Yann Arthus-Bertrand et l’automobile « responsable »

Yann Arthus-Bertrand est-il un bisounours? En tout cas, c’est ce qu’il déclare au JDD le 28 mai 2010. Derrière l’image charismatique du grand manitou de l’écologie, quelle est la portée réelle de ses nombreuses actions sur tous les fronts du développement durable? Le Yabisme sera-t-il la nouvelle idéologie du millénaire destinée à sauver la planète ou à finir dans un tribunal international de l’écologie?

Yann Arthus-Bertand, YAB pour les médias, est véritablement la nouvelle icône de l’écologie, car dans l’écologie comme dans la variété, les starlettes se suivent et se ressemblent… Nicolas Hulot a longtemps été en tête du Top50, mais l’échec de son dernier album film, « Le syndrome du Titanic », lui a fait perdre quelques places à l’éco-classement.

Dans le même temps, Yann Arthus-Bertrand sortait son tube planétaire « Home » et accédait enfin au star-système: une diffusion mondiale, simultanée, des dizaines de produits dérivés, un business plan en or massif coco, le tout financé principalement par François Pinault, le milliardaire breton qui a réussi le tour de force de ne pas payer d’impôt sur le revenu jusqu’en 1997.

Avec « Home », diffusé juste avant les dernières élections européennes, Yann Arthus-Bertrand aurait même réussi à faire la pub d’Europe écologie qui avait fait à cette occasion un de ses plus gros scores, ce qui avait rendu verts de rage les principaux leaders de la droite… Sauf que personne ne s’est demandé si ce n’étaient pas au contraire les intentions de vote pour Europe écologie qui avaient fait la pub du film de Yann Arthus-Bertrand… C’est assez caractéristique du mépris général des politiques et des médias pour les électeurs: s’ils ont voté Europe écologie, c’est sûrement pas normal, et c’est donc logiquement du seul fait d’une gigantesque pub réalisée par Arthus-Bertrand et financée par le gourou écologiste François Pinault!

Baste, le principal reste d’occuper une position centrale dans le paysage écologiste français à défaut d’être mondial. Car Yann Arthus-Bertrand possède sa propre marque, GoodPlanet, et comme toute marque digne de ce nom, elle vit essentiellement de la pub et du marketing. Sauf que la marque GoodPlanet ne vend pas des voitures ou des hélicoptères mais  des « compensations carbone », véritables indulgences des temps modernes : une manipulation visant à laisser croire que l’on peut (é)puiser et polluer d’un côté et se racheter de l’autre en plantant des arbres.

« N’est pas acceptable le marchandage mercantile qui consiste à donner bonne conscience aux “producteurs de CO2” en leur permettant de compenser les rejets excessifs de ce gaz par le financement volontaire d’un projet d’énergie renouvelable, une boîte de Pandore offerte à tous les voyous capitalistes et autres du globe », écrit Gabriel Wackermann, professeur émérite à la Sorbonne, consultant auprès de l’Union européenne, du Conseil de l’Europe, de l’ONU, du PNUD, de la CNUCED ainsi qu’auprès d’organismes semi-publics ou privés. (Source: Le Développement durable, Ellipses, 2008).

C’est véritablement le retour au moyen-âge! A l’époque, les pêcheurs allaient racheter leurs pêchés auprès de l’église catholique en payant des « indulgences ». Aujourd’hui, les pollueurs vont racheter leur pollution auprès de YAB en payant des « compensations carbone »… Bienvenue dans l’église de l’écologie dont le grand prêtre est Yann Arthus-Bertrand!

Et qui achète ces « compensations carbone »? En théorie tout le monde, dans les faits essentiellement des entreprises ou des organisations pour le moins « pècheresses »; ainsi, le magazine Greenzer du 21 mars 2009 nous apprend que « le Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc compense toutes ses émissions de CO2 auprès de l’association GoodPlanet de Yann Arthus-Bertrand« .

Ah les rallyes… une véritable épine dans le pied de Yann Arthus-Bertrand, ancien photographe du Paris-Dakar, qui a du tirer un trait sur une de ses grandes passions. Cette passion inavouable se retrouve encore aujourd’hui dans ses hésitations contorsionnées quand il s’agit de parler de Formule 1.

« Non, Yann Arthus-Bertrand n’est pas pour la Formule 1 puisque lui-même et sa Fondation ont pris position contre le projet de circuit de F1 à Flins« . C’est ce que déclare récemment Olivier Milhomme de GoodPlanet pour prendre la défense du petit père de l’écologie.

