Non à l’asphaltage des chemins et des voies vertes

L’AFPAS, l’association pour la protection des animaux sauvages, dénonce, depuis 2007, l’asphaltage des chemins. La France, tout comme de nombreux pays européens, orchestre depuis quelques années la destruction de nos chemins. Sous prétexte de développer les transports doux et le tourisme rural, les élus urbanisent nos campagnes et l’asphalte envahit les paysages.

Sorte de chemins des temps modernes, les voies vertes doivent être larges de 3 mètres, dotées d’une pente inférieure à 3% afin d’être accessibles à tous les usagers. Aujourd’hui, il existe environ 4800 km de voies vertes et de véloroutes en France et l’Association française des voies vertes (af3v) souhaite atteindre les 10.000 km.

À première vue, l’idée est excellente. Mais, en réalité, ce projet ambitieux comprend un problème principal: l’asphalte. Aujourd’hui 65% des voies « vertes » sont asphaltées.

3100 km de chemins, soit l’équivalent en superficie de 1860 terrains de football ont été dénaturés. Les autres sont faites de sable plus ou moins compacté. Outre les travaux requis pour la création d’une « voie verte » (creusement, arrachage des haies, comblement des fossés,…), qui nuisent à l’équilibre de la biodiversité, il faut savoir que la surfréquentation porte également atteinte à la tranquillité de la faune sauvage déjà reclus dans des espaces de plus en plus restreints.

Plus un lieu est aménagé, plus il attire de monde et plus il attire de monde, plus il est aménagé. Après le passage de l’asphalteuse, certains réclament déjà des cabanons de location de vélos, de rollers, des toilettes, des stations de gonflage de pneus, des lampadaires…

Des aménagements en contradiction avec les objectifs annoncés : si l’objectif des voies “vertes” avait été la promotion des transports doux, la décongestion des villes et la réduction de la pollution (comme cela est annoncé), alors elles auraient été préférentiellement aménagées en zone urbaine. Or, 70 % des voies “vertes” françaises sont aujourd’hui en campagne. Les aménageurs justifient l’asphaltage en prétextant l’accessibilité des voies vertes pour les rollers et les personnes à mobilité réduite. Un sondage effectué par l’ASPAS en partenariat avec l’Association des Paralysés de France a montré que les personnes handicapées ne sont pas systématiquement favorables à la destruction de la nature pour leur en faciliter l’accès. Leurs revendications portent davantage sur l’aménagement des infrastructures urbaines.

Lire aussi :  Naissance et évolution de la lutte cyclo-militante à Montréal et à Paris

Un projet coûteux : 1 km de voie “verte” coûte en moyenne 40 000 euros. La création de 10.000 km de voies “vertes” en France s’élèverait donc à 400 millions d’euros, le double du budget attribué à la protection de la biodiversité et des milieux par le ministère de l’Ecologie.

Pourquoi un projet aussi coûteux est-il soutenu par l’Europe, l’Etat et les collectivités, alors qu’il y a si peu de budgets consacrés au développement des réseaux de transport en commun, du covoiturage… des enjeux écologiques vitaux ? C’est contre ce bétonnage de la nature que l’ASPAS et le « collectif pour la défense de nos chemins » s’élèvent aujourd’hui.

> Télécharger la brochure « Protégeons nos chemins » (pdf),
signer la pétition en ligne, commander le dossier complet des voies vertes… C’est ICI.

6 commentaires sur “Non à l’asphaltage des chemins et des voies vertes

  1. LEGEOGRAPHE

    Bon article, la question est délicate (j’avais pensé sur ce sujet, mais ma connaissance de ces voies vertes est limitée, ainsi que ma connaissance des souhaits des PMR).

    A ce sujet, pouvez-vous, SVP, nous donner un lien vers les résultats de ce sondage effectué par l’ASPAS, dont vous nous parlez ici ?

    « Un sondage effectué par l’ASPAS en partenariat avec l’Association des Paralysés de France a montré que les personnes handicapées ne sont pas systématiquement favorables à la destruction de la nature pour leur en faciliter l’accès. Leurs revendications portent davantage sur l’aménagement des infrastructures urbaines. »

    Personnellement, j’ai un vélo de course et j’ai quand même réussi à rouler sur les voies vertes non asphaltées : il suffit juste de rouler à 15 km/h ou moins, donc de ne pas appuyer trop fort sur la pédale.
    Bon, c’est sûr que je ne suis pas autant bloqué que les rollers et les PMR…

  2. Luc

    Il y a en France 893 300 km de routes asphaltées. Les voies vertes asphaltées ne représenteraient que 10 000 km, soit environ 1% de la surface asphaltée pour les routes (et encore si on rajoute les parkings voitures ça grimpe plus !). De plus les largeurs sont moindres que les routes (2,5 m suffisent contre 6m pour une route ou 18 pour une autoroute).

    Je crois que certains se trompent de combat… Et si l’asphalte dérange on peut proposer des alternatives comme le béton bi-bandes ou des revêtements durs plus « écolo ».

  3. Robin

    Effectivement, la question posée par cet article est juste et la réponse délicate.

