Machines génocidaires et crise alimentaire

Christiana Figueres, responsable des Nations Unies pour la Convention sur le climat, a déclaré que « si la communauté des nations se révèle incapable de stabiliser complètement le changement climatique, cela va menacer (…) où et comment nous produisons de la nourriture », et elle a ajouté que « des climats de plus en plus imprévisibles mèneront à une baisse de la production de l’agriculture » (1).

Quant à lui, Lee Myung Bak, président sud-coréen, a déclaré que « la possibilité augmente d’une crise alimentaire globale due au changement climatique » (2).

Pendant qu’en Chine, la sécheresse qui y sévit est en train de s’approcher d’un « record » (3)…

Pour ceux d’entre vous qui veulent continuer à prendre les machines génocidaires appelées « avion » et « voiture », en prétendant qu’elles seront dans incessamment sous peu « vertes », Kevin Anderson, directeur de l’un des principaux centres de recherche sur le climat au monde, le Tyndall Centre for Climate Change Research, explique que « quelles que soient les vertus dont nous couvrons les technologies peu carbonées, elles ne peuvent pas remplacer les technologies hautement carbonées [actuelles] à une vitesse suffisante pour faire autre chose qu’une modification négligeable par rapport aux taux de réduction nécessaires » (4).

Quand on est en face de telles informations, on est en face de la préparation d’un génocide :

– il s’agit effectivement d’un génocide
– ce n’est pas un « suicide collectif »

Nous continuons à lancer l’alerte :
– samedi 5 mars : actions pour l’interdiction de la bagnole, à Paris et ailleurs en France ;
– dimanche 6 mars : actions pour l’interdiction de l’avion, à Paris et ailleurs en France.

Lire aussi :  Total: le véritable bilan annuel

Et pensez toujours à l’action nationale, dans plusieurs aéroports de France, le dimanche 3 avril : si nous sommes suffisamment nombreux, il est possible de faire passer notre cri d’alerte dans les médias nationaux.

Contactez-nous – soit nous interdisons ces machines génocidaires, soit les habitants des pays riches interdisent à des centaines de millions d’humains des pays pauvres de manger. Il y aura de toute manière des interdictions, reste à savoir lesquelles.

Quand on est en face de la préparation d’un génocide, ne pas le dénoncer est un crime.

Si quelqu’un pense que la phrase qui précède est fausse, je suis carrément preneur pour connaître ses arguments, ce genre de sujet offre trop peu d’occasions de franche rigolade.

Amicalement.
Pierre-Emmanuel Neurohr

(1) Security Address, Christiana Figueres (Executive Secretary of the United Nations Framework Convention on Climate Change),  UNFCC, 15.2.11.

(2) Climate Change May Cause ‘Massive’ Food Disruptions, Luzi Ann Javier et Susan Li, Bloomberg, 15.2.11.

(3) China’s droughts near worst in 200 years, adding pressure to world food prices, Joe Romm, Climate Progress, 24.2.11.

(4) Small steps offer no respite from climate effects, Prof. Kevin Anderson (director of the Tyndall Centre for Climate Change Research), BBC News, 15.12.10.

 

25 commentaires sur “Machines génocidaires et crise alimentaire

  1. Guillaume

    Je ne suis pas d’accord sur le terme. Visiblement tu cherches un mot choc et je suis pour, mais le choix de ce mot me paraît important, car les mots ont un sens.

    Je suis allé lire les deux articles que tu cites sur le parti de la résistance ; tu t’accroches beaucoup à « la définition juridique » du terme, mais partons simplement de la définition commune du mot. Je prendrai celle facilement accessible de wikipedia, qui correspond à ce que j’avais en tête : « Un génocide est l’extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée d’un groupe ou d’une partie d’un groupe en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales ».

    Prenons chacun des termes :
    – extermination physique -> ok, c’est l’objet de ton alerte
    – intentionnelle : non
    – systématique : non
    – programmée : non
    – d’un groupe ou d’une partie d’un groupe : critiquable
    – en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales : non !

