Cycliste, bats-toi pour tes droits !

Avec le développement du vélo comme outil convivial de mobilité, on voit apparaître des critiques de plus en plus fréquentes sur l’irresponsabilité des cyclistes, leur manque de respect des autres usagers, voire même le danger qu’ils représenteraient pour les autres.

A entendre certains, les cyclistes auraient des « devoirs », comme par exemple le devoir de faire attention aux piétons, le devoir de rouler à droite pour ne pas gêner la circulation automobile, le devoir de respecter un code de la route créé avant tout pour les voitures.

Certains se plaisent ainsi à broder sur cette notion de « devoir », en général des automobilistes ou alors des piétons sur le chemin de leur voiture…

Car il est évident pour tout le monde que l’objectif premier du cycliste est de chercher à renverser les vieilles dames ou écraser les enfants, voire même, plus grave, gêner la circulation des voitures.

En outre, il est assez piquant de recevoir des conseils en matière de respect de la sécurité des piétons en provenance d’automobilistes. Peut-être que leur grande expérience dans le massacre des piétons les autorise à parler en spécialistes?

Mais le plus ridicule est sans doute la mise en place de radars dans certaines villes, comme Cannes par exemple, pour contrôler la vitesse des cyclistes! On laisse rouler en ville des voitures de plus d’une tonne de métal à 50 km/h ou plus et on s’offusque que des vélos pourraient dépasser les 10km/h sur des pistes cyclables…

Et qu’importe si les cyclistes doivent se contenter de 1% de l’espace public, leur seule présence est une attaque frontale à la société automobilistique, une insulte aux valeurs suprêmes de notre république à moteur: « Travail, famille, bagnole ».

Dans le mode de pensée automobile, le cycliste est avant tout un sous-homme, une sorte de clochard de la mobilité. Un véritable Homme se doit d’avancer dans la vie avec les attributs mécanisés de la virilité, c’est-à-dire comme une grosse limace pleine de cholestérol dans un coupé sport.

Et l’untermensch cycliste est une menace directe pour le lebensraum routier.

Nous sommes le 1%

En arrondissant à peine, ils sont 99% à penser que les cyclistes sont une anomalie de l’évolution. Au début de l’Histoire, l’Homme s’est levé, il a marché, puis est monté sur un cheval, a inventé la bicyclette et pour finir, la voiture. Donc, la voiture c’est « normal », et le vélo, un truc de chimpanzé.

Lire aussi :  Le vélo, c'est pas écolo

Le problème, c’est que les cyclistes ne se contentent pas de pratiquer en solitaire leur plaisir inavouable. Ils ont l’outrecuidance de s’afficher dans l’espace public et certains ont même le toupet de faire la morale aux automobilistes sous l’angle « la planète bla-bla-bla, le pétrole bla-bla-bla, la santé bla-bla-bla ».

C’est pourquoi, les automobilistes indignés, qui représentent 99% de la population, élisent des hommes politiques pour contenir ce 1% de contestataires vélorutionnaires. L’homo politicus, espèce plus menaçante que menacée, met alors en place un certain nombre de stratégies pour se faire réélire par 99% de la population.

Il y a d’abord la stratégie de la division: peignons des bandes cyclables sur les trottoirs et que les piétons et les cyclistes s’écharpent ensuite pour cohabiter!

On connaît aussi la stratégie électorale: un coup de peinture sur la chaussée vite fait mal fait avant les élections pour se targuer d’une politique cyclable indigne de ce nom.

Mais la stratégie sans doute la plus efficace est celle du tour de passe-passe: suppression de places de stationnement automobile pour créer des pistes cyclables servant… au stationnement des voitures!

Ces stratégies permettent de contenir quelque peu la massification prévisible du vélo, mais les politiques n’ont pas encore trouvé le moyen d’interdire purement et simplement le vélo.

C’est pourquoi, le 99% invente cette notion de « devoir » pour maintenir les cyclistes dans l’esclavage motorisé permanent. Et le code de la route est l’instrument principal de cette oppression.

Peuple cycliste, lève-toi et roule

Aussi, je vous le dis clairement, le seul « devoir » du cycliste, c’est de se rebeller contre l’oppression automobile. L’injustice dure depuis trop longtemps, mes frères!