Et si YAB disait le contraire il y a moins de deux ans, c’est normal car l’écologie est un mode de pensée à réaction (tendance turbo-réacteur!): « J’ai par exemple refusé de signer une pétition contre la formule 1. Pourquoi s’en prendre aux pilotes de formule 1 plus qu’à d’autres ? Je crois au con­traire que pour surmonter la crise écologique, nous devons tous travailler les uns avec les autres. Sans amour et sans solidarité, nous ne parviendrons à rien ! »  (Source: L’Express  du 10-11-2008).

Je vous le dis: So-li-da-ri-té! avec les pilotes de Formule 1 stigmatisés par les ayatollahs de l’écologie! Nous devons travailler les uns avec les autres et apprendre aux pilotes « l’éco-conduite » pour limiter leur consommation de carburant de 15%…

Car l’éco-conduite est un des nombreux « moteurs » du développement durable, un hélico cheval de bataille de Yann Arthus-Bertrand. Et puis, arrêtons de dire n’importe quoi, non, Yann Arthus-Bertrand n’est pas un hélicologiste! Le Canard Enchaîné, organe de presse des industries polluantes, mentait ainsi outrageusement le 17 juin 2009: « Patron particulièrement colérique et brutal (…) ne se déplace quasiment qu’en hélico, y compris de sa très décente résidence des environs de Rambouillet à ses bureaux voisins de l’hippodrome de Longchamp ».

La vérité, c’est que Yann Arthus-Bertrand se déplace essentiellement en Toyota Prius, du moins selon L’Express du 2 octobre 2008, la voiture hybride qui émet « 104 grammes de CO2/km ». Tant pis si les émissions réelles sont plutôt proches de 170 grammes de CO2/km en tenant compte des émissions grises de CO2… Et tant pis si les voitures hybrides constituent un véritable scandale écologique… Le principal, c’est de rouler en « voiture propre » et « responsable »…

Lire aussi :  Ils ont donné l'espace public à la bagnole électrique

La responsabilité, c’est l’autre leitmotiv de Yann Arthus-Bertrand (après l’éco-conduite); chez lui, tout est « responsable », depuis la « pollution responsable » (puisque rachetée par le biais d’indulgences) jusqu’à la « consommation responsable », qu’il a même traduit en concept marketing en produisant un catalogue intitulé « 1000 façons de consommer responsable ».

Dans « 1000 façons de consommer responsable », ce qui compte surtout c’est « 1000 façons » car le principal c’est de con-so-mmer! (les sponsors veillent au grain). Une double-page du catalogue s’intitule ainsi « Les Transports, les voyages, les loisirs » (Cf photo), mais aurait tout aussi bien pu s’intituler « L’automobile » car on y parle essentiellement de voitures…

Chez GoodPlanet, les « Transports » c’est en effet surtout la voiture plus l’avion de temps en temps pour les voyages… Ce n’est surtout pas de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire, des quartiers sans voitures, des aménagements cyclables, du tramway, etc. autant de choses qui ne se « consomment » pas. En outre, Yann Arthus-Bertrand le dit lui-même: « La politique m’emmerde » (Source: Europe 1, 31-3-2010).

Alors, vous aurez droit à de la pub pour la Fiat Doblo électrique (à partir de 53.000 euros hors-taxes), pour un « petit utilitaire électrique » Piaggio (à partir de 22.000 euros) et bien sûr, pour la Toyota Prius (on ne se refait pas…) et ses « 104 grammes de CO2 par km » (à partir de 25.550 euros).

Bien mieux, le catalogue présente, sans rire, LA solution de mobilité du 21ème siècle: « La voiture hybride avec chauffeur » (encore Toyota…). Dans un grand élan d’honnêteté, Yann Arthus-Bertrand nous avertit quand même que cette solution est « moins bon sur le plan écologique que Vélib« … Merci pour l’info!

Sinon, il y a aussi « la location écolo » (de voitures). Chez Hertz, il y a ainsi la « Green collection », des « voitures  propres »  à moins de 140 grammes de CO2 par km… Et devinez-quoi, cela ne s’invente pas, « dans la catégorie berline, essayez la Toyota Prius Hybride« !

On peut déplorer quand même un certain manque de créativité de la part des rédacteurs du catalogue. Pourquoi ne pas avoir proposé la création d’Hybridlib’ ou même de Priuslib’ à Paris, un système de voitures hybrides (Toyota) partagées?

Mais il n’y a pas que la location de voitures dans la vie, il y a aussi la « voiture à la carte » qui permet de… louer des voitures pour quelques heures, et même pas hybrides Toyota en plus, c’est vraiment nul quand même!

Pour finir, un petit passage du catalogue nous rappelle les vertus du covoiturage (avec Toyota ou sans), une autre passion de Yann Arthus-Bertrand. On peut même dire qu’il était un précurseur du covoiturage car il déclarait en 2007 dans le journal Direct soir du groupe Bolloré: « Posséder un 4×4, pourquoi pas. A condition de sacrifier de temps en temps au co-voiturage : utiliser une voiture de deux tonnes pour trimballer un gars de 70 kilos, c’est aberrant ! » (Source: Direct soir (Bolloré), 13/09/07. Cité par La Décroissance n°43, octobre 2007). Vive le covoiturage en 4×4, mais seulement « de temps en temps« , faut pas exagérer quand même!

