans entiers de l’économie vont disparaitre (on parle bien aujourd’hui même de la fin de BP à la cause de la marée noire. qui l’aurait dit il y a 3 semaines?). Le climat complétement dégradé (sécheresse, pluies diluviennes, inondations, froid intense) va mettre à plat les agricultures modernes.
    Pendant que le monde pense à l’Ipad ou au taré qui vient d’inventer une cellule artificielle, pendant que les gens ne pensent qu’à leur vacances qui bien souvent se font en avion (hier soir, discussion avec des amis: 4 départs en avion potentiels), il se prépare des choses terribles qu’on n’imagine pas. Regardez déjà le blog de NICOLINO. Vous en apprendrez bien plus que ce que vous imaginez. Et demain, ce sera pire! Ne nous voilons pas la fac: la technique nous a conduit dans le mur, elle ne nous sauvera pas.

  4. Tassin

    @ Alain :

    Entendons-nous bien, j’ai dit qu’on allait passer en marche forcée à la bagnole nucléaire, c’est pas ce que je souhaite, c’est ce qui est en train de se passer.
    Et oui les gens ne pensent qu’à l’Ipad et les vacances en avion etc… J’en suis bien conscient depuis quelques années. Moi-même j’ai d’autres préoccupations que ces conneries.

    Le scénario que tu décris sera étalé sur 40ans, ça sera pas si brutal, mais beaucoup vont déchanter. Peut-être toi et moi d’ailleurs malgré le fait d’être de très mauvais consommateurs.

  5. Gildas

    Il est probable en fait que les deux scénarii se réalisent a des endroits différents du monde car avec la pénurie de Pétrole, les prix vont augmenter ce qui aura un impact majeur dans les pays pauvres et un impact relativement plus modéré en Europe par exemple où le carburant automobile est taxé à 80%.
    De mon point de vue, les pays pauvres auront le scénario 1 et les pays riches le scénario 2, bref un accroissement des inégalités mondiales.

Les commentaires sont clos.