Nathalie Kosciusko-Morizet, une cloche à l’écologie

Bon d’accord, le titre de l’article est limite sexiste, mais vous comprendrez en lisant pourquoi Nathalie Kosciusko-Morizet mérite amplement le titre de « cloche »…  En outre, il représente bien ce que je pense de la droite écolo-libérale… Alors tant pis pour Nathalie Kosciusko-Morizet, NKM pour les médias, qui devient aujourd’hui même ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement.

Car c’est bien dans un contexte d’affaiblissement général de l’écologie que Nathalie Kosciusko-Morizet revient aux affaires. Son ministère est désormais amputé de l’énergie, de la mer, de l’aménagement du territoire, de la ville, des technologies vertes et des négociations sur le climat… Et surtout, elle n’est plus que numéro 4 du gouvernement et non plus ministre d’état comme ont pu l’être brièvement Alain Juppé puis Jean-Louis Borloo.

C’est sans doute la traduction logique du désormais célèbre « L’écologie, ça commence à bien faire« … Le super ministère issu du pacte écologique de Nicolas Hulot est désormais décapité, l’énergie retourne à l’économie (vive le nucléaire et vive le pétrole!), et pour les « négociations sur le climat », on verra bien…

L’écologie des pâquerettes

Nathalie Kosciusko-Morizet va donc devoir composer avec un ministère croupion dans un gouvernement qui se fout de l’écologie pour faire face aux enjeux majeurs de la destruction de l’environnement. Bon courage!

Elle avait pourtant tout pour elle, jeune et brillante, polytechnicienne, « experte en environnement », ancienne secrétaire d’état à l’écologie, secrétaire nationale chargée de l’écologie à l’UMP (bon, là ça se gâte…), pourfendeuse d’OGM allant jusqu’à faire la bise à José Bové, capable de traiter de lâches des gens au-dessus de tout soupçon comme Jean-François Copé ou Jean-Louis Borloo… Bref, un véritable CV de pasionaria de l’environnement!

D’ailleurs, elle le déclarait le 9 janvier 2009 au journal Le Monde: « Je me suis très tôt intéressée aux questions de l’environnement, bien avant Polytechnique. Je pourrais vous montrer des photos de moi à deux ans en train de cueillir des pâquerettes avec ma sœur…« . Diantre! On doit au moins être 60 millions d’écologistes en France à avoir « cueilli des pâquerettes » dans notre enfance…

Après Chantal Jouanno la ministre « des fleurs et des abeilles », voici donc la ministre « des pâquerettes »… C’est très fleuri à l’UMP, en fait une nouvelle tendance de l’écologie politique version désodorisant Wizard « fleurs des bois »…

Car sur le CV de NKM, il y a aussi un passage (pantouflage) chez Alstom de 1999 à 2001, une entreprise bien connue dans le milieu des centrales électriques et qui a connu en 2006 quelques petits problèmes relatifs à l’amiante…

La lutte pour la vie sur terre et pour une place au soleil

Cette vocation précoce pour l’environnement ne doit pas faire oublier non plus son petit destin personnel. Alors que NKM déclarait partout que l’écologie était sa raison d’être, elle accepte brusquement en septembre 2009 un poste de secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique, ce qui lui permet de se rapprocher de son frère, Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur du site de commerce en ligne PriceMinister.com et président de l’Association pour le commerce et les services en ligne…

Il faut être cependant honnête, NKM a quitté son poste de secrétaire d’état à l’écologie car elle était fâchée avec Jean-Louis Borloo, alors tant pis pour l’écologie et pour la planète!

Comme le dit très bien Fabrice Nicolino, « je ne pense pas que cette dame se moque de l’écologie. Je crois pour commencer qu’elle est très ignorante, malgré Polytechnique et les efforts de son service de presse. Je crois qu’elle considère cette question comme intéressante. Mais sûrement pas plus décisive que son sort personnel. On peut le dire autrement : entre la lutte pour la vie sur terre et son sublime destin politique de banlieue, elle a choisi, et depuis longtemps« .

Lire aussi :  Un roquet Rugy à l'écologie

«Tu viens ?»… Non !

Et elle a même commis un bouquin au titre aguicheur (Tu viens?, Gallimard, 2009) pour nous parler, entre autres, d’écologie. Apparemment, il s’agirait d’un « véritable brûlot (…) aussi fort que du Guillaume Musso« … Selon le Nouvel Obs, « l’ordre établi n’a plus qu’à faire ses valises« .

Et le résumé du bouquin par le Nouvel Obs est très clair: « On ne comprend pas bien de quoi parle ce livre« . Attention c’est du lourd, le fond du propos de ce brillant ouvrage, c’est que demain, on y va, alors autant y aller en mode numérico-écolo. L’avenir sera vert et fleuri comme un fond d’écran Windows…

Du côté des OGM, la bise à José Bové lui a par contre laissé un mauvais souvenir, à moins que les remontrances de François Fillon suite à sa sortie sur les « lâches de la majorité » aient eu un certain effet: « Les faucheurs d’OGM ne sont pas des prophètes, parce qu’ils sont dans la posture et que leur systématisme dessert la saine révolte« .

Quand l’idéologie maquille les résultats scientifiques

Au-delà des pâquerettes, des gentils OGM ou de l’amiante, quel est donc le fondement de la pensée écologiste de Nathalie Kosciusko-Morizet?

C’est Nicolas Ridoux, ingénieur et auteur de La Décroissance pour tous (éditions Parangon, 2006) qui nous rappelle sans doute l’essentiel. La pensée de NKM en matière d’écologie est d’essence néolibérale.