Mais le plus inquiétant dans tout cela tient dans le caractère quasi-dictatorial de cette pensée unique écolo-gisante… Comme avec Nicolas Hulot, si on ose s’attaquer au gourou de l’écologie compétitive Yann Arthus-Bertrand, on s’attire les foudres d’une large faction de l’écologie bien-pensante, celle du développement durable à toutes les sauces, celle de la consommation bio, équitable, compensée carbone, etc. Sur le thème « on ne se tire pas une balle dans le pied », il faudrait avaler la couleuvre d’un développement durable taillé pour maintenir les profits des entreprises.

Ce même développement durable qui est devenu aujourd’hui un ministère et un département marketing dans toutes les grosses entreprises. Ce même développement durable que son promoteur le plus acharné, Dominique Bourg, « philosophe » et mentor de Nicolas Hulot, a fini par abandonner en proclamant récemment: « Arrêtons la farce du développement durable ! » (Source: acteurspublics.com)

Alors non, Yann Arthus Bertrand n’est pas un bisounours! Il sait pertinemment que son action n’a aucun impact autre que celui d’augmenter sa fortune personnelle. Le Yabisme non seulement ne sauvera pas la planète mais entretient l’illusion criminelle que la situation écologique pourra s’améliorer en changeant nos modes de vie à la marge, sans au passage questionner les modèles politiques, économiques et au bout du compte idéologiques qui nous ont menés à cette impasse.

Traînons Yann Arthus-Bertrand devant un tribunal écologique international !

22 commentaires sur “Yann Arthus-Bertrand et l’automobile « responsable »

  1. Olivier Milhomme

    Marcel,
    C’est une réflexion utile sur l’automobile mais réduire le catalogue GoodPlanet à la mise en avant de l’automobile est de mauvaise fois. page 185, est écrit « Comment se passer de voiture ? C’est une évidence, la voiture pollue et coûte cher. En ville, on peut s’en passer très facilement. Déplacez-vous à pied ou à vélo, et utilisez les transports collectifs. A Paris, le passe Navigo est à ce titre le moyen de transports le plus écolo… ».
    Yann Arthus-Bertrand et la fondation GoodPlanet se sont opposé au projet de circuit de F1 à Flins (Yvelines). Yann aurait, comme il l’a dit dans une interview, pu aussi signer une pétition contre la F1, il ne l’a pas fait parce que c’est faire des pilotes de F1 des bouc-émissaires (cela consiste à accuser un individu ou un groupe minoritaire d’être à l’origine des maux dont peut souffrir la société dans son ensemble) alors que c’est notre société tout entière qui culturellement intoxiqué par la voiture. Pour lutter contre le changement climatique, et se passer des énergies fossiles, c’est plus que la F1 qu’il faut mettre en question, c’est notre rapport à la voiture qu’il faut transformer. Lorsque plus personne ne regardera une course de F1 à la télévision, (spectacle idiot s’il en est), les milliards d’euros investis par les grandes marques pour y faire leur pub (notamment pour nous vendre des voitures) iront ailleurs et la F1 ruinée disparaîtra. Ce type de transformation culturelle est malheureusement lent. Chez GoodPlanet nous travaillons justement par le biais de l’information et de l’éducation à faire le lien entre la F1 et l’automobile, entre des causes (la consommation et un système économique) et des conséquences (désordres écologiques et injustices sociales). Vitupérer contre la seule F1 pour cacher la forêt de l’automobile n’est pas notre approche.

  2. Marcel Robert

    M. Milhomme, vous commencez bien mal votre commentaire, en m’accusant de « mauvaise foi » et en faisant preuve au passage de… mauvaise foi… Je n’ai jamais « réduit le catalogue GoodPlanet à la mise en avant de l’automobile », j’ai simplement constaté que la partie consacrée aux transports parlait essentiellement d’automobile en général et de voitures hybrides en particulier… Chaque internaute pourra aisément vérifier cela en consultant votre catalogue consommation.
    Pour la F1, vous n’apportez aucun élément nouveau ou contradictoire avec ce que je dis dans mon article: les contradictions de goodplanet ou de YAB sur le sujet illustrent bien, à mon avis, un certain malaise dans votre positionnement…
    Enfin, votre conclusion est à l’image de votre commentaire, complétement à côté de la plaque: il ne s’agit pas de « vitupérer » contre la F1, mais de dénoncer de manière argumentée un non-sens écologique et énergétique. Et il ne s’agit pas non plus de dénoncer la F1 pour « cacher la forêt de l’automobile »: le site sur lequel vous postez votre commentaire s’attaque bien au contraire essentiellement à « la forêt de l’automobile », pour reprendre votre expression même si elle sonne bizarrement à mes oreilles concernant l’association des arbres et des voitures…

