Le pic pétrolier a eu lieu en 2006 !

Le pic pétrolier s’est produit en 2006, indique l’Agence internationale de l’énergie. En bonne logique, cette phrase aurait dû faire la Une de la presse mondiale, les Bourses auraient chuté, et l’on aurait enfin répondu à la question : « Sachant que ce système est totalement vermoulu, à quel moment en change-t-on ? » La réponse aurait été : « Maintenant ! »

Reprenons les faits. Le pic pétrolier est le moment où la production de pétrole commence à décroître. Depuis une quinzaine d’années, nombre de géologues avertissent de l’imminence de ce moment capital : il signifie en effet que le régime énergétique du monde, fondé sur l’or noir depuis près d’un siècle, va devoir changer radicalement. On ne va pas manquer de carburant du jour au lendemain, mais il va falloir diminuer sa consommation. La théorie du pic pétrolier s’est imposée. Et la question est devenue : quand aura-t-il lieu ?

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de répondre dans son rapport annuel, intitulé World Energy Outlook 2010, publié à la mi-novembre. Elle énonce ainsi sa prévision : « La production de pétrole brut se stabilise plus ou moins autour de 68-69 Mb/j (millions de barils par jour) à l’horizon 2020, mais ne retrouve jamais le niveau record de 70 Mb/j qu’elle a atteint en 2006 » (1). Autrement dit, le pic s’est produit en 2006.

Depuis 2006, justement, il y a eu une forte hausse des prix du pétrole (en partie spéculative), puis une crise économique. Cette augmentation des prix a rentabilisé l’exploitation de pétroles « non conventionnels », tels que les sables bitumineux, qui compensent en partie le déclin du pétrole.

Lire aussi :  Le Zweistil, un vélo révolutionnaire pour l'après-pétrole?

L’AIE prévoit une augmentation mondiale de la consommation d’ici à 2035. Comment la satisfaire ? En pompant davantage les réserves de l’Arabie saoudite, et en développant sables bitumineux, pétrole de l’Arctique et pétrole sous-marin très profond. Problème : ces exploitations sont encore plus polluantes que la production de pétrole classique, et l’on peut douter des capacités de l’Arabie saoudite. Conclusion mezza voce : la crise pétrolière approche à grands pas.

Comment y échapper ? Le moins mauvais des scénarios de l’AIE est dit « 450 » : on limite les émissions de gaz à effet de serre pour ne pas dépasser un réchauffement de 2°C. Il suppose de réduire rapidement la demande de pétrole : outre le gain pour le climat, cela permettrait d’éviter la pollution due aux pétroles non conventionnels, et réduirait les investissements nécessaires à leur développement, ce qui est bon pour l’économie. Mais cela impliquerait de… changer de politique… maintenant. Ah, horreur !

Source: Reporterre

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Note :

(1) Agence internationale de l’énergie (AIE)

45 commentaires sur “Le pic pétrolier a eu lieu en 2006 !

  1. cycliste alcoolique

    Toujours agreable a lire Herve Kempf.
    « Comment les riches detruisent la planete » (et sa traduction anglaise) est devenu le cadeau que je distribue le plus facilement ici au Qubec. La plupart me remercient une deuxieme fois apres l’avoir lu, d’autres me regardent bizarrement, et puis pour quelques uns (beaucoup trop selon moi) je comprends qu’ils ne prendront jamais le temps de lire un livre.

  2. joshuadu34

    le retour d’Hervé Kempf, enfin ! J’avais vu cet article sur le monde, hier. Article court, mais oh combien symbolique ! Malgré celà, et comme dis par Hervé, plutôt que de faire la une, cette info là passe totalement inaperçue, délaissée au profit des interventions sécuritaro-spectaculaires, des résultats footbalistiques et autres coups de vent…

    Là, rien ! Et pourtant, l’info ne vient pas d’organisations non gouvernementales alarmistes (forcément, puisque remettre le monde merveilleux que nous avons en cause, ce serait être alarmiste, y compris et surtout pour l’Agence internationale de l’énergie) mais d’une organisation technocratique connue pour ses positions pro-pétrole et sa volonté manifestée à maintes reprises non seulement de taire ce type d’infos, mais aussi de les falsifier afin d’éviter la panique des marchés (voir l’article du Guardian : http://www.guardian.co.uk/environment/2009/nov/09/peak-oil-international-energy-agency)… Ça va commencer à se voir, peut-être ?

    Quand aux conséquences, encore une fois, et bien que je n’ai aucun intérêt, si ce n’est celui d’avoir apprécié son livre, à faire de la pub, il serait bon de mettre le livre d’Hervé : « Pour sauver la planête, sortez du capitalisme » entre toutes les mains, les analyses sur les conséquences à terme si on maintien le système en l’état y sont clairement étalées, et c’est pas joli à imaginer !!!

  3. Nicolas

    L’idée d’être au seuil de la grande descente de la montagne russe m’inquiète malgré mon dégoût de la société actuelle. J’espère simplement que la descente ne sera pas trop raide car sinon ça viendra vite l’enfer : (voir ce qui est écrit sur la courbe de Gauss) chômage générale, émeutes, ultraviolences, pénurie de nourriture, magasins vides comme en Pologne en 1980, et même … VOLS DE VÉLOS ! Peu de gens ont déjà vécu ça en France, ça doit être très dur à vivre même pour un lecteur de Carfree.
    Avis aux photographes : prenez des photos des voitures envahissant les villes car ça pourrait bientôt disparaître pour le meilleur comme pour le pire.

