Un chaud à la russe

Alors que la Russie connait une sécheresse sans précédent, et une canicule touchant l’ensemble du territoire, on entend beaucoup parler des feux de forêts dus « à cette sécheresse » (même si on ferait bien aussi d’en rapprocher l’origine, souvent criminelle selon les médias russes, de la connerie humaine).

Ces feux sont, bien entendu, catastrophiques ! Pour les populations, comme c’est martelé, mais aussi et surtout pour la nature elle même, puisque des surfaces boisées d’une taille hallucinante sont touchées, sans même parler des émissions de CO2 liées à cette sécheresse.

Ils le sont aussi du fait du danger immédiat qu’ils font courir, menaçant les centrales nucléaires, et, lors de la consumassions des matières entourant les dites centrales, rejetant aussi des matières radioactives dans l’atmosphère. Un premier silence, d’ailleurs, ne cesse de m’étonner… On nous parle du danger des feux, mais, puisque la canicule est forte et longue, qu’en est-il des centrales qui ne sont pas cernées par les flammes ? Le refroidissement de ces centrales est vital pour éviter tout risque d’incident majeur, alors, quand on sait que le débit de l’eau est fortement abaissé par la chaleur, et qu’une pénurie des fleuves qui servent au refroidissement est en place, comment penser qu’aucune conséquence n’est à prévoir ? Surtout quand on a prit connaissance des rapports concernant l’état déplorable de l’entretien des centrales russes…

Mystère…

On commence aussi à nous parler des problèmes agricoles posés par cette canicule pour la Russie, principal producteur de blé. Les médias s’inquiètent de ce fait parce que, selon leurs propres dires, ce serait une menace directe non seulement pour les paysans russes, mais aussi parce que cette situation risque de provoquer d’énormes remous dans les marchés boursiers… Mais, puisqu’il est question de bourse, pas un n’évoque la bulle financière qui a pris la place de la précédente, la bulle immobilière, qui a explosé avec les conséquences directes que nous avons subit, et pas un n’évoque non plus la probable explosion de cette bulle-ci si la situation perdure, du fait de l’appétit des parieurs fous de Wall Street.

Pire, pas un ne parle des conséquences humaines directes que va provoquer non seulement la hausse du prix du blé, mais aussi la baisse de la production mondiale, sachant qu’une énorme partie de la population mondiale ne survit que grâce au blé russe… Sans doute n’est-ce pas grave pour eux, les morts, qui se compteront par centaines de milliers, ce ne seront que les pauvres, et, pendant ce temps, certains, chez nous, s’enrichiront encore plus !

Pourtant, cette canicule, tout comme les évènements climatiques qui touchent la Chine, le Pakistan, mais aussi la Californie, l’Australie et toute l’Amérique du Sud étaient prévus, dénoncés, même, depuis plus de trente ans, par les scientifiques. Le GIEC avait beau atténuer, de par l’apport politique fait aux conclusions scientifiques, les rapports démontrant la situation à venir, aucune décision, si ce n’est les déclarations faites qu’il allait falloir voir ça lors du prochain « sommet de la terre »… Certains pseudos critiques plaidant même le laisser faire ! Eux ont été écoutés, et rien n’a été fait, ni pour dévier la trajectoire qui nous mène droit au mur, ni même pour tenter d’en atténuer les conséquences !

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Aujourd’hui, tout nous montre, pour peu que le regard se fasse un peu moins nombriliste, que ce qui était prédit par les James Lovelock (autrement plus crédible, de par ses travaux scientifiques que les mirlitons à la solde des multinationales que sont AllègreFerry) est en train de se passer ! Et même le GIEC est obligé de reconnaître que ses prévisions étaient trop faibles, que ce soit en terme de degrés, comme en terme de durée, malgré la pression des mêmes que ceux qui, comme en France, pour sauvegarder leurs privilèges, remettent en question continuellement les conclusions de ces scientifiques.