    La définition de génocide part de « gène », qui vient de la racine grecque genos, « naissance », « genre », « espèce ». Ici on n’est clairement pas dans ce cas, je refuse donc ce mot.
    Je serais bien plus d’accord sur un terme comme « crime contre l’humanité », que j’ai d’ailleurs déjà entendu dans ce contexte.

  2. Pierre-Emmanuel Neurohr

    Prenons un seul exemple, vous dites :

    « – extermination intentionnelle : non »

    Que l’on peut expliciter, par exemple, par la phrase suivante :

    “Ce n’est pas volontaire. Quand quelqu’un prend l’avion, il ne veut pas assassiner les enfants du Bangladesh.”

    • Notre réponse :

    S’il fallait accepter une telle défense, alors un meurtrier qui plante son couteau dans le cœur de sa victime peut affirmer le plus sérieusement du monde qu’il n’avait pas l’intention de la tuer, il voulait juste vérifier que son couteau de cuisine est bien aiguisé. Si l’on utilise une machine dont le principal résultat consiste à assassiner des populations entières, le fait que cette machine serve aussi à prendre ses vacances à une minorité d’humains peut difficilement être considéré comme une bonne raison de procéder au massacre.

  3. Guillaume

    J’avais bien lu les articles cités. Pourquoi répondre si partiellement ? Que répondez-vous au reste de mes arguments ? Il reste toujours que cette extermination n’est :
    * ni systématique : tout le monde ne mourra pas, même dans les populations les plus touchées
    * ni programmée : à mon tour de rire si on vient me parler de vaste complot, notre situation est due au capitalisme effréné et aux progrès de la science
    * et surtout ni dirigée sur un groupe en raison de son ethnie, religion, ou autre ! C’est mon argument principal.

    Vous ne me convainquez pas.

    Notez que je suis entièrement d’accord sur le fond, sur le danger en terme de vies humaines, sur l’urgence et tout ça (que ferais-je sur ce site…) Toutefois il convient d’utiliser des mots juste pour persuader au mieux.

  4. Minou

    Bonjour Guillaume,

    Vous dites que « tout le monde ne mourra pas, même dans les populations les plus touchées »
    Mais est-il possible de l’affirmer avec certitude ? Pouvez-vous affirmer que de grands et brutaux dérèglements climatiques n’entraîneront pas de graves problèmes de gestion – par exemple – des centrales nucléaires (montée de l’eau, débit, refroidissement indispensable à leur fonctionnement dit « normal ») ?
    Ne faut-il pas entrevoir la possibilité que de nombreux « facteurs » (dans le jargon scientifique) puissent venir s’entremêler : famines, conflits armés pour la possession d’une flaque d’eau toxique, pour cause d’exodes massifs, trafics, chantage terroriste pour une bouchée de pain, etc ?
    À quoi peuvent aboutir des dizaines de facteurs tels que ceux-ci ? Qui peut dire « tout le monde ne mourra pas » ? De quoi seront capables les oligarchies pour conserver ou contrôler les dernières gouttes de « matières premières » ? De quoi seront capables les beaufs de l’Occident – nous, le G8 – qui refuseront, devant l’évidence, de renoncer aux ultimes « privilèges » occidentaux (machines, mode de vie, individualisme, etc.) ?

  5. Minou

    Je précise, Guillaume, que je ne sais toujours pas quoi penser du terme génocide. Tant que les scientifiques de tous les pays ne hausseront pas le ton, il n’y a pas de raison pour que les choses changent. J’espère me tromper. Sachant ce qui se prépare, leur devoir devrait être de hurler partout dans les médias : STOP ! Ils sont nombreux à le faire déjà, mais ce n’est malheureusement pas suffisant. Je pense aussi que « crime contre l’humanité » est plus adapté aux « esprits ».
    Je soutiens la démarche de Neurohr, mais j’ai peur qu’elle soit encore longtemps qualifiée de « point godwin »…

