Suite à « Olé »

Je voulais, initialement, présenter ce texte en réaction au « controversé » article « Olé », laissé ici vendredi par mes soins, mais la longueur du texte, et son sujet qui risquent de se perdre au milieu des nombreux commentaires fait que je laisse plutôt un article qu’une nouvelle réaction.

Heureux de voir que, malgré le mois d’août, ce sujet suscite tant de lecture et de réactions, très intéressantes et, je pense, à ne pas manquer.

Je vais apporter quand même quelques précisions sur la raison réfléchie de la mise en ligne ici, sur Carfree, d’un tel article puisqu’il semble que ce soit encore nécessaire, quitte à peut-être choquer quelque peu certains (et non, je ne parle pas de cavallero, puisque lui ne cherche pas le débat, contrairement à nous, et nous l’avons maintes fois prouvé, étant souvent près à apporter des arguments tangibles à notre vision. J’aurai d’ailleurs été ravi de pouvoir apporter, à la lecture de vraies contradictions de sa part, une vision des choses autre que « violente », et mettre en place un débat sur la tauromachie elle-même, mais tel n’était pas le but de cavallero…).

Tout d’abord, le but de cet article est de condamner non pas, initialement, la consommation de viande, mais bel et bien un état d’esprit, que l’on retrouve aussi dans de trop nombreux pans de notre société, qui concerne la spectacularisation d’un comportement totalement irrationnel et, pour peu qu’un peu de réflexion se fasse, ridicule.

Cet état d’esprit, celui de rendre spectaculaire l’immonde, on le retrouve, comme cela a été souligné dans les commentaires, dans les courses de voiture, dans les trekkings de moto-vertes (!) au milieu d’une campagne, mais aussi dans la guerre, et en tête de tous les médias qui spectaïfient à dessein le fait divers pour permettre l’acceptation du pire, entre autres exemples (j’y reviendrais)…

Pour ce qui est de la condamnation de la consommation, je ne suis, personnellement, pas végétarien. Mais je ne suis par pour autant viandard, et la consommation imbécile n’est pas non plus un crédo que j’affectionne. Ainsi, si je consomme de la viande, je le fais de façon réfléchie, c’est à dire pas quotidiennement, comme on pousse le consommateur lambda à le faire dans une démarche aussi ridicule que celle entourant la vente de cigarette (pour grossir un peu le trait, on nous vend du « manger de la viande » avec le message d’avertissement dont tous se foutent, ceux qui le mettent en place en premier). Il est encore, aujourd’hui, pour peu que ce type de consommation se fasse dans une démarche intelligente, possible de consommer de la viande en traçant cette viande, en en connaissant l’origine, et en écartant volontairement les filières industrielles d’élevage qui, comme le souligne Nico, sont une plaie purulente à la surface du monde. Et, pour peu que cette démarche volontaire soit notre but, à savoir consommer intelligemment, en répartissant les besoins et envies selon non pas ce qu’on nous présente comme nécessaire mais bien en fonction des besoins, il est toujours possible d’éviter de tomber dans le ridicule de la société de consommation pure maintenant en place.

Mon poulet, que je consomme rarement, mais qu’il m’arrive d’apprécier, viens d’un marché dans lequel le petit producteur vend ses poulets élevés au grain, en basse-cour, et en quantité minimale, sans pour cela que cela ne devienne, pour moi qui suis loin d’avoir un budget mirobolant, une gêne financière.

En fait, le réel problème, et ça aussi ça a été relevé en partie dans les commentaires, vient de la conception même de notre société, conception qui intègre l’automobilisme, qui, maintenant qu’elle a exclu la nécessité de subvenir aux besoins vitaux de chaque occidental, créée artificiellement de nouveaux besoins, toujours plus nombreux, qu’elle rend toujours plus onéreux et nécessaire par une spectacularisation outrancière de ces créations, pour se maintenir. Et c’est dans ce spectacle et cette acceptation que nichent les pseudos valeurs d’un monde décadent. La surconsommation en est un des nombreux aspects, mais on pourrait aussi ramener le problème de la surproduction sur le devant de la scène puisqu’il est hallucinant de s’apercevoir que, dans le domaine de la viande, par exemple, 30 % de la production est directement destinée… à la poubelle !

