Les députés UMP sont des imbéciles (suite)

Surréaliste! Une poignée de députés UMP vient de déposer à l’Assemblée Nationale une proposition de loi « relative à l’obligation de prudence incombant aux piétons lors de la traversée de la chaussée ». On savait déjà, avec la voiture électrique, que les députés UMP étaient des imbéciles. On en a une nouvelle preuve avec cette proposition de loi prétendant lutter contre la « pénalisation toujours plus forte des automobilistes« .

Certains luttent pour la « dépénalisation du cannabis ». Les députés UMP luttent quant à eux pour la « dépénalisation de l’automobiliste »…

Vous vous demandiez peut-être à quoi servent nos députés… Maintenant, vous le saurez, à faire voter des lois honteuses dont on jurerait qu’elles ont été écrites par le lobby automobile. Ils sont 54 députés UMP à avoir proposé cette loi à l’Assemblée Nationale le 13 avril 2011. Il faut que leur nom soit connu et largement médiatisé (voir en fin d’article la liste des 54 députés de la honte).

Quel est leur propos? Lutter contre le décret du 12 novembre 2010 n° 2010-1390 (Journal officiel du 16 novembre 2010, texte 15) qui modifie plusieurs dispositions du code de la route, dont certaines relatives aux droits et obligations du piéton. En l’occurrence, ce décret présente une avancée certaine pour les droits du piéton, en particulier en précisant que « les piétons sont désormais prioritaires partout ».

C’est là une provocation phénoménale et insupportable pour les automobilistes: le piéton devenant prioritaire partout, l’automobiliste est tenu de le laisser traverser partout, y compris en dehors des passages piétons!

Ce nouveau droit apparaît en effet, pour ces 54 députés, comme « un excès de protection qui a, pour conséquence première, de pénaliser toujours davantage les automobilistes par des règles de plus en plus contraignantes et floues à la fois« .

En outre, autre gros problème pour ces députés, « le conducteur qui ne satisfera pas à cette nouvelle règle pourra désormais être verbalisé d’une amende de 135 euros et perdre 4 points sur son permis. »

Non seulement l’automobiliste doit s’arrêter pour laisser passer les piétons, mais il doit payer 135 euros et perdre 4 points sur son permis de conduire s’il ne le fait pas! C’est carrément insupportable pour les automobilistes!

Mais attendez, la bêtise de ces députés ne s’arrête pas là. En découvrant leur proposition de loi, on peut lire des perles comme par exemple celle-ci: « un piéton traversant hors des clous représente un réel danger, quoi qu’il arrive, notamment car les véhicules risquent de devoir freiner brutalement en pleine rue dès qu’un piéton apparaît sur la chaussée« . Ils auraient pu préciser que les automobilistes devront désormais donner des grands coups de volant pour éviter les piétons et foncer dans le décor à 110 km/heure pour éviter de les tuer…

Lire aussi :  Quand le pédalage à vélo permettra de faire rouler les voitures

Le reste est l’avenant. Selon eux, ce décret est une « mesure sans aucun fondement et qui ne présente aucune sécurité juridique« . Et l’objectif des députés est très clair: « la responsabilité du piéton doit être engagée s’il n’a pas respecté les règles élémentaires de prudence« . Sauf qu’on ne dit pas ici ce qu’est la prudence… Laissez-moi deviner: être prudent pour un piéton, c’est traverser une fois que toutes les voitures sont passées?

Et tout ceci pour en arriver à une nouvelle loi qui, tenez vous bien, n’aurait qu’un seul article, dont je vous livre ici même le contenu:

Article unique

Après l’article L.412-2 du code de la route, il est inséré un article L. 412-3 ainsi rédigé :

« Art. L.412-3. – Les piétons qui empruntent ou traversent la chaussée doivent le faire avec prudence sur les passages protégés prévus à cet effet. En cas d’absence de ces derniers, ils doivent en manifester précisément l’intention en présence d’un véhicule. »

Problème! Que disait le décret du 12 novembre 2010? « Tout conducteur est tenu de céder le passage, au besoin en s’arrêtant, au piéton s’engageant régulièrement dans la traversée d’une chaussée ou manifestant clairement l’intention de le faire ou circulant dans une aire piétonne ou une zone de rencontre« .

Nuance de taille! Dans l’esprit des députés automobilistes, le piéton ne peut traverser que s’il prévient l’automobiliste, en « manifestant précisément son intention » de traverser. On peut supposer que l’automobiliste attend donc un petit geste de la main, une pancarte écrite ou un cri désespéré du piéton: « je voudrais bien traverser! »