Et la canicule russe, prévisible, apporte même une crédibilité aux propos catastrophistes de Lovelock, justement, quand celui-ci prévoyait une accélération brutale des choses du fait de la fonte du permafrost sibérien… étant donné que la canicule touche, aussi, la Sibérie et, donc, provoque, encore et toujours dans un silence médiatique hallucinant, cette fonte et le dégagement incroyablement important de CO2 lié à elle !

Quand Claude Allègre se gausse de l’écologie, renvoyant ceux qui prétendent qu’il faut agir sur les roses et affirmant qu’il serait ridicule de bouger pour retourner à « l’âge de pierre », vivre « dans des cavernes éclairées à la lueur des bougies », il ne fait que défendre son monde, parce qu’il sait parfaitement que le changement nécessaire pour sauver ce qui peux encore l’être de l’humanité signifie IMMÉDIATEMENT une remise en cause totale de notre société, à commencer par ses propres privilèges, puisqu’il est prouvé, maintenant, que les principaux pollueurs sont aussi ceux qui possèdent le plus et qui refusent de redistribuer ! Selon de très nombreux scientifiques, il ne nous reste que peu de temps, le point de non retour sera atteint dès 2015… et nous ne pouvons que constater que nous n’avons rien à attendre, pour que changent les choses, de ceux qui détiennent le pouvoir !

Alors retour à la bougie ? Retour à l’âge des cavernes ? Bien entendu !!! Mais pas dans le cas d’un changement radical de style de vie, dans une prise en compte des nécessités de sauvegarde et de redistribution qui, seules, peuvent nous permettre de sauver l’humain, non, mais bel et bien dans le cas où nous ne ferions rien et où nous subirions de plein fouet, et sans y être préparés, les changements qui s’amorcent !

Photo: Dans le sud-ouest de la Russie, certains villages ont été totalement dévastés par les flammes.

3 commentaires sur “Un chaud à la russe

  1. LécoLomobiLe

    L’été 2010 marquera un tournant dans la conscience mondiale du réchauffement climatique: apocalypses en Russie, au Pakistan, en Chine et, maintenant en Europe centrale.

    Le réchauffement climatique, c’est plus d’humidité dans l’atmosphère et des épisodes d’inondation accrus en conséquence.

    On doit remercier les marques Renault et Peugeot, pour ne parler que des françaises, pour leurs contributions respectives pendant un siècle à cette situation que nous connaissons actuellement.

  2. joshuadu34 Auteur

    Comme je le signalais à un des trolls de service, chacun de nous a sa part de responsabilité (enfin, je généralise, hein, parce que, ici au moins, chacun préserve, même inconsciemment, son empreinte écologique)… Et l’auto a sa part importante ! Pour information, sur la pollution émise par chacun, le principal vecteur polluant (48 %) est le rejet carbone. Et la moitié de ce rejet est dû à l’automobile.

    Deuxième constatation, on nous parle toujours des USA, de l’Europe et, pour les détracteurs, de l’Inde et de la Chine, pour masquer une réalité simple : la catastrophe, ce n’est pas que la pollution de l’air ! La disparition de la biodiversité (17 000 des 40 000 espèces animales évoluées -hors insectes- est en voie de disparition, et, d’ici 2030, 35 % de la biodiversité -plantes, insectes, mammifères, …- aura disparu), la pollution des sols et des rivières (70 % des ressources en eau potable sont durablement contaminées, principalement par les rejets de l’agriculture), et l’imbécilité consumériste à outrance (si on englobe la totalité de l’espèce humaine, en incluant les plus pauvres, ceux qui ne consomment pas, on obtient une moyenne assez incroyable, puisque cette moyenne permet de voir que l’homme consomme plus que ce que la terre est capable de recréer -1,3 fois-, ce qui signifie tout simplement une baisse des capacités de la terre à nous permettre de survivre, et, à terme, une pénurie des denrées nécessaires à notre survie importante !) nous mène à la catastrophe à un train d’enfer !

    Mais l’aspect écologique est important, bien entendu, mais ne peut se concevoir sans l’aspect social !… autre débat…

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