Faim de pétrole ou une autre histoire de l’énergie

« Le pétrole n’est pas un problème, c’est LE problème. Pas celui des générations futures mais NOTRE problème. » Quand on parle de la fin du pétrole on voit les visages se fermer. Un discours alarmiste de plus, dans le flot de ce que nous servent les grands médias sur le chômage, l’insécurité, les pénuries…

Évoquer la fin du pétrole dans une société toute entière organisée autour de cette énergie bon marché, abondante, facilement exploitable, c’est très anxiogène. Un peu comme regarder les réserves de nourritures s’épuiser sur un bateau

« J’ai cessé de croire au progrès… »

Anthony Brault n’invente rien, il ne dramatise pas, il ne fait qu’expliquer pourquoi il a cessé de croire au progrès. Le progrès c’est cette croyance que la marche de l’homme passe par son affranchissement des lois de la physique et de la nature. Le train de vie d’un français nécessite 150 esclaves énergétiques (l’équivalent énergétique nécessaires pour produire ce que nous consommons), un indien ou un marocain se situe à 30 esclaves énergétiques.

« Que voulons-nous croire ? »

La conférence gesticulée d’Anthony Brault est une présentation synthétique et pédagogique de ce que quantités de livres reconnus expliquent parfaitement : la fin du pétrole bon marché est imminente. Le problème n’est pas la fiabilité des informations, qui sont diffusées depuis de nombreuses années, le problème est finalement plutôt celui de la croyance. A quel scénario voulons-nous croire ?

Les optimistes prétendent qu’il ne faut pas se soucier, que les progrès à venir de la science vont permettre de répondre à l’augmentation de la demande énergétique pour maintenir le niveau de vie des occidentaux (et des chinois). Il se trouve que ceux-ci ont soit un intérêt direct avec l’industrie du pétrole et ses dérivés, soit ils croient dur comme fer au progrès.

Les pessimistes expliquent que 2010 est l’année du peak-oil, c’est-à-dire qu’à l’avenir la production de pétrole va décliner. Il restera des stocks importants de pétrole, mais l’offre n’augmentera plus. Comme la demande va elle continuer de croitre, le prix va s’envoler. Ce sera la fin de l’énergie bon marché telle que nous la connaissons.

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Dans 15 à 30 ans, pour continuer de vivre comme nous le faisons aujourd’hui, il faudra être riche, voire très riche.
Pour les autres il y a deux scénarios.

Deux possibilités : continuer ou agir

Soit l’on ne croit pas ceux qui tirent le signal d’alarme, ou l’on ne veut pas les entendre, on continue de vivre comme jusque maintenant : voyages en avion, consommation importante de viande rouge, déplacements à tout va en voiture, achats irraisonnés de biens de consommation… C’est le scénario de l’autruche.

Selon les pessimistes on arrivera à une situation explosive : envolée des prix de l’alimentation, paralysie de l’économie, chômage généralisé, fin de l’économie telle que nous la connaissons, avec très certainement des émeutes de la faim…

Soit l’on a des doutes forts sur la capacité de la science à nous sauver de ses propres dégâts, on pense qu’il faudrait appliquer le principe de précaution dès maintenant, mais ne voyant rien venir… on anticipe !

Comment ? En relocalisant au maximum la production et l’échange de biens et services nécessaires : l’alimentation, l’habillement, l’énergie… On appelle ça l’économie alternative, la résilience, les territoires en transition, l’après développement… Et avec des efforts pour être au maximum autonomes localement on peut espérer sauver les meubles dans 15 ans.

Et vous à quoi voulez-vous croire ?

Source: www.scoplepave.org

3 commentaires sur “Faim de pétrole ou une autre histoire de l’énergie

  1. MOA

    « Les pessimistes expliquent que 2010 est l’année du peak-oil, c’est-à-dire qu’à l’avenir la production de pétrole va décliner »

    Cette phrase n’est plus d’actualité depuis fin 2010… en fait, depuis l’annonce faite par l’AIE dans son rapport de novembre 2010 et qui officialise le fait que le peak oil mondial a été atteint en… 2006 !