  6. reeko03

    « S’il fallait accepter une telle défense, alors un meurtrier qui plante son couteau dans le cœur de sa victime peut affirmer le plus sérieusement du monde qu’il n’avait pas l’intention de la tuer, il voulait juste vérifier que son couteau de cuisine est bien aiguisé. Si l’on utilise une machine dont le principal résultat consiste à assassiner des populations entières, le fait que cette machine serve aussi à prendre ses vacances à une minorité d’humains peut difficilement être considéré comme une bonne raison de procéder au massacre. »

    Je pense que les juristes nommeraient l’avion ou la voiture : armes par destination. Mais je ne suis pas spécialiste du droit.
    Dans les attentas du 11 septembre, les avions sont des armes par destination. Enfin je crois.
    Auxquel cas la remarque de guillaume est convaincante. Car l’avion ne participerai pas d’un plan programmé et intentionnel.
    Je pense que votre exemple illustre plus l’acte non prémédité sans intention de donner la mort.

    A noter que je ne rejoins pas guillaume sur le « capitalisme effréné » mais c’est un autre débat. Mais pour le reste de sa réflexion je suis OK.

    Convenez qu’argumenter de la sorte est plus un appel à la polémique qu’autre chose !

    Néanmoins si vous êtes convaincu de cela je vous invite à porter plainte aux cours de justices compétentes en la matière.

  7. Pierre-Emmanuel Neurohr

    @ Guillaume

    « Pourquoi répondre si partiellement ? »

    J’ai écrit que je prenais « un seul exemple », afin de montrer que nos textes répondent effectivement à vos critiques, par exemple sur la question de l’intentionnalité. Je note que vous n’avez pas semblé trouver de contre-argument sur ce point précis.

    « Il reste toujours que cette extermination n’est (…) [pas] systématique : tout le monde ne mourra pas, même dans les populations les plus touchées. »

    Tous les juifs ne sont pas morts dans les camps nazis, donc vous estimez que l’extermination n’a pas été systématique, et que donc, il ne s’agit pas d’un génocide ? Bien sûr que non. Donc, le fait que l’extermination ne soit pas systématique, au sens où vous l’entendez, ne remet pas en cause l’utilisation du mot génocide.

    Je m’arrête là, les autres réponses, à l’image du thème de l’intentionnalité, sont bel et bien présentes dans les textes référencés. Si vous voulez en parler plus avant, n’hésitez pas à m’appeler au 01 82 09 12 25.

    Cordialement.

    PE Neurohr

  8. Guillaume

    Ne faites pas l’enfant, quand on parle d’extermination « systématique », ça signifie que l’intention est d’éliminer l’ensemble de la population concernée. Je sais bien que le résultat ne peut être atteint et ça ne change pas la qualification de l’acte.

    Je n’ai pas répondu sur votre argument de l’intentionnalité car j’en avais d’autres qui me semblaient plus importants, mais pour tout dire il me semble un peu spécieux. Si je devais y répondre, je dirais qu’il y a une drôle de différence entre planter un couteau dans le corps d’un congénère et monter en voiture en sachant que les gaz à effet de serre produits vont aggraver un effet global dangereux. Un enfant ne meurt pas à côté de vous (ni loin de vous) à chaque fois que vous montez dans une voiture. Mais surtout l’intentionnalité ce n’est pas ça. Si quelqu’un souhaite vérifier que son couteau est aiguisé en tuant quelqu’un, eh bien ça n’excuse pas son geste mais s’il est dérangé peut-être que c’était bien son intention. Si des hommes tuent d’autres hommes en émettant des gaz à effet de serre, c’est une conséquence mais ça n’en fait pas l’intention de départ.

