Automobilisme

Automobilisme de Gaston Couté à la Station-Théâtre : « c’est là qu’i’ sent tout l’ pouéd du Progrès ! » Dans le cadre du spectacle Sur la grand route, le poème qui va suivre sera dit par le comédien Philippe Languille et brassé à l’accordéon par Dany, de la cie Udre Olik, les Vendredi 8 et Samedi 9 Février à 20H30 à la Station-Théâtre.

AUTOMOBILISME

I’ fait bon à c’ souér, en r’venant des champs…
La rout’ devient grise et l’ jour va mouri,
Sous les ombrag’s ros’s et doux du couchant,
Comme un vieux au bas des guigniers fleuris.

Pis les chous’s appont’nt l’entarr’ment du jour :
L’ vent s’ lève et s’en va quêter des parfums
Dans les foins d’jà chus, dans les blés d’jà lourds,
Et l’ silenc’ développ’ son drap su’ l’ défunt.

Mais tout d’un coup… teuf ! teuf ! teuf ! Un vacarme
Déchir’ brutal’ment l’ drap fin du silence.
Teuf ! teuf ! … Et v’là l’ vent qu’est d’eun’ pestilence
A vous fér’ jurer : ça, c’est les gendarmes !

C’est pas les gendarm’s ! C’est des gas d’ la ville
Qu’ont mis, sans excus’s, mon rêve en déroute ;
C’est des bourgeouésieaux dans leu’ tomobile
Qu’ont failli m’ bocquer au tournant d’la route !

C’tte rout’ ! J’ai passé troués bounn’s journé’s d’ssus
La corvé’ nous t’nait jusqu’à la nuit nouère.
Nos tomb’reaux étin chargés à plein cul
Des tas d’ jarr’ pell’tés aux grév’s de la Louére.

C’tte rout’ ! J’ai cassé l’ pierré des carrières
Pour boucher en-d’ssus, pour combler en d’ssous :
J’ai mis su’ son dous des emplât’s en pierre,
J’ai mis dans’son vent’ des bouilli’s de cailloux !

Et v’là que j’peux pus aller su c’tte route
En r’venant des champs, par le train d’ mes pattes,
Les souérs qu’i’ fait bon et qu’on oubli’ toutes
Les tâch’s échignant’s et la vie ingrate !

Lire aussi :  De la voiture au vélo: En route vers le changement

Tout ça simp’elment pasque… teuf, teuf, teuf…
On a fait du ch’min d’pis quater vingt neuf !
Dans l’ temps, nous seigneurs, pou’ leu’s amusettes
S’en allint coumm’ ça fér’ la chasse aux bêtes.

Les meut’s trottaillint dans l’ blé plein d’promesses,
Queu joli grabuge aux champs d’ nous grand-pères !
Et, des foués, pour ren, pour vouèr, pour l’adresse,
On visait l’ manant penché su’ la terre !

A’n’hui, c’est pus ça. Les seigneurs bourgeoués
Ont un joujou neu’ qu’est la ‘tomobile :
Ça fait du rafut, ça pue, et ça file,
Ecouassant nous poul’s, écouassant nous ouées.

Mém’, si queuqu’ pésan sortu des guérets,
Songeait su’ la rout’ coumm’ moué tout à l’heure,
Ça te l’aplatit coumm’ deux yards de beurre
Et c’est là qu’i’ sent tout l’ pouéd du Progrès !

Ah ! n’y r’venez pus, bon guieu d’écraseux !
J’ counnais un moueyen pour vous rend’ moins fiers :
Le souér, su la route, un bon grand fil fer,
Et v’ écras’rez pus parsounne, moué, si j’veux !

Gaston Couté

An’hui – An’huy = Aujourd’hui.
Apponter – S’apponter = Arranger – S’arranger.
Bocquer = pousser
Bourgeoisieau = Habitant aisé du bourg.
Ecouasser = écraser
Guignier = variété de cerisier
Yard = une mesure quelconque (pour le beurre au sortir de la baratte ?)

Vendredi 8 et Samedi 9 Février à 20H30
Ouverture des portes 1H avant
Entrée : 8 euros
Réservation : 02 99 69 28 09 / lastationtheatre@gmail.com

Station-Théâtre, Carrefour de Beauséjour, 1 route de Rennes, 35520 La Mézière (12 km au nord de Rennes, abri pour les vélos et chaussons pour les marcheurs)

2 commentaires sur “Automobilisme

  1. Gwenael De Boodt

    Suite à une déconnexion du réseau due au « progrès » de l’accès obligatoire à la télévision qui ne s’est pourtant jamais glissée (même insidieusement) dans les murs de la Station-Théâtre, nous vous signalons un changement de téléphone, changement qui ravira tous les « nomades » branchés (qui circulaient déjà en automobile dans l’exotisme des campagnes du temps de Gaston Couté) et tiendra à distance les personnes électro-sensibles, les ruches et les essaims,

    Pour les renseignements et les réservations, veuillez donc désormais appeler au 06 70 12 75 33

    La Station-Théâtre : les joies de la bougie en route vers le futur.

  2. francois schneider

    géniale cette reprise de Gaston!!!

    sinon sur un air quebécois, il y a celle-là aussi:

    Dondaine Laridaine

    Par un lundi matin me baladant à pied

    J’ai vu un groupe de gens qui étaient enfermés

    Tout au fond d’leur bagnole ielles ne pouvaient bouger

    On a ouvert une vitre et j’ai pu demander

    « Pourquoi restez-vous donc là dedans attachés ? »

    « Non seulement vous puez mais vous nous asphyxiez »

    « Et là où vous restez on pourrait se prom’ner »

    « On pourrait même peut-être y planter des navets ! »

    Et on m’a répondu sur un ton excédé :

    « Pour payer cette auto il faut gagner du blé »

    « Et pour gagner du blé faut aller travailler »

    « Pour aller travailler il me faut cette auto ! »

    ——————————————————————————–

    refrain

    Dondaine laridaine

    Matapa talimatou

    Matantalou malimatou

    Ma-atapa talimatou

    Matantalou laridé

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