Conférence vélo de Mikael Colville-Andersen à Montréal: les quatre façons de promouvoir le vélo urbain

À Montréal au début juin se tenait la Féria du vélo, le grand rendez-vous annuel des cyclistes de la métropole alors que quelques dizaines de milliers d’entre-eux en ont profité pour parcourir la ville lors du Tour de l’Île et du Tour la nuit dans des parcours où les automobiles étaient interdites. J’en ai profité pour assister à la conférence Quatre façons de promouvoir le vélo urbain que donnait Mikael Colville-Andersen, le blogueur de Copenhagenize et fondateur des blogues Cycle Chic, à la Grande bibliothèque (GB).


La conférence

Jean-François Pronovost et Suzanne Lareau de Vélo Québec ont d’abord pris la parole. Le vp développement et affaires publiques a présenté le conférencier comme étant un « anthropologue du vélo » alors que la pdg a mentionné que le Copenhaguois possédait une vision du vélo en ville similaire à celle de Vélo Québec.

Puis, la star s’est pointée le bout du nez sur la scène, accueillie pas les applaudissements chaleureux d’une foule enthousiaste. Le « pape du vélo urbain » tel que surnommé par le journaliste Gabriel Béland dans le quotidien montréalais La Presse, allait commencer sa messe et ses fidèles l’écoutaient religieusement.

Décontracté, sympathique, l’air un peu gamin, voire espiègle, Mikael Colville-Andersen, appelons-le Mikael le temps de ce billet, a pris la parole tout en présentant un PowerPoint contenant des images de Copenhague, ville où il habite.

Il a débuté par dire que Montréal possédait des atouts qui pouvaient faire l’envie de d’autres villes. Il reconnaît que certaines solutions, préconisées par d’autres, s’appliquent très bien en Europe, mais pas vraiment en Amérique du Nord. Il a passé son enfance sur un vélo, comme bien d’autres jeunes, avant que ne s’installe une culture de la peur envers le vélo. Il dit que les gens de Copenhague trouvent bizarre qu’il parcoure le monde afin de parler de vélo urbain, une chose si naturelle dans sa ville d’adoption.

D’entrée de jeu, il affirme qu’il n’y a pas de cyclistes à Copenhague. L’homme aime piquer la curiosité. Tout le monde l’écoute. Il présente ensuite des images d’avocats, de familles, d’une personne âgée, d’un couple et de gens qui roulent à vélo en hiver (80 % des gens qui roulent l’été à vélo à Copenhague roulent l’hiver également). Selon lui, il ne faut pas dire que 500 000 cyclistes se déplacent à Copenhague. Le mot « cycliste » est un terme inadéquat. On parle plutôt de gens ordinaires qui utilisent simplement un vélo pour se déplacer.

Bon là, je suis parti pour vous décrire en détails ce qu’il a dit, ce qui serait un peu trop long. J’ai pris pas mal de notes tout au long de la conférence. Mais comme le but n’est pas de vous transcrire tout ce qui a été dit, je serai bref pour le reste. Voici donc un aperçu des quatre façons de promouvoir le vélo urbain telles que présentées par Mikael.

1-A2B-ism : Get me there quick

Autrement dit, les cyclistes sont plus susceptibles d’adopter le mode de transport qui est le plus efficace. Si c’est le métro, alors ce dernier sera privilégié par une grande part de la population. Si c’est l’auto, idem et même chose pour le vélo. Il faut comprendre la nature humaine, voilà tout. Des infrastructures adéquates sont également nécessaires, bien entendu.

Les principales raisons pour lesquelles les Copenhaguois utilisent le vélo sont parce que c’est :

  • facile et rapide (56 %);
  • un bon exercice (19 %);
  • abordable (6 %);
  • bon pour l’environnement (1 %).
Lire aussi :  Les automobilistes préfèrent les cyclistes avec un casque

2- Applying basic marketing techniques to urban cycling

Appliquer les techniques de base du marketing au cyclisme urbain. Il faut vendre le vélo urbain comme étant glamour, abordable, noble, sans trop efforts, ordinaire même, dans le bon sens du terme. Trop souvent, le vélo est présenté comme étant difficile, dispendieux, dangereux, faisant transpirer et appartenant à une culture alternative.

Il cite Apple comme étant une « hero brand ». « Tout le monde veut un iPhone. Pas parce qu’ils en ont besoin. Ils savent seulement qu’ils veulent un iPhone et télécharger des dizaines d’applications! »

Il propose de mettre les avertissements des publicités de tabac sur les publicités pour automobiles, les messages ayant à peine besoin d’être adaptés.

3- Stop Ignoring the Bull

Hum… comment traduire de façon pas trop littérale sans perdre le sens de l’affirmation. Le problème, c’est l’auto qui prend trop de place. Il faut prendre le problème par les cornes et le castrer au besoin plutôt que d’enrouler les piétons et les cyclistes de papier bulle. Il faut donc viser là où ça fait mal et s’attaquer au noeud du problème.

4 – Re-democratisation

Il faut effectuer une « redémocratisation » de la bicyclette, donner à celle-ci une image de marque liée au mieux-être de nos sociétés et à des villes où il fait bon vivre. Il y a beaucoup d’avantages à rouler à vélo: on économise, on garde la forme, on souffre moins de problèmes de santé en vieillissant et on vit plus longtemps.