Peuple cycliste, lève-toi et roule. Nous avons été maintenus dans les ornières, cachés comme des parias, traités comme des terroristes verts, parqués sur des pistes cyclables. Dressons-nous contre la ségrégation spatiale, émancipons-nous!

Cycliste, lève-toi de ta selle (sans tomber) et libère-toi de tes chaînes (de vélo).

Alors maintenant nous voyons la lumière. Nous allons nous battre pour nos droits!

Photo: Bob Marley fait du vélo

8 commentaires sur “Cycliste, bats-toi pour tes droits !

  1. pifa

    Je suis à Seoul où les (très rares) vélos n’ont (apparemment) pas le statut de véhicule et ne sont donc pas soumis au code de la route. A vélo on peut faire à peu près tout ce qu’on veut: sans déclencher la moindre réaction de la police, des piétons ou des automobilistes: griller les feux (avec précaution), rouler sur les trottoirs, emprunter les passages piétons, rouler à contresens… Par contre l’accès aux vélos même poussés à la main à côté de soi est interdit sur certaines promenades réservées aux piétons…
    Le code de la route français n’a été conçu que pour gérer la circulation des motorisés, au détriment des piétons et cyclistes.Il faudrait donc le réserver aux automodébiles et appliquer le code de la rue selon lequel le plus léger est toujours prioritaire.

  2. Legeographe

    Le principe du plus léger prioritaire voudrait donc que le piéton soit bel et bien l’objet de l’attention du cycliste… Ne nous y méprenons pas, l’ennemi n’est pas le piéton, mais l’automobiliste. Faire attention aux piétons, je ferais bien de le dire à 80% des cyclistes que je vois… et à 99% des automobilistes que je vois !

  3. Pim

    Oui Vincent, ca s’appelle un écarteur de danger et ca coute 5 euros 🙂 Et perso je me sens très en sécurité d’en avoir un. Ca et un bon klaxon bruyant c’est plus utile que le casque.
    Parfois il m’arrive de me faire doubler très serré, et là je m’aperçois que j’avais oublié de le déplier.

  4. Pim

    d’ailleurs, je trouve meme une legislation sur l’ecarteur

    Arrêté du 18 avril 1988, § 45 c
    Les cycles peuvent comporter à l’arrière et à gauche un dispositif « écarteur de danger ».

    Le dispositif sera constitué d’un bras de couleur orangé comportant à l’une de ses extrémités une pièce de liaison au cycle et à l’autre extrémité un catadioptre de couleur rouge et un catadioptre de couleur blanche.

    Le bras support sera fixé à la pièce de liaison au moyen d’un axe autour duquel il devra s’effacer à l’application d’un couple, dans les deux sens et dans des conditions statiques de moins de 0,12 m daN dont le moment est parallèle à l’axe de rotation.

    Le dispositif ne devra comporter aucune partie pointue, tranchante, constituant un angle vif ou une saillie dangereuse susceptible de présenter un danger notable pour les autres usagers de la route.

    Les parties du dispositif susceptibles d’entrer en contact avec un usager de la route devront présenter en bordure une dureté inférieure à 60 shores et un rayon de courbure supérieur à 2,25 millimètres.

    La longueur hors tout du dispositif sera comprise entre 300 et 400 mm.

    La distance de l’axe de rotation au centre de référence des catadioptres sera comprise entre 250 et 350 mm.

    Les catadioptres seront conformes aux prescriptions des catadioptres de classe 1 A du règlement no 3 annexé à l’accord de Genève du 20 mars 1958.

    L’écarteur de danger sera fixé au cycle à l’arrière du plan vertical passant par l’avant de la roue arrière et perpendiculaire au plan longitudinal de symétrie du cycle. Les plages éclairantes des catadioptres seront à une distance du sol comprise entre 0, 3 5 et 0, 90 mètre et dans un plan vertical perpendiculaire au plan longitudinal du cycle.

    Le catadioptre rouge sera dirigé vers l’arrière et le catadioptre blanc vers l’avant du cycle. La présence du catadioptre blanc sur le dispositif est facultative.

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