Surconsommation, surproduction dont on fait, artificiellement porter le coût pourtant connu au seul consommateur, et attitude ovine de par l’acceptation de ces deux réels problèmes qui, à eux seuls, s’il y avait une réelle volonté de réduire notre empreinte écologique, permettraient déjà de baisser cette empreinte de près de 50 % ! Ou encore, par une attitude responsable, qui permettrait de nourrir l’ensemble de la population mondiale, puisqu’il est évident, chiffres à l’appui, que la production mondiale actuelle est suffisante pour nourrir 1,5 fois le nombre d’habitants de la terre sans pour cela tomber dans une sous alimentation, ou même dans une réduction du niveau de consommation alimentaire occidentale drastique.

Maintenant, il est aussi évident que le niveau de surproduction à lui seul pose problème, mais, encore une fois, la surconsommation, dérivant vers une société occidentale obèse, suralimentée, et gaspillant à tour de bras (on rajoutera aux 30 % de « direct à la poubelle » les 30 % de produits achetés, stockés, puis jetés parce que périmés des « ménages » occidentaux), et le refus d’une surrentabilité alimentaire, portée par les mêmes traders qui, hier, pariaient sur le surendettement et qui, aujourd’hui, ont placé leurs billes dans les matières premières, dont les matières premières alimentaires, permettraient, en une décroissance non pas régressive, comme voudraient le faire croire les défenseurs d’un système ovinisant, mais intelligente, de nourrir toute la population humaine, même composée de 7 milliards d’individus, sans aucune carence pour aucun de ces humains, tout en réduisant fortement notre poids sur ce monde…

Mais on s’éloigne du sujet, donc j’y reviens…

Lire aussi :  Avec une voiture, tombent les filles… A l’hôpital ?

Parce que là, j’entends déjà les afficionados me parler de l’élevage du taureau, libre dans sa camargue, s’ébattant des années avant le rituel d’abattage. Ce qui a une autre gueule que l’élevage de poulet industriel et permet même à certains de pousser le ridicule (au même titre que les chasseurs, d’ailleurs), jusqu’à se réclamer « protecteurs de la nature » ! Je m’attendais même à de telles réactions de la part de « cavalleros » cultivant leur beaufitude !

Sauf que (ben oui, sinon, c’est pas marrant), on est pleinement dans une autre attitude, qui pourtant, permet de recoller à ce qui est présent dans l’article, celle d’une volonté de spectaculariser le monde pour forcer l’acceptation. Comme je l’ai dit, les besoins élémentaires ne sont plus, ou plutôt ne devraient plus être, un problème pour l’homme, ces besoins étant, de par la surproduction actuelle, non seulement couverts, mais aussi largement dépassés ! On pourrait donc légitimement se demander, pour peu qu’il y ait un peu de culture, et après la lecture de Marx, pourquoi et comment la société de surconsommation, appelée autrement capitalisme, peut encore se maintenir, puisque sa nécessité ne se justifie plus, au regard de la possible satisfaction des besoins de chacun…

Et le spectacle évident d’une corrida (le pain et les jeux…), accompagné de la « bonne conscience » d’un taureau élevé « en plein air » est l’exemple frappant d’une société contrainte, comme l’explique si bien Debord (sans tomber dans le situationnisme ni même l’idéologie anar), d’instaurer ce type de représentation pour permettre le maintien d’un capitalisme qui, sans cette spectacularisation constante, serait déjà mort. Le cas de la corrida, donc, en est l’exemple frappant, mais tous les aspects de notre société tournent autour de cette présentation tronquée du monde, dans une conscience présente mais endormie par des besoins artificiels implantés et martelés afin d’en rendre l’acceptation « nécessaire ».