  4. Yôm

    Au sujet de la pente descendante du graphique, je remarque que le comble du désastre s’appelle « anarchie ».
    A moins que l’auteur de ce pauvre scénario catastrophe aie _comme bien d’autres_ utilisé ce mot à défaut d' »anomie » (qui désigne effectivement le chaos), je ne suis pas surpris de constater que l’absence de maître symbolise l’angoisse portée à son paroxysme.
    De son enfance et jusqu’à la mort, l’ambition, l’ascension sociale conditionnent et en réalité privent de bonheur l’individu en quête de reconnaissance sociale.
    Inaccessible promotion, stagnation au bas de la hiérarchie ou absence d’ambition sont compensées _tant que possible_ par l’achat compulsif et ostentatoire (et son corollaire d’endettements).
    La voiture est ce cocon tout chaud, tout beau duquel on voudrait en sortir comme un papillon, métamorphosé.
    Et puisqu’il n’en sort jamais qu’un vers immature et rabougris, on y retourne, on bosse et on espère un jour prendre son envol pour dominer la masse… tel un YAB ou un Hulot.
    Chacun rêve d’être le plus beau, le plus riche.
    On râle après le patron mais seulement parce qu’il ne nous laisse pas suffisamment espérer le remplacer. Alors on regarde plus bas, on se rassure à regarder ceux que l’on croit inutiles (les chômeurs) voir indésirables (les immigrés) ou même inexistants (les « sans »).
    Imaginer posséder moins est déjà insupportable et annonciateur de temps mauvais.
    Une société sans état, sans patron, sans hiérarchie, sans courber l’échine, ce sont des vies sans trajectoire, sans l’espoir de d’atteindre le sommet. C’est le vide, l’angoisse.
    L’anarchie, ce n’est pas cela.
    C’est une société sans maître où l’entraide est vecteur de liberté.
    Nous ne pouvons songer à la réaliser qu’à partir du moment où l’imagination comble le vide qui emplit nos vies chargées de superflu et de frustrations.
    Au bas droit de la courbe, voir un peu plus haut j’aurais inscrit « guerre ».
    C’est un bon vieux moyen qu’emploient les puissants pour réduire le nombre de parts du gâteau plutôt que de le partager.
    Mais comme en 1789, 1848, 1871 ou après 1945, lorsque le peuple engage sa vie pour une guerre, une cause, il finit par choisir la sienne.
    Chaque révolution a été une tentative de répartir également les richesses.
    La guerre et la survie, l’état d’urgence en général n’est guère propice à la création. C’est peut-être ce qui a manqué.
    On a pas osé tout prendre aux patrons et aux propriétaires, l’usine, la terre et le pouvoir de décision.
    Ou lorsque ce fut fait, rien de moins original que la tyrannie de l’état bourgeois a remplacé celle des seigneurs.
    Et pourquoi ne pas fonder autre chose, partir de nos besoins à assouvir
    afin de produire suffisamment en concertation, en collaboration, sans coercition?
    Et pourquoi ne pas y réfléchir dès maintenant?

  5. joshuadu34

    Excellement bien vu, Yôm !

    Le propos, utilisé dans le sens de chaos, de désordre, fait partie du mensonge, de la déconstruction sémantique afin de faire croire que l’anarchisme serait apolitique, serait surtout le symbole du désastre, alors que l’anarchisme, c’est tout le contraire !!!

    L’anarchisme EST politique, bien plus dans son engagement, en tous cas, que bien des engagements ouvertements politicards portés en fier étendart. Parce que l’anarchisme, contrairement à ce qu’ils disent, c’est quoi ? C’est une démarche philosophique, un questionnement constant, un refus de s’en tenir à ce qu’on nous affirme comme étant inné et « naturel », c’est se poser constament des questions et remettre en cause tout, y compris ce en quoi on pouvait encore croire soi-même !

    C’est pourquoi on trouvera autant d’anarchismes que d’anarchistes ! Rien n’est acquis et la démarche réflective est le propre de la pensée anarchiste ! Mais celà n’empêche surement pas de pouvoir appliquer l’anarchisme à une société, bien au contraire ! Le seul acquis, c’est que rien n’est certain, mais cette démarche est une démarche bien plus proche de la science que la technologie et l’idéologie patriarcale qui nous est servie, puisque elle laisse à chacun le libre choix de la réflection en offrant les bases de cette réflection ! La technologie se prétend scientifique, alors qu’elle refuse toute évolution et toute remise en question ! Elle campe sur ses acquis, sur des convictions d’immuabilité d’un monde infini, alors que la réalité est toute autre ! Et quand on prétend que la technologie est scientifique, on omet juste de préciser que la science, et c’est en celà qu’elle rejoint la philosophie, n’a jamais prétendue détenir le savoir absolut, mais juste tendre vers un savoir le plus proche possible de la réalité, ce qui, au fond, est un peu la démarche anar.

    Ainsi, alors qu’aujourd’hui encore on nous sert du E=MC2 à la louche, la science, elle, contrairement à la technologie, a déjà démontré l’erreur de ce théorème que même Einstein n’a jamais voulu ni prétendu immuable, confronté qu’il était à l’inaplication de sa théorie à l’infiniment petit !

    Pour en revenir un peu à l’anarchie, et bien que je ne partage pas la totalité de ses théories, je reprendrai les mots d’Ellul qui disait que l’anarchie, ce n’était pas plus de société, mais une remise en cause constante de la société par chacun afin de tendre vers une société la plus juste possible…

    Aujourd’hui, il est quasiment interdit, et souvent réprimé, de vouloir remettre en cause la société actuelle ! Ce serait « violent » nous disent ceux qui tiennent le pouvoir, oublieux qu’ils sont du sang des milliards d’humain qu’ils ont sur les mains, des famines, de la misère généralisée et galopante pour maintenir un profit et des acquis odieux pour qui ose ouvrir les yeux… mais c’est l’anarchie qui serait « violente »… Comme je l’ai déjà dis ici, faudra qu’on m’explique un jour, en quoi bombarder des enfants afghans, accepter que des logements, en France, soient vides alors que des centaines de personnes meurent chaque année de froid dans la rue, accepter que, alors que la production alimentaire mondiale représente 1,5 fois les besoins alimentaires de la population mondiale, nous ayons des millions de morts de faim un peu partout, ce n’est pas violent… et faudra aussi qu’on m’explique en quoi détruire, piller, saccager le monde pour n’offrir aucun espoir aux générations futures, ce n’est pas le chaos…

