Le biblio-vélo pour faire rouler la culture

Ramon Vitesse est un agent culturel de Cowansville (Canada) qui anime la vie des jeunes avec son Biblio-vélo, véhicule culturel de proximité.

Dans les rues, les parcs et les détours de Cowansville, en Estrie, dans les lieux publics investis par les jeunes (12-20 ans), l’agent culturel Ramon Vitesse surgit à vélo avec sa cargaison de livres et de matériel d’art pour des ateliers in situ. Le Biblio-vélo, c’est une bicyclette tractant une petite remorque remplie de livres, de fanzines, de bandes dessinées, de pochoirs, de collages à réaliser avec de vieux magazines, toutes choses susceptibles d’éveiller la curiosité des jeunes et d’occuper leur esprit créatif.

Le Biblio-vélo permet le contact direct avec une clientèle a priori distante et marginale en proposant des ateliers de création originaux et une sélection de publications alternatives absentes de la culture de masse et des institutions scolaires ou municipales. Tout se fait sur place, là où ça se passe, quand ça se passe. Les jeunes peuvent consulter les publications ou les emprunter, sur l’honneur, sans autre formalité que la promesse de les remettre plus tard. On parle ici de prêt de confiance.

Quant aux ateliers, il peut s’agir de peinture au pochoir, de cadavres exquis en bandes dessinées, voire même d’exercices d’écriture automatique. Ramon Vitesse cherche à « favoriser des tentatives d’expression culturelle dans une optique de changer le monde, en commençant par soi-même! » Trois mots sont au cœur du dialogue et des activités de Ramon Vitesse avec les jeunes : informer, discuter, expérimenter. Sa devise : « Documentez les rêves et les utopies! Osez être qui vous êtes! »

Ramon Vitesse se fait le véhicule de la culture alternative auprès des jeunes. Les périodiques sont indépendants, les fanzines et livres d’art plus souvent qu’autrement des autoproductions, et les livres parlent d’anarchie, de changement social, de féminisme, etc. Le Biblio-vélo dispose aussi d’un poste d’écoute musicale permettant la découverte d’artistes émergents.

Cette curieuse aventure repose sur l’expertise singulière de son promoteur, Ramon Vitesse, de son vrai nom Stéphane Tardif, qui compte maintenant une vingtaine d’années d’expérience en travail de rue et en production culturelle. Illustrateur, bédéiste et chroniqueur – CKUT, À Bâbord, Le Couac, Le Tour, Recto-Verso, etc. –, il a des antennes depuis longtemps dans les milieux québécois de la culture alternative et de l’activisme militant, ce qui lui permet de disposer d’une collection originale et de nombreux contacts qui alimentent ses projets.

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Biblio-vélo : Ramon Vitesse fait rouler la culture à Cowansville

Se définissant lui-même, quand il était jeune, de « drop-out et dernier de classe ayant toujours passé par la peau des fesses », il obtiendra plus tard un baccalauréat en criminologie et poursuivra des études complémentaires en psychosociologie de la communication. Plus que ses études, c’est sa propre expérience qui guidera ses actions. « Le projet Biblio-vélo, je l’ai d’abord imaginé pour révolutionner ma propre vie faite de travail de rue frustrant au centre-ville de Montréal, d’activisme anarchiste, de journalisme engagé, de musique dans le métro, d’édition indépendante de fanzines et de production musicale underground. » Le Biblio-vélo naît à Montréal en 2000 et roulera trois ans avec le soutien de l’organisme Dans la rue, un centre d’accueil autonome pour les jeunes de la rue dans le quartier Centre-Sud, à Montréal, du groupe Cactus et du Centre St-Pierre, deux autres importantes ressources communautaires sensibles à l’extrême dénuement des jeunes marginaux du centre-ville de Montréal.

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Le Biblio-vélo refait surface à Cowansville en 2007. Enthousiaste à l’idée de proposer une ressource culturelle novatrice qui ira directement vers les adolescents, la ville engage Ramon Vitesse à titre d’agent de développement culturel, avec l’appui du programme Villes et villages d’art et de patrimoine (VVAP) *. Le Fonds culturel Brome Missisquoi et la Ville de Cowansville (Service Culture, tourisme et patrimoine), financent ce renouveau, avec l’appui du Sac à mots, un organisme en alphabétisation, de la Maison des jeunes Le Trait d’Union et de l’École secondaire Massey-Vanier.

Quand la belle saison du Biblio-vélo tire à sa fin, Ramon Vitesse sort de la rue et entre en mode corridor avec son sac-à-dos. Plutôt que les aires extérieures de Cowansville, il parcoure les dédales de la polyvalente Massey-Vanier fréquentée par près de 2 000 élèves de niveau secondaire, de 12 à 17 ans.

Ramon Vitesse suscite l’action alternative, le dessin hors norme, la pensée critique et l’action citoyenne. Un gros programme qu’il traîne avec le Biblio‑vélo, mais qu’il décline aussi à travers l’organisation d’une multitude d’autres activités originales. Pour les organismes en alphabétisation Sac à mots et le Yamaska Literacy Council, il a conçu un comic strip muet, une BD sans texte de quelques cases, afin de rejoindre directement les personnes concernées et sensibiliser la population à cette problématique. En pensant aux skaters du centre-ville, il organise pour l’été 2009 le CowanSkateCult, une programmation de jeunes groupes émergents, en collaboration avec la Maison des jeunes Le Trait d’Union. En réponse au problème des graffitis sauvages, il organise pour l’été 2009 une résidence d’artistes en collaboration avec l’Office municipal d’habitation (OMH). Pendant trois semaines, un graffiteur reconnu travaillera à la réalisation d’une murale pour ensuite donner des ateliers à des jeunes de Cowansville. Et si la bande dessinée a fait son chemin jusqu’à Cowansville au point qu’il s’y tient maintenant en décembre un festival fréquenté, c’est qu’il y a bel et bien un peu de Ramon Vitesse dans le carburateur…

L’approche de Ramon Vitesse est certainement différente et peut soulever quelques inquiétudes. Pourtant, Ramon Vitesse fait mouche, les partenaires du milieu sociocommunautaire y trouvent leur compte et les jeunes en redemandent. Rarement une ville de cette taille peut-elle s’enorgueillir d’héberger autant d’initiatives culturelles originales.

Source: http://www.culturepourtous.ca/articles/bibliovelo.htm

Un commentaire sur “Le biblio-vélo pour faire rouler la culture

  1. paco

    Il est aussi difficile de lire à bicyclette qu’en voiture, mais c’est comme Dieu et les éoliennes, c’est pas utile dans le paysage, mais sans, on ne rêverait plus. Si on ne peut pas lire en conduisant, on peut se conduire en lisant

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