C’est là que la corrida rejoint l’automobilisme, puisque, au fond, le « besoin » automobiliste tourne autour d’un mensonge martelé ! « J’ai besoin de ma voiture pour me rendre rapidement à un travail qui ne se justifie que pour pouvoir couvrir des envies artificielles, j’ai besoin de ma voiture pour paraître plutôt que d’être, j’ai besoin de ma voiture pour partir en vacances là ou je pourrai, à l’aide du dernier appareil photo, montrer que j’y étais, j’ai besoin de ma voiture pour faire les 20 kms qui me séparent du centre commercial le plus proche, m’évitant ainsi de consommer local chez mon voisin, le petit producteur, qui n’a pas la dernière marque à la mode… ». Même ce renouvellement constant du parc automobile ne se justifie que dans une démarche de spectacle ! « La dernière voiture de telle marque prestigieuse permet d’en foutre plein la gueule à mes voisins, il me la faut donc… ». Tous savent que cette voiture est construite non pas pour durer, mais pour être jetée au bout de 5 ans, alors que la technique pour lui permettre de durer existe, mais tous se précipitent sur cet objet de mode, sur ce besoin spectaculaire artificiel !

La société dans son ensemble tourne autour de ce spectacle, que ce soit dans les jeux de cirque taurins, footbalistiques, comme dans ses aspects sociaux ! Servier détourne, à lui seul, 1 milliard d’euros des caisses de la sécu, mais ce sont les « abuseurs », coupables d’avoir volé 300 millions d’euros, qu’on désigne comme responsables du trou de la sécu ! Les entreprises mécanisent et délocalisent, créant un chômage monstre, mais c’est le chômeur, non formé par une volonté sociale évidente du système d’enseignement, qui est responsable de son sort, c’est de sa faute s’il est toujours sans emplois au bout de trois ans ! En fait, le spectacle social permet de monter les différentes catégories sociales les unes contre les autres, de créer artificiellement des barrières et des responsabilités dont les seuls vrais responsables sont les capitalistes. Pour ce faire, il convient de déshumaniser l’homme, de le noyer dans la masse ! Ainsi, les sans papier deviennent indésirables dans leur ensemble, même si, individuellement, ils permettent au système de maintenir une pression sociale importante sur les travailleurs. On montre du doigt mais rien n’est fait, par évidence, puisque l’ennemi ainsi désigné permet le maintien du système par l’instauration d’un individualisme et l’acceptation d’un spectacle dédouanant chacun de ses responsabilités.

Même la guerre n’est, aujourd’hui, plus qu’un spectacle déshumanisé ! Qu’on se souvienne des bombardements de Bagdad, pendant lesquels les journalistes s’extasiaient, de loin, devant la féérie des trainées lumineuses des bombes, de ce spectacle pyrotechnique, « oubliant » juste que, sous les bombes, ce sont des humains qui mouraient… Et le spectacle est constant, soutenu par des médias au service, consciemment ou non, du système. Le fait divers est devenu l’outil nécessaire pour continuer à faire croire à la masse en un mensonge évident ! Le cas d’un pédophile, un seul sur 70 millions d’habitant, permettra ainsi d’instaurer un contrôle sur les populations et sur l’outil internet trop « libre » et « incontrôlable ». Qu’importe si, dans la réalité, plus de 8 cas sur 10 de pédophilie se produisent dans le milieu familial de l’enfant…

Ce spectacle est à dénoncer, à dépasser si l’on veut une lutte réelle contre un système qui l’utilise, que ce soit dans le cas de l’automobile, comme dans biens des cas. La tauromachie en est une expression flagrante permettant, je l’espère, une prise de conscience, et le comportement du spectateur est le même que celui de l’automobiliste passionné, voilà pourquoi je pensais que ce sujet avait, ici, sa place, et voilà pourquoi je l’ai proposé aux relecteurs de Carfree !