Mikael Colville-Andersen a par la suite répondu aux nombreuses questions du public. Mon opinion : il s’agit d’un succès sur toute la ligne pour cette première conférence à Montréal. J’espère que Vélo Québec poursuivra sur sa lancée et proposera aux Montréalais des personnalités prestigieuses à tous les ans pour des conférences du même genre. Et c’était gratuit!

Monsieur vélo était également en ville afin de lancer le blogue Montréal Cycle Chic!

—————————————————————

Petits faits dans le désordre

  • Mikael Colville-Andersen habite chez un ami dans le quartier huppé d’Outremont le temps de son passage dans la métropole.
  • Il est l’homme derrière les blogues très connus et respectés du mouvement Cycle Chic et de Copenhagenize.
  • Vélo Québec lui a prêté un de leurs vélos de courtoisie (photo ci-haut). Il ne l’aime pas! « Je suis trop penché par en avant », dit-il lors de la séance photo. C’est vrai que les vélos de ville permettent une tenue plus droite, contrairement aux vélos hybrides.
  • Il n’avait pas essayé de Bixi mercredi midi. Peut-être en fera-t-il l’essai avant son départ.
  • Il y a 40.000 « cargo bikes » à Copenhague pour les parents qui veulent transporter leurs enfants. « C’est notre version des VUS », ajoute-t-il à la blague.
  • S’il a une crevaison, il la fera réparer dans une boutique spécialisée. Il préfère les gens qui sont sur les vélos à la mécanique.
  • Il croit que les pistes cyclables séparées de la circulation automobile sont préférables afin de créer un sentiment de sécurité chez les cyclistes potentiels et les convaincre d’adopter ce moyen de transport.

Par Dominic Ratthé, du blogue Rouler à vélo

6 commentaires sur “Conférence vélo de Mikael Colville-Andersen à Montréal: les quatre façons de promouvoir le vélo urbain

  1. Nicolas

    Par contre, M. C-A ne dit pas comment apparait l’étincelle qui fait renverser la situation actuelle ou l’évidence automobile s’impose aux décideurs.

  2. cycliste alcoolique

    @Nicolas,

    Je suis d’accord avec toi.

    Je suis certains que la conférence était super intéressante. Et si j’avais été encore Montréalais, j’y serais allé.
    Mais je pense que l’audience est déjà convaincue, et que ça n’a pas touché un seul bagnolard. Je pense que les endroits comme le Plateau à Montréal, avec le parti au pouvoir qui veut changer les choses en profondeurs et par la contrainte va certainement plus faire bouger les choses – en tout cas j’espère.

  3. BAHN

    « Mais je pense que l’audience est déjà convaincue, et que ça n’a pas touché un seul bagnolard. »

    Malheureusement c’est exactement la même chose pour les sites comme CARFREE, ils ne sont fait que pour les convaincus.

  4. Jean-Marc

    Oui, Bahn, en grande partie… mais pas seulement :

    des personnes se posant des questions peuvent aussi atterrir ici ^^
    D’où l’intérêt d apporter des réponses claires et argumentées.

    Et il y avait des politiques à ces conférences (qui ont entendu les questions/réponses, et vu le nombre de participants) + des actions visibles hors salles de conférences :

    Ainsi, M C-A, sur son blog, parle de 2 manifs à vélo pendant ce W-E de conférences :
    http://www.copenhagenize.com/2011/06/greatest-secret-bicycle-city.html

    l’une le vendredi soir (17 000 personnes), l autre le dimanche (25 000 personnes, pour un tour de la ville de 50km)

    Je suppose que ces 2 manifs de plus de 15 Kcyclistes ont été vues par au moins 10 à 20 non-cyclistes…

  5. cycliste alcoolique

    @BAHN:

    Pas tout à fait.Parmi les visiteurs, je suis certains qu’on trouve aussi des simples curieux, des hésitants, des pros-bagnoles qui cherchent la castagne ;-).

    Les billets de carfree sont lus (et utilisés) jusqu’aux partis politiques.
    Cf. http://projetmontreal-plateau.org/, le parti au pouvoir dans un arrondissement majeur de Montréal.

  6. Jean-Marc

    Précision : le cycliste alcoolique (trop saoûl ?) n a pas donné le lien final :

    il s agit de certains articles de la partie « flux: Circulation » :
    Certains liens qu’elle donne pointent vers carfree, comme le montre la page développée :

    http://www.google.com/reader/shared/user/09911964324298555909/label/velo

    p.s. ça serait bien de s’inspirer de leur site :
    pour carfree, il manque le lien « afficher tout » sous les « articles les plus lu » et « commentaires récents »
    (moins nécessaire sous « actualité », comme le lien direct vers le site carfree et page précédente fait pareil… quoique, utile malgré tout de n avoir que les titres, et pas les articles : celà permettrait de naviguer plus rapidement dans les anciens titres)

    [en fait, plutôt « qu afficher tout » clickable, le titre (« commentaires récents » par ex) clickable serait tout aussi bien]

Les commentaires sont clos.