    Au vue de ma modeste expérience voilà ce que je dirais :
    – l’exces d’aménagements (parking, sanitaires, lampadaires…) en vue de faire du tourisme pur est regrettable. Je me suis fait la même reflexions en allant voir ce qu’ils viennent de faire dans mon coin (d’Arras à Doullens). La voie verte devient la caution écolo d’un système pas du tout écolo…
    – je pense qu’il faudrait surtout valoriser les déplacements utilitaires. Ex : axes pénétrants dans les agglo pour les gens qui vont travailler/faire leurs courses
    – sur ces déplacement utilitaires (cf en allemagne) il me semble souhaitable d’asphalter : pouquoi les automobilstes deviendraient soudainement écolo en refusant pour des vélos (un bon revêtement) ce qu’ils demandent en autoroute, rocades et parkings, bien plus polluant quant à eux qu’une voie verte même asphaltée..
    – pour les PMR et les poussettes un chemin goudronné est plus agréable qu’un chemin qui inévitablement sera plein de trou et de flaques d’eau au bout de quelques années.
    – pour ce qui est du tourisme, je préfère une véloroute sur petites routes de campagne qu’une ancienne voie de chemin de fer goudronnée.

  4. LEGEOGRAPHE

    A mon humble avis,ce n’est pas se tromper de combat si l’on considère que la route doit être débarrassée des voitures.

    Mais je suis d’accord avec vous, Luc, pour dire qu’il ne faut pas faire la demande d’arrêter l’asphalte des voies vertes pendant que l’on continue à polluer avec voitures et compagnie sur les routes…

    Mais si les routes deviennent nôtres (piétons, vélos, PMR, rollers, skates, trottinettes), il est très clair qu’on arrête la surenchère du coulage d’asphalte. Militer pour la fin de ce coulage passe à mon avis par le respect de la nature sur ce qui a déjà été fait d’affreux : les routes. On n’a même pas besoin d’aménagement de voies parallèles si l’on reconquiert les routes (bien souvent, la voie verte n’est qu’en parallèle d’une route nationale ou départementale, là où on pourrait très bien se passer d’un tel circuit si l’on avait la route pour nous).

    Ce combat pour l’arrêt de l’asphaltage pourrait très bien être le combat pour l’arrêt des voitures, justement (mais vous avez raison, Luc, ce n’est pas dit dans l’article, ce doit être explicite, sinon c’est effectivement le piège idéal pour se tromper de combat)… En fait, c’est comme ça que m’était venue la réflexion il y a un an environ.

    De surcroît, il faut savoir que les voies vertes sont implantées très souvent en des endroits où il y eut autrefois des trains. Alors, on a nos tracés ferroviaires tout choisis si l’on veut remettre du chemin de fer dans ces endroits (c’est pour cela que la pente des voies vertes respecte déjà les 3%, car les PMR ne sont pas les seules à avoir des problèmes avec les pentes : il y a aussi les lourds trains !).

  5. apanivore

    Pour des raisons évidentes de confort je préfère rouler sur l’asphalte.

    Mais il faut savoir faire des concessions, ce combat est tout à fait justifié. On connait les méfaits de l’imperméabilisation des sols et la composition douteuse des bitumes, dont les variantes écolo, le sont surtout dans les prospectus des fabricants.

    Il n’y a pas de mauvais combat, ni de cause trop « petite » pour ne pas être défendue.

    N’utilisons pas les excuses faciles du genre : il y en a qui sont pires que moi donc je ne m’améliore pas. Excuse courante dans les négociations sur la réduction des émissions de GES par exemple… on voit le résultat.

  6. Legeographe

    @ Apanivore : … ce qui n’empêche pas, en lieu et place de la voie verte, de réclamer la route. C’est un peu comme les pistes cyclables sur le trottoir. C’est de l’emmerdement à piétons, ces pistes sur trottoirs. Alors que le chieur le plus emmerdant reste la voiture. Mais bon, dans ces réflexions où l’on emmerde le piéton sur les trottoirs ou bien sur ces voies vertes où le cycliste aura du mal à rouler avec un vélo de route, vélo que les voitures aimeraient bien voir relégué sur la voie verte, il y a le manque de courage… Ces réflexions sont des solutions qui ne froissent pas le plus grand nombre. On change à la marge là où l’on peut gratter un peu… Le piéton, par exemple, se fait gratter un peu plus de sa place (bah, le piéton, de toute façon de nos jours, il n’existe plus, il prend les TEC ou la voiture dès qu’il y a 800m à faire…). Le vélo se voit offrir un beau chemin pour que la communauté de communes soit étiquetée bon élève écolo et il se fera ainsi klaxonner par toutes les voitures s’il reste sur la route asphaltée…

    La petite cause, en effet, pose bien la question du bien-fondé de la voie verte. Oui, la pente inférieure à 3%, c’est un très bon point pour l’accessibilité aux PMR. Mais le reste : fallait-il créer un espace à coups de pépètes ? Alors qu’investir massivement pour offrir une alternative qui ne relève pas du tourisme (la voie verte, ce n’est que rarement pour amener les cyclistes de leur maison à leur lieu de travail… c’est ce que disait Robin, dans son commentaire), ça demande des sous aussi (nouvelles lignes de bus, de TER), mais c’est vraiment une nouvelle donne pour le trafic dans son ensemble !

Les commentaires sont clos.