  6. kohyanne

    Sur d’autres sites (http://www.manicore.com/documentation/petrole/pic_passe_petrole.html), les valeurs sont différentes notamment pour les productions en millions de barils par jour, qui sont de l’ordre de 86-88 et non pas 70 au maximun. Cependant, cela ne change en rien la conclusion. Attention, le pétrole n’est pas de l’argent : c’est un flux physique : sauf guerre, ou changement de politique, la production (en volume) ne va pas faire le yoyo comme fait la bourse. On va avoir une baisse régulière de la production. Le prix, lui, risque de beaucoup bouger. Reste à savoir jusqu’à quand les pays, qui possèdent ce précieux liquide, continueront de le filer aux autres pour un prix ridicule, ou se le garderont bien précieusement pour leur pomme…

  7. Yôm

    Merci Joshua de rebondir sur le thème.
    Si l’on creuse un peu on réalise rapidement et comme tu le soulignes qu’à l’origine de la violence dans ce monde est le capital.
    La perception erronée de l’anarchisme (violence, chaos) est le résultat d’un matraquage médiatique de près de 150 ans.
    Quelle est la réelle opposition politique, la véritable alternative au simulacre de république née dans le sang de 30 000 insurgés (et encore, tous étaient loin d’être anarchistes) communards en 1871?
    La gauche, le centre, l’extrême droite?
    Nous n’avons connu que l’oligarchie.
    Et elle sait son ennemi: l’insoumission.
    Répression de la commune, lois scélérates et tout récemment l’affaire Coupat révèlent la violence et la disproportion du dispositif répressif face à ce qui ressemble de près ou de loin à une tentative de d’atteinte à l’état, organe exécutif de l’oligarchie.
    Les médias à sa botte jouent parfaitement le jeu: promptement et sans crainte de froisser quelques idéologues anarchistes, ils ont vite fait de qualifier tout acte tordu à fortiori violent de « anarcho-quelque chose ».
    Et comme le révèle le graphique, la propagande fonctionne.
    On aurait tendance à croire que c’est une guerre légitime entre ce que l’on appelle la république, la France, la nation et une soi-disons minoritaire pensée anarchiste.
    Ce serait oublier la devise de notre peuple, une aspiration profonde:
    Fraternité-Egalité-Liberté. C’est cela l’anarchisme, une devise, un précepte plutôt que mille lois pour contourner ces valeurs.

  8. Nicolas

    Bien joli le graphique, mais ce n’est pas celui présenté dans le rapport (on s’en serait un peu douté, non ?). L’AIE indique cependant bien un pic en 2006, puis un maintien de la production de pétrole brut grâce à de nouveaux gisements ou un développement des gisements existants.
    Ce qui commence à devenir gênant, c’est qu’on se demande si les scénarios catastrophe proposés avec la gaussienne ne sont pas un peu souhaités par certains « anti-pétrole », du genre « on aime se faire peur ».
    Évidement, la situation économique n’est pas mirobolante et l’injustice est le lot commun d’une majeure partie de l’humanité. Cependant, une vision objective du monde, qui n’explique pas tout à partir du pétrole (comme d’autres expliquent le monde selon la possession indue du Capital), serait parfois bienvenue.

  9. joshuadu34

    bien jolie aussi l’affirmation… si ce n’est qu’on pourrait se demander, mis à part, bien entendu, concernant les légendes ajoutées, pourquoi on retrouve effectivement bel et bien ce tableau EN L’ETAT page 4 du document de présentation de la conférence du Dr Fatih Birol, Chef économiste de la division d’analyse économique de l’IEA… Le dit document précise même une croisée des courbes, à l’horizon 2014, entre la quantité de pétrôle de qualité suffisante produite (en baisse) et la demande (en hausse)…

    Tout cela est, bien entendu, consultable sur le site de l’IEA… mais passons sur l’honnêteté, et restons donc, dans une bonne démarche de trucage et de déni à la Allègre, sur le cliché des méchants pas bôs écolos qui se frottent les mains de voir le monde merveilleux s’écrouler, c’est une démarche facile puisqu’elle ne demande ni conscience, ni implication !

  10. CarFree

    Je pense que vous allez un peu loin dans l’interprétation du graphique, en partant du mot « anarchie », vous en arrivez à débattre de l’anarchisme… ce qui ne devait probablement pas être le présupposé de ceux qui ont fait le graphique. Si on prend la définition initiale de l’anarchie, on peut trouver cela sur wikipédia: »L’anarchie (du grec αναρχία -anarkhia-, du an-, préfixe privatif : absence de, et arkhê, commandement, ou « ce qui est premier ») désigne la situation d’une société où il n’existe pas de chef, pas d’autorité unique. Il peut exister une organisation, un pouvoir politique ou même plusieurs, mais pas de domination unique ayant un caractère coercitif. »
    Je crois que ce qui dit, c’est surtout cela: une suite de crises de plus en plus fortes, menant au délitement des institutions et des pouvoirs établis pouvant mener in fine à une absence de gouvernements coercitifs ne permettant plus, dans l’esprit des bien-pensants, d’assurer la sécurité des populations…
    C’est à mon sens un scénario tout à fait crédible, sans avoir besoin de « jouer à se faire peur »… Un étude récente montre que la pauvreté n’en finit pas d’augmenter dans le monde, les injustices et les inégalités aussi, et un futur sans pétrole ne permet pas de penser vraiment que le bien-être général va augmenter…

  11. joshuadu34

    je suis assez d’accord avec toi, Carfree… Concernant le terme « anarchie », il s’agissait bel et bien d’une apartée, et nullement d’une remise en cause des dire d’Hervé que je considère comme plus qu’interessants (je l’ai déjà dis, d’ailleurs, et, tout comme d’autres, je fais parti de ceux qui poussent à la lecture de ses livres). Je me doute bien qu’il ne s’agit pas, pour Hervé, d’une remise en cause sémantique à la sauce populiste du terme, juste, surement, d’une « maladresse » due au matraquage déformatif de ce terme !

