« Detroit passe au vert »

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L’excellente chaîne de télévision Arte diffusait le mois dernier un reportage sur l’ex capitale américaine de l’automobile, Detroit, qui après l’effondrement des 3 géants de l’automobile américains, renaît de ses cendres en développant une agriculture urbaine et biologique. Il ne s’agit pas de multinationales agricoles à la Monsanto, qui brassent les dollars par millions de manière douteuse, mais bien de faire pousser soi-même ses légumes dans son jardin, et de vendre le surplus sur des marchés locaux. Un avant goût de vie post-pétrole. Tant de simplicité : ça laisse rêveur.

« A Detroit, la rouille vire au vert. La ville symbole de la «rust belt» américaine, la capitale déchue de l’automobile, voit fleurir des milliers de jardins dans ses arrière-cours, ses parcs et ses terrains vagues.

L’agriculture urbaine fournit déjà durant la saison jusqu’à 15% des besoins en fruits et légumes de la ville.

Elle est pratiquée par des défenseurs de la nourriture saine et bio, tel Greg Willerer, comme par des militants de la cause noire qui veulent rompre la dépendance de la communauté Africaine-Américaine à la nourriture industrielle.

Elle offre aussi un espoir aux dizaines de milliers de chômeurs qui se pressent dans les soupes populaires. Et elle attire même la convoitise de financiers, comme John Hantz, prêt à investir 30 millions de dollars dans la création d’une exploitation commerciale en ville.

A Detroit, il y a de la place pour tout le monde : la ville dispose de plus de 100 km2 de terrains libres – l’équivalent de la ville de San Francisco. »

Source Laurent Cibien, Alain Guillon et Pascal Carcanade – ARTE GEIE – France 2010

8 commentaires sur “« Detroit passe au vert »

  1. Raghnarok

    Et voila, comment l’homme peut-il reprendre ce qui lui revient de droit.

    Par contre je n’aime pas trop le fait que certains « riches » veuillent venir faire du fric la dessus, il faudrait qu’on arrête de refaire systématiquement les mêmes erreurs…

  2. Tommilidjeuns

    Chez nous en Lorraine, dans le temps y avait une aciérie entre deux collines qui crachait le feu à longueur de temps, la nuit c’était beau à voir, c’était tout rouge, l’air était irrespirable, les maisons étaient recouvertes de suie noire dégueulasse, puis y a eu la crise de la sidérurgie, les chinois ont démonté l’usine pour la mettre chez eux (vu ils ont besoin de bonne tôle pour fabriquer des bagnoles), et aujourd’hui que le site a été dépollué et repeint en vert, la commune veut y mettre un joli golf pour que les quelques « riches » d’ici aillent s’y détendre. Entre-temps les chômeurs et les radins en 4X4 vont faire leurs courses dans les discounts qui poussent partout…
    Pourtant,mon p’pa a fait sa carrière dans la sidérurgie, mais je l’ai toujours vu cultiver trois ou quatre morceaux de terrains par ci par là, comme beaucoup de ses collègues d’ailleurs, et même quand on était en HLM, on a toujours eu des légumes frais, et des tas de mirabelliers sont nés un peu partout au hasard (« parce que c’est péché de laisser vide ce mètre carré-là » qu’il dit mon p’pa), et les fruits sont gratuits pour qui en veut, voilà, rien d’extraordinaire ni de surprenant, je crois que les « jardins ouvriers » (comme on dit chez les journaleux parisiens qui ont toujours l’air de tomber des nues) ont toujours existé et reviennent à la mode, surtout par les temps qui courent.
    En tous cas les américains qui découvrent çà par la force des choses, çà pourra leur faire que du bien, l’exercice, à ces gros culs bouffis de macdo…

  3. Vélops

    Depuis plus d’un siècle, Detroit est vraiment en avance sur son temps. L’organisation scientifique du travail y est née il y a un siècle. 100 ans plus tard, le modèle de société qu’elle a construit s’est effondré, et des cendres de l’effondrement des constructeurs d’autos est en train de naître la société du XXIè siècle.

    Les Américains ont peu de filets sociaux, mais sont extrêmement réactifs dès qu’il leur arrive un pépin. On espère comme la militante que la ville deviendra le nouveau modèle à suivre. Mais le reportage montre comment les vieux réflexes reviennent.

  4. Nicolas

    Les américains sont peut-être réactifs, mais la brutalité des changements économiques et sociaux est aussi accompagnée d’une violence urbaine qui fait peu rêver. Il me semble que Détroit ne se résume pas aujourd’hui à une douce occupation potagère, il y a aussi du sang qui coule chaque jour.

  5. Bouille

    J’ai vu le reportage.

    En gros ils sont quasiment obligés de cultiver pour avoir des fruits et légumes frais.

    Les grandes surfaces ont disparu de la ville (à cause de l’extrême pauvreté ?), et il ne subsiste que de petites épiceries où il n’y a que de la nourriture industrielle, empaquetée, sans fruits et légumes !

  6. LEGEOGRAPHE

    Merde alors, on parle dans la dernière phrase du reportage d’une « industrie verte » ; pourtant, tout allait si bien, y compris dans la démonstration que l’American Dream ne passait pas forcément par des innovations toujours plus inutiles, mais par une ré-adoption de gestes ancestraux.

    En tout cas, tout plein d’espoir quand même.

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