Brutalité policière à la dernière masse critique de Montréal

Plusieurs participants de la masse critique de Montréal du vendredi 25 mars ont rapporté des actions brutales de la part des policiers. Le tout s’est passé vers 18h30 devant le métro Mont-Royal.

Les cyclistes circulaient de façon pacifique quand des voitures de police les ont encerclés. Les cyclistes ont obéi à l’ordre des policiers de se tasser vers la droite et de rouler deux par deux. Ils se sont légèrement tassés vers la gauche pour éviter les voitures stationnées. Un policier aurait averti spécifiquement une des cyclistes de se tasser vers la droite. Elle a ignoré et quelques secondes plus tard, sa voiture l’aurait coupée, puis percutée de facon intentionnelle.

Plusieurs cyclistes ont été embarqués par les policiers, certains parce qu’ils tentaient de filmer les événements. Les policiers auraient menacé les cyclistes qui s’approchaient. Pourquoi une telle violence de la part des policiers ? Les masses critiques, réunions festives de cyclistes, sont habituellement tolérées par les policiers.

Source : montrealavelo.wordpress.com

Message de Zboud sur velocia.ca : « La seule photo prise est, à ma connaissance, celle-ci, publiée sur facebook. On peut y voir le policier qui, quelques secondes plus tard, a dégainé son bâton télescopique et criant de circuler et que ça allait mal finir. Accessoirement, on voit aussi le passant qui filme avec son iPhone (en noir, avec les lunettes noires), qui a été embarqué quelques secondes après. Je suis sûr que si l’événement avait été grave (avec des blessés, je veux dire), des vidéos seraient en ligne. »

Témoignage de Yann Louvel sur cmaq

J’ai assisté vendredi dernier à l’arrestation remarquée de 3 cyclistes en plein centre-ville de Montréal, sur la rue Sainte-Catherine, devant des dizaines de témoins. Ces 3 cyclistes participaient à la vélorution ou masse critique, une manifestation festive mensuelle de cyclistes qui a pour but de promouvoir le vélo et tout autre moyen de transport écologique.

Tout avait pourtant bien commencé, comme d’habitude, à chaque dernier vendredi du mois au carré philips, coin Sainte-Catherine et Union. Une cinquantaine de cyclistes s’étaient rassemblés et s’échangeaient des autocollants et autres pamphlets d’information sur la place du vélo à Montréal. Certains avaient même trouvé le moyen d’attacher des plantes à leur monture, ou encore un palmier en papier sur le porte bagage! Il faisait beau, la température était idéale, bref, toutes les conditions étaient réunies pour une vélorution parfaite (à part la pollution de l’air, évidemment!).

Pour citer la définition de wikipédia : « La Vélorution (jeu de mots mélant vélo et révolution) est un mouvement dont le but est de promouvoir l’utilisation des moyens de transports personnels non polluants (bicyclette, patin à roulettes, skateboard). Tous les derniers vendredis du mois dans la plupart des pays (et tous les premiers samedis du mois en France), ces véhicules viennent en masse sur la route (d’où le nom anglais Critical Mass) afin de se réapproprier la route, le temps d’une manifestation au moins. »

Pour être plus précis, il faut ajouter à cela que la vélorution n’est pas une association ou un quelconque organisme structuré. Elle n’a ni membre, ni meneur. Juste un lieu de rencontre et un rendez-vous régulier, ainsi qu’un même idéal.

Des centaines voire des milliers de vélorutions ont donc lieu tous les mois simultanément dans le monde entier, de San Francisco, où le mouvement a démarré en 1992, à Tokyo en passant par Vilnius et Londres, comme on peut le voir directement grâce à des vidéos amateurs sur le site de YouTube (vous trouverez une liste par ville avec un lien direct vers les vidéos sur le site de la vélorution montréalaise au bas de ce message).

Tout avait donc bien commencé et la première rencontre avec la police fut une agréable surprise : les policiers présents gratifièrent les cyclistes de leurs… applaudissements! Incroyable mais vrai, le message passait même chez la police!

Malheureusement, quelques minutes plus tard, il fallait rectifier : « chez une certaine police, chez certains policiers »! Une autre voiture de police décida en effet de se mettre en chasse et de coller au cul du groupe de cyclistes, pleins gyrophares et sirènes hurlantes. Les occupants de cette voiture n’avaient manifestement pas le cerveau suffisamment irrigué pour comprendre le message vélorutionnaire! Cette supposition se confirma quand l’un des policiers à bord du véhicule se mit à beugler nerveusement dans ses hauts-parleurs un semblant de phrase ressemblant à peu près à : »Enwoye, on avance! » Une injonction plutôt iconoclaste quand on sait que le vendredi soir, en pleine heure de pointe, ce sont les voitures qui bloquent les vélos dans le centre-ville de Montréal, et pas le contraire!!!