16 commentaires sur “Suite à « Olé »

  1. Caballero

    @Joshuadu34
    Vous le faites penser au juge d’instruction Fabrice Burgaud dans l’affaire d’Outreau. Avec vous les aficionados accusés d’être des « gros cons avinés » sont reconnus coupables avant même la fin de l’instruction. Mais reconnus coupables de quoi exactement ? Par qui et de quel droit ? Les contributeurs de Carfree, « jurés » de circonstance ont déja leur avis sur la question, je suppose. Encore une fois, vous dénoncez un spectacle qui est parfaitement légal dans les villes de l’UVTF puisque encadré par des règlementations taurines et vétérinaires approuvées par nos gouvernants. C’est la démocratie ou bien l’anarchie que vous voulez ?
    Dans vos articles, il est question de tout (les camps de Guantanamo, les bombes de Bagdad, la pédophilie, etc …) sauf des toros et de la corrida justement. Il est vrai que parler d’un sujet que l’on ne connait pas est difficile !
    Si j’étais prof de français, ce serait un zéro pointé pour hors sujet sur votre dissertation.
    Au fait, vous avez au moins raison sur un point : je ne cherche pas le débat avec des ignares comme vous en encore moins avec les anti-corridas hystériques du CRAC. Le manque de respect engendre le manque de respect et ne permet aucun dialogue, ce que je vous dis ici n’est pas lié spécifiquement à la corrida.

  2. psychelau

    Merci Carfree pour ce qu a ete ce blog jusqu a peu.
    Bonne continuation a tous, je n y reviendrai plus.
    Salutations.

  3. Joshuadu34 Auteur

    Marrant, quand même comme les mêmes qui, dans leur énorme majorité, hurlent à l’injustice se foutent généralement de celle des autres… Jusqu’à présent, des cons comme vous, y en a pas dans les prisons, malgré la torture infligée aux animaux qu’ils soutiennent béatement ! Par contre, des rebelles, ça vous gène pas de les voir en taule, ce que nous risquons plus que vous pour nos délits d’opinion, comme ce fut le cas, par exemple, des potes de Tarnac.

    Maintenant, étant anti police, anti militariste, et anti prisons, c’est pas moi qui vous juge ! Si, pour vous, mes mots sont trop violent, libre à vous de ne pas venir (ou rester, ce qui semble vous plaire… mais entre nous, entre les deux pages de vendredi et les 4 d’aujourd’hui, y a quand même quelques arguments de développés… tiens, il y en a même plus sur ces quelques lignes que je laisse que dans vos trois interventions…), et libre à vous de nous expliquer en quoi quelques mots peuvent être plus violents, par exemple, que ce versement gratuit de sang que vous soutenez… Ma plume n’a pas vu d’encrier carmin (d’ailleurs, c’est pas une plume, mais un clavier), l’épée de vos idoles (de celles qui remplacent aujourd’hui, comme leçon de morale, la religion) si…

    Vous nous parlez de « légalité », mais tuer des humains aussi, c’est légal dans certains pays… Les lapider, dans d’autres, est inscrit dans les tables… La torture est même reconnue ailleurs, comme condamnation légalement acceptable… Chez nous, même, on peut enfermer un innocent plusieurs années (puisque le délai moyen d’enfermement avant procès est de 1,5 ans, et parmis les accusés, et pas encore condamnés, il y a des innocents), c’est légal… Tiens, même concernant Outreau, dont vous me faites juge, je vous signale que la législation a parfaitement été respectée ! Donc, pour repprendre votre propros, puisque quelque part, c’est légal, la totalité de ces pratiques sont normales, donc non condamnable, non critiquables !!! Ben alors, pourquoi vous critiquez le juge d’Outreau, puisqu’il a suivit la loi, tout comme vos caleçonnés moulburnés ???