Selon Nathalie Kosciusko-Morizet, la croissance n’est pas le problème, elle est la solution. Les problèmes créés par la croissance seront réglés par elle : il suffit donc de l’accélérer ! NKM appuie apparemment son discours sur des travaux scientifiques qui, si on les regarde de plus près, sont plus que critiquables.

Elle appuie son raisonnement sur ce que les spécialistes de la pensée économique néolibérale appellent les « courbes en cloche ». En gros, plus la croissance est forte et plus la pollution baisserait: « La position de l’UMP est de pousser pour que nous arrivions le plus vite possible au deuxième point des « courbes en cloche ». » (Le Monde, 23 janvier 2007).

Traduction: il faut produire plus, consommer plus et augmenter la croissance pour faire baisser la pollution. Logique, non? Vite, un Grenelle de la croissance!

Et tant pis si l’expérience historique montre le contraire, si de nombreux rapports précisent que c’est d’abord la réglementation qui fait baisser la pollution et non pas le PIB par tête ou la croissance. Le principal, c’est de développer la sacro-sainte croissance (qui développera les emplois un jour et les profits tout de suite).

Comme le dit Nicolas Ridoux, « ne serions-nous pas en présence d’un discours au service d’une idéologie ? Cette idéologie ne serait-elle pas la totale substituabilité d’un capital artificiel au capital naturel ? C’est la négation de toute irréversibilité réelle et la croyance irrationnelle qu’un environnement rendu invivable pourra toujours être corrigé, remplacé, par une création artificielle humaine ».

Vivement la mise en place d’une bourse de l’air libre où les crédits oxygène s’échangeront sur les marchés à terme!

11 commentaires sur “Nathalie Kosciusko-Morizet, une cloche à l’écologie

  1. Thomas

    Petite précision par rapport à l’introduction de l’article, NKM n’a pas le portefeuille de l’énergie, contrairement à son prédécesseur Borlo. L’intitulé de sa fonction est « ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement ».

  2. Marcel Robert

    Merci pour la précision, j’ai effectivement été un peu vite et j’ai corrigé l’article en conséquence. En fait, c’est encore plus grave que ce que je disais, NKM hérite d’un ministère croupion par rapport à la période précédente. Rappelez-vous, « l’écologie, ça commence à bien faire »…
    Nicolas Sarkozy est donc un homme de parole: « Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis »…

  3. CarFree

    Aux dernières nouvelles, NKM aurait préféré le poste de ministre de la Défense… Dommage, ce sera l’écologie!
    Et le plus drôle, vous savez où se trouve Chantal Jouanno, ancienne directrice de l’ADEME et « spécialiste en environnement »? Elle est secrétaire d’État aux Sports…

  4. Moa

    Je viens de lire l’article de Fabrice Nicolino.
    Mais bordel mais dans quel monde on vit ?!?!!

    Politique spectacle de merde!

    Désolé pour les oreilles chastes qui lisent le blog mais ça m’exaspère.

    Fabrice Nicolino : « Voyez-vous, l’une des raisons du drame où nous sommes tous plongés est cet état de confusion régnant dans la presque totalité des cerveaux. »

  5. CarFree

    Et Thierry Mariani qui devient secrétaire d’état aux transports, c’est pas mal non plus, non? Jusqu’à présent, il était plus préoccupé par les flux migratoires que par les flux ferroviaires… A moins que le nouveau projet du gouvernement soit de mettre les étrangers en situation irrégulière dans des trains…

  6. lecteur

    Moi , de l’héritière Kosciusko ( toujours recrutement entre amis ! )
    je retiens les actes

    1 2007 = printemps nomination au ministère

    2 été 2007 = j’apprend qu’elle est partie SALOPER la planète en vacances ( AVION + YACHT ) en méditerrannée , iles éoliennes

    Fais ce que je dis ( respect environnement )
    NE fais PAS ce que JE fais
    ( vacances de luxe pour friqués Salopeurs )

    j’ai d’ailleurs écrit au ministère aucune réponse de NKM ( mépris du citoyen de base )

    idem le type anti-Agrocarburants ( sur son blog )
    et qui sur SON Curriculum a visité AUSTRALIE ( trajet à la nage )
    et Amérique du Sud

    idem les vacances de Mamère et Voynet à la Guadeloupe

    —-
    pour ma part j’essaie d’être clair

    pas d’avion pour australie brésil méditerrannée etc …

  7. joshuadu34

    @carfree

    les indesirables dans les trains, ça c’est déjà vu, non ?…

    Enfin, franchement, s’il fallait attendre d’un quelconque « sinistre » de l’environement une action en faveur de… l’environnement quand le discours ambiant est au développement et surtout à la croissance, on pourrait attendre longtemps… Et, entre nous, même si je ne veux pas en rajouter une couche concernant Hulot (ça a déjà été largement fait sur ces pages), sa déception face à la tartufferie du grenelle est assez risible ! Les actions de Borloo ne sont pas hautement écologiques non plus… et son bilan, à l’heure des comptes, n’est pas glorieux (quoi que, je me demande si, quand même, il n’aurait pas favorisé la culture bio dans le domaine vinicole… -je précise qu’il s’agit d’un joke-)

  8. Legeographe

    « Traduction: il faut produire plus, consommer plus et augmenter la croissance pour faire baisser la pollution. Logique, non? Vite, un Grenelle de la croissance! »

    Ah bah, en fait, il faut donc que l’on continue à faire les mêmes promesses électorales, en fait ?
    Parce que ce discours de la promesse de croissance n’a pas attendu le Grenelle de l’Environnement.

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