Sans lendemain qui vaille d’être marché longtemps

(Nouveau poème du carrefour blême).

Les mains soumises aux degrés du volant

roulant les caps en pure perte dans des forêts de pistons

assommé de vitesse, l’œil au fil de la ligne

énucléé de l’horizon, sans lendemain qui vaille d’être marché longtemps

tu prends la route comme un faussaire

dans les grands boulevards de la dénégation.

Quel piètre oiseau tu fais, dont les ailes couvent des outres pleines de vent

et que les phares assignent aux platitudes figées du goudron

dans une nuit sans étoile sous une pluie de boulons !

Un sang de mort sucé dans les déserts au prix du sang des hommes

coule en toi : c’est bien le tien et non celui de ta machine, il t’irrigue et te dresse arrogant,

réclamant la fin des taxes et le droit d’être con.