    Allez, encore un effort, et vous allez même réussir à nous laisser un commentaire construit d’autre choses que de ces sempiternelles jérémiades ! Si vous feuilletez un peu Carfree, vous verrez, oh, surprise, qu’on peut ne pas être d’accord mais écouter… Enfin, il est vrai que, pour ma part, l’hallucinante gratuité de l’horreur que vous soutenez rendra la tâche hardue !

    Bon courage, donc, monsieur le prof de français… Arf !

  4. Joshuadu34 Auteur

    Alors, là, Psychelau, va falloir développer !!! Venir sur un sujet que je laisse poser ça, ça porte directement en accusation ce que j’exprime ! Donc, explique toi, au moins…

    Entre parenthèse, les textes de chacun sont signés, et Carfree ne pratique pas de censure, contrairement à certains sites pseudo-contestataires, mais ça laisse évidement chaque contributeur totalement responsable de ses mots ! Ici, Carfree n’est pas l’auteur ! Entre nous, si c’est la teneur de mes opinions qui pose problème, exprime le clairement, et prends-en toi à l’auteur du texte, et pas à Carfree qui ne fait que laisser la parole à différents courants de pensée !!!

  5. Nico

    @ Caballero: Reprenons à zéro, sans critique ni préjugé: quel est le bien fondé de la corrida, selon vous?

  6. Legeographe

    En fait, si je peux répondre à la place de Caballero (mais je ne suis pas sûr que ce soit le même raisonnement chez lui), il arrive que nous (les hommes, et les femmes, et les enfants, enfin je veux dire le genre humain) aimions des choses juste pour leur esthétique… On aime un tableau juste pour sa beauté, fût-elle cathartique… La catharsis, y en aurait-il tout un paquet dans la corrida ? Ou est-ce au contraire juste de la bêtise ? La mise en abyme de la vie, ce peut être beau… La corrida ne va-t-elle pas trop loin pour autant ?

    Enfin, je signe mon commentaire : je ne suis ni un aficionado, ni un lecteur récent sur Carfree, et je suis aussi dépité par toute la bêtise spectaculaire du monde moderne (et je suis dans le milieu du foot, je sais ce que c’est ! Même quand on est dans le foot amateur, ce qui est mon cas !).

  7. MOA

    Comme Nico, je serai également intéressé que Caballero développe vraiment.

    Et une fois de plus, merci à Carfree de permettre d’étendre de temps à aiutre les débats à des thèmes autres que la bagnole. Le tout étant bien évidemment très fortement lié comme l’a bien montré Joshuadu34 dans ce nouvel article.

  8. georges

    corrida, bagnolisme, je vois d’une autre manière le lien : la monopolisation de l’espace urbain par la voiture oblige tout utilisateur d’autres moyens de transport à pratiquer une sorte de corrida urbaine permanente. Le taureau c’est la voiture et le torero le cycliste ou le piéton. Là où s’arrête la comparaison c’est que l’automobiliste se met à mort tout seul, nul besoin de l’intervention du cycliste.

  9. GG

    Tout d’abord, remettons Debord là où il doit être : Debord est un penseur du capitalisme avancé, et quand il parle de spectacle, il faut entendre par là non pas l’évènement spectaculaire au sens commun du terme (une séance de ciné, un soap opéra à la TV) mais la « séparation » entre la vie et la contemplation de « notre vieille ennemie la marchandise », en même temps que l’imbrication entre la vie vécue et l’illusion spectaculaire, de sorte qu’on ne distingue plus l’un de l’autre. Un politicard qui te débite sa langue de bois, des chaussures Adidas, la télé-réalité : voilà la société spectaculaire-marchande aujourd’hui.

    Je ne fréquente pas les milieux taurins, je ne sait pas trop à quoi ressemble une féria aujourd’hui, peut-être serait-il intéressant d’examiner les évolutions de ces milieux à la lumière des théories de Debord, mais à priori cela me semble un bien mauvais exemple pour les illustrer. Les traditions tauromachiques (peut-être pas à Béziers, mais en espagne) remontent en effet à bien avant l’apparition du capitalisme industriel. Il faut donc croire que leur fonction sociale n’est pas de maintenir debout le capitalisme agonisant ! Bref la corrida c’est un spectacle, et pas la société du spectacle.