    Quand au reste, je suis en accord, bien entendu, même si, pour moi, ce graphique oublie l’aspect speculatif pour se concentrer sur des faits quantitatifs, ce qui a pour effet de taire un peu, à mon avis, le fait que les « échéances » risquent fort d’être bien plus rapides que celles prévues si on ne prend en compte que l’aspect productif… Un regard sur la bourse et sur la nouvelle martingale bullière des matières premières (dont les energies) permet une mise en évidence de l’inévitable accélération de la catastrophe qui ne manquera pas de survenir ! D’ailleurs, Hervé en parle dans ses bouquins, relevant l’accélération du phénomène bullier sur les 30 dernières années (création-gonflement-explosion). Dans un si court texte, il était difficile d’intégrer ce phénomène, mais je trouve ça un peu regrétable, puisque, pour moi, c’est aussi un point primordial du devenir humain.

  12. MOA

    Le terme « anarchie » a une forte connotation de chaos chez une très grande majorité des populations occidentales.
    Même si je suis bien d’accord sur le fait que l’anarchie n’est pas le chaos.
    Qu’un journaliste évoque l’anarchie au 20h00 de TF1 et mesurons la réaction de la population française… on constatera vite que la population n’a cure de la définition originelle de l’anarchie.

    Et je suis tenté de penser que le mot Anarchy du graphique faisant suite à « émeutes, famine, pilleur de poubelle (traduction de scavenger) » a été utilisé dans son faux-sens de chaos.

    Ce qui arrivera inévitablement si l’on ne se bouge pas le popotin, si l’on est passif, si l’on est attentiste, si l’on est sceptique, si la prise de consience n’a pas lieu, si l’on ne remet pas en cause nos modes de vie en occident… etc..

    Ceci dit, comme le mouvement (d’origine anglo-saxonne) en Transition (territoire/ville) le prone, cette pénurie de pétrole doit plutôt être vu comme une chance inouie de changer nos sociétés en profondeur (à condition d’agir même et surtout>/b> au niveau de chaque citoyen (puis ensuite obliger les politiques à suivre).

    Fort à parier que cette approche est meilleure que l’approche catastrophiste; reste à voir comment faire prendre conscience et faire bouger à la majorité des citoyens. Si on ne leur parle pas des conséquences catastrophiques qu’il peut y avoir, peu de chance pour qu’ils se bougent les fesses à mon avis.

  13. Tassin

    @ MOA :

    Je suis sur que tu vas t’enflammer, mais moi je pense que l’anarchie, c’est juste du libéralisme pur. C’est pas pour rien que les plus libéraux se considèrent comme « anarcho-capitalistes ».

  14. CarFree

    C’est pas faux tassin, j’avais lu quand j’étais étudiant le Que-sais-je? sur l’Anarcho-capitalisme, c’est assez évocateur comme programme: suppression totale et définitive de l’Etat, tous, je dis bien tous les services publics pouvant être réalisés par le privé (polices privées, milices, armées privées de mercenaires, justice privée, éducation privée, santé privée, etc.)

  15. MOA

    Tassin,

    Le terme « libéralisme » est également galvaudé de part son association systématique avec « économie » dans l’esprit des gens, je pense.

    Or, dans son sens originel, il peut d’une certaine façon se rapprocher ou en tout cas compléter l’anarchisme dans le sens où le libéralisme pose l’idée que l’Homme ne doit être assujetti à aucun pouvoir du simple fait de ses droits fondamentaux.

    Ce que tu évoques, toi, me semble-t-il est le libéralisme économique (uniquement) sans contrainte = l’ultraliberalisme. D’ailleurs, le terme « capitaliste » fait son apparition tout d’un coup pour préciser/définir « les plus libéraux ». Il aurait fallu dire les plus « libéraux économiquement se considèrent comme anarcho-capitalistes »

    Mais là, il n’y a plus aucun lien avec l’anarchisme.

    Les plus libéraux-économique, plutôt que de se tripoter à se trouver des définitions intello-pompeuses devraient plutôt se définir d’ultraliberal.
    Point. Là tout le monde comprend et ils ne cherchent pas enfumer.

    Cependant, si anarcho-capitaliste porte une autre notion, je suis prêt à essayer de comprendre. Mais ca m’étonnerait… même si je ne suis pas calé en philosophie politique.

  16. Tassin

    @ Carfree :

    Exactement, l’anarchie ça serait le paradis des multinationales, des riches, et plus généralement des puissants. Avec des esclaves corvéables à merci, une sécurité à n’assurer que par soi même, idem pour les revenus et la santé. Et plus besoin d’autorisation pour faire du business ou exploiter des ressources.
    Si on a inventé l’état de droit et la démocratie, c’est bien pour créer une société civilisée et protectrice, et éviter le champ de bataille de l’anarchie.

    Pour que l’anarchie fonctionne, il faudrait changer les hommes, et ça c’est ce que tous les régimes totalitaires ont tenté (y compris le libéralisme tentant de dresser les hommes les uns contre les autres alors que l’état naturel d’une société humaine est un mélange de protection collective et d’émancipation individuelle), c’est voué à l’échec et ça fait des morts.

  17. Tassin

    @ MOA :

    Oui je sais parfaitement faire la distinction entre le sens originel du libéralisme (les lumières) et l’application économique que tentent de faire les néolibéraux depuis Hayek ou Smith. Ce qui amusant au passage, c’est que les néo-libéraux (ou néo-conservateurs pour les plus « hardcore ») sont paradoxalement extrêmement attachés à l’ordre et à la sécurité.

    « le libéralisme pose l’idée que l’Homme ne doit être assujetti à aucun pouvoir du simple fait de ses droits fondamentaux. »

    Certes, mais les néo-libéraux considèrent le fait de pouvoir employer les gens à leur guise et créer leur entreprise sans contrainte et sans obligation de participation aux efforts collectifs comme un droit fondamental.

  18. MOA

    carfree : « l’Anarcho-capitalisme, c’est assez évocateur comme programme: suppression totale et définitive de l’Etat, tous, je dis bien tous les services publics pouvant être réalisés par le privé (polices privées, milices, armées privées de mercenaires, justice privée, éducation privée, santé privée, etc.) »

    Carfree, c’est la définition de l’ultraliberalime economique ça.