  3. Olivier Milhomme

    Cher Marcel,

    Il n’y a pas de contradiction ou de malaise dans le positionnement de GoodPlanet. Nous partageons l’essentiel de vos positions et le catalogue GoodPlanet explique comment alléger son empreinte écologique. Dans cette voie, certains sont déjà bien avancés et vivent sans voiture, d’autres sont très en retard. L’important est l’orientation prise et bien sûr le but poursuivi. Si le conducteur d’une voiture opte pour le vélo pour ses déplacements, il y a progrès mais lorsque un cycliste passe au scooter électrique, il y a détérioration de son empreinte écologique.
    Chez GoodPlanet, nous souhaitons que chacun améliore son empreinte écologique, surtout ceux qui ont la plus forte empreinte. Le Catalogue et ses conseils sont là pour les accompagner sur cette voie, si tant est que qu’ils veuillent réduire leur consommation. Car le problème est bien là. Une minorité s’engage tandis qu’une majorité continue à surconsommer et à rêver de voitures plus grosses et plus puissantes, à rebours de l’idée de décroissance. Comment s’adresser à ceux-là ? C’est plus difficile que de prêcher des vertueux et des convaincus comme les militants de Carfree.
    Si cela vous fait plaisir ou renforce vos convictions d’attaquer Yann Arthus-Bertrand, nous le comprenons.

  4. Marcel Robert

    M Milhomme,
    Si je comprends bien, vous ne faites pas autre chose que ce que nous faisons sur ce site. Vous proposez en effet « d’accompagner chacun vers une diminution de son empreinte écologique », « si tant est qu’ils veuillent réduire leur consommation »… C’est exactement ce que nous faisons ici, avec certes beaucoup moins de moyens financiers, mais avec des objectifs un peu plus ambitieux que les vôtres en montrant tout simplement que la vie sans voitures est déjà une réalité pour de nombreuses personnes et pourrait changer le monde…
    Par contre, vous semblez croire que votre démarche, à la différence de la notre, serait plus « accessible » pour la « majorité » des gens. Sous-entendu: nous sommes une « gentille minorité » qui se fait plaisir…
    Juste une question: vous pensez sérieusement que vous allez convaincre la « majorité » d’acheter des « Fiat Doblo électrique » à partir de 53.000 euros hors-taxes et bien sûr des Toyota Prius à partir de 25.550 euros? Ou alors « d’opter pour la voiture hybride avec chauffeur »… (idée à soumettre aux smicards). De quelle « majorité » parlez-vous exactement, de celle des cadres, des professions libérales ou des chefs d’entreprises? Laissez-moi rire…
    Enfin, je suis désolé de vous apprendre que non, cela ne me « fait pas plaisir » ou « ne renforce pas mes convictions » d’attaquer Yann Arthus-Bertrand… Je pense qu’il est juste nécessaire de dénoncer la supercherie goodplanet et arthus-bertrand. D’ailleurs je constate au passage que vous n’avez pas grand chose à dire sur l’aspect « vente d’indulgences carbone »… Mais bon, l’essentiel c’est de « convaincre la majorité » (des CSP+++) 🙂

  5. Olivier Milhomme

    Cher Marcel,

    Merci pour votre réponse.
    Je reviens sur le FIAT Doblo à 53 000 euros hors taxe. C’est un véhicule utilitaire électrique destiné à être acheté par une entreprise. Et son coût est de moins de 2 euros pour parcourir 150 kilomètres donc cette dépense s’amortit.
    Quand à la Prius à 25.000 euros, c’est cher j’en conviens mais le prix moyen d’achat d’une voiture neuve en France est d’environ 20 000 euros et il s’en vend 2 millions par an. Cela fait 20 millions de véhicules neufs vendus en 10 ans dans un pays où le taux d’équipement automobile est supérieur à 80 %. La différence entre un foyer de cadres et un foyer de « smicards » n’est pas dans le fait d’avoir ou pas une voiture (le taux d’équipement de ces deux catégories est assez proche) mais d’en posséder deux ou trois. C’est beaucoup et c’est trop.
    Bien sûr ce n’est pas une majorité mais quand je parlais de majorité, c’est de ceux trop nombreux qui n’envisagent pas de vivre sans voiture. Comme les sevrer de la bagnole ? Nous cherchons comme vous le moyen d’y parvenir

    A propos de la compensation carbone volontaire, sachez que ce système ne supprime pas le carbone émis dans l’atmosphère. Nous sommes d’accord avec votre analyse (dans le cadre de la campagne 10:10 animée par GoodPlanet, qui consiste à demander aux particuliers, entreprises et collectivités de réduire de 10 % leurs émissions de gaz à effet de serre sur 12 mois, la compensation carbone est exclue). Chez GoodPlanet, l’argent que nous récoltons sous forme de dons finance des projets porter par des ONG et permettant l’accès à une énergie propre et renouvelable à des populations démunies que ce soit en Inde ou en Bolivie. Libre à ceux qui donnent de penser qu’ils s’achètent une conscience. ou qu’ils ont annulé leur propres émissions de CO2. Ce n’est pas le cas.