Si vous avez un peu de temps à perdre, vous irez consulter vous-même cette faramineuse proposition de loi sur le site de l’assemblée nationale:

http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion3343.asp

Liste des 54 députés qui ont osé déposer cette proposition de loi honteuse: Alain SUGUENOT, Dino CINIERI, Jean-Marc NESME, Philippe COCHET, Michel SORDI, Henri PLAGNOL, Alain MARLEIX, André WOJCIECHOWSKI, Daniel FIDELIN, Josette PONS, Loïc BOUVARD, Anne GROMMERCH, Jean-Michel COUVE, Jean-Luc REITZER, Louis COSYNS, Bernard PERRUT, Jean-Marc ROUBAUD, Michel RAISON, Alfred TRASSY-PAILLOGUES, Jean-Louis LÉONARD, Dominique DORD, Alain GEST, Jean-Charles TAUGOURDEAU, Daniel SPAGNOU, Patrice CALMÉJANE, Marc FRANCINA, Patrice VERCHÈRE, Philippe MEUNIER, Lucien DEGAUCHY, Jean-Claude BOUCHET, Georges GINESTA, Jacqueline IRLES, Patrick BEAUDOUIN, Jacques MYARD, Fernand SIRÉ, Jean-Pierre NICOLAS, Louis GUÉDON, Michel VOISIN, Geneviève COLOT, François GROSDIDIER, Bernard BROCHAND, Jacques REMILLER, Edwige ANTIER, Jean-Claude MATHIS, Arlette GROSSKOST, Jean-Marie SERMIER, Jean-François CHOSSY, Christian MÉNARD, Bernard GÉRARD, Alain MOYNE-BRESSAND, Gérard VOISIN, Bruno SANDRAS, Lionnel LUCA et Olivier DOSNE.

8 commentaires sur “Les députés UMP sont des imbéciles (suite)

  1. LEGEOGRAPHE

    Je le craignais dès le début…

    Très bonne icône pour illustrer l’article, avec les scarabées (sans la même carapace que les voitures).

    Franchement, avez-vous vu un changement global avec la loi de 2010 ? Plein de gens n’étaient pas au courant quand je leur en parlais. D’autres l’étaient et se plaignaient de ladite loi.
    Enfin, quelques automobilistes font parfois même marche arrière quand ils ont mordu sur mon passage piéton avant d’arriver à un carrefour, afin de me laisser passer, piéton. Eux me rendaient heureux, j’avais le sourire, pour une fois, de voir de tels automobilistes prendre conscience que leur truc était beaucoup trop gros, trop massif, trop lourd par rapport à un humain…

  2. LGV

    Le pire c’est qu’ils ne sont pas stupides ; ce serai plus facile mais ils ne le sont pas. Fidèles à leurs lobbies ils veulent inverser la sensation de dangerosité. Certains commencent même à croire sincèrement leur bourrage de crane, et vous pouvez désormais entendre dans les diners, certains se croyants intelligents, répéter les aneries dictées : un enfant qui traverse la rue en courant EST le vrai danger et non pas l’automobiliste qui rentre de son déjeuner bien arrosé, la clope au bec, une mais sur le volant et l’autre qui tient le téléphone…

  3. Yôm

    Tout comme aux Etats-Unis, s’il y a tant de morts par balle, ce n’est ni la faute aux fabriquants et commerçants d’armes à feu ni à ceux qui les achètent et s’en servent mais aux crétins qui sortent de chez eux et qui plus est, sans gilet pare-balle!
    Connards de députés.

  4. Nicolas

    Quand on a cette conception de la ville, on lui adjoint forcément son pendant : le pavillon/jardin, havre idéalisé, mais générateur de trafic quotidien. Et la boucle est bouclée…

  5. Rogiero

    C’est fou, criminel, irresponsable… Honteux!!

    L’autre jour, j’étais avec mon amie près de la Bastille. Après un bon repas (même pas arrosé, sic!!), nous avons décidé de rentrer à pied à la maison, à Nation. Marcher, ça favorise la digestion et ça permet de se détendre un peu, et puis quand on ‘aime bien flâner…
    Bref, nous nous apprêtions à traverser la rue du Faubourg Saint-Antoine, quand un espèce de chauffard, un criminel, il n’y a que ce mot qui me vient à l’esprit déboule à une vitesse inouïe. Je précise pour ceux qui connaissent Paris, que nous étions à peu près au niveau du Bar Latino (dont le nom m’échappe…) et lorsque j’ai jeté mon premier regard en direction de la rue Ledru-Rollin, ce chauffard semblait très loin (plusieurs centaines de mètres), mais déjà on entendait le bruit assourdissant de son moteur. J’ai stoppé net et j’ai bloqué mon amie qui avait décidément les idées ailleurs et commençait à s’engager sur la chaussée…
    Bref, il n’a pas fallu deux secondes pour voir débouler ce bolide devant nous, avec au volant deux imbéciles, cheveux gominés, chemises ouvertes, montre en or qui brille (une rollex, bien sûr), cette engeance décomplexée qui a droit à tous les honneurs de notre République irréprochable. C’est sûr, dans cette France qui se lève tôt, on partage le même idéal… Posséder! Oui, posséder de grosses cylindrées pour véhiculer son désir de puissance et étaler aux yeux de tous sa capacité de jouir sans entraves. Qu’on se le dise l’homo-economicus, stade ultime de l’évolution, né avec un volant dans les mains. Sa constitution le place au-dessus de toutes les créatures et ses droits sont au-dessus de ceux de l’homme aux pieds nus.

    On le pressent, le problème soulevé par Marcel Robert est grave, central, au cœur même des enjeux de ce monde.

