Sur un air de guitare…

Le retrait médiatisé du Médiator, médicament des laboratoires Servier, reconnu enfin pour sa dangerosité, déchaine toutes les passions, et entraine une volée d’interrogations assez surprenante chez ceux qui sont censés être garants de notre santé et de notre avenir. Mieux, leurs soi-disant interrogations montrent en fait que soit ceux-ci sont de sinistres idiots juste intellectuellement capables d’enfiler des perles, soit de fieffés menteurs…

Car le retrait de ce médicament pose, en fait, deux réelles questions que leurs gesticulations incessantes éloignent de nos esprits…

La première, celle qui vient directement à l’esprit, et qu’on entend malgré tout quelquefois, y compris parmi les personnes les mieux renseignées sur le sujet concerne le fait que, alors que la dangerosité de la molécule composant ce médicament était connue depuis de nombreuses années, et que les médicaments de ce type étaient retirés du marché depuis longtemps, le Médiator, lui, est resté en vente, avalisé par l’Afssaps…

Mais cette question, ou plutôt la limitation mise à cette question relève d’un angélisme assez troublant ! S’interroger sur le silence entourant le maintien de la vente du Médiator sans se poser la question des conflits d’intérêts au sein des organismes de contrôle, et surtout sans remettre en question les dits conflits démontre une réelle volonté de taire une aberration du système évidente !

Parce qu’il convient de savoir que les organismes de contrôle officiels, dans la santé, comme c’est aussi le cas dans d’autres domaines, comme le nucléaire par exemple, sont majoritairement tenus par ceux qui ont un intérêt direct et financier auprès des entreprises contrôlées ! Ainsi, on demande à l’industrie pharmaceutique de se contrôler elle-même… en nous répétant que nous DEVONS avoir confiance en ce système ! C’est aussi ridicule que si on demandait, sans aucun contrôle, et en le faisant savoir clairement, à un élève passant son bac de se noter lui-même ! Nul doute que le taux de réussite au bac serait alors phénoménal ! Mais le ridicule de la situation n’échapperait à personne, et pourtant, ce sont les mêmes qui, face à la catastrophe sanitaire que représente l’affaire du Médiator s’étonnent que la commission de régulation n’ai pas interdit la vente avant !

Pour les « excuser », il faut reconnaitre que la situation a de quoi inquiéter même les plus optimistes des bêlants soutiens d’un système ! Imaginez que trop d’entre nous se posent la question du contrôle et de l’application du « principe de précaution » si adroitement mis sémantiquement en avant… et que trop d’entre nous commencent à se demander s’il n’est pas un peu trop dangereux de faire contrôler les centrales nucléaire, les médicaments, les pesticides que nous répandons abondamment, les innovation automobiles et autres exploitations pétrolières par ceux qui tirent un profit financier et un pouvoir immense du maintien coûte que coûte de ces produits ?

L’intérêt du système actuel est, bien entendu, dans le fait que les choses restent en l’état, et que les questionnements pourtant légitimes qui pourraient naître face à des dysfonctionnements pourtant répétés dus à ce fait soient marginaux ! Il convient, quand même, de savoir, puisqu’on parle de dysfonctionnements répétés, que les laboratoires Servier sont, aussi, responsables d’un autre scandale strictement identique : celui de l’Isoméride… et c’est, bien entendu, sans parler du sang contaminé et autres joyeusetés, scandales dans lesquels Servier n’a pas de responsabilité avérée…

On m’objectera que le dit médicament, avant sa mise sur le marché, a fait l’objet de contrôles stricts, de mesures sévères et longues et que les effets néfastes du Médiator ne pouvaient, en l’état, être connus sur un si long terme…

C’est vrai ! De nombreux contrôles sérieux, stricts et sévères, dans le cas de la mise sur le marché de médicaments, sont effectués, et ce, quel que soit le pays où ce médicament est créé !

Lire aussi :  Pas de pot !

Et ça nous amène directement à la deuxième question, bien plus importante encore que la première, puisqu’elle concerne le dogme général entourant le monde merveilleux de progrès qui nous entoure ! Puisqu’il est question constamment de précaution, comment être certain de l’effet induit par un traitement ? Comment être certain que les effets à long terme ne seront pas pire que les bienfaits ?