    Il n’y a pas de supercherie.

  6. Marcel Robert

    Sur votre site, on trouve ceci: « GoodPlanet, c’est un engagement concret dans la lutte contre le changement climatique avec le programme Action Carbone, mis en place pour réduire et compenser nos émissions de gaz à effet de serre. »

    Quand je lis ça, je me dis qu’en achetant une « indulgence carbone » estampillé goodplanet, « je réduis mes émissions de CO2 ». Sauf que, en lisant le détail du programme « action carbone » sur votre site, on découvre en fait que ces indulgences « financent des projets de développement propre menés par des ONG dans les pays du Sud ». Donc, en aucun cas l’achat d’indulgences goodplanet ne permet de « réduire mes émissions de CO2 », ce que laisse pourtant sous-entendre la phrase de présentation de votre « programme Action Carbone ».

    Il y a donc supercherie de votre part, de goodplanet et de yann arthus-bertrand.

    De manière générale, toute votre démarche est tendancieuse et ambivalente. Car vous dites ensuite: « Libre à ceux qui donnent de penser qu’ils s’achètent une conscience. ou qu’ils ont annulé leur propres émissions de CO2. » Mais c’est ce que vous affirmez sur votre site! C’est donc particulièrement gonflé et scandaleux de rejeter ensuite cela sur les acheteurs de vos indulgences carbone…

    Plus grave, non seulement ce fumeux programme « action-carbone » ne réduit pas les émissions de CO2, mais il participe à les augmenter! Car les personnes et les entreprises qui achètent ces indulgences sont, à l’échelle de la planète, les plus gros pollueurs, qui peuvent ainsi continuer tranquillement leurs émissions de CO2 puisque goodplanet les a absous moyennant finances… Comme il y a sur Terre chaque jour de plus en plus de voitures, d’entreprises, de pollutions, etc. il y aura donc de plus en plus d’émissions de CO2 qui demanderont à être compensées…

    Résultat: vous aurez participé à créer quelques projets « permettant l’accès à une énergie propre et renouvelable à des populations démunies que ce soit en Inde ou en Bolivie » (tant mieux pour eux) et pour le reste, les gros producteurs de CO2 (entreprises, occidental moyen, etc.) peuvent continuer comme avant leur « mode de vie non négociable » sous réserve d’avoir versé une petite compensation carbone à yann arthus-bertrand…

    Et juste pour info: il n’y a pas « d’énergie propre », comme il n’y a pas de « voiture propre »… Il existe juste des énergies plus ou moins sales… Mais je suppose que vous ne vous embarrassez pas de ce genre de précisions.

    Conclusion: Goodplanet est donc bel et bien une vaste supercherie…

  7. Olivier Milhomme

    Cher Marcel,

    Quelques précisions sur le programme Action Carbone.

    Il comporte deux volets :

    1)  » réduire ses émissions ». C’est dans un premier temps l’identification des sources d’émissions de gaz à effet de serre et le calcul des quantités émises (on dit faire un bilan carbone) et dans un deuxième temps leur réduction effective (par exemple une entreprise recourant au rail plutôt qu’au camion pour le transport de sa production). GoodPlanet aide tous ceux qui veulent réduire leur émissions à le faire.

    2) « compenser ses émissions ». La compensation n’arrive qu’ensuite et concerne les émissions restantes (celles qu’on ne parvient pas à supprimer dans un contexte donné), sachant que l’idéal, c’est zéro émission. Les émissions « compensées » ne sont que compensées, elles ne sont ni réduites, ni supprimées.
    C’est un peu compliqué mais il n’y a pas de supercherie. Mais il n’y a de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
    En plus, comme vous l’avez découvert sur notre site, les dons que nous recevons sont un acte volontaire comme quand vous donnez de l’argent à Action contre la faim ou à Amnesty International (en donnant à ces ONG vous ne compensez ni votre surconsommation alimentaire ni ne justifiez une entorse aux droits de l’homme).
    Les grandes entreprises polluantes n’ont malheureusement pas obligation de compenser pour émettre du CO2, en tout cas celles qui ne sont pas soumises à des quotas (quotas qui s’assimilent d’ailleurs à un droit à polluer l’atmosphère). Ces dernières ne se privent pas d’acheter des crédits d’émission sur le marché international du carbone, sur lequel je pourrai faire de nombreuses critiques mais qui est totalement étranger aux activités de la Fondation GoodPlanet.
    Donc GoodPlanet ne participe pas à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, comme vous le prétendez.

