High Tech et vieilles combines

Les géants américains des nouvelles technologies (Apple, Google, Facebook) croulent sous les dollars tout en se présentant comme les nouveaux apôtres de l’écologie. Ils se construisent actuellement de nouveaux bureaux en Californie qui se veulent le nec plus ultra de l’écologie.

On se rappelle le slogan d’Apple « Think Different » (« Pensez différemment »). En matière de construction de bureaux, ces entreprises de la Net économie semblent au contraire tout à fait conventionnelles…

Apple, Google et Facebook construisent en effet trois grands complexes de bureaux neufs et la presse internationale semble s’extasier devant les « performances environnementales » des projets en question. Tout y est: éoliennes, panneaux solaires, jardins sur les toits, économies d’énergie (au sein du bâtiment), végétation abondante, etc.

Apple projette ainsi de planter 6.000 arbres, Google va restaurer 8 hectares de zones humides et le siège de Facebook aura la toiture la plus végétalisée possible car son architecte Frank Gehry a prévu d’y implanter carrément des arbres et non pas le traditionnel mélange d’herbes et d’arbustes (photo ci-dessus).

Tout semble merveilleux au pays du Green Business si ce n’est un léger petit problème qui réduit à néant tous ces « efforts environnementaux »: le nombre de place de stationnements.

En matière de parkings, les entreprises High Tech font plutôt dans le Low Tech, à savoir la bonne vieille méthode consistant à bétonner un maximum de places de stationnements pour leurs gentils employés-automobilistes. Ainsi, 1499 places de stationnement sont prévues pour les 2800 employés de Facebook (Ratio : 1.86) et 10.500 places pour les 14.200 employés de Apple (Ratio : 1.35).  Il n’y a pas encore de données pour le nouveau siège de Google, mais les chiffres seront probablement du même ordre.

Lire aussi :  Les impacts du réseau routier sur l’environnement

Résultat: les employés utilisant massivement la voiture pour leurs déplacements domicile-travail consomment 50% d’énergie de plus que le bâtiment lui-même. Pour un bâtiment comme le futur siège d’Apple réalisé par l’architecte Norman Foster, le ratio pourrait même être beaucoup plus élevé.

Il a même pu être calculé que les employés du siège social d’Apple à Cupertino brûlent près de 24.000 litres de carburant par jour pour leurs seuls déplacements domicile-travail…

Tout ceci est tout à fait logique car ces bureaux sont implantés en lointaine périphérie, à proximité d’autoroutes et de rocades, sur des terres anciennement naturelles ou agricoles. La maquette du projet de Facebook est à cet égard assez saisissante: un bâtiment couvert d’arbres cerné par des autoroutes à 8 voies de circulation…

En France, on est peut-être le pays de la « Vieille Technologie », mais on pourrait sans rougir exporter aux USA nos Plans de Déplacement d’Entreprise (PDE)…

Tout cet argent dépensé pour les panneaux solaires et autres gadgets verts pour rendre le bâtiment quasiment autonome sur le plan énergétique, et au bout du compte 10.500 voitures qui viennent tous les jours remplir les parcs de stationnement. C’est tout simplement ridicule.

Source: Treehugger Via Ville résiliente

6 commentaires sur “High Tech et vieilles combines

  1. kw

    Ils ont tellement confiance dans les réseaux qu’ils ne se posent pas la question du télétravail !

  2. titfleur

    j’espère qu’en plus les parkings sont extérieurs, comme ça ça fera un peu plus de consommation pour la climatisation…

  3. marco

    Comme la plupart des employés de Google, Facebook etc… n’ont pas de voiture (et ils n’ont aucune envie d’en posséder une), les différentes compagnies organisent leur service de bus privés pour transporter leurs employés du centre de San Francisco, où la plupart d’entre eux habitent, jusqu’à leurs bureaux situés au milieu de nulle part.

    Plus de détails sur:
    http://www.businessinsider.com/silicon-valley-private-buses-2012-10

  4. Jean-Marc

    @ Marco, lis l article :
    « Tout ceci est tout à fait logique car ces bureaux sont implantés en lointaine périphérie, à proximité d’autoroutes et de rocades, sur des terres anciennement naturelles ou agricoles. »

    Or, ils ont la possibilité d acheter de vieilles friches industrielles, pour installer leurs bâtiments.

    çà tombe bien :
    Il y en a plein en vente à Détroit
    (c.f. http://carfree.fr/index.php/2010/10/24/detroit-passe-au-vert/ )

    mais aussi partout aux USA, des vieux malls fermés
    (c.f. http://carfree.fr/index.php/2009/02/09/la-fin-des-supermarches/

    Un bus de ramassage, c est très bien…
    pour rejoindre un lyçée agricole, un centre agricole ou forestier au milieu de rien (c.f. la navette journalière, pour aller au centre INRA de Champenoux);

    mais créer un centre à destination des urbains, au milieu de rien, c est de la dilapidation de terres agricoles.

  5. Michelle

    @ Jean Marc j’aime touts tes commentaires qui sont toujours très juste

  6. kevind

    Juste une petite correction à apporter, « think different » signifie, dans le slogan, « penser différent » et non pas « différement ». Le sens n’est pas le même.

Les commentaires sont clos.