Le Schéma National des Infrastructures de Transport fait fausse route

Début juillet, l’avant projet de Schéma National des Infrastructures de Transport (SNIT) était rendu public. L’analyse du document laisse transparaitre de nombreuses incohérences par rapport aux objectifs annoncés ainsi que de multiples zones d’ombres. Explications.

Un schéma qui laisse une belle part au routier…

Selon le Ministère, la part des infrastructures routières est très faible. Sur les 170 milliards d’investissement sur les projets de développement, 4,5% seulement sont annoncés être dédiés au mode routier.

19 projets routiers sont inscrits en conformité avec les critères du Grenelle¹ . Or cette liste n’est pas complète car elle n’intègre pas les projets ayant fait l’objet d’une Déclaration d’Utilité Publique² récente, ce qui est le cas par exemple pour le contournement de Strasbourg et la mise à trois voies de la RN10 au sud de Bordeaux. ..

Autre élément inquiétant : « d’autres projets bien que ne relevant pas du niveau d’un schéma national pourront le cas échéant être soumis au débat local…». Cette notion très floue permettrait de faire passer de nombreux projets locaux sans débat public parmi lesquels des contournements routiers d’agglomérations (Rennes, Vannes et Auxerre).

Au final, le SNIT prévoit environ 900 km de projets autoroutiers, auquel il faut ajouter tous ces projets « oubliés », soit, pour France Nature Environnement, une augmentation de 10 % du réseau autoroutier actuel. On est donc bien loin de « l’arrêt de l’augmentation globale du réseau autoroutier ».

Beaucoup d’investissements pour escompter de faibles résultats…

Le projet prévoit un investissement de 170 milliards d’euros sur 20 à 30 ans pour des projets de développement d’infrastructures qui permettront, au final, d’obtenir une réduction de 1 % annuelle des émissions de CO2 dues au transport. L’efficacité de ces énormes investissements, dont les modalités de financement ne sont pas spécifiées, est donc très contestable.

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De plus, ces projets de développement incluent les LGV, les zones aéroportuaires et les canaux à grands gabarits, autant d’infrastructures qui ont un impact très important sur les milieux naturels et l’environnement.

Michel Dubromel, pilote du réseau Transports et Mobilité Durables « nous ne pouvons que constater l’écart entre les objectifs initiaux et la réalité des faits. L’optimisation et la modernisation des réseaux de transport existants est l’orientation vers laquelle doit tendre ce schéma ».

La prochaine étape du SNIT est prévue le 8 septembre. France Nature Environnement demandera une réorientation de cet avant-projet pour le rendre plus compatible avec les objectifs environnementaux que s’est fixé notre pays.

Source: http://www.fne.asso.fr/

*SNIT : Schéma National des Infrastructures de Transport

¹Projets répondant aux enjeux Congestion/ Sécurité/ équité territoriale et désenclavement
²La Déclaration d’Utilité Publique vient après le débat public et est actée par le conseil d’état et a valeur juridique.

Un commentaire sur “Le Schéma National des Infrastructures de Transport fait fausse route

  1. Gilbert SOULET

    Bonjour,
    Je suis tout à fait d’accord avec votre analyse, et ce titre bien choisi.
    Demain, notre association est invitée à Briançon pour une réunion sur la Percée du MontGenèvre au Rail, car s’il faut travailler et proposer pour le SNIT dans son avant-Projet, nous n’oublions pas pour autant que la date butoir pour le RTE-T est celle du 15 septembre!
    Et nous allons demain mesurer la parole donnée et la réalité des intentions avec cette volonté ou pas de rejoindre la Plaine du Pô jusqu’à OULX et en provenance du Grand Sud ( Port de Marseille, Péninsule Ibérique ), via le triage de Miramas et l’itinéraire naturel : Salon, Cheval-Blanc, Pertuis, Manosque,Veynes, Gap et Briançon. Les poids lourds transitent par PACA uniquement sur l’A8 engorgée et polluée, Vintimille compris…
    En outre, ce qui n’est pas négligeable, c’est le raccourci de la distance de près de 300km et ses conséquences: carburant, CO2, etc…
    – Ici, notre Région a été absente des journées Européennes à Saragosse les 8 et 9 juin derniers; Et le seul projet retenu pour le Fret est la Transalpine via le MontCenis bien défendue par Rhône-Alpes.
    Le Montgenèvre pour lequel de nombreuses associations militent depuis des années pour sa percée profonde et uniquement ferroviaire ne figure ni dans le RTE-T, ni dans l’avant-projet de SNIT, ce qui nous rend très en colère;
    A croire que le Fret ne peut emprunter que les rives droite et gauche du Rhône pour rejoindre Turin!
    Bien à vous,
    Gilbert SOULET
    Président de Noster Paca.

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