    D’accord pour les énergies « propres », il n’y en a pas, que des plus ou moins sales. Je fais d’habitude plus attention. Merci.

  8. Adrien

    Bonjour,

    je trouve l’article très honnête, mais malheureusement son auteur passe par les lieux communs de la dénonciation vis-à-vis des écolos. L’écolo, en France, est régulièrement attaqué sur son mode de vie. Que fait-il chez lui, dans sa cuisine? trie-t-il les déchets? comment se déplace-t-il? est-ce qu’il a un bac de compost de son jardin? Si par malheur il y a une réponse négative ou pas écologique, ça y est, c’est le discrédit.

    En gros pour être écolo en France aujourd’hui, il faut être forcément exemplaire, être un sur-homme, mener une vie d’ascète et ne pas vivre dans le système tel qu’il existe. C’est l’aspect donneur de leçon qu’on n’aime pas chez les écolos. On déteste que certains osent atteindre la sphère privée pour pointer du doigt des comportements, essayer de faire prendre conscience, amener à des changements. Du coup, en réaction, les journalistes et autres jugeurs ou petits faiseurs d’opinion attaquent la vie privée des écolos. C’est de bonne guerre. Mais c’est une guerre idiote. Surtout venant de quelqu’un qui a des fins similaires, un monde sans voiture dans votre cas.

    Je pose la question, car de plus en plus et de partout, les prises de position publiques orientés vert, écologie ou développement durable de la part de gens qui ne « font » pas de politique, sont systématiquement contrées par des arguments de type: « vous nous dites de faire ça, mais vous vous faites quoi, d’abord? » et là, l’orateur écolo doit perdre du temps à expliquer qu’il pense qu’il faut donner une place à l’environnement dans sa vie quotidienne, que c’est une question d’éthique, etc…

    Pour être écolo ET légitime aujourd’hui dans le discours, il faut être irréprochable, parfait. Il est navrant de constater d’ailleurs que quand un leader politique Vert ou écolo parle, on ne lui pose pas toutes ces questions: les français ont une trop haute estime du politique pour penser que les élus et autres représentants de la Nation sont des gens qui vont aux toilettes comme tout le monde, mais passons.

    Pour continuer et terminer: il faut faire du vélo, manger bio et vivre la sobriété pour être un leader de la société civile apprécié, respecté et reconnu. Demande-t-on aux représentants du DAL – Droit au logement s’ils vivent dans un squatt? Demande-t-on aux représentants des sans-abris s’ils passent tout leur temps libre dans les foyers ou s’ils sont eux même des sans-abris? D’ailleurs, à mon tour de poser la question: ne faudra-t-il pas bientôt être soi-même un SDF pour être légitime à lutter contre la précarité et l’exclusion?

    Bref: l’écolo doit être incorruptible. Ne pas polluer. Ne pas gaspiller. Ne pas utiliser de produit jetables. Ne pas consommer du tout. Il doit vivre dans sa ferme, loin de tout le monde, et surtout manger des pilules pour que sa digestion n’émette aucune gaz à effet de serre. Ne pas, ne pas, ne pas. YAB, de ce que je connais de son action, veut un vrai changement, un changement de conscience. J’espère que vous aussi, d’ailleurs. Nous voulons quelque chose qui va au delà de l’interdiction, stérile par nature. Les changements de conscience sont lents à obtenir. Cela demande de la pratique – y compris pour ceux qui les prônent, et pour les observateurs, de l’indulgence. Personne ne change d’éthique de vie du jour au lendemain.

    En attendant, Marcel, arrêtez donc d’être dans le rejet permanent, commencez à vivre heureux! L’argent qui va a GoodPlanet et qui en sort vers des projets sélectionnés est de l’argent dédié à la planète et à son bien-être, par la promotion de comportements alternatifs. C’est une insulte que de dire que GoodPlanet est une supercherie, rien que pour les 30 personnes qui y travaillent. Les fins de GoodPlanet me semblent justes, et les moyens, perfectibles; quoiqu’il arrive, ce n’est en aucun cas à vous d’en juger. Au final, c’est vous qui vous posez en censeur. C’est pathétique. Pensez-y lors de votre prochain voyage en voiture, qui aura bel et bien lieu, ça personne n’en doute.
    A.

  9. Marcel Robert

    Et bien cher Adrien, que de haine exprimée! « rejet permanent », « pathétique », « censeur », etc.

