Londres bientôt sans voitures ?

Un bilan cartographique de l’évolution des modes de déplacement à Londres entre 2001 et 2010 fait apparaître une diminution drastique de la pratique automobile.

Londres a fait évoluer radicalement son système de transport depuis une dizaine d’années, d’abord avec la création d’un péage urbain en 2005 et plus récemment, le 30 juillet 2010 avec la mise en place de plus de 8.000 Vélos en Libre Service (VLS).

La société ITO World a mis en cartes tous les changements de fréquentation des transports londoniens depuis 2001 à partir des données mises à disposition par le Ministère des Transports britannique.

Les résultats montrent assez clairement que l’utilisation des voitures dans la ville a diminué radicalement en neuf ans – depuis 2001 – avec des augmentations énormes pour le vélo et les transports publics.

Les cartes sont très faciles à lire. Les points rouges montrent une croissance d’un moyen de transport supérieure à 30%, alors que les points bleus traduisent une diminution supérieure à 30%. Les données proviennent des compteurs de trafic routiers situés un peu partout dans la ville.

L’utilisation de la voiture en forte baisse


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Cette première carte montre l’évolution du nombre de voitures à Londres entre 2001 et 2010. Partout dans le centre de la ville, le trafic automobile a fortement diminué, même si en périphérie on peut constater certains secteurs en augmentation.

On peut supposer que la mise en place du péage urbain en 2005 a joué un rôle important dans cette désaffection massive des londoniens pour l’automobile. Pour info, le péage urbain de Londres (London congestion charge) est un péage routier, c’est-à-dire un droit de circulation frappant certaines catégories de véhicules automobiles qui entrent dans le centre-ville.


La zone de péage urbain de Londres en bleu, comparée à l’enceinte des fermiers généraux de Paris (en rouge) et le boulevard périphérique parisien (en noir).

La surface soumise au péage correspond à peu de choses près à l’enceinte des fermiers généraux de Paris. Le prix pour accéder à la zone ou pour circuler en voiture à l’intérieur de la zone est d’environ 15 euros par jour.

Lire aussi :  La décroissance économique passera par la décroissance des vitesses

Le développement important du vélo


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Le nombre très important de points rouges sur la carte montre que la pratique du vélo a considérablement augmenté dans la capitale, de 100% ou plus dans certains endroits.

Ce résultat est d’autant plus remarquable que le système de Vélos en Libre Service mis en place par le très spécial maire de Londres, « Boris le bouffon », est très récent et n’est donc probablement pas pris en compte dans ces évolutions.

Les « Boris Bikes »  (les Vélos en Libre Service de Londres), 8.300 vélos répartis sur 570 stations, ont été mis en place le 30 juillet 2010. A ce jour, le système engrange déjà plus de 10 millions de trajets.

Une très forte augmentation des transports en commun


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Il y a eu une augmentation étonnante des déplacements par autobus et autocar dans et hors de la ville de Londres entre 2001 et 2010. La méthode utilisée (comptages routiers) ne permet de prendre en compte que les bus et les autocars, et pas le métro londonien.

On peut supposer que les londoniens ont su adapter leur mobilité à la mise en place de la taxe routière, en se tournant massivement vers le vélo et les transports en commun.

Ces résultats semblent montrer que le péage urbain est une solution adéquate pour réduire drastiquement la place de l’automobile en ville.

Le problème, c’est que le prix relativement élevé du péage urbain est en fait dissuasif surtout pour les classes moyennes et pauvres. Les riches peuvent quant à eux aisément payer 15 euros par jour pour circuler avec leur voiture, d’autant plus que le trafic est désormais plus fluide, débarrassé de toutes les bagnoles de pauvres.

Source: The Guardian

14 commentaires sur “Londres bientôt sans voitures ?

  1. Bertrand

    S’il n’y a plus que les riches pour rouler en ville, qu’on augmente les tarifs. Les pauvres n’ont rien à y perdre puisqu’ils se sont organisés autrement.

    Cordialement
    Bertrand

  2. Jean-Marc

    Et, si la diminution du nombre de voiture continue,

    alors, celà pose moins de pb pour transformer certaines routes tous usages en rues piétonnes + vélo (+ éventuelle voie propre aux TEC).

    Ou, au minimum :
    – transformer certaines 2 voies voitures, en double sens cyclistes avec un bande cyclable (donc 2 bandes : une à droite, pour ceux roulant dans le sens des voitures, et une à gauche pour le contre-sens.
    – transformer certaines 2voies +1 dans l autre sens, en vélo + 1 + 1 + vélo
    – augmenter le nombre de voies propres aux TEC (+vélo+taxi)
    – supprimer certains parkings intérieurs à la zone / les transformer en parkings vélo + parkings 2 roues.

    Ainsi, les pauvres à vélos iront encore plus vite (car routes plus directes) que les riches à voiture… ce qui incitera même certains riches à moins utiliser la voiture.

  3. CarFree

    Bonne remarque Bertrand, mais en fait le système est pernicieux car une part du produit du péage urbain est censé aller au financement des transports publics. Donc, quand le péage devient beaucoup trop cher, il ne rapporte alors plus rien. Imaginons un péage urbain à 1000 euros par jour… Il ne restera plus que peut-être quelques centaines de londoniens prêts à payer ce prix, et l’argent récolté sera alors dérisoire. Alors qu’à 15 euros/jour, il y a encore sans doute plusieurs dizaines de milliers de gens à payer. c’est tout le problème d’affecter les ressources d’un péage urbain au financement des TC: d’une maniere ou d’une autre, il faut que l’argent continue à rentrer et qu’il y ait donc toujours des voitures qui circulent…

  4. fraff

    Et pourquoi ne pas fixer le prix en fonction de la taille et du prix du véhicule ?

