La voiture électrique est à l’automobile ce que le minitel est à l’internet

Paris, le 28 septembre 2010 : A quelques jours de l’ouverture du Mondial de l’automobile, l’association Agir pour l’Environnement diffuse un rapport sur les freins au développement de la voiture électrique. Le démarrage poussif de la voiture électrique s’explique pour une large part à cause de trois freins que l’association juge quasi rédhibitoires : Un prix excessif, une autonomie médiocre et un bilan carbone loin d’être satisfaisant. Le choix fait par certains constructeurs d’une voiture 100% électrique accroît de fait le risque d’un échec rapide et immédiat.

LE PREMIER FREIN : LE PRIX

Le prix de vente ou de location longue durée établi par les constructeurs automobiles est excessif et dissuasif. Malgré une aide substantielle de l’Etat fixée à 5000 euros, l’achat d’une voiture électrique devrait néanmoins s’établir à environ 35.000 euros. Ce prix hors de portée du plus grand nombre amène certains constructeurs à revoir en urgence à la baisse le nombre de voitures électriques vendues d’ici à 2015, signe avant-coureur d’un échec annoncé. Peugeot espère vendre à peine 50.000 exemplaires de la Ion d’ici 2015, soit 0,4% des voitures vendues chaque année en France. Dans le meilleur des cas, la Commission européenne estime à 2% la part de marché de la voiture électrique.

LE SECOND FREIN : L’AUTONOMIE

La faible autonomie dudit véhicule électrique en fait une seconde voiture à usage urbain et périurbain. Les constructeurs automobiles annoncent une autonomie d’à peine 150 kms. Or, selon un rapport du Conseil d’analyse économique dit « Véhicule 2030 », cette autonomie théorique ne prend pas en considération certaines options vitales comme les phares, les essuie-glaces, le dégivrage des pare-brises ou le chauffage de l’habitacle. Aux dires des auteurs du rapport « Véhicule 2030 », l’autonomie réelle de la voiture électrique pourrait être divisée par deux, soit un rayon d’action d’à peine une trentaine de kilomètres !

LE TROISIEME FREIN : LE BILAN CARBONE

Enfin, le bilan écologique et climatique semble moins favorable que prévu. En effet, l’usage exclusivement urbain ou périurbain de la voiture électrique nécessite une seconde voiture et ne remplacera donc pas la première voiture « thermique ». La voiture électrique ne viendra donc pas en substitution au véhicule thermique mais en ajout. Or, la fabrication d’une automobile est responsable de 14% à 20% des émissions globales d’un véhicule. De plus, le mix énergétique nécessaire à la production de l’électricité de la voiture électrique induit un bilan carbone loin d’être neutre, notamment durant les périodes de pic de consommation, appelées à augmenter de 10% selon ERDF. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, « du puits à la roue » (prenant ainsi en compte les émissions de gaz à effet de serre liées à la fabrication et au fonctionnement), le bilan carbone serait de 126 g/CO2 pour le véhicule électrique contre 161 g/CO2 par km pour le véhicule thermique. Depuis la date de cette note de l’Ademe (juillet 2009), les émissions de CO2 du véhicule thermique ont chuté de 19 g/CO2 par km… Ce bilan carbone remet en cause le slogan publicitaire mensonger de Renault selon lequel la voiture électrique serait « zéro émission » de CO2.

Lire aussi :  Google Transit: pour planifier un déplacement en transports en commun

En conclusion de ce rapport, l’association Agir pour l’Environnement estime que « la voiture électrique est avant tout un outil de communication permettant de verdir, à bon compte, l’image de constructeurs automobiles qui n’ont, en rien, pris la mesure des contraintes énergétiques et climatiques dans leur stratégie industrielle. »

A l’issu de ce rapport démontrant les freins au développement de la voiture électrique, l’association estime, qu’à l’instar du gouvernement britannique, le gouvernement français doit cesser de subventionner le développement d’une option technologique sans issu. Pour Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement, « l’Etat français fait fausse route en soutenant une solution technique qui est à l’automobile ce que le minitel était à l’internet ? ».

L’Etat doit enfin avoir le courage de penser la mobilité autrement qu’au travers du prisme technicien. En zone urbaine, seuls le développement des transports en commun ainsi que la promotion des modes de déplacement doux sont à même de répondre efficacement et durablement aux contraintes écologiques.

