Une amende pour avoir participé à la Critical Mass

Julien Cart, coprésident des Jeunes Verts à Genève, a été convoqué par la police à une audience le 22 mars 2011 pour y recevoir une amende pour avoir, selon la police, organisé la Critical Mass de juin & août 2010 à Genève.

Etrange, sachant que la CM n’est justement pas une manifestation organisée, mais juste un « simple » et fortuit rassemblement de cyclistes, trotinettistes (?) et autres adeptes de locomotion douce et tendre.

Bref, la police genevoise fait tout pour casser la Critical Mass, même accuser des innocents servant la bonne cause de bouc émissaire.

Il faut dire que la nouvelle Conseillère d’Etat Isabelle Rochat en charge de la police n’est pas en état de sainteté. Elle vient à peine de se confronter à une grève des ses agents. Rien de tel qu’un bon coup de poing sur la table pour montrer sa valeur et force.

Nous sommes de tout coeur avec toi Julien. Courage !

Voici le réponse officielle de Julien lors d’une conférence de presse pour s’expliquer:

Les autorités genevoises en procès contre la Critical Mass

Ce matin s’est tenue à l’île Rousseau la conférence de presse qui visait à annoncer le procès de deux participants à la Critical Mass, dont je suis, procès qui se déroulera mardi 22 mars 2011 à 9h au Tribunal de Police à Genève.

Depuis qu’Isabel Rochat a été intronisée cheffe du Département de la Sécurité, de la police et de l’environnement, la crirtical mass est victime d’un acharnement des autorités. Deux participants ont reçu des contraventions et sont accusés de « co-organisation de manifestation interdite ». J’ai reçu plusieurs appels téléphoniques de la police suite à mes participations aux critical mass de juin et d’août 2010, visant à me faire auditionner. N’ayant rien à me reprocher, je n’ai pas jugé utile d’y répondre, et j’ai reçu une lettre d’Isabel Rochat elle-même, m’accusant de co-organiser une manifestation non autorisée et retraçant mes griefs. Cette lettre était remplie de mensonges à mon égard, je n’ai jamais reçu de convocations écrites pour une audition, et je n’ai pas participé à guider le cortège, encore moins à bloquer les carrefours: la critical mass n’a pas de meneurs et est un cortège spontané de cyclistes et nous aimons dire que « nous ne bloquons pas le trafic », mais « nous sommes le trafic » !

Lire aussi :  Des vélos-cargos en libre-service

Manifestement ce qui dérange la droite et Mme Rochat, c’est que des jeunes cyclistes soient spontanément mobilisés autour de ce mouvement contestataire mondial en faveur de la mobilité douce. A l’heure où cette même droite se donne des airs de vouloir soutenir la mobilité douce, leur vrai visage ressort derrière cette tentative lamentable de trouver des boucs émissaires. Des milliers de cyclistes sortent spontanément dans la rue pour revendiquer plus d’espace et plus de sécurité pour les vélos, critiquant ainsi de manière indirecte le peu de vision politique en matière de mobilité douce des autorités. Et voilà que la conseillère d’Etat s’empresse de s’acharner sur certains participants qui ne font que suivre un mouvement qui les précède de longue date.

En effet la critical mass existe à Genève depuis 1998 et le Tribunal de Police lui-même a déclaré qu’elle était tolérée. Je me sens donc totalement victime d’un acharnement démesuré de la part du département de Mme Rochat, alors que je suis un participant comme les autres. L’attitude du département est tout aussi déplacée que celle de la police lors des dernières critical mass où celle-ci s’acharne à déployer des forces disproportionnées, visant à mettre la pression sur les participants, alors que le but premier de la police devrait être de garantir la sécurité de tous, cyclistes et automobilistes, et non de créer davantage de tensions.

Est-ce que la droite n’a rien d’autre à faire que d’entamer de longues procédures débouchant sur des procès au frais des contribuables contre des citoyens lambda ? Le procès se chargera lui-même de montrer que les services de Mme Rochat n’ont aucune preuve des accusations qu’ils profèrent contre nous : en attendant, ils perdent encore plus de crédibilité devant la population qu’ils sont censés protéger.

11 commentaires sur “Une amende pour avoir participé à la Critical Mass

  1. JiBOM

    Allez ! Encore un petit effort et le moindre cycliste pourra être tenu pour responsable des bouchons encombrant les autoroutes genevoises ! Ah vraiment, quels empêcheurs de polluer en rond ces rois de la pédale !

    Bienvenue dans le monde ubuesque du lobby automobile et de son intox médiatique suintant.

  2. MOA

    1 bonne mandale dans sa gueule devrait lui remettre les idées en place a la Rochat. Qui sait…
    Désolé je suis énervé depuis ce matin après avoir écouté la Lagarde sur France culture. Superno sur son blog relate ce foutage de gueule. A priori elle était aussi sur France info.
    Bref une bonne grosse mandale dans sa gueule a la Lagarde aussi pour se foutre ouvertement de la gueule des gens.

  3. JX75

    Je ne sais pas comment ça se passe à Genève, mais selon le code de la route français les vélos ne peuvent pas rouler à deux de front, ce qui rend incompatible une masse critique avec les règles de circulation.

    Par contre, si une masse critique est assimilée à une manifestation, les choses sont différentes… mais il faut d’abord déclarer la manifestation à la préfecture.

  4. Jean-Marc

    Bizarre, JX75, j ai justement appris l’inverse.