Cette situation se prolongea quelques minutes, la police continuant de perturber insolemment le doux frou-frou des pots d’échappements et des klaxons, et puis, soudainement, plus rien. Les tympans à peine remis du nouveau « silence » qui s’instaurait progressivement, un cycliste rapporta l’affreuse rumeur et crainte collective à l’avant du groupe de vélorutionnaires : une cycliste était en train de se faire arrêter! Ni une, ni deux, le groupe entier stoppa net sa crourse et se mit en ordre de marche en sens opposé, circulant sur les trottoirs, vélos à la main, pour découvrir qu’effectivement, la police de Montréal était bien en train de rétablir l’ordre public en mettant hors d’état de nuire une dangereuse cycliste enragée qui était en train de distribuer sauvagement des tracts illégaux aux citoyens circulant sur les trottoirs de la rue Sainte-Catherine…

Pour la suite exacte des événements, je vous renvoie au message de charlieo sur CMAQ en anglais qui a directement assisté à la scène, ainsi, à nouveau, qu’au site internet accessible au bas de cette page et qui a été tendrement baptisé « enwoyeonavance.org » pour rendre hommage à la qualité du timbre sonore du plus valeureux agent de la Police de Montréal.

Pour conclure ce récit, il est juste nécessaire d’ajouter que, de par la bêtise de ces quelques agents de police au surplus de testostérone mal placé, une situation tout à fait calme et paisible se transforma en quelques minutes en situation chaotique extrêmement tendue qui, elle, a assurément perturbé l’ordre public du centre-ville de Montréal à une heure de grande affluence!!!

Lire aussi :  Le Code de la Rue 2016

D’OÙ, pour la partie analyse, les quelques réflexions personnelles suivantes :

La Police de Montréal n’a donc vraiment que cela à faire en ce moment que de s’en prendre à des cyclistes qui défilent pacifiquement dans le centre-ville de Montréal ??? Le comportement de la Police de Montréal à cette occasion a été complètement ridicule et totalement anachronique en ce début de XXI ème siècle! En effet, la pratique du vélo et son utilisation comme véritable moyen de transport quotidien constitue dans nos sociétés un comportement d’utilité publique qui devrait être reconnu et encouragé plutôt que réprimé! Faire du vélo améliore la santé, contribue à réduire la pollution sous toutes ses formes (atmosphérique, sonore, olfactive…). Le vélo constitue enfin un moyen de transport plus rapide que la voiture ou le transport en commun pour de courts trajets, particulièrement en plein centre-ville, et tout cela sans aucune émission de gaz à effet de serre! Au moment où le gouvernement fédéral renie l’engagement du Canada enver le Protocole de Kyoto qu’entend au contraire respecter le gouvernement du Québec, on ne saurait négliger cet avantage incontestable de la pratique du vélo comme véritable mode de vie. Mais dix mois après la dernière conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques qui s’est tenue ici même à Montréal, il semblerait que certains continuent à douter de la pertinence de la défense des intérêts des cyclistes en ville… La situation est pourtant critique et les rapports scientifiques s’accumulent sur l’état de la planète et la rapidité des changements climatiques. D’un point de vue purement scientifique, on pourrait donc considérer qu’il est carrément criminel de s’attaquer à des cyclistes quand on sait l’importance qu’ont tous les types de véhicules motorisés dans les émissions totales de Gaz à effet de serre et les changements de comportement à grande échelle qui devraient dors et déjà avoir lieu dans nos sociétés « civilisées ». Changements climatiques, au passage, dont le Canada est un des premiers pays à subir les conséquences dans ses hautes latitudes. Les inuits se mettent à acheter massivement des climatiseurs dans la baie d’Hudson et tout le monde a l’air de trouver cela normal… Mais il est vrai que la conduite quotidienne d’un véhicule est un moyen beaucoup plus politiquement correct d’exterminer les premières nations du grand nord canadien en rendant insoutenables leurs conditions de vie qu’un simple fusil de chasse (mais c’est un autre débat…).

Pour en revenir à la vélorution ou masse critique, celle-ci constitue donc un excellent moyen d’attirer l’attention sur la situation quotidienne des cyclistes dans la ville de Montréal. Si Montréal peut se targer aujourd’hui de compter de nombreux cyclistes et d’un certain nombre de pistes cyclables, certes insuffisant mais néanmoins existant, c’est précisément grâce aux vélorutions passées et autres actions menées dans les dernières décennies par le Monde à Bicyclette, une association reconnue dans le monde entier pour son travail et ses réalisations et dont Montréal devrait être fière.

