Conduite à risques : L’impact du développement des agrocarburants européens sur le climat et les terres

conduite-a-risque

Une étude rendue publique hier met en garde contre l’augmentation massive des émissions de CO2 et le changement d’utilisation des terres que génèreront les plans européens de développement de l’utilisation des agrocarburants. 69.000 kilomètres carrés de surfaces agricoles supplémentaires seront en effet nécessaires au niveau mondial pour remplir les objectifs de l’Union. Par ailleurs, si tous les impacts sont pris en compte, cette production d’agrocarburants conduira à une augmentation – et non à une diminution – des émissions de CO2 ! Une mesure européenne visant à lutter contre les changements climatiques menace par conséquent de produire l’effet inverse…

Ce rapport de l’IEEP (Institut pour la politique environnementale européenne) propose une analyse de l’impact potentiel de la consommation d’agrocarburants en Europe d’ici 2020, en termes d’utilisation des terres et d’émissions de gaz à effet de serre (GES), tel que prévu dans les Plans d’Actions Nationaux (PAN) récemment publiés par les 23 États membres. Ce rapport contient des analyses concernant le niveau et l’impact du « changement d’affectation des sols indirect » (CASI) résultant de l’utilisation des agrocarburants

Il s’agit de l’étude la plus complète à ce jour permettant de quantifier ces effets. Les études précédentes n’étaient pas fondées sur des projections à partir des PAN européens et dans la plupart des cas excluaient les impacts du CASI. La publication de cette étude arrive à point nommé, alors que la Commission européenne doit publier d’ici la fin de cette année un rapport sur la manière d’aborder et de réduire les émissions de GES et le CASI induits par la consommation européenne d’agrocarburants.

Selon l’étude réalisée par l’Institut pour la politique environnementale européenne (IEEP), si les pays européens s’en tiennent à leur objectif de remplacer une partie de l’essence et du diesel par des agrocarburants, une superficie supérieure à deux fois la Belgique devra être convertie en champs et en plantations pour répondre à la demande. Cela aura un impact dévastateur sur les forêts, des écosystèmes naturels précieux et les communautés locales.

Lire aussi :  Halte à la France moche !

La recherche réalisée par IEEP à la demande d’une coalition d’organisations européennes environnementales et de développement analyse, pour la première fois, les impacts de l’utilisation des agrocarburants telle que prévue dans les plans d’action énergies renouvelables remis par les Etats membres de l’Union. Il en ressort que, d’ici 2020, 9,5% des carburants utilisés pour le transport seront remplacés par des agrocarburants. Ces agrocarburants proviennent pour 90% de cultures “énergétiques” qui prennent souvent la place des cultures alimentaires. Ces cultures alimentaires sont, elles, déplacées sur des nouvelles terres, souvent issues de la déforestation. Les cultures à des fins énergétiques sont ainsi un moteur important de la déforestation, avec pour conséquence… une augmentation des émissions de CO2 !

Sauf changement de politique de l’UE, les agrocarburants que l’Europe va utiliser au cours des dix prochaines années seront responsables de l’émission de 27 à 56 millions de tonnes de gaz à effet de serre supplémentaires par an d’ici 2020, soit l’équivalent de 12 à 26 millions de voitures supplémentaires sur les routes européennes. Leur effet sur le climat sera entre 81 et 167% plus néfaste que celui des combustibles fossiles.

Sources: Réseau Action Climat France et Iewonline.be

4 commentaires sur “Conduite à risques : L’impact du développement des agrocarburants européens sur le climat et les terres

  1. Chibibo

    Il est aussi important de souligner que la production des agrocarburants déteriore grandement les surfaces de culture. Car les producteurs vont en faire des cultures intensives très néfaste pour la vie du sol. Sans parler des pesticides qui seront appliqués à cause du manque de rotation des cultures. De plus, il faut savoir que la plupart des terres arables de la planète sont en grande difficulté. Il faut plutôt penser à réduire notre dépense énergétique que d’en essayer dans changer la source.

  2. MOA

    Oui, Chibido, et en plus on ne peut pas dire qu’on ne connait pas les conséquences environnementales, sanitaires et sociales des cultures intensives… elles sont déjà en oeuvre depuis quelques 30 ou 40 ans.

    Avec maintenant la création (et volonté de brevetage) de plantes OGM… dont de nombreuses études montrent leur dangerosité sur les animaux (porcs, rats etc.. mais bon elles sont commercialisées quand même) ce qui n’est pas étonnant car on ne maitrise pas la technologie qui ressemble plus à un bombardement au p’tit bonheur la chance (bcp de molécules meurent) qu’à de la microchirurugie.

    On pourra pas dire « ah mais j’savais pas, moi?! »

Les commentaires sont clos.