    La tauromachie est un rituel comprenant une prise de risque calculée, d’une part, une mise en scène de la mort, d’autre part, le tout souppoudré d’un décorum archaïque (musiques, costumes, etc…) vitrifié par la « tradition ».

    J’ai déjà entendu des gens me soutenir que c’était la représentation de la lutte contre le fascisme. En effet, quoique l’on pense des gens qui sont à la tribune, le plus abruti, dans la corrida, c’est bien le taureau. Une boule de muscles dangereuse que le mec en short moulant rose va finir, dans la majorité des cas, par circonvenir et par tuer. Parce que, lui, il est peut-être moins fort, mais il est sans conteste plus intelligent.
    Il y a une planche de BD de Carlos Gimenez qui exploite ce thème : sauf que là le taureau (marqué à l’arrière-train d’un grosse croix gammée) explose littéralement la gueule au toréro. Mais à la dernière vignette, un autre ramasse l’épée et le défie.

    Il n’est donc pas étonnant que, du côté des anti-corrida, certains manient les images sexistes ou homophobes pour désigner certains des aspects de la tauromachie. C’est une erreur. Le taureau, lui, il a beau avoir de grosses couilles, mais il est mort…

    Encore une fois, je considère que le sujet (l’interdiction de la corrida, s’entend) ne vaut même pas la salive pour en parler. Nous avons en France une règlementation de statu quo (pas de cruauté envers les animaux, sauf là ou ça existe déjà) dont la principale vertu est de ne pas laisser prise à la guérilla que pourraient se livrer pro- et anti- si on leur laissait ce terrain de jeu ouvert.

  10. Joshuadu34 Auteur

    Sauf, GG, que la « règlementation de statu quo » s’assied sur la constitution de 1848, mise en place de façon concomitante par l’état et le clergé, et de la loi Grammont de 1850, interdisant les sévices sur les animaux, et que cette constitution a été foulée aux pieds par Napoléon III qui a autorisé, en s’asseyant sur la constitution, la première corrida en France en 1853…

    Quand à Debord, je te conseille de relire le paragraphe concernant la culture et son détournement spectaculaire pour y voir un lien entre la condamnation du spectacle et la tauromachie (« chapitre 8 – la négation et la consommation dans la culture » extrait : »Là où aucune règle de conduite ne peut plus se maintenir, chaque résultat de la culture la fait avancer vers sa dissolution. » -point 182- ou encore : « La fin de l’histoire de la culture se manifeste par deux côtés opposés : le projet de son dépassement dans l’histoire totale, et l’organisation de son maintien en tant qu’objet mort, dans la contemplation spectaculaire. L’un de ces mouvements a lié son sort à la critique sociale, et l’autre à la défense du pouvoir de classe. » -point 184-)…

    « Ceux qui veulent dépasser, dans tous ses aspects, l’ancien ordre établi
    ne peuvent s’attacher au désordre du présent, même dans la sphère de
    la culture. Il faut lutter sans plus attendre, aussi dans la culture, pour
    l’apparition concrète de l’ordre mouvant de l’avenir. C’est sa possibilité,
    déjà présente parmi nous, qui dévalorise toutes les expressions dans
    les formes culturelles connues. Il faut mener à leur destruction extrême
    toutes les formes de pseudo-communication, pour parvenir un jour à
    une communication réelle directe » (Debord in « internationale situationiste n°1)

    Sans oublier non plus la condamnation que fait Debord de la corrida dans sa forme spectaculaire dans « Amitié de Guy Debord, rapide comme une charge de cavalerie légère » livre de propos recceuillit par Bessompierre…

  11. Alain

    « vous dénoncez un spectacle qui est parfaitement légal dans les villes de l’UVTF puisque encadré par des règlementations taurines et vétérinaires approuvées par nos gouvernants. »

    Bof, les OGM aussi étaient légaux et c’était démocratique puisque c’était les gouvernants. Donc, il n’y avait pas à remettre en cause?