Lire l’intégralité du rapport « les freins au développement de la voiture électrique » (format .doc)

Source: www.agirpourlenvironnement.org

9 commentaires sur “La voiture électrique est à l’automobile ce que le minitel est à l’internet

  1. Ludovic Bu

    Tout cela sans compter que la voiture électrique ne règle aucun des autres problèmes liés à la voiture en général : espaces urbains saturés, problèmes de stationnement, étalement urbain lié à la possibilité de se déplacer vite et loin, accidentologie. Sans parler de l’accroissement de l’exclusion sociale liée à la mobilité, puisque les plus pauvres devront soit ne pas rouler soit rouler à l’essence qui coûte cher…

    Nous en parlons dans notre livre « Les transports, la planète et le citoyen ». Et montrons que la voiture électrique est vraiment une fausse bonne idée !

  2. Le pragmatique

    La voiture électrique est une idée intéressante pour des systèmes d’autopartage ou une utilisation sur un trajet domicile-travail de l’ordre de 10 à 40 km. Dans ce dernier cas, le rechargement des batteries peut s’effectuer à des heures où la consommation est diminuée (milieu de journée et surtout nuit).

    Ce sera un moyen de déplacement viable, mais ça ne remplacera jamais une voiture à essence, et les déplacements ne pourront être pensés comme avec les voitures d’aujourd’hui.

    La solution de la voiture électrique ne doit pas être rejetée en bloc, mais plutôt conditionnée à une certaine utilisation et à la réduction de la place de la bagnole dans notre vie. Tout en sachant que ce moyen de transport restera très minoritaire.

  3. LÉCOLOMOBILE

    Bravo Ludovic BU pour votre livre: je vais essayer de le promouvoir sur mon site mais j’ai une tonne de travail pour le mettre à jour.

    Faudrait aussi qu’on en fasse un billet sur nos blogs d’autant que la couverture est jolie.

    En ce qui concerne la comparaison entre auto électrique et minitel, je ne la trouve pas spécialement pertinente mais le fond de l’article est juste.

  4. CarFree

    « La solution de la voiture électrique ne doit pas être rejetée en bloc, mais plutôt conditionnée à une certaine utilisation et à la réduction de la place de la bagnole dans notre vie. »

    Le problème, c’est que l’ensemble de ces conditions ne sera probablement jamais réuni, c’est pourquoi il est raisonnable de rejeter la voiture électrique, au même titre que la voiture thermique. En effet, les dernières études sur la voiture électrique montrent que ce sera au mieux une deuxième voiture, celle pour faire ses courses en ville, à côté de l’autre voiture thermique traditionnelle pour « faire de la route »…
    Or, en ville, on est supposé avoir un panel de choix alternatifs pour se déplacer (transports en commun, vélo, marche, etc.). Donc, le développement de la voiture électrique se traduira essentiellement par plus de voitures et le recours à la voiture dans des situations actuelles où elle n’est pas forcément utilisée…

  5. philippe

    « cette autonomie théorique ne prend pas en considération certaines options vitales comme les phares, les essuie-glaces, le dégivrage des pare-brises ou le chauffage de l’habitacle »
    noter que les saxo et 106 electrique avait le chauffage à essence (consommation de 5 litres /an environs)

    « La faible autonomie dudit véhicule électrique en fait une seconde voiture à usage urbain et périurbain. Les constructeurs automobiles annoncent une autonomie d’à peine 150 kms »

    100 kms d’autonomie : c’est largement suffisant car 80% des déplacement en voiture font moins de 80 kms par jour.

  6. Pierre

    2009 : VW sort la 1L, qui consomme… 1L/100
    Contre ça, la voiture électrique n’a aucun argument…

    Ce qu’il faut électrifier, c’est les vélos !

  7. stefanopoulos

    Nos centrales nucléaires dépendent à 100% des importations d’uranium, notamment celui extrait par Areva au Niger (oui, oui, là où des Français ont été pris en otage). Le nucléaire n’apporte donc aucune indépendance énergétique. Et ça ne va pas s’améliorer car les réserves d’uranium facilement exploitables sont en voie d’épuisement.
    Or, les batteries des voitures électriques en France sont chargées sur le secteur, elles dépendent donc totalement du nucléaire qui fournit plus de 80% de l’électricité française. La création d’un vaste parc de voitures électriques serait donc un non sens écologique, économique et stratégique à l’heure où il faut au contraire réaliser de grosses économies d’énergie.

  8. Ludovic Bu

    Nous avons créé une catégorie pour la marche à pied sur notre portail de toutes les mobilités !

Les commentaires sont clos.