    Ca n’a rien à voir avec le « libéralisme pur » comme l’évoquait tassin et ça n’a rien à voir avec l’anarchisme non plus comme évoqué dans des commentaires précédents. En associant capital et anarchie on pervertit l’essence même de l’anarchisme ; l’anarchisme met l’homme (et non le capital) au centre de tout.

  19. CarFree

    @Moa, peut-être, mais c’est aussi la définition de l’anarcho-capitalisme tel que présenté dans le bouquin que je citais…

  20. Tassin

    @ MOA :

    L’anarchie permettrait l’accumulation du capital et sa concentration, et donc in fine, à la domination des riches sur les paurves.

  21. MOA

    moa : « L’anarchisme met l’homme au centre de tout. »
    tassin : »L’anarchie permettrait l’accumulation du capital et sa concentration »

    L’homme rechercherait donc l’accumulation du capital ?

    Faut sortir du capitalisme ou changer l’homme. La 1ère option est plus simple.

  22. joshuadu34

    je sais pas dans quel monde vous vivez, Tassin, mais j’ai la très nette impression, à lire votre définition de « l’anarchisme » d’y voir la définition exacte du monde actuel…

    La domination des riches sur les pauvres… parce qu’on en est pas là ??? Bizarre, pourtant, cette impression de vécu à la lecture de ces mots, quand même !!! Encore une fois, vous voilà en train de faire la promotion d’un monde merveilleux et non violent, au meppris de ce qu’il est réellement !!! L’esclavagisme serait anarchique… ben voyons !!! La violence aussi… Arf !!! Mais alors, puisque ce monde est si merveilleux, seriez-vous capable, et je vais être TRES TRES large, de me citer UNE SEULE JOURNÉE DURANT LES DERNIÈRES 200 ANNÉES pendant laquelle le système en place n’a pas été coupable de violence (et quand je dis violence, je parle d’esclavagisme, de guerre, de répression sanglante, de meppris du simple droit à la vie, voire de supprimer à ceux qui permettent aux « puissants » de posseder toujours plus le simple droit à la survie) ?

    Le défit parait ridicule, mais vous verrez qu’il est insurmontable !!!

    Je suis exaspéré de lire ce genre de commentaire, réfutant la réalité d’un monde ignoble parce qu’il serait soi-disant « beau » alors que la seule question à se poser, finalement, et c’est celle que posent justement les anarchistes que vous tentez de dénigrer si maladroitement, c’est de savoir si nous ne devrions pas travailler à changer ce monde pour qu’il permette à chacun de vivre ! Tout est magnifique pour vous dans le monde tel qu’il est ? Tant mieux pour vous, mais ce n’est pas le cas pour 80 % de la population humaine mondiale, et ça, vous ne pourrez le nier !!! Comment appelez vous donc un tel monde, capable de rejetter et de nier 80 % des êtres qui le compose ???

    Votre monde ne fonctionne que pour une ultra minorité, et c’est sur le dos de la majorité que cette minorité s’engraisse de façon immonde ! Là voilà, la vérité !

  23. MOA

    Pas encore lu si ce n’est l’introduction qui dit :

    « Peu d’anarchistes l’incluent [l’anarcho-capitalisme] dans l’anarchisme, en dépit de son rejet de l’État, du fait qu’il ne partage pas avec l’anarchisme traditionnel son « souci de l’égalité économique et [de] la justice sociale ». »

  24. Tassin

    Certes, mais dans une société d’anarchie, qui va faire respecter l’égalité économique et la justice sociale puisqu’il n’y a plus d’état pour le faire?

    Je peux même aller plus loin sur la critique de l’anarchie en disant que de manière anthropologique, ça n’existe pas! Il y a toujours eu un rapport de domination dans les groupes humains, et ce depuis Lucie. C’est naturel.

    Tout l’intérêt d’une société civilisée, est justement de faire respecter l’égalité et la justice à travers des institutions démocratiques.

  25. Tassin

    @ Joshuadu34 :

    Merci de garder ton calme.
    Tu me dis « La domination des riches sur les pauvres… parce qu’on en est pas là ??? »

    Ah sisi, on est en plein dedans! Ce que je dis, c’est que la suppression de l’état et des lois, ne ferait que renforcer les inégalités et les rapports de domination. Et que ce n’est pas un hasard si les néolibéraux demandent « moins d’état ».

  26. Yôm

    Moa: « le mot Anarchy du graphique faisant suite à « émeutes, famine, pilleur de poubelle (traduction de scavenger) » a été utilisé dans son faux-sens de chaos. Ce qui arrivera inévitablement si l’on ne se bouge pas le popotin, si l’on est passif, si l’on est attentiste, si l’on est sceptique, si la prise de consience n’a pas lieu, si l’on ne remet pas en cause nos modes de vie en occident  »