    D’ailleurs, vérif, recherche sur le net

    en France :
    http://bromptonforum.conceptforum.net/t905-texte-de-loi-complet-sur-les-velos
    « de jour seulement, les cyclistes peuvent rouler à deux de front mais doivent se ranger en file simple lorsqu’un véhicule s’apprête à les dépasser (article R.431-6 à 8). Bien entendu, il est vivement recommandé et plus prudent de rouler en file indienne. »
    et
    http://parisbrestparis2007.actifforum.com/t2187-legislation-francaise-pour-les-velos
    « rouler à deux de front est permis (sauf par mauvaise visibilité notamment la nuit) ou si un usager demande le passage »

    et en Suisse :
    http://www.prevention.ch/faireduveloensecurite.htm
    Circuler de front est non seulement dangereux, mais interdit par la loi. Les cyclistes qui roulent côte à côte obstruent une partie de la chaussée. (Circuler à deux de front n’est autorisé qu’aux cyclistes qui roulent en groupes de plus de 10 cycles, ou si le trafic de cycles est dense, sur une chaussée d’au moins 8 m de large, ainsi que sur les pistes cyclables et les pistes de cyclotourisme, à condition que les autres usagers n’en soient pas génés.)

    En suisse, une critical mass aura surement plus de 10 cyclistes, donc fait partie des exceptions avec le droit de circuler de front.

    Remarque pour les français : sur le 1er lien, listing des nouvelles lois françaises dues à un décret de 2007, ce point en particulier :

    « l’obligation pour les automobilistes de laisser un espace de 1,50 mètre (au lieu de 1 mètre précédemment) pour doubler un cycle en rase campagne. »

  5. Jean-Marc

    Même réponse trouvée sur ce quizz commenté, pour la legislation française :
    http://www.circulationsdouces91.org/reponsesvraifaux.html

    question :
    9°) Il est formellement interdit à deux cyclistes de rouler de front.

    réponse :
    faux : Deux cyclistes peuvent rouler de front mais doivent se mettre l’un derrière l’autre quand un automobiliste annonce son intention de les dépasser. De nuit ils doivent rester l’un derrière l’autre.

    J’ai rajouté ce lien, car lire les autres questions/réponses est assez interessant.

  6. JiBOM

    Extrait du Code de la Route français, article R431-7 :
    « Les conducteurs de cycles à deux roues sans remorque ni side-car ne doivent jamais rouler à plus de deux de front sur la chaussée.

    Ils doivent se mettre en file simple dès la chute du jour et dans tous les cas où les conditions de la circulation l’exigent, notamment lorsqu’un véhicule voulant les dépasser annonce son approche.

    Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux dispositions du présent article est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe. »

    Clairement, cet article explique que l’on peut rouler à deux de front (pas plus) à condition qu’il fasse jour et qu’aucun véhicule n’arrive par l’arrière.

    Seulement, qu’arriverait-il si nous étions des dizaines, voire des centaines de cyclistes en file indienne en ville ? Le blocage serait quasi-constant alors qu’on ne prend que peu de place en largeur. Car le problème est là : le code est adapté à l’utilisation dominante de la chaussée par la voiture et, en conséquence, à une présence rare et non déterminante du vélo.

    A mon sens, cela peut signifier une chose : à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Lorsque la réalité ne colle plus aux conditions de bases du cadre législatif, il est normal d’appliquer une tolérance que l’on pourrait nommer intelligence de circonstance, intelligence normalement à la portée de tout être humain. Malheureusement, la psycho-rigidité de certains organismes ou groupes d’usagers a tendance à mettre un frein à ce genre de réflexion, érigeant comme un dogme le droit d’engendrer les situations les plus absurdes et ridicules qui soient !

  7. Le cycliste intraitable

    Pour avoir participé à quelques rendez-vous de Vélorution, je me suis rendu compte qu’il n’y a pas que la circulation des cyclistes de front qui agace la police. Les masses critiques, rassemblements spontanés, font généralement pas grand cas des règles de circulation quand elles ne servent pas leur cohésion ou leur sécurité. Le statut de ces rassemblements est très ambigu : vraie manifestation ou circulation plus dense de cyclistes ?

    Les masses critiques sont avant tout un mouvement de désobéissance pacifique aux règles de partage de la voirie imposée par les partisans du tout-automobile.

    Pour ceux qu’Isabel Rochat veut mettre dedans, rappelez-vous ce que disait Gandhi : « Ils vous méprisent, ils vous combattent, et à la fin vous gagnez. »

  8. Thomas

    Dans les nombreuses règles que vous évoquez sur l’interdiction de rouler de front, je vois une confusion entre ville et route. Ce qui semble être une règle de sécurité acceptable hors agglomération, a beaucoup moins de sens en ville. Encore un exemple de règle du code de la route faite pour les bagnoles et inadaptée au partage de l’espace en ville, et que le code de la rue aurait oublié de réformer ?
    Quelle que soit la règle, il semble être du bon sens que lorsqu’il y a 10 fois plus de vélos que de voitures (cas d’une masse critique) les vélos prennent dix fois plus de places que les voitures, et donc ne se limitent pas à 10% de la largeur de la chaussée.

  9. baillecyclist

    Voici la règle :
    Article R431-7
    « Les conducteurs de cycles à deux roues sans remorque ni side-car ne doivent jamais rouler à plus de
    deux de front sur la chaussée.
    Ils doivent se mettre en file simple dès la chute du jour et dans tous les cas où les conditions de la
    circulation l’exigent, notamment lorsqu’un véhicule voulant les dépasser annonce son approche.
    Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux dispositions du présent article est puni de l’amende
    prévue pour les contraventions de la deuxième classe. »

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