Episode neigeux en France : une note un peu trop salée pour l’environnement

L’épisode neigeux prolongé, associé à de basses températures persistantes, a provoqué une désorganisation générale des transports. En réaction, des tonnes de sel et autres fondants routiers (1) ont été répandus massivement. Recommandations de France Nature Environnement. 

Le sel est un toxique organique

En France, le sel, chlorure de sodium (NaCl), est le fondant routier le plus utilisé car le plus économique et le plus rentable en ce qui concerne le rapport coût-efficacité.

Selon les conditions et le contexte, d’autres fondants sont employés : Alcools et glycols, chlorure de calcium (CaCl2), sulfates et nitrates… Ces fondants routiers ont un impact considérable sur l’environnement. L’accumulation de sel peut aboutir à la disparition d’espèces végétales et animales : « en ce qui concerne les impacts sur la faune et la flore, ils sont immédiats mais peuvent également se prolonger après la saison hivernale » explique Benoît Hartmann, porte parole de France Nature Environnement.

Le sel est un réactif chimique : une bombe à retardement

Les fondants routiers, par l’action de leurs composés chimiques dont le sel, permettent d’abaisser le point de congélation de l’eau. Outres les traces de métaux lourds présents dans ces fondants, s’ajoutent ceux piégés et accumulés sur et autour des routes (2) . Il s’agit notamment du plomb (Pb), zinc (Zn), aluminium (Al)…

Ces métaux, extrêmement nocifs, sont libérés par réaction chimique au contact du sel et se répandent dans les milieux naturels et sur les terres agricoles (via l’irrigation et le ruissèlement). « La sécurité routière est capitale mais elle ne peut pas être un prétexte à une dispersion sans contrôle de produits chimiques toxiques dans le milieu naturel » commente Michel Dubromel, responsable Transports de FNE.

Mieux vaut un traitement mécanique que chimique

Au regard de l’impact des fondants routiers sur l’environnement, il convient de hiérarchiser les solutions disponibles. Lors d’un épisode exceptionnel par le volume de neige et la durée de l’enneigement, la meilleure attitude à adopter est de limiter ses déplacements et de privilégier les transports en commun. Ainsi Londres a fermé ses aéroports pendant plusieurs jours fin décembre. Ensuite il est préférable de recommander aux usagers de se doter d’équipements dédiés (pneus neiges, etc.) dans les régions où ces épisodes sont fréquents.

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Si cette solution s’avère inefficace, privilégier les solutions mécaniques et collectives : épandages, sable, copeaux de bois, gravillons rocheux… Les solutions chimiques ne peuvent intervenir qu’en ultime recours en prévoyant la collecte et le traitement des eaux traitées.

Pour Bruno Genty, Président de France Nature Environnement : « Il est vain de vouloir s’opposer frontalement aux phénomènes naturels. La nature n’est pas notre ennemi. Nous devons faire avec elle et pas contre elle, en privilégiant l’adaptation voire une approche mécanique plutôt que se limiter a une approche chimique dont les dégâts collatéraux peuvent être très importants. »

FNE demande que l’Etat impose une réglementation permettant la hiérarchie des usages et solutions à mettre en œuvre en cas d’épisode neigeux ou de gel persistant.

Source: http://www.fne.asso.fr/

(1) Le fondant routier est un produit solide ou liquide dont les caractéristiques physiques permettent d’abaisser le point de congélation.
(2) Ces métaux lourds sont issus de l’usure des pneumatiques, des plaquettes de freins, de la carrosserie et de la corrosion des matériaux constitutifs des équipements de la route.

6 commentaires sur “Episode neigeux en France : une note un peu trop salée pour l’environnement

  1. Gari

    « Il est vain de vouloir s’opposer frontalement aux phénomènes naturels. La nature n’est pas notre ennemi. Nous devons faire avec elle et pas contre elle, en privilégiant l’adaptation voire une approche mécanique plutôt que se limiter a une approche chimique dont les dégâts collatéraux peuvent être très importants »

    Que du bon sens, mais qui s’oppose à un véritable mur d’incompréhension de la part de la majeure partie de nos concitoyens…

  2. Andy Non Grata

    Bravo, finalement quelqu’un a parlé de sel et ses effets nocives etc… ils n’utilise pas sel en Suisse depuis plus de vingt ans! et alors?? vive la neige!

  3. Vélops

    Le choix du sel soi-disant de moindre coût est politique : les salins ont du sel à revendre, alors ils en fourguent aux usines à bouffe et aux DDE.

  4. CarFree

    Je ne sais pas de quels salins vous parlez, mais ils ne sont certainement pas français, car la plupart du sel jeté sur les routes provient de l’étranger (Maroc, etc.), ce qui implique en plus du transport longue distance polluant au-delà de la seule pollution liée à son déversement…

  5. Velonomade

    Effectivement, le sel fait sacré trajet avant d’ arriver sur nos routes.
    En ce qui concerne la Belgique, nous l’achetons au… Chili !!

  6. Jean-Marc

    Sisi, Velops a historiquement raison :
    si on utilise le sel, c est en partie car on en produit :
    les mines de sel gemme de varangeville en lorraine (54).
    Le pb, outre que cette production pollue, c est qu’elle a donné de mauvaises habitudes de confort (qui a encore des chaines?), et qu’elle ne suffit plus à combler ces habitudes.

    Ainsi, dès qu’il y a une forte demande, ils ne peuvent plus suivre (sinon, faudrait rouler lentement, sur de la neige tassée avec du sable pour éviter les glissements, comme celà se fait dans plein de pays… inimaginable…).
    Donc on se met à en importer.

    Explication du pb de livraison :
    Les comptables et cost-killers passent leur temps à expliquer que les stocks, c est un rendement nul, et que, depuis 20 ans, l avenir, c est le flux tendu.
    Donc celà fait des années qu’on réduit les stocks, et qu’on devient de plus en plus dépendant des livraisons exprès.

    -> de moins en moins de monde fait de gros stocks de sel,
    donc quand tout le monde en veut, en dernière minute, il ne peut pas être extrait (car même la mine fait moins de stocks)

    Idem pour le glycol pour dégeler les avions :
    Pour une même surface, les aéroports préfèrent ouvrir 10 boutiques ou 50 places de parking, qu’avoir un stock de 3 à 5 semaines de glycol, non rentable.
    Donc, dès que celà gèle trop longtemps pour être livré dans les 3-4 jours… sa coince.

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