Je vais être un peu cru, et surement en choquer certains, mais s’il est envisageable d’ignorer, dans certains cas, le long terme (dans le cas, par exemple, d’un traitement concernant un cancer mortifère), il est beaucoup plus incroyable de s’apercevoir que l’industrie, dans son ensemble, qu’elle soit médicale ou autre, soit aussi peu soucieuse du long terme quel que soit le cas, quel que soit le produit créé !

Ainsi, dans l’industrie dans son ensemble, plus de 100 000 substances chimiques sont utilisées, sur ce chiffre, 30 000 sont très régulièrement utilisées et font partie de notre environnement direct. Or, sur ce chiffre, et même ramené aux 2500 qui sont présentes chez chacun d’entre nous, nous n’en connaissons réellement que… 31 ! Et quand une de ces substances est longuement étudiée parce qu’on s’aperçoit, tardivement, qu’elle a, en fait, un effet néfaste que nos Merlin Créateurs n’avaient pas prévu, c’est plus de 100 nouvelles substances qui sont découvertes et utilisées alors qu’elles sont totalement inconnues de nous !

Et les effets indirects sont encore bien moins connus ! Pour le CFC (chlorofluorocarbone), ce gaz propulsif, il était évident que celui-ci était parfaitement inoffensif pour l’homme ! Tous les tests montraient clairement son innocuité ! Et on s’est aperçu, finalement, que cette notion d’inoffensivité était toute relative quand il a été évident que ce gaz créait des trous gigantesques dans notre couche d’ozone…

On a, pour l’instant, parlé du CFC, mais aussi et surtout de l’industrie médicamenteuse… mais les précautions prises dans l’industrie du nucléaire sont-elles plus fiables et plus importantes que celles prises dans la santé ? Non, bien entendu, et bien au contraire ! Elles y sont plus faibles, et pourtant, malgré le danger évident de l’utilisation du nucléaire, beaucoup sont encore persuadés qu’aucun accident n’est possible ! Donc, malgré les contrôles bien plus importants, malgré les précautions bien plus poussées, le secteur médical n’est pas à l’abri, loin de là, d’un dérapage, mais ce ne serait pas le cas du nucléaire ?… Encore une fois, l’aveuglement est présent, même si, quelquefois, nous entendons certains scientifiques nous mettre en garde et nous prévenir que la question à se poser n’est pas de savoir SI un accident nucléaire aura lieu, mais QUAND !

Et ceux qui, là aussi, prétendent que la science viendra nous sauver oublient juste que ce qu’ils nomment « science » n’a, en fait, rien de scientifique, que les découvertes qu’ils chérissent n’ont rien de scientifique et que la science ne travaille plus, en fait, qu’à corriger l’ensemble des désagréments que l’évolution technologique nous apporte (pollution, destruction, épidémies, multirésistance microbienne et bactérienne, etc…).

Pour en revenir à notre sujet, l’industrie médicamenteuse, comme toutes les industries et l’ensemble de ce monde, est malade du « progrès », de la nécessité technologique, qui lui font même nier l’essentiel ! Et elle est l’exemple même que science et technique ne travaillent pas au bienfait de l’humanité, mais uniquement au profit de certains et au maintien d’une illusion technologique abstraite.

Mais ces questions, bien entendu, ne sont pas celles qu’on nous propose, qu’on nous matraque, pour éviter qu’une réflexion ne naisse réellement chez nous !

Photo: funkandjazz

4 commentaires sur “Sur un air de guitare…

  1. MOA

    C’est bon… on risque de trouver un peu pétrole pas loin des côtes varoises.
    Du moment que, entres autres, ça permettra à l’industrie pharmaceutique de créer de supers médicaments et à mettre le chauffage 10 minutes avant d’utiliser quelques centaines de millions de voiture (pour pas avoir froid aux mains parcequ’on vit plus dans une grotte ou passque le fiston il a froid aux oreilles ), FORONS et ne cherchons surtout pas à changer nos comportements ou à orienter les politiques vers d’autres alternatives… car il n’y en a pas, on a pas le choix, c’est ce que nous dit la TV.
    Et puis on s’en tape des cétacés, hein?