    Désolé de vous le dire, mais vous êtes complétement à côté de la plaque… L’essentiel de votre commentaire tourne autour de la notion de « mode de vie »: en gros, (je résume) il ne sert à rien d’être irréprochable d’un point de vue écologique car personne ne l’est (irréprochable)…

    Vous avez bien mal lu mon article à moins que vous ne le fassiez exprès? A aucun moment je ne dit qu’il faut être « irréprochable » écologiquement… ce qui n’a aucun sens! Je ne demande pas, par exemple, aux militants de « Sortir du Nucléaire » d’arrêter d’utiliser l’électricité d’EDF qui provient à environ 80% du nucléaire! On peut et on doit lutter tout en composant avec le monde (critiquable) dans lequel on vit.

    Il est malgré tout possible, sans tomber dans la recherche vaine d’un comportement parfait qui n’existe pas, de dénoncer des excès dans le mode de vie de certains. C’est d’ailleurs une des bases de l’écologie: pour changer le monde, il va bien falloir commencer par changer nos modes de vie et on ne demandera pas le même changement à quelqu’un qui se déplace, par exemple à vélo par rapport à un autre qui se déplace en voiture!

    Mais surtout, vous mettez en avant dans votre commentaire exactement ce que je dénonce, à savoir l’idée qu’on pourrait s’intéresser à améliorer l’environnement « sans faire de politique ». C’est là une grave erreur, penser comme Yann Arthus-Bertrand, qu’on doit s’intéresser à la planète « sans faire de politique », c’est méconnaitre complétement les tenants et les aboutissements du système politique en place à l’origine de la situation environnementale dans laquelle nous nous trouvons… (et je parle pas de la politique politicienne à la UMP-PS-PC-EE etc.)

    Dans votre commentaire, vous confirmez ainsi l’inanité d’une telle démarche, bien plus, la collaboration active à la politique qui nous a mené aux catastrophes environnementales actuelles. « Si tu ne t’intéresses pas à la politique, la politique s’intéresse à toi » et c’est ce qu’elle fait en promouvant depuis plusieurs dizaines d’années la société de surconsommation, le pillage des ressources, le productivisme débridé, l’accaparement des richesses par une minorité, la pollution et la destruction de la biodiversité et de l’environnement, etc.

    Je n’ai rien de plus à vous dire que la conclusion de mon article:
    Le Yabisme non seulement ne sauvera pas la planète mais entretient l’illusion criminelle que la situation écologique pourra s’améliorer en changeant nos modes de vie à la marge, sans au passage questionner les modèles politiques, économiques et au bout du compte idéologiques qui nous ont menés à cette impasse.

  10. CarFree

    « C’est une insulte que de dire que GoodPlanet est une supercherie, rien que pour les 30 personnes qui y travaillent. »

    Dont vous je suppose?
    🙂

  11. joshuadu34

    « Demande-t-on aux représentants du DAL – Droit au logement s’ils vivent dans un squatt? »

    en même temps, les représentants du DAL ne pronnent pas des taudis pour tous, afin de sauver l’humanité, mais plutôt le contraire…

    Qu’y a t’il de si difficile à comprendre dans la position consistant à dire qu’un mode de vie particulier nous mène dans le mur et, conscient de ça, non seulement de chercher à changer ce mode de vie chez les autres (ce qui, en passant, est de la politique, mais passons…), mais aussi, avec cette conscience, de faire tout par soi-même pour montrer que vivre autrement est possible ??? Là, j’avoue ne pas comprendre la position tenue !

    Pour résumer ta position, tu as conscience, mais c’est pas à toi de faire ce qu’il faut pour que ça change ??? Quand tu es passager d’un bus, et que tu constate que le chauffeur s’est endormi (et encore, cette allégorie est loin de la vérité puisque notre chauffeur est bien réveillé et fonce droit dans le décors avec de grands éclats de rire, ce qui, désolé d’insulter nos dirigeant et ceux qui les soutiennent, YAB inclus, tient quand même de la schyzophrénie), tu attends tranquilement qu’un autre s’en apperçoive et réagisse à ta place ?

    Alors, tu ne vois pas ce que tu peux faire, pour ma part, je reste persuadé qu’il faut réagir vite et soit réveiller le chauffeur, soit prendre le volant (dans le cas de notre chauffeur schyzo, le mieux étant, sans aucun doute, de le virer des commandes, mais beaucoup pensent qu’en le raisonnant, ça suffira… chacun son point de vue !) ! Mais bon, c’est vrai que ça demande un LOURD investissement personnel et surtout un peu de réflexion et le rejet des oeilleres !