Mais l’évolution de la société en ce sens est récente et commence tout juste à se faire sentir. On retrouve ainsi la diminution de la circulation automobile dans les centres-villes des grandes villes et la promotion des modes de circulation « douce » dans tous les plans les plus récents des différents paliers de gouvernement, du Plan de Développement Durable du Québec aux plans d’urbanisme des arrondissements, en passant par le Plan Stratégique de Développement Durable de la Ville de Montréal. Ces premières avancées, encore trop timides, témoignent malgré tout de l’évolution de la société et du fait que tout le monde semble s’accorder sur ce simple constat qui commence à faire enfin l’objet d’un consensus à travers toute la société québécoise, sauf pour la Police de Montréal! La réaction de certains agents de la police de Montréal nous prouve, s’il en était besoin, que si nous avons bien changé de millénaire, il apparaît clairement que certaines mentalités doivent encore évoluer…

Toutefois, il est intéressant de souligner que la Police de Montréal n’en ai pas à son premier essai avec la répression de la vélorution. En effet, il s’agit d’une récidive puisque celle-ci avait déjà jugé utile par le passé de perturber à deux reprises les masses critiques des mois d’avril et mai 2004, distribuant ses tickets à qui mieux-mieux… Sur un plan plus global, il est d’ailleurs très intéressant de constater que la répression des masses critiques semble être une pratique très populaire en Amérique du Nord, si l’on en juge par les vidéos accablantes de brutalité policière qui se sont déroulées à New York, Pittsburgh, Hollywood ou Winnipeg ces derniers mois, vidéos disponibles sur YouTube ou sur le site internet accessible indiqué ici-bas. Le fait que la réaction de la police soit la plus vive à travers le continent qui a le plus à changer quant à ses habitudes de transport quotidiennes invite en effet à la réflexion…

Mais pour finir avec une longue phrase, parce qu’on finit toujours avec une longue phrase:

Plutôt que de s’en prendre à des cyclistes qui tentent de promouvoir un mode de transport et un comportement responsables, la Police de Montréal devrait plutôt appréhender les conducteurs de gros Hummers, ces « tanks urbains », totalement irresponsables qui, eux, mettent vraiment en danger toute la population : les autres automobilistes circulant dans de plus petits véhicules en cas d’accident, les piétons et les cyclistes à qui ils ne donnent aucune chance de survie en cas de collison, et, à terme, eux-mêmes et leurs propres enfants de par leur pollution et leurs émissions de gaz à effet de serre!

Les dangereux cyclistes de la masse critique de Montréal (2008 – mtlcyberpunk)

10 commentaires sur “Brutalité policière à la dernière masse critique de Montréal

  1. cycliste alcoolique

    J’en ai eu fait 2-3 à Montréal.
    Toujours très bien passé.

  2. cycliste alcoolique

    Le parti au pouvoir dans ce quartier ca « investiguer »

  3. echomag

    Bravo et merci pour l’article. Nous avons également quelques soucis avec la police à Genève, Suisse, mais jamais (pour l’instant) aussi grave.

  4. Halau

    On a aussi eu quelques problème avec la police à Bruxelles mercredi lors d’une masse critique exeptionnelement organisée par « 100 days to palestine ».

  5. Chibibo

    Bizarrement, ce n’est pas juste les vélorutions qui sont touchées par la brutalité policière. C’est toutes les manifestations qui vont à l’encontre des idées du gouvernement et des « bonnes » habitudes de vie des citoyens. Comme quoi, il faudrait vraiment que la police de Montréal soit plus ouverte.

  6. stefanopoulos

    A croire que les policiers n’ont pas d’enfants. Ou se moquent de l’air que respirent leurs enfants.

  7. CP

    Bonsoir,
    J’ai ete la victime hier dans Paris d’un cinglé en voiture.
    Il m’a volontairement foncé dessus. Sans dommage pour moi heureusement ‘roue arriere bien voilée et dérailleur décalé de son axe). c’était à la sortie de metro République cote Turbigo à 9h du matin environ, pas de témoin (!) personne pour me demander si j’allais bien. J’ai déposer plainte et le verdict est: violences volontaires aggravées. Il va y avoir confrontation. Sans témoin, comment puis je prouver la véracité de ma version en sachant qu’au vue du comportement de mon agresseur, il niera évidemment ?
    Merci de votre réponse ou conseil.