    Je ne suis pas devin, mais je pressens que le grand n’importe quoi s’accélère… jusqu’à quand?

  2. herisson_blinde

    Le gros problème des industries polluantes c’est qu’elles ont un intérêt primordial et même axiomatique si l’on tient compte de la définition du capitalisme à augmenter leurs bénéfices, ce qui fait que dans la majorité des cas leurs pollutions augmentent proportionnellement!

    L’énorme problème concernant les industries de la santé vient du fait qu’elles ont intérêt commercial primaire à ce que la population soit MALADE DE MANIÈRE OPTIMUM, c’est à dire un compromis entre plusieurs facteurs dont : (1) la maladie (qui fait consommer), (2) la capacité de travail (qui donne les moyens de consommer), une certaine (3) aliénation psychologique (*a) qui évite de réaliser l’ampleur des problèmes et de changer de style de vie.

    A partir de là on peut se poser la question fondamentale suivante : Quand et comment peut on détecter qu’une population est dans une synergie « optimum » (cyniquement parlant) avec ses infrastructures capitalistes de soins ? Réponse on trouve des « optimum » temporairement locaux à partir du moment ou des « révoltes » importantes éclatent au sain de la population et aussi du pouvoir politique! On a vu le cas se produire en Suisse quand l’initiative pour une caisse maladie étatique et unique a été mise en votation (le facteur (3) à été actionné, du point de vue du système de gestion de la maladie (système de santé) il fallait donc mater la révolte, et c’est exactement ce qui a été fait à grand budgets publicitaires payés par les assurés eux-mêmes associé à un blocage temporaire des primes! Et les imbéciles heureux 🙂 concernés ( environ 70% de la population suisse y ont crû! ), et maintenant 70% de la population serait pour une caisse unique, jusqu’à ce qu’ils subissent un nouveau gros lavage de cerveaux à l’aide des décapants sociaux bien connus que sont la peur, l’angoisse et l’égoïsme!

    Évidemment aucun acteur sensé du marché de la santé n’envisagera sérieusement qu’il y aie une recherche de maladie optimum dans la population et heureusement car il reste une certaine éthique au niveau individuel, mais le système concerné lui n’a pas d’autre éthique que les règlements auxquels il se soumet de plus ou moins bonne grâce! En d’autres terme la division des tâches professionnelles aboutit aussi à la division de l’éthique car les acteurs n’ont pas conscience de la totalité de la chaîne d’actions et de réactions à laquelle il participent, on peut donc avoir un système agissant de manière monstrueuse employant des gens doté d’une bonne éthique et d’une bonne paire d’oeillères « incarnée » par le système complexe qui les emploie.

    Conclusion :
    Le problème tient en une seule phrase : comment peut-on être assez stupide en tant que système socio-politique pour laisser fleurir des entités économiques très puissantes dont le chiffre d’affaire est inversement proportionnel à la santé de la population ?

    Solution : les conflits d’intérêts découlant automatiquement d’une gestion capitaliste de la santé pourraient être résolut en ayant un maximum des secteurs concernés aux mains de l’état (sous entendu un état non corrompu, c’est à dire une vraie représentation de l’ensemble des intérêts de la population). A partir de là le conflit d’intérêt est supprimé, car L’ÉTAT = LA POPULATION A UN INTÉRÊT PRIMORDIAL À ÊTRE EN EXCELLENTE SANTÉ!

    Compléments :

    (*a) la voiture est un auxiliaire très utile pour les activités tirant profit de la maladie en rendant malade par sa pollution + l’inactivité physique qu’elle entraîne et abrutissant encore ses utilisateurs par ses implications physiologique et les rituels affligeant auxquelles elle les soumet (tourner en rond pour des places de parc, être l’esclave à la seconde près de la signalisation routière (le cycliste libre brûle la majorité des feux et signaux qui ne sont ni dangereux pour lui ni pour les autres), visualiser d’incessantes répétition des mêmes signes et objets qui doivent péjorer l’imagination et la créativité).

    joue un rôle

Les commentaires sont clos.