    Quoi que vous en disiez je ne trouve pas de réponse dans vos textes, il ne suffit pas de dire « c’est là-bas, allez voir ». Et je n’ai pas besoin de contrer chacune de vos réponses, car un seul argument qui porte met en défaut l’utilisation du mot « génocide ».
    En plus vous allez être content : il semble admis qu’un génocide est un type particulier de crime contre l’humanité. Pourquoi vouloir être spécifique et cristalliser les critiques sur la forme, quand l’objectif que vous recherchez porte sur le fond ? Soyons productifs !

    Pour répondre à Minou : je ne suis pas inquiet pour l’humanité dans son ensemble, ni pour la planète. l’Homme s’adaptera, survivra, il est fort pour ça. Certes on risque d’être moins nombreux, la biodiversité en aura pris un coup, etc. mais il ne me semble pas probable d’envisager une extinction globale. De même plein d’animaux survivront, s’adapteront à tout, la nature en a vu d’autres. C’est « juste » le monde qu’on connaît qui est en cause.

  9. JiBOM

    ‘ »Un enfant ne meurt pas à côté de vous (ni loin de vous) à chaque fois que vous montez dans une voiture. »‘

    Non, en effet, c’est à petit feu.

    ‘ »Mais surtout l’intentionnalité ce n’est pas ça. »‘

    C’est vrai et c’est justement ce qui pousse tant de gens à jouer à l’autruche, à ne pas risquer de savoir ce dont ils sont plus ou moins (in)conscients ou ce qu’ils pensent être insoutenable. Car dès lors qu’ils deviennent sachants, ils n’ont plus d’excuse. A moins d’être fou, tout le monde sait que planter un couteau dans le coeur (quel que soit le but de l’acte) provoque de façon quasi garantie la mort. C’est pour cette raison que la plupart des gens fera le test sur des fruits, des légumes, une matière inerte, etc.

  10. Minou

    « je ne suis pas inquiet pour l’humanité dans son ensemble, ni pour la planète »

    Vous n’expliquez pas ce qui vous permet de l’affirmer avec certitude. Vous ne répondez pas à mes questions. Vous ne répondez pas à la question cruciale du devenir de toutes les infrastructures nucléaires. En somme, vous ne répondez à rien : vous vous contentez de dire que vous n’êtes pas inquiet. Savez-vous ce qu’est un argument, un contre-argument, une preuve, une discussion ?

    « l’Homme s’adaptera, survivra, il est fort pour ça. »

    Oui oui, on connaît le refrain darwiniste. Mais l’homme a besoin de beauté. Sur une terre défigurée, il ne peut que survivre. Vous voyez la différence entre la vie humaine sur une terre belle et habitable… et la vie humaine sur quelque chose qui n’est plus une terre, quelque chose d’inhabitable, de monstrueux, d’infernal ?

    « la nature en a vu d’autres »

    Attention, Jibom, c’est l’argument dont les négationnistes usent à volonté pour nier la responsabilité de l’homme dans la destruction de la terre.

    Vous répétez des phrases toutes faites. L’homme s’adaptera ? À un tchernobyl puissance un milliard ? Ces petites phrases toutes faites ne sont que du blablah pour écarter d’un revers de la main toutes les grandes questions qui ne posent à nous, là tout de suite. Elles permettent d’éviter de penser, elles permettent de se rassurer, et surtout de ridiculiser les « catastrophistes ».

    Je vous propose de continuer la liste de vos petites phrases toutes faites, Jibom. Je prends donc la suite, en attendant que vous preniez la relève :

    – La Terre se fiche bien de nous.
    – Il est prétentieux d’affirmer que l’humanité, malgré toute son industrie, soit capable de porter atteinte irrémédiablement à elle-même.
    – L’homme est minuscule, d’autres formes de vie ont existé avant lui et existeront après : il est prétentieux de vouloir que l’homme ne finisse pas de la sorte. Après tout c’est peut-être le destin.

    À vous…

  11. Guillaume

    Dommage d’apporter de l’agressivité inutile dans un débat qui n’en comportait pas jusqu’ici, et dommage aussi de vous tromper de destinataire.