    Cela serait plus équitable, et ca dissuaderait les bouffons en 4×4 de venir encombrer nos villes …

    J’avais d’ailleurs envoyé un mail a mon député lui soumettant l’idée de fixer le montants des amandes en fonction du prix du véhicule, sans réponse, évidemment …

  5. fred

    Ce péage urbain a surtout donné cette ville aux riches. Fraff a donné une très bonne idée malheureusement difficile à mettre en palce.

  6. Pour la paix urbaine

    Ceux qui ont une voiture, pauvres ou riches, savent que cela a un coût et donc s’ils sont prêts à le payer. Dans une ville comme Paris par exemple, qui a une bonne infrastructure en transport public, si les gens veulent se donner le luxe de se déplacer en voiture individuelle et en plus nous pourrir les oreilles et les pulmons qu’ils payent pour cela. A Londres on voit les effets positfs de cette mesure : diminution du trafic, rapidité des transports publics (bus). Contrairement, à Paris, la simple traversée d’un arrondissement en bus peut durer plus de 30 min.

  7. apanivore

    Concernant les vélos britishs, j’ai rarement regardé un reportage aussi intéressant sur la fabrication d’un vélo. Pourtant ça date de 1945. C’est sur l’usine de Raleigh.
    Merci vélotaf pour le lien
    http://vimeo.com/39401575
    Une piste pour la reconversion d’Aulnay ?!
    Il y a une conclusion sympa et très carfree, des modèles fait pour tous, idéal pour le shopping, facile à garer …

  8. fraff

    @FRED pas sur que cela soit si complexe a mettre en place, il suffirait d’inventer une nouvelle unité de mesure sur le modèle du cheval fiscal, qui prendrait également en compte le poids, l’encombrement et le bruit du véhicule. On pourrait aussi prendre en compte le nombre de passager, comme le font les Californiens et leurs fameux car pool.

  9. Raghnarok

    Superbe vidéo sur l’usine de Raleigh. Jamais vu un reportage aussi complet.

    Par contre ça montre bien les conditions du travail à la chaine…

  10. victor

    Une amie anglaise m’a dit que la zone de péage avait été agrandie et que cela avait eu des conséquences sur l’évolution du traffic (les résidents de la zone payent beaucoup moins à ce que j’ai compris, ils peuvent donc se remettre à utiliser la voiture) Est ce que quelqu’un a des infos la dessus?

  11. Paladur

    Il n’est pas trés difficile de faire payer différemment celui qui utilise un 4X4 et celui qui conduit une petite citadine: le péage londonien fonctionne avec des caméras vidéo qui envoient ensuite la facture à l’adresse correspondant à la plaque d’immatriculation filmée. Comme les plaques d’immatriculation permettent, outre l’adresse du propriétaire, de connaitre le type de véhicule, une tarification différentiée est pas trés difficile à mettre en place. Si cela n’est pas fait à Londres, c’est que la société anglaise est idéologiquement inégalitaire (la société française est nominalement égalitaire mais devient en réalité de plus en plus inégalitaire).

  12. Vincent

    J’ai lu que 40% seulement des Parisiens ont une voiture. Quelqu’un sait-il s’il existe une étude en accès libre pour répondre à ces questions:

    1. fréquence d’usage des Parisiens de leur voiture? Il est probable que la plupart ne l’utilise pas beaucoup au quotidien mais je suis curieux d’avoir les chiffres
    2. proportion des voitures de Banlieusards dans le traffic intra-muros?
    3. parcours effectués par ces Banlieusards, c.a.d. traversent-ils Paris ou est-ce leur destination finale? Et dans le second cas, pourquoi ne laissent-ils pas leur voiture aux portes de Paris avant de prendre un bus/métro/vélo?

    Merci.

  13. apanivore

    Si le fait que moins de 50% des ménages parisiens possède une voiture est un chiffre fiable (insee), toute statistique sur l’usage de ladite voiture ne serait que le résultat d’un sondage.

    La Mairie de Paris publie un bilan des déplacements tous les ans. Le dernier à ce jour est celui pour l’année 2010.
    http://www.paris.fr/pratique/Portal.lut?page_id=7096&document_type_id=4&document_id=103374&portlet_id=16333&multileveldocument_sheet_id=20491

    Peut-être que tu y trouvera les réponses à tes questions 1 et 2.

    Quand à la question 3, c’est un avis personnel, le réseau de transport n’est pas prévu pour ça en l’état. Il n’y a à ma connaissance aucune infrastructure de stationnement d’envergure aux portes de Paris. Il y en a un peu sur les stations de RER éloignées (et dans ce cas on ne peut plus dire que ça s’adresse au banlieusards mais plutôt aux franciliens ruraux)

  14. Vincent

    Merci.

    Un sondage fait dans les règles de l’art est fiable et suffirait à savoir qui roule dans Paris et pourquoi. J’imagine que la Mairie de Paris ou la Préfecture en a sans doute organisé. Je vais les contacter pour savoir si l’on peut avoir des infos sur l’usage des véhicules motorisés dans Paris.

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