    C’est ce que je voulais souligner, l’auteur des commentaires du graph a très probablement voulu évoquer le chaos.
    Cela me semblait important car « cette pénurie de pétrole doit plutôt être vu comme une chance inouie de changer nos sociétés en profondeur » (Moa).
    Or, justement je pense que l’anarchie peut être une alternative à un dénouement chaotique parce que comme le relève encore Moa, « l’anarchisme met l’homme (et non le capital) au centre de tout. »
    Quant au « que sais-je » de Carfree, s’il n’y est citée pour unique définition de l’anarchisme que celle d’un « anarcho-capitalisme », il s’agit d’une référence de merde.
    Car c’est la définition de l’ultra libéralisme où la structure étatique garde la même forme qu’en régime dit démocratique, sauf qu’à la gouvernance des institutions sont officiellement nommées des firmes privées. Situation dans laquelle nous ne sommes pas loin d’être totalement plongés, au vu de l’ampleur de la privatisation des services publics (EDF, les chemins de fer, Sécu…).
    A l’origine de la pensée et du mouvement anarchiste qui a percé au 19è siècle, il y a une réflexion basée sur le propriété collective (l’autogestion) et la fraternité au coeur de l’initiative politique.
    En 1872 l’Association internationale des travailleurs se scinde en deux courants: les communistes « autoritaires » (dont Marx) et les ‘anti-autoritaires » (dont Proudhon, Bakounine) que l’on appelle alors anarchistes.
    L’organisation sociétale prônée par les anarchistes s’inspire de structures telles que les soviets, rassemblements libre de paysans ou d’ouvrier qui prennent possession et contrôle des outils de production dans la Russie tsariste.
    Il est important de préciser que la première oeuvre des bolcheviks au cours de la révolution russe de 1917 fut de dissoudre les soviets, afin de placer l’économie sous l’autorité de l’état.
    La suite, c’est celle que l’on connait, un « communisme » autoritaire et sanguinaire qui n’est autre qu’une dictature.
    L’anarchie (l’idéologie) se distingue en ce point du communisme: la propriété doit restée collective (et non sous le joug des bourgeois ou de l’état) et Kropotkine propose la fin du salariat à laquelle doit se substituer une rémunération de »chacun selon ses besoin » et non selon sa production que d’autres appellent de nos jours « le mérite ».
    Cette idée est primordiale et simple à comprendre.
    La structure que nous connaissons encore (fort heureusement) fonctionnant selon ce principe est née de l’imagination des communistes du Conseil National de la Résistance en 1945: la sécurité sociale: chacun cotise selon ses revenus et chacun reçoit selon ces besoins.
    D’après Kropotkine, ce type de rémunération pourrait s’ appliquer tout autant au logement, à l’alimentation, aux déplacements… Evidemment, la question est de savoir comment procéder à un tel changement?
    Cette question reste d’actualité et suscite encore beaucoup de discussions au sein du mouvement anarchiste: faut-il en finir avec l’état? si oui, comment? quelles transitions?…

    Je voulais à travers ces petites interventions rappeler que l’anarchisme est un mouvement anti autoritaire et communiste en quelque sorte.
    La solidarité, la fraternité sont les garants de la liberté.
    L’appropriation des moyens de production (l’abolition du salariat en est une voie parmi d’autres) et la « rémunération » de chacun selon ses besoins afin que chacun bénéficie d’un toit, d’une alimentation saine, d’une éducation, d’accès aux soins… font partie intégrante et sont indissociables de la notion de liberté telle que la pense les anarchistes.

    Aucun rapport avec le monde où nous vivons où la « liberté d’entreprendre » permet à ceux qui possèdent le capital d’exploiter via un salaire misérable d’autres qui n’ont ainsi même pas de quoi se loger et nourrir dignement leur famille.

    Ainsi ce que vous appelez « anarcho-capitalisme » n’est rien d’autre que le capitalisme porté à son apogée, c’est à dire le chaos.
    C’est appellation est née de l’imagination d’ultra-libéraux (fous, cela va de soi) utilisant ce contre-sens peut-être pour séduire ou détourner de l’histoire et de l’essence du mouvement anarchiste les adolescent en phase d’opposition.
    A noter aussi que l’homonyme « libéral » chez nos amis anglo-saxons qualifie à la fois l’économie capitaliste et le mouvement anarchiste.
    En France nous faisons la distinction entre libéral (du capital) et libertaire.

  27. joshuadu34

    Bon, alors je vais tenter de rester calme… héhéhé

    Et puisqu’on en est aux considération philosophiques, et aux formes de société, rapelons, un peu, et pour mémoire, la signification des termes usités ici…

    Tout d’abord, revenons sur la démocratie, puisque Tassin le premier, mais c’est une constante, nous affirme que « nous sommes dans une démocratie » ! La démocratie, et c’est la définition indiscutable autour de laquelle on pourra faire graviter toutes celles qu’on voudra y faire entrer sans jamais pouvoir la remettre en cause, c’est la souveraineté du peuple.

    Historiquement, les grecs disposaient non seulement du droit de vote, comme c’est le cas pour nous, mais aussi de la possibilité d’acceder au pouvoir (enfin, le bémol étant, bien entendu lié à la citoyenneté, limitée à l’époque, ce qui met un frein à l’application du terme « démocratie » pour désigner la société athénienne) dès l’instant qu’il est citoyen, mais aussi de voir pris en compte directement (Ecclesia) où indirectement (le Boulé) ses revendications.

    Quand le pouvoir est pris en main et rendu inaccessible de par une considération autre que celle du peuple, le terme à utiliser n’est pas démocratie, mais oligarchie ! Or, dans notre société, le pouvoir n’est-il pas pris en main au nom d’un savoir supérieur (infantilisant le citoyen qui n’a rien compris, bien entendu, ce qui pourrait même sembler transformer notre société en… technocratie) où d’une classe réputée supérieure (« c’est nous qui détennons les richesses, c’est donc à nous de décider », ce qui, là, s’appelle ploutocratie) ?

    Et ne voyons nous pas les revendications du peuple (le vote sur l’Europe ou les plus de 70 % qui refusent la réforme des retraites de cet été) ignorées ?

    Difficile, dès lors, de continuer à affirmer philosophiquement l’aspect démocratique de notre société ! Surtout quand nous ne pouvons que constater qu’une des définition de l’oligarchie les plus importante, à savoir la concentration de l’enrichissement rendu possible grâce au système est bel et bien présente…

    Mais continuons, donc ! Encore une fois, je constate qu’un amalgame est fait concernant l’anarchisme, celui-ci étant rendu artificiellement synonyme du « rien », alors que, et ça a été dit plus haut, l’anarchie c’est le refus de cette concentration du pouvoir, et pas le refus d’une société, ni d’une organisation… Une société dans laquelle le pouvoir n’est pas concentré dans les mains d’une classe, de ceux qui prétendent savoir, de ceux qui cherchent le pouvoir, mais qui est réparti de façon… démocratique dans le vrai sens du terme.

    En quoi une telle affirmation (le pouvoir appartient à tous) est-elle gênante ?

    Maintenant, on peut coller, comme souligné plus haut par Yôm, le terme « anarchie » à ce qu’on veut, comme on peut le faire aussi pour tous les termes… et dévoyer ainsi le dit terme, nous sommes alors là dans ce que je signalai plus haut : une déconstruction sémantique !