    Vous ne m’avez pas bien lu (mais en avez-vous envie ?) : je n’ai pas dit que tous les hommes survivront, que cet avenir est souhaitable etc. J’ai supposé que l’espèce humaine y survivrait probablement.

    Quant à vos phrases toutes faites, remballez-les, merci. Ne m’attaquez pas sur des choses que je n’ai pas dites. Ca fait au moins trois fois que je répète que je suis d’accord sur le fond et que c’est pour être constructif que je critique la terminologie utilisée.

  12. Minou

    « je n’ai pas dit que tous les hommes survivront »

    Je n’ai pas dit que vous aviez dit ça.

    « J’ai supposé que l’espèce humaine y survivrait probablement. »

    Où avez-vous dit « probablement » ? Mais peu importe, faisons comme si vous l’aviez dit. À cette supposition, donc, j’ai opposé cordialement – d’abord – des questions – je précise, des questions, pas des affirmations. À ces questions, vous ne répondez rien. J’en conclus que vous affirmez des choses sans beaucoup y réfléchir.
    Je vous engage à pousser votre réflexion plus loin. Pourquoi vous sentez-vous agressé ? Êtes-vous si douillet ? Personnellement, même quand je suis agressé, du moment que c’est à l’appui d’arguments rationnels, je réponds, je débats, je rends les coups, ou bien je reconnais mon ignorance du sujet.

    « Ca fait au moins trois fois que je répète que je suis d’accord sur le fond »

    Tant mieux, mais là n’est pas la question. La question, ce sont les sept questions que je vous ai posées cordialement au début, et auxquelles vous n’avez pas répondues. Votre non-réponse n’a pas été celle de « quelqu’un qui est d’accord sur le fond », mais celle de ceux qui se foutent de la gueule des catastrophistes sans aucun argument. Par conséquent, l’accord sur le fond est ambigu, puisque vous employez les mêmes phrases toutes faites des partisans du « la-terre-continuera-de-rouler-sans-nous, l’homme-s’adaptera » et tout le blablah habituel.

  13. JiBOM

    Bonjour Minou,

    Vous me prêtez un état d’esprit qui n’est pas le mien. La phrase « la nature en a vu d’autres » n’est pas de moi. Elle le fut jadis, certes, je le reconnais, mais il ne saurait en être question aujourd’hui et à l’avenir. Je me suis beaucoup renseigné, notamment sur CarFree, et même si, compte-tenu de la foule d’informations que j’y ai trouvé, certaines choses peuvent m’échapper, mes convictions ont radicalement évolué et ne s’apparentent en rien au négationnisme dont j’ai pu parfois faire preuve auparavant. Toutefois, je ne suis pas à l’abri de relents malheureux de considérations toutes faites et autres lieux communs et je vous suis gré de vos éventuelles remarques (et de celles d’autres contributeurs) tant que celles-ci procèdent de critiques constructives.

    Pour en revenir à la première question sur le terme de génocide, Guillaume a eu au moins le mérite de m’amener à y réfléchir. Les arguments de M. Neurohr m’ont néanmoins convaincu ; c’est d’ailleurs le sens du dernier paragraphe de mon intervention précédente. Le savoir et surtout la conscience des conséquences d’un acte nous rendent responsables et coupables des conséquences de cet acte. C’est pour cela, à mon sens, que le négationnisme (qui ne dit pas son nom) est si présent dans nos sociétés consuméristes « développées ».

  14. Guillaume

    Cher minou (j’ai l’impression de parler à mon chat – n’y voyez pas une insulte, je cherche à dédramatiser)

    Je n’ai pas répondu à vos questions du début car je les ai prises pour des questions de pure forme, et je crois vraiment que nous sommes tous d’accord. En tout cas je n’ai pas compris qu’elles s’adressaient directement à moi. Mais si vous voulez mes réponses, les voila.

    1/ Pourquoi vous sentez-vous agressé ? Êtes-vous si douillet ?
    – Je me sens agressé quand on me traite de « négationniste » et mes propos de « petites phrases toutes faites ».