    Mon témoignage, certes caricatural, illustre les ravages de ce sentiment d’impunité qui s’exprime, parfois sur les routes, comme récemment avec ce conducteur ivre qui a fauché la vie de trois personnes à un arrêt de bus et contre lequel la société semble bien désarmée…

    Pour faire écho à l’indignation de l’auteur, ne faudrait-il pas rappeler à nos élus que les routes (hormis quelques exceptions) sont un espace public où la citoyenneté doit aussi s’exercer? …Mais comment?
    La privatisation des transports (i.e. les infrastructures de transport, la voirie, les constructeurs privés de transport…) et la médiation des déplacements par l’usage de véhicules motorisés n’ont-ils pas totalement fait disparaître de notre conscience la primauté des droits de l’homme même en matière de mobilité sur les intérêts privés? Dans la mesure où aucune instance publique ou collective, digne de ce nom, n’est en capacité de faire valoir l’expression des besoins et des aspirations citoyennes dans les décisions qui touchent à l’architecture des transports et à leur usage, il ne faut pas s’étonner d’une possible complicité entre nos chers élus et les lobbyistes de tout poil.
    Il s’agit d’investir les débats publics sur les aspects qui conditionnent la vie en société pour garantir nos droits individuels et réactualiser les principes de notre constitution et de notre contrat social. Quels sont donc les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme dans l’ère urbaine (ou aire urbaine, pour spatialiser notre propos) ?? Je rappelle que selon l’ONU, la population urbaine dans le monde, qui a atteint 3,4 milliards de personnes en 2008, est égale pour la première fois de l’histoire humaine à la population rurale. Il n’est pas inutile aujourd’hui de se poser cette question, car à l’heure de la mondialisation des échanges, la technologie et l’influence des grandes multinationales dominent autant nos consciences que nos habitudes. N’avez-vous d’ailleurs jamais remarqué à quel point les débats sont circonscrits au champ congru de l’espace-temps médiatique où ne s’expriment finalement que des échanges d’opinions politiquement correctes qui ne font que centrer notre attention sur l’idéologie dominante et l’intérêt des classes dominantes?
    Le premier article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen s’énonce ainsi: « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »
    Qui définit l’utilité commune, si le peuple n’a pas voix au chapitre? Peut-on accepter avec l’avènement de l’ère urbaine que l’accès à la propriété d’un moyen de transport (ou tout simplement le droit d’accès au système de transport) devienne l’appendice essentiel qui confère à l’Homme sa pleine capacité à exercer sa citoyenneté dans un hypothétique nouvel ordre social, mondial?
    On commence juste à voir ce qui perce derrière l’injonction à la mobilité dans la bouche des élites… En achetant ma grosse cylindrée, je m’approprie un droit d’usage de la voirie et des routes, à la condition, bien sûr, d’avoir les moyens de payer du carburant et l’entretien du véhicule. De cet espace circulatoire seront exclus tous les saltimbanques aux pieds nus! Et grâce à Nathalie Km, j’aurai plus de droit que ce pauvre type qui a hérité de son vieux tacot, exclu de fait des ZAPA… Logique!
    LM

  6. tichit

    Allez dire aux enfants qu’il faut faire un signe avant de passer les clous, chers députés de mes couilles.
    Mais j’imagine que les votres ne posent leur petits culs qu’à l’arrière de vos grosses voitures financées par l’argent public…
    PS: désolé pour les insultes, mais trop c’est trop 😉

  7. Le cycliste intraitable

    Cette proposition d’article est parfaitement exploitable à notre profit pour les bouffeurs de bagnoles que nous sommes.

    Rien de plus efficace qu’un regard ferme dans les yeux du conducteur et si possible un signe clair enjoignant l’arrêt pour imposer sa priorité sur des passages piétons. Une fois le conducteur de gauche « maîtrisé », regarder à droite pour immobiliser le conducteur arrivent dans l’autre sens et c’est gagné.

    D’une certaine manière, j’applique cet article proposé par des députés de droite « imbécile » depuis que je suis devenu anti-voiture et que j’estime être prioritaire à un passage piéton, ou s’il n’y a pas du tout de passage piéton. Et je ne me suis jamais autant senti en sécurité. La grande majorité des automobilistes se plient au regard d’un piéton qui veut traverser.

    Il faut sortir du postulat : « Les automobilistes sont pressés, il ne faut pas les ralentir », manifestation la plus flagrante du complexe de lenteur qui explique également que tant de cyclistes roulent trop à droite en croyant bien faire, alors qu’ils se mettent en danger en incitant les usagers plus rapides et plus encombrants à être dépassés. Cela demande un peu de courage, mais on circule tellement plus sereinement…

    À vélo, c’est déjà insupportable les piétons qui traversent « au bruit » sans regarder à gauche.

    Mon expérience de musicien m’a montré qu’un chœur ou un orchestre qui joue « à l’oreille » a de grandes chances de finir en cacophonie. Mes chefs successifs n’ont cessé d’insister pour qu’on les regarde, plutôt que de rester le nez sur la partition.

    Le regard est l’arme de l’usager non motorisé, et savoir l’utiliser à son avantage est quelque chose que trop peu savent faire.

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