    Bon, j’ai pris l’exemple du bus, mais nous sommes beaucoup, ici, à préférer le vélo, je mettrais donc mon allégorie à jour en précisant, pour les réels allergiques aux moteurs, que, sur notre vélo, nous pouvons clairement voir que le chauffeur a décidé de nous applatir sur la route (joke)

  12. CarFree

    Un texte à lire de toute urgence: Écologie, écologie : l’écologie existe-t-elle ? » à propos d’André Gorz, Ecologica
    Par Charlotte Nordmann

    Extrait:

    « Le capitalisme repose sur l’exigence d’une croissance constante, de l’augmentation continue du volume de marchandises produites et consommées, ce qui est directement contradictoire aussi bien avec la prise en compte du caractère fini des ressources naturelles qu’avec la rupture avec l’idée que ces « ressources » n’existeraient que pour être « exploitées ». Toute la rhétorique du « développement durable » relève de ce fantasme de continuer comme avant aussi longtemps que possible, « buying time » à coups de mesures de protection d’un « milieu environnant » dont on craint qu’il ne soit bientôt tellement endommagé qu’il ne soit plus capable de supporter son exploitation. Or cette rhétorique a ceci de terrible que, paraissant prendre en compte les impératifs écologiques, elle fait en réalité obstacle à la reconnaissance de l’urgente nécessité de mesures radicales. Mais si la rupture avec la logique de croissance constante apparaît nécessaire, reste à savoir si ces mesures seront mises en oeuvre de façon autoritaire ou si elles émaneront des individus eux-mêmes, si leur adoption sera le lieu d’une dépossession plus profonde encore ou au contraire d’une réappropriation. C’est en tout cas seulement si l’on assume qu’il y a là un enjeu proprement politique que l’écologie peut être émancipatrice. »

    Source: http://revuedeslivres.net/articles.php?idArt=402

  13. CarFree

    « En 2009, L’Oréal s’est fixé des objectifs toujours plus ambitieux pour assurer une croissance durable dans un monde en pleines mutations environnementales et sociétales. Face à ces défis, la stratégie du groupe est claire : intégrer le développement durable à tous les niveaux de ses activités. »
    Site « 10:10 » de Yann Arthus-Bertrand.

  14. CarFree

    Déclarations récentes de Yann Arthus-Bertrand:

    « Je pense que chez Total, il y a autant de connards qu’il y en a chez les écolos. » Mondomix, 5-11-2010.

    « Je vous aime ! » [ adressé aux représentants du Medef, Bolloré, Dassault ou BNP-Paribas] Bastamag, 2-11-2010

  15. Olivier Milhomme

    Yann aime tout le monde et ne déteste personne. La haine, c’est pas son truc. Il préfère être pour l’agriculture bio que contre les OGM, pour l’énergie éolienne ou solaire que contre le nucléaire, pour le vélo que contre la voiture, et plaider pour plus de vélos, c’est plaider pour moins de voitures.
    Tant que vous n’aurez pas compris cela, vous ne comprendrez pas le bonhomme qui assume d’être un bisounours dans un monde de brutes. L’amour, ça peut changer des rapports de force.

  16. joshuadu34

    il est aussi pour les reportages sensationnalistes en hélico, pour les destinations lointaines atteintes par avion, et il aime, oui, il l’aime, son confort atteint grâce à un discours édulcoré pour ne pas facher, pour éviter la haine, et pour maintenir surtout le monde qui l’entoure tel qu’il est pour que son train de vie hautement dispendieux en énergie et tout sauf responsable ne change pas… Surtout qu’un changement de ce monde signifierait la fin de l’exploitation esclavagiste des Pinault, Phénix et autres banquier qui, comme par hasard, sont aussi les mécènes de YAB…

    En fait, c’est à se demander si ce qu’il aime, finalement, dans l’écologie, ce ne serait pas le greenwashing qu’il étale et qui lui permet d’être parmis le gratin… Drôle d’écologie, en réalité !

    Maintenant, c’est pas noyés en Inde, désechés au Sahel, sous les ponts de Paris, dans les favelas de Rio, où sous les bombes ricaines en Afghanistan que ceux qui les écoutent rêvent d’être, et c’est pourtant là que les YAB’s les mennent par leurs mensonges ! Quand aux bisounours, mauvaise nouvelle, y’en a pû, la glace a fondu et sont tous morts pour que madame Pinault puisse porter sa fourrure cet hiver !

  17. CarFree

    « Le photographe Yann Arthus-Bertrand et la fondation GoodPlanet qu’il préside « prennent position sans aucune ambiguïté contre le nucléaire. »
    Déclaration de GoodPlanet au Réseau Sortir du Nucléaire en juin 2009.


    Le 9 décembre 2011, Yann Arthus-Bertrand reçoit les clés d’une voiture électrique Renault Fluence Z.E., qui lui sera prêtée pendant plusieurs mois par le groupe Renault.

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