    La guerre, c’est aussi légal. C’est pas une horreur?
    Les centrales nucléaires, c’est beau aussi? surtout quand ça pète alors que c’est « très sécuritaire » et « qu’aucun accident n’est possible ».

    Bon, si c’est légal et que c’est la démocratie, alors????
    Au fait, César, c’était pas un dictateur? Pourtant, tout ce qu’il a fait pour devenir c’était légal et c’était voté par des démocrates.

    Comme quoi, la légalité et la démocratie…
    En fait, Caballero, je n’ai rien contre vous, mais vos discours, j’en ai entendu des centaines. j’ai plus envie de les entendre. ils ne remettent jamais rien en cause, c’est la beaufitude totale.
    Mais bon, il parait que c’est çà ou l’anarchie… Vous ne confrondriez pas avec le chaos, plutôt? Parce que l’anarchie n’est pas l’opposé de la démocratie.

  12. Caballero

    En réponse aux questions de certains sur le bien fondé de la corrida ou plus simplement sur le pourquoi d’être un aficionado français en 2011, une espèce en voie de disparition :
    – Sur le bien fondé : il s’agit d’une tradition tauromachique règlementée faisant partie de la culture de certaines villes en Espagne et en France, la loi précise que cette tradition doit être « locale et ininterrompue ». A partir de là, toute remise en question et à fortiori toute interdiction nécessite un débat contradictoire dans chacune des villes concernées (Cf l’exemple Catalan en 2010). L’argument principal des anti-corrida consistant à réduire la corrida à une souffrance animale n’est pas suffisant bien que cette souffrance existe, tous les aficionados d’ailleurs le reconnaissent.
    – Pourquoi assister à une corrida ? La corrida fait partie des évènements importants de la féria qui est une fête populaire organisée par les autorités municipales. De mon point de vue, assister à la corrida est un rituel qui fait partie d’une journée de féria comme d’autres festivités proposées dans de telles fêtes. Hélas, de moins en moins d’affiches (cartels de toros et toreros) méritent le déplacement y compris en Espagne à cause de la faiblesse des toros ! Dans ces conditions à quoi bon perdre 3 heures dans l’arêne ?
    – Quel avenir pour la corrida ? à mon avis, le temps des grandes corridas est déja derrière nous. Le vrai toro de combat devient rare, le danger réel encouru par le torero également … sauf exception en France par exemple les aficionado de Céret (Pyrénées Orientales) ou de Vic Fezensac (Gers)
    qui sélectionnent des lots de toros très dangereux, de plus non afeïtés, ce qui n’attire que les toreros de 2ème catagorie. En effet, les stars de la tauromachie préfèrent combattre les toros plus dociles et d’autre part il est plus difficile pour les ganaderos d’élever les toros dangereux.
    L’évolution récente de la corrida va donc dans le sens d’un spectacle plus folklorique et moins authentique. A terme ce pourrait être la fin de la corrida ? Non pas suite à l’action stérile des anti-corrida, mais parce que la tradition taurine aura été pervertie par la cupidité des ganaderos qui auront affaibli génétiquement la race d’origine pour gagner plus d’argent !

    Pour plus d’explications sur la corrida voir wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Corrida

  13. MOA

    Oui, bon, en fait, rien de nouveau. Toujours le(s) même(s) « argument(s) » hyper léger(s).

    Corrida=tradition donc faut continuer.

    Heureusement que toutes les traditions de l’histoire humaine n’ont pas été préservées.

    caballero : « De mon point de vue, assister à la corrida est un rituel qui fait partie d’une journée de féria comme d’autres festivités proposées dans de telles fêtes »

    Les férias? j’y participe avec enthousiasme. Je n’ai pourtant jamais assisté à une corrida. La convivialité rencontrée lors de ces fêtes populaires est pour moi la chose importante.

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