    2/ Vous dites que « tout le monde ne mourra pas, même dans les populations les plus touchées » Mais est-il possible de l’affirmer avec certitude ?
    – Certes pas, je ne suis pas madame Irma. Et vous ?

    3/ Pouvez-vous affirmer que de grands et brutaux dérèglements climatiques n’entraîneront pas de graves problèmes de gestion – par exemple – des centrales nucléaires (montée de l’eau, débit, refroidissement indispensable à leur fonctionnement dit « normal ») ? Ne faut-il pas entrevoir la possibilité que de nombreux « facteurs » (dans le jargon scientifique) puissent venir s’entremêler : famines, conflits armés pour la possession d’une flaque d’eau toxique, pour cause d’exodes massifs, trafics, chantage terroriste pour une bouchée de pain, etc ? À quoi peuvent aboutir des dizaines de facteurs tels que ceux-ci ? Qui peut dire « tout le monde ne mourra pas » ? De quoi seront capables les oligarchies pour conserver ou contrôler les dernières gouttes de « matières premières » ? De quoi seront capables les beaufs de l’Occident – nous, le G8 – qui refuseront, devant l’évidence, de renoncer aux ultimes « privilèges » occidentaux (machines, mode de vie, individualisme, etc.) ?

    – Beaucoup de questions auxquelles personne ne peut répondre. Vous me faites passer pour un opposant au combat pour le climat, juste parce que j’ai dit « tout le monde ne mourra pas » et que vous pensez que c’est peut-être faux ? Où me suis-je « foutu de la gueule des catastrophistes » ? Je suis au contraire extrêmement pessimiste et affirmer que je ne suis pas inquiet en tronquant une de mes phrases est un détournement. Je suis extrêmement inquiet parce que je pense que se préparent des conflits pour tout un tas de raisons différentes :
    * accès à l’eau potable
    * accès à la nourriture
    * accès à l’energie et plus spécifiquement au pétrole
    * accès aux ressources de matière première
    * inégalités sociales qui se creusent toujours plus
    * et par dessus tout ça un dérèglement climatique pour mettre un peu de piment.
    Je pense que chacune de ces raisons est suffisamment grave pour provoquer des conflits locaux comme internationaux, des chutes de démocraties ou autres joyeusetés. Bien malin qui prétend connaître l’effet de toutes ces raisons combinées.
    J’ai donc écrit cette petite phrase qui vous a tant fait réagir parce que ce n’était pas vraiment le point le plus important de mon argumentation, et malgré tout ce que j’ai cité ça me semble toujours le scénario le plus probable. De toute façon ce point particulier ne me semble pas crucial : que nous soyons en train de préparer la mort de 10%, 50% ou 100% de l’humanité nous permet-il de dire « ah ben pour seulement 10% d’humains, en plus ils sont tous en afrique ou en asie, ça ne vaut pas la peine de se mobiliser » ? Nous sommes très probablement devant quelque chose d’effroyable et il faut se mobiliser pour essayer d’en limiter les conséquences autant que faire se peut, et je fais mon possible pour en prendre ma part.

    PS : rien à voir, mais comment faites vous pour citer mon texte en italique ? je n’en trouve pas la syntaxe, et on ne peut pas prévisualiser afin de faire des essais.

  15. JiBOM

    @ Minou
    Aucun problème, vous êtes tout excusé.
    Permettez-moi juste de rebondir sur le hors-sujet de Guillaume (en post-Scriptum) : je me pose la même question que lui concernant le gras et l’italique. S’agit-il de balises html ?

  16. Tommili

    Guillaume : »De quoi seront capables les beaufs de l’Occident »

    Bah , juste balancer quelques quelques bombes sur la Libye, juste pour stabiliser le prix du sacro-saint litron…Hips !

    « Nous sommes très probablement devant quelque chose d’effroyable  »

    Très probablement…Ah on n’est pas encore trop sûrs alors?