    Mais c’est, pour ceux qui veulent maintenir coûte que coûte le système actuel en place, une habitude ! N’a t’on pas toujours l’habitude, par exemple, de parler de société communiste quand on parle de l’URSS, de la Chine où de la Corée du Nord, alors que, pour peu que l’on lève le nez de wikipédia pour le plonger plutôt dans le « manifeste », on ne peut que constater l’erreur manifeste (oui, je sais, je l’ai fait, celle-là) d’une telle dénomination ?

    Quand à l’anarcho-capitalisme, désolé, mais nous sommes là exactement dans une autre démarche : une fumisterie déconstructive et une tentative de manipulation intellectuelle !

  28. MOA

    Tassin, tu raisonnes dans une optique capitalistique du monde il me semble.

    Imaginons une société basées sur d’autres valeurs que l’accumulation de l’argent, du pouvoir… l’anarchisme ne devient-il pas tout d’un coup une philosophie très intéressante?

    A une échelle plus modeste, il nous suffit de regarder la façon de fonctionner de nos AMAP… il y a de l’économie, de l’échange de monnaie, de l’égalité économique… sans intervention de l’Etat. Ce qui régit ces associations est une vision du monde, de la part d’un ensemble d’individus, basée sur du respect, sur de la non exploitation d’autrui, de l’équité, des rapports humains, du partage, de la participation de tous de façon bénévole et equitable pour le bien de l’association, etc..
    Idem les monnaies locales…
    etc…

    Ne peut on pas étendre ça à une société? sortir du n’importe quoi, du productivisme, consumérisme, du capitalisme…

    C’était le sens de mon commentaire « Faut sortir du capitalisme ou changer l’homme. La 1ère option est plus simple. »

    Je ne sais pas si l’anarchisme est la solution mais cela ne remet pas en cause le fait que l’anarchie n’est pas le chaos, bien que il soit souvent utilisé comme tel (cf. graphique, il me semble). Et que l’anarcho-capitalisme me semble être du bon gros tripotage (pas encore lu l’article wiki nénamoins).

    Et que le pic pétrolier a été atteint en 2006.

  29. Yôm

    Tassin:
    « Je peux même aller plus loin sur la critique de l’anarchie en disant que de manière anthropologique, ça n’existe pas!  »
    L’ignorance est par contre un fait avéré et fait et continuera à faire du tort.
    Pierre Clastres décrit le fonctionnement égalitaire et non coercitif du peuple Guayaki et que devait partager la majorité des peuplades d’Amérique du nord à l’ère précolombienne et nos ancêtres dit barbares.
    A noter que ce terme est peut-être devenu rétrospectivement péjoratif parce que qualifiant des êtres insoumis aux empires.
    Pour ta culture:
    -de Pierre Clastres: « Chronique des indiens Guayaki » et « La Société contre l’État »
    -de Pierre Kropotkine: « L’Entraide, facteur de l’évolution »

  30. joshuadu34

    Suite au dernier commentaire de Yôm, on pourrait aussi rajouter les peuplades nord-amérindiennes d’avant colonialisation, et même certaines expériences menées, comme, par exemple, l’expérience espagnole (lire à ce sujet « les fils de la nuit » d’Antoine Gimenez)…

  31. Tassin

    Tu te méprend, j’ai jamais dit que nous sommes dans une vraie démocratie quasi parfaite. Au contraire, je suis d’accord avec toi Joshua : la démocratie actuelle est une farce, elle nous file dans les mains jours après jours.
    D’ailleurs les pouvoirs nationaux sont désormais pieds et poings liés aux volontés des agences de notations et autres FMI dont on ne peut trouver aucune légitimité démocratique.

    Voilà un petit billet de SuperNo dans lequel je me retrouve très bien : http://www.superno.com/blog/2010/10/chamboulons-lhemicycle/

    La démocratie est amputée et continue d’être attaquée de toutes parts, c’est bien pour ça que je prône son renforcement plutôt que sa disparition.

  32. Tassin

    Merci YÔM pour ces références. Je vais essayer de trouver le temps de m’y plonger.
    Le sens de mon commentaire n’était pas qu’il n’existe pas de société harmonieuse dans la distribution du pouvoir, mais bien que l’absence d’autorité n’existe pas. Que celle-ci soit équitablement répartie devrait justement être la base de la démocratie.

    Qu’on soit bien clair dans nos arguments : pour ma part je suis pour un système dans lequel les citoyens se seraient réapproprié la démocratie.

    @ MOA : Sur les alternatives collectives aux systèmes de production/distribution capitalistes, je sais bien que c’est possible et réalisable. Mais ce n’est envisageable qu’à petite échelle et surtout avec des gens volontaires et consentants.
    Par contre à l’échelle d’un pays de 65 millions d’habitants, les « vilains » feraient certainement qu’une bouchée de ces alternatives concrètes et heureuses.
    C’est parce que l’humanité est imparfaite que nous devons accepter des limites matérialisées par des règles et des lois. Et celles-ci doivent être faites dans l’intérêt de la majorité ce qui est de moins en moins le cas.

  33. Flower

    Je vais encore rester dans la digression, mais j’ai une question qui me semble vraiment importante et ce site me semble un endroit opportun pour vous la poser. Je suis depuis quelques temps convaincue qu’il est plus que nécessaire de réformer totalement le système, le monde dans lequel on vit. En suivant les courants d’altermondialisme, anticapitalisme, anarchie, ils sont tous différents mais vous voyez ce que je veux dire j’imagine. J’ai lu récemment un bouquin sur Thomas Paine, un homme qui s’est d’abord battu contre la monarchie en angleterre, puis il est allé vivre aux Etats-Unis et a participé à l’élaboration de la constitution, en parallèle il a fait des séjours en France autour de la révolution de 1789. Cet homme, avec d’autres, prônait sincèrement la construction d’un monde moderne basé sur la liberté, le bonheur des peuples, l’égalité entre les êtres humains. Il a travaillé avec tous les grands acteurs de la vie économique et politique à la construction de ces mondes là, en France et aux Etats-Unis (il militait notamment pour les droits des indiens aux EU). Malheureusement, lorsque ces grands acteurs de la vie économique et politique ont prit le pouvoir, ils se sont cachés derrière ces grands idéaux, mais ne les ont pas respecté. Lui a été écarté du pouvoir et d’autres ont été assassinés. Et notre monde est ce qu’il est aujourd’hui et continue à se cacher derrière ces grands idéaux. Ma question est : comment fera-t-on au moment clé où nous le peuple qui veut changer le monde, prendra « le pouvoir » pour que nos idéaux ne soient pas à nouveau spoliés par des profiteurs…..?
    Pour le moment, la seule situation rassurante je trouve est celle des quelques pays d’Amérique du sud, qui sont en train d’effectuer ce virage.