  8. Laurent

    Contact le GRACQ : Les Cyclistes Quotidiens ASBL | rue de Londres 15 | 1050 Bruxelles | T. 02 502 61 30 | info@gracq.org

    C’est la principal association francophone de cyclistes de Belgique. Bien qu’ils ne soit pas situé en France, je pense qu’il se feront un plaisir de t’aider. Ils ont un système d’assurance juridique pour les affiliés donc ils doivent avoir du personnel compétent pour te donner les conseils de base pour résoudre ton soucis.

    En espérant que ça puisse t’aider. N’oublie pas de nous donner des nouvelles.

  9. Peter

    La famille d’une victime poursuit la ville de Gatineau et l’agent Pierre francois Blais
    Agence QMI
    07/07/2011

    OTTAWA – La famille d’un homme, qui a été abattu par la police il y a trois ans, poursuit la Ville de Gatineau et l’officier qui a tiré les coups de feu.
    « Nous voulons encore la justice », a déclaré jeudi Donna Leclair. Son frère David Leclair, âgé de 35 ans, est mort le 28 juin 2008.
    Il a été abattu devant le domicile de sa mère, alors qu’un policier répondait à un appel dans le secteur Aylmer.
    Le policier de Gatineau, Pierre-François Blais, qui a frappé David Leclair avec une matraque, l’a aspergé de poivre de cayenne et a tiré trois fois sur lui, dont une fois dans le dos, a été blanchi par la Sûreté du Québec.
    Le policier a soutenu que David Leclair s’était emparé d’un pied de biche lors de la confrontation, mais les témoins disent qu’il était désarmé.
    « Il n’a pas seulement enlevé la vie de David, il a détruit toute notre famille. Cela ne devrait pas arriver à qui que ce soit », a ajouté la sœur de la victime.
    Après trois longues années à attendre d’obtenir justice et des demandes répétées pour la tenue d’une enquête publique, la famille Leclair a déposé le 23 juin dernier une poursuite civile de 430 000 $.
    « Nous ne faisons pas cela pour des gains financiers. Nous voulons la justice. Si c’est la façon qu’ils ont de nous entendre et bien, c’est notre façon de nous faire entendre », a déclaré Donna

  10. Kari

    Pour faire suite à cette histoire triste et déchirante de David Leclair:
    Un agent de la Police de Gatineau Pierre Francois Blais aurait frappé une femme de 73 ans et tué son fils en lui tirant une balle dans son dos, et tout cela devant elle.

    article:

    La famille de David Leclair, cet homme abattu par un policier de Gatineau, en 2008, poursuit la Ville et l’agent impliqué pour 430 000 $.

    La requête a été déposée à la Cour supérieure le 23 juin dernier, trois ans après les événements. Elle vise à réparer les dommages causés par le décès de l’homme de 35 ans.

    Le 28 juin 2008, le policier Pierre-François Blais a ouvert le feu sur M. Leclair, lors d’une intervention qui visait d’abord à calmer le jeu dans une chicane conjugale, dans le secteur Aylmer.

    L’agent Blais, seul, s’était présenté à la résidence de la victime, au 16, rue de Conroy, dans le secteur Aylmer, pour répondre à une plainte de violence conjugale déposée par l’ancienne conjointe de M. Leclair.

    Selon la famille, le policier a utilisé le poivre de Cayenne, avant de tirer à trois reprises, atteignant à chaque fois David Leclair. Un des projectiles a été tiré alors que la victime avait le dos tourné. Le policier Blais a été blanchi par l’enquête indépendante de la Sûreté du Québec.

    La famille avait trois ans, soit jusqu’au 28 juin dernier, pour déposer une requête devant la Cour supérieure.

    « On ne le fait pas pour l’argent, mais pour la justice. On entreprend toutes les actions légales possibles », explique Donna Leclair, la soeur de David. La famille Leclair a multiplié les recours légaux, politiques et médiatiques, demandant la tenue d’une enquête publique, des excuses du corps policier, un blâme envers l’agent visé et l’intervention de l’Assemblée nationale.

    « Présentement, David est mort pour rien, poursuit Mme Leclair. On ne peut pas oublier et ignorer cela. Si c’est la seule façon d’être entendus et d’avoir des réponses, on va aller jusqu’au bout. »

    David Leclair a été abattu devant le domicile de sa mère. La famille maintient que l’agent a frappé David Leclair avec une matraque, l’a aspergé de poivre de Cayenne et a tiré les trois coups de feu. Les versions de la famille et du service de police diffèrent, à l’effet que David Leclair ait empoigné ou non un pied-de-biche au moment où la situation s’est corsée.

    La Ville de Gatineau n’a pas commenté le dossier judiciaire.

    Par ailleurs, l’agent Pierre-François Blais aurait été cité à comparaître devant le Comité de déontologie policière pour répondre de ses actes
    (10 accusations)

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