    « l’Homme s’adaptera, survivra, il est fort pour ça ».
    « De même plein d’animaux survivront, s’adapteront à tout, la nature en a vu d’autres. »

    Il est vrai que des petites musaraignes riquiqui bien planquées dans leurs trous profonds ont repeuplé la Terre après la chute des puissants dinosaures,et que les scorpions et les fourmis ont survécu aux essais nucléaires de Mururoa, nous voilà donc rassurés…

    Une telle Foi en l’Homme, bigre çà laisse rêveur, vous ne doutez donc pas de Sa « supériorité », mon cher Guillaume.

    Moi, quand je vois voler le modeste petit moineau ou la gracieuse libellule, ben je me dis que ces merveilleux petits êtres sont infiniment supérieurs à moi, petit bonhomme dit « sapiens », collé irrémédiablement à sa glaise, et j’ai honte d’appartenir à une espèce si présomptueuse et soi-disant « supérieure » qui bousille tout çà sans vergogne.

    (Je suis aussi un poète, ne vous déplaise)

    Pardon de m’immiscer dans ce débat d’une haute portée philosophique.
    (Vous avez tous raison sur le fond, mais poursuivez donc, vous êtes assez instructifs.)

  17. Guillaume

    Marrant que vous parliez de libellules et de moineaux dans un commentaire qui vole aussi bas…

  18. Tommili

    Oui c’est tellement bas que je ne relèverai pas…
    Qui se sent morveux qu’il se mouche, donc

  19. Minou

    À Guillaume,

    Vous reconnaissez donc que vous affirmez des choses sans certitude. En effet, vous affirmez d’abord que “l’Homme s’adaptera, survivra, il est fort pour ça”, puis vous dites, plus loin, que vous n’êtes pas madame Irma. Si vous n’êtes pas madame Irma, alors vous devriez dire “il est probable que l’homme s’adaptera, etc”. Vous comprenez ? C’est une question de cohérence.

    affirmer que je ne suis pas inquiet en tronquant une de mes phrases est un détournement”.

    Ah, un détournement ? Permettez-moi de vous citer “sans détournement”, alors :

    Pour répondre à Minou : je ne suis pas inquiet pour l’humanité dans son ensemble, ni pour la planète. l’Homme s’adaptera, survivra, il est fort pour ça. Certes on risque d’être moins nombreux, la biodiversité en aura pris un coup, etc. mais il ne me semble pas probable d’envisager une extinction globale. De même plein d’animaux survivront, s’adapteront à tout, la nature en a vu d’autres. C’est « juste » le monde qu’on connaît qui est en cause.

    Dans votre commentaire suivant, vous avez changé d’avis, et c’est très bien. Mais ne m’accusez pas de détournement, je vous prie… Essayez d’être cohérent, et surtout d’éviter les banalités. J’avoue y être allé un peu fort avec l’allusion aux négationnistes, mais reconnaissez que le célèbre “argument” la-nature-en-a-vu-d’autres est très faible, et que c’est l’argument “massue” des négationnistes/sceptiques. Ne le prenez pas mal. Tout ce que je veux, c’est nous amener tous sur le “terrain” des arguments. Je ne dis pas des preuves, mais des arguments. Quand j’affirme quelque chose, je développe le plus possible mon propos ; j’en attends autant de mon contradicteur. Je maintiens que vous avez dit des banalités, mais ne le prenez pas mal. Je m’efforce le plus possible d’employer des arguments, je ne suis pas parfait, et je ne m’offusquerai jamais qu’on me remette à ma place.