  34. Tassin

    « Pour le moment, la seule situation rassurante je trouve est celle des quelques pays d’Amérique du sud, qui sont en train d’effectuer ce virage. »

    Exactement Flower! Et comment ont réussi à prendre le pouvoir les Chavez, Morales, Mujica et autres présidents progressistes (malgré tout ce qu’on peut reprocher à Chavez sur son productivisme forcené)? Par les urnes!
    C’est donc bien qu’il y a un espoir dans la démocratie.
    Je suis pour un Morales ou Mujica Français!

  35. joshuadu34

    On ne nous mettra pas d’accord sur tout, mais il y a quand même des points de convergence, ce qui permet un vrai débat, et j’en suis heureux !

    Concernant la situation sud américaine, les réticences de Flower sont compréhensibles, mais il est vrai que nous aurions affaire à une situation socialisante, bien plus, en tous cas, que partout ailleurs (on pourra aussi parler de l’Argentine et du système d’échange qui se met en place, et se maintien, depuis la crise financière qui l’avait frappée), le problème étant, sans aucun doute, de savoir si les populations sont prêtes à défendre leurs intérêts (et jusqu’où) puisqu’il faut quand même se souvenir que la situation actuelle en rappelle une autre, assez récente, connue en Argentine (déjà) et au Chili, avec un Salvador Allende qui menait une politique très similaire, Allende qui a eu le « tord » de déplaire au grand frère US en redistribuant à la population les terres qui leurs avaient été volées par les multinationales US… Ça a donné un coup d’état sanglant, pas parce que le régime d’Allende était « violent », mais bel et bien parce que le capitalisme, lui, l’est !

    Maintenant, pour répondre à Flower, concernant la possibilité de maintenir ou pas autre chose, tout dépend, en fait, de nous tous ! Si nous attendons que d’autres fassent à notre place, nous n’aurons jamais aucun changement, quel qu’en soit le nom ! Il n’est qu’à voir, d’ailleurs, quelle énergie le système met, par une propagande hallucinante, à nous diviser (divisions pour laquelle il se sert, et j’y reviens pour appuyer mes propos précédents, de cette déconstruction sémantique, maquillant la réalité), pour se rendre compte que le danger, et il le sait, pour lui viens du regroupement et de l’entente !

    Alors on peut ne pas tous être exactement sur la même ligne (et c’est tant mieux, je dirai, ça permet d’échanger des points de vue, et donc d’évoluer), mais cette entente, comme celle qu’on rencontre sur les pages de Carfree, est indispensable !

    C’est la raison de mon coup de gueule concernant l’amalgame fait sur l’anarchisme qui ressemble plus à une méconnaissance et surtout à une écoute attentive de cette propagande divisibilisante qu’à une réelle connaissance de ce qu’est l’anarchie !

    Je suis pas encore un vieux con (quoi que), mais j’ai passé depuis très longtemps l’âge du jeune chien fou, et j’ai toujours mis un point d’honneur à ne pas me faire une idée sur une philosophie sans avoir par moi-même cherché à savoir ce qu’elle contenait, cotoyant ainsi des personnes qui appartiennent à d’autres courants de pensée que le mien (enfin, je précise quand même que c’est plutôt de gauche, les repas à la maison !!!!)

  36. MOA

    Le billet de superno dont tu as donné le lien, Tassin, mérite d’être lu en effet.
    Intéressant à plusieurs titre et notamment sur la capacité d’imaginer des choses différentes sur un sujet qu’on pourrait croire « figer à jamais ».

  37. Tassin

    @ MOA & Joshuadu34 (et les autres) :

    Content d’avoir débattu de ces questions avec vous chers amis!

  38. Yôm

    Ouaip, comme Joshua je ne pouvais pas rater cette occasion de redéfinir plus clairement le concept historique d’anarchie.
    C’est important et indispensable pour en débattre et ne pas balayer de quelques préjugés cette idéologie qui est (comme d’autres) une réelle alternative politique.
    To be continued…

  39. MOA

    Demain, vendredi 11 fev 2011 – 22h10 sur Arte une émission sur le pétrole (guerre de l’or noir)… curieux de voir comment sera traité le sujet sur une chaine généraliste.

  40. Pim

    @MOA : j’ai regardé le reportage « la guerre de l’or noir ». Assez déçu des commentaires et de la manière dont on a traité le sujet. On nous répète sans cesse, qu’il faut absoluement augmenter notre production d’énergie, que c’est une nécessité pour l’économie, pour la survie de l’humanité bla bla bla, qu’on en a besoin. Bref, qu’on est des gros drogués en manque, prêts à tuer père et mère pour avoir sa dose. A aucun moment, on aborde le problème écologique que pose d’extraire et de bruler tout le pétrole de la planète dans l’atmosphère!

    Ceci dit, j’ai appris plein de choses sur l’extraction pétrolière, et c’est encore plus à vomir que ce que j’imaginais.
    En particulier, la manière dont British Polluters a traité la catastrophe de Deep Water Horizon. ils ont déversé plus de 2.5millions de litres de solvant très toxique pour ‘dissoudre’ en goutelletes le pétrole au lieu de le conserver en nappes, tout simplement parce que ca ne se voit plus (ou beaucoup moins) de cette manière! Au lieu d’avoir des grosses nappes à la surface, qu’on peut espérer récupérer, on a des micro gouttelettes dans toute la colonne d’eau!
    (enfin, ce n’est pas la seule chose incroyable que l’on apprend dans ce reportage très pro-pétroléo centré).

Les commentaires sont clos.