    Autrement dit, on ne pourra plus produire plus de pétrole même si la demande en pétrole augmente.

    Ces jours ci, tout le monde (politique, industriel et… mes concitoyens se félicitent que la croissance reprend partout… en tout cas pour l’instant il s’agit d’annonces dans les media, de statistiques/indicateurs économiques incluant les cac40, dow jones, etc…).

    Toujours autrement dit, cela signifie que la demande en énergie (y compris pétrole) est/sera grandissante.

    Pour le pétrole, cela signifie que son prix devrait flamber dans les prochains mois, ce qui ne manquera pas de déboucher sur une nouvelle récession (2012? fin 2011? allez savoir).
    Cette nouvelle récession devrait laisser dans l’expectative ces mêmes concitoyens qui ne comprendront plus trop bien c’qui passe dans ce mond’ nomdediou ! ces mêmes concitoyens à qui je pose actuellement la question (en réaction à leur réjouissance affichée de la reprise de la croisssance) : « Est ce que ca va te rendre plus heureux cette reprise de la croissance? moins stressé-e? fatigué-e? etc? »
    Généralement j’ai comme réponse un regard ovin ! je laisse tomber sauf quand je les apprécie et là je ré-explique… avec la portée/crédibilité modeste que mes mots peuvent avoir. Comprenez, je ne suis pas le JT de TF1 ou France2 moi… (tant mieux soit dit en passant)… donc c’est peut être pas vrai ce que je dis. Je me trompe peut être, hein? vite allumons la télé pour voir. Pour confirmer…. ouf, y z’en parle, j’ai dû me tromper alors !

    Re bref, donc, hausse du prix du pétrole (ca a déjà commencé) jusqu’à ce qu’il y ait re-cassage de gueule de l’économie mondiale. Je m’en réjouirai presque sauf que les premiers à morfler seront comme d’hab les pays pauvres qui vont encore plus galérer pour manger.
    C’est déjà le cas et il ne faut pas être devin pour prévoir des crises majeures provoquées par la faim dans les prochains 6 mois dans les pays pauvres. 6 mois? oui, 15 jours près.

    Mais bon, le besoin en énergie nécessaire pour soutenir la croissance est toujours là (pour quoi faire déjà la croissance?.. ah oui le bonheur c’est vrai… faut que je me l’écrive sur un bout de papier, j’ai tendance à l’oublier).
    Et donc cela va amener l’exploitation du pétrole et gaz non conventionnels (de schistes par exemple, ca bouge sévère dans le domaine).
    Si les citoyens n’anticipent pas la pénurie du pétrole, les politiques/industriels mieux informés, eux, anticipent, eux.

    Pétrole de schistes? y en a plein dans le bassin parisien… Vite forons (le frérot Balkany est dans la course avec une société américaine.. au cas où il y aurait du pognon à se faire)! Mais bon, cool j’ai tendance à dire. Oui ! car c’est uniquement quand le concitoyen a le nez dans sa propre merde qu’il peut éventuellement réagir. Tant que sa merde est produite ailleurs, il peut continuer à allumer sa bagnole à distance en restant au chaud dans sa maison de façon à la faire chauffer avant de la prendre. (discours d’un collègue hier, content que de telles telecommandes existent vu qu’ils faisaient -5°C).

    Allez, j’arrête là.

  2. MOA

    juste… à -5°C le matin c’est un régal de pédaler pour aller bosser surtout qu’il fait un soleil radieux sur Toulouse ces derniers jours ! un régal !

  3. BromptonAddict

    @MOA,
    Tu arrives encore à parler à tes collègues?
    Moi, j’évite pas mal de sujets de discussion maintenant. Et quand ils parlent de leurs futurs achats automobiles ou des pannes de leurs actuels bolides, et bien je ferme les écoutilles!

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