  20. Minou

    « Certes on risque d’être moins nombreux, la biodiversité en aura pris un coup, etc. mais il ne me semble pas probable d’envisager une extinction globale. »

    Je ne basais pas ma réflexion en termes de vie ou de mort (existence/non existence). S’il n’y a pas d’extinction totale ou globale, mais que la Terre devient inhabitable, peu importe que les cafards et des hommes radioactifs survivent. Ce qui m’intéresse, c’est justement « le monde comme on le connaît », parce que nous n’en connaissons pas d’autres. Il n’y a donc pas à conjecturer de ce à quoi ressemblerait la vie humaine sur une terre irradiée pour des millénaires, voire des centaines de millénaires. Ce qui m’intéresse ce n’est pas que l’homme survive, mais qu’il vive. Vous comprenez la grande différence ? Je vous invite à méditer ce mot de Hölderlin :

    « L’homme habite sur terre en poète. » Ou « Poétiquement habite l’homme. »

    L’homme ne se contente pas de survivre. Il vit d’expériences esthétiques, d’inutilité. Or qu’est-ce qui nous manque le plus aujourd’hui, si ce n’est l’inutilité ? Ce matin j’ai encore entendu : « Peuh ! la colonne Trajane, tout en haut les sculptures personne y pouvait les voir, ça servait à rien ».

    Déjà que nous n’habitons plus – nous avons des « machines à habiter », dit Heidegger –, à quoi ressembleront ceux qui vivront sur une terre défigurée, infernale ? Nous avons un petit avant-goût grâce à Tchernobyl, mais encore Tchernobyl c’était de la rigolade. Je ne vois pas d’intérêt à une telle conjecture. Et je maintiens que l’argument « c’est-le-monde-tel-qu’on-le-connaît-qui-est-en-cause » est encore issu du darwinisme, et de l’idée de progrès. En effet, cet argument ne sous-entend-il pas quelque chose comme « nous sommes trop anthropocentristes, trop égocentristes, nous ne sommes que des animaux parmi les autres animaux, il peut exister d’autres formes de vie, nous ne sommes qu’une infime étape dans l’histoire de la terre, donc soyons ouverts à la nouveauté, à la fatalité, etc. » ?

    Il me semble que cet argument peut témoigner d’un mépris de l’homme (ou en tout cas y mener), au nom de l’égalité de tous les êtres vivants, même si tous ne sont pas doués de raison. Ces théories ont cours actuellement chez certains végétariens radicaux (que je ne méprise absolument pas). Sous couvert d’empathie pour la totalité des êtres vivants, ces théories peuvent aboutir à l’idéal chrétien : le mépris camouflé de l’homme.

    En effet, nous ne connaissons que le monde « tel qu’on le connaît » !
    C’est vrai, après tout : pourquoi être contre les OGM ? Il suffit d’être ouvert d’esprit ! Soyons des aventuriers !
    Pourquoi être contre le clonage ? Allons vers l’inconnu !

    Vous comprenez ce que ce genre de banalités, en apparence inoffensives, recèlent d’inquiétant ?
    Si nous voulons un futur humain, et non pas l’adaptation à l’horreur (ce qui est en train de se passer ; les oligarques français élaborent un « plan national d’adaptation au changement climatique »), nous devons en finir avec l’idéologie du progrès. Elle est en nous tous, elle est chez bon nombre d’écologistes qui veulent nous sauver du progrès par un « progrès vert », et nous devons nous désintoxiquer. Enfin ce n’est que mon avis.

  21. CarFree

    Sur Caradisiac… Pub sous l’essuie-glace : bientôt une loi contre les flyers ? http://bit.ly/flpTYf

    Mettre un tract sous l’essuie glace est considéré comme une « nuisance »… Mais pas utiliser une voiture bien sur…

  22. Alex

    Salut,
    Je ne suis pas convaincu que le mot « génocide » soit vraiment adapté. En fait il faudrait inventer un nouveau mot. Comme on parle de victimes du climat, ça serait plutôt un « climatecide », ou en cherchant les racines du mal qui se trouvent dans l’utilisation de l’énergie carbone « carbocide », ou en allant plus profond encore, on pourrait appeler ça tout simplement du « capitalisme ».
    Enfin tout le monde comprend de quoi il s’agit. Mais l’anéantissement d’une partie de l’humanité pour le bien être de quelques uns, même si c’est historiquement un phénomène courant et répétitif, n’a pas vraiment de nom… bizarrement.

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