Le conditionnement de la vitesse : doubler pour doubler

Je ne surprendrai personne en concédant qu’un vélo va moins vite qu’une voiture sur une ligne droite sans obstacle. Il est donc normal qu’à vélo, sur de longues routes départementales ou communales (je déconseille les nationales), on se retrouve à être doublé par des engins limités à 90 km/h pendant que les plus sportifs d’entre nous ne dépasseront pas les 30 km/h de moyenne (je parle de déplacement et non d’entraînement sportif).

En ville, la donne est différente : de nombreux obstacles freinent la progression des voitures et la moyenne dans les centres de certaines d’entre elles est même bien inférieure à celle des vélos.

Là encore, malgré tout, sur une longue ligne droite entre deux feux, la voiture étant autorisée à rouler jusqu’à 50 km/h, il peut sembler logique de la voir dépasser un vélo tant qu’elle respecte le mètre minimum imposé en agglomération (note aux automobilistes qui frôlent en dépassant : imaginez un 33 tonnes vous doubler en vous rasant de très près. Vous conviendrez que la situation n’est pas très agréable).

Maintenant, penchons nous sur l’utilité du dépassement : celui-ci sert à continuer à avancer lorsque le véhicule qui précède est trop lent pour permettre de maintenir sa vitesse, à moins d’être en pleine compétition sportive, il n’a pas d’autre utilité.

La logique veut donc qu’on ne double un véhicule que si l’on est assuré de continuer à aller plus vite que lui une fois le dépassement effectué.

Il est donc totalement inutile de doubler : à l’approche d’un rond-point, à l’approche d’un feu rouge, à l’approche d’un stop, à l’approche d’un carrefour sans être sûr d’avoir la priorité ou sans s’être assuré avant qu’aucun obstacle ne viendra perturber sa progression en maintenant sa vitesse.

Arriver à un feu, à un stop ou à un rond-point juste avant un vélo qui arrivera quelques secondes plus tard n’a strictement aucun intérêt : il n’y a rien à gagner, ni récompense, ni temps : si le vélo arrive quelques secondes plus tard, c’est bien la preuve que le temps gagné est nul. Il sera toujours temps de doubler plus tard.

Lire aussi :  Quels transports face à l’urgence écologique et sociale?

Doubler un vélo juste avant d’entrer dans un propriété ou juste avant de se garer n’est pas utile non plus : les secondes précieusement gagnées à arriver absolument avant la bicyclette sont déjà perdues lors de la manœuvre nécessaire pour entreprendre le dépassement.

Si le ridicule de la situation avait été le seul enjeu, un article n’aurait peut-être pas été utile : le réel problème est la mise en danger que représentent ces dépassements inutiles.

Dans tous les cas cités, le dépassement est inutile car la vitesse de la voiture sera fortement freinée une fois celui-ci exécuté : au mieux, la voiture deviendra alors à son tour l’obstacle, la courtoisie voulant qu’on ne double pas si c’est pour devenir à son tour un obstacle gênant.

Dans le pire des cas (le plus fréquent), la situation présentera un risque de percussion lorsque la voiture sera obligée de freiner (voire de piler) juste après le dépassement : doubler juste avant un rond point ou juste avant un cédez-le-passage sans avoir vu ce qui allait arriver est extrêmement dangereux.

Et puisqu’il est obligatoire de ralentir à l’approche de ces signaux, autant ne pas doubler et attendre de les avoir passés, le temps gagné sera strictement identique !

http://pasdevoiture.wordpress.com/

22 commentaires sur “Le conditionnement de la vitesse : doubler pour doubler

  1. Ice

    Déjà qu’est-ce que tu entends par « à l’approche de » ?
    C’est qu’elle distance ? Non parce que selon les distances, le temps que la voiture rattrape la voiture, même à un feu, la voiture est déjà partie.
    Ensuite un carrefour, rond-point, pas toujours nécessaire de s’arrêter (sauf quand il y a un STOP).
    Pour le feu tricolore, uniquement valable si on est proche et qu’il viens de passer au rouge.

    « la courtoisie voulant qu’on ne double pas si c’est pour devenir à son tour un obstacle gênant. »
    La courtoisie voudrait qu’on ne soit pas un obstacle gênant, vu que tu considère les cyclistes comme étant un obstacle gênant (forcément vu que c’est le « doublant » qui devient un obstacle gênant après avoir dépassé le cycliste), donc la courtoisie voudrait que le cycliste ne soit pas sur la route.

    CQFD

  2. antec

    Ton raisonnement Struddel est parfaitement logique… sauf que… je vais arreter là on connais la suite sur les automobilistes !

    @ ICE : Mais les voitures se doublent entre elles ? donc par courtoisie pour les autres automobilistes ils ne devraient pas être sur la route ?
    CQFD
    Sinon tu peux me doubler, tant que tu respectes les distances imposés par le code et que ce n’est pas pour se rabattre « au forcing »

  3. TOUTGRATOS

    @ICE « donc la courtoisie voudrait que le cycliste ne soit pas sur la route. »

    Trop drôle; chaque jour, je vais au boulot (environ 15 bornes) sur un parcours de la banlieue Ouest de Paris (Versailles->Guyancourt). Au départ de chez moi il y a une côte, que je ne peux pas monter à plus de 17 km/h. La route est étroite et je bloque les voitures qui veulent me doubler. En général les gens sont plutôt sympas et je fais de mon mieux. Mais en haut de la côte il y a un feu et ça bouchonne. Elles sont toutes à l’arrêt et s’il n’y avait pas le trottoir, elles me bloqueraient. Au fait ICE, que font-elles là à l’arrêt au beau milieu de la chaussée ? ….

    Note: au final, je gagne 1/4 d’heure sur chaque trajet …

  4. Struddel

    ICE, j’entends par « à l’approche de » une distance qui entraîne l’obligation de freiner dès le dépassement effectué.

    Si, après avoir dépassé, on ralenti quelques mètres plus loin, pourquoi pas, je ne vais pas jouer la mauvaise foi et moi-même je double les vélos plus lents lorsque je sais que je peux continuer derrière.

    Mais pour le premier cas, c’est simplement dangereux, il n’y a pas à chercher de prétexte ou d’excuse pour pouvoir le faire : doubler et piler derrière entraîne un risque de collision.

    Faire une queue de poisson en se rabattant le plus vite possible car un obstacle survient sur la voie d’en face (une autre voiture, un terre plein central, etc.) entraîne un risque de chute,.

    Donc sauf si l’accident cycliste est un but en soi (pourquoi pas après tout, je ne connais pas les aspirations de chacun), doubler sans prévoir ce qui arrivera après n’est pas à faire : ça met la vie d’autrui en danger.

    Quant à la démonstration, elle tombe un peu à plat : dans un déplacement, tout autre personne se déplaçant dans le même plan de circulation est une gêne, quand on est à une caisse, on fait la queue, donc les gens devant sont une gêne, pourtant on ne double pas, on attend son tour.

  5. Struddel

    Mais la vraie question est : « Pourquoi ? »

    A quoi ça sert de doubler lorsqu’on ne gagne strictement rien en temps ? Est-ce que le besoin de vitesse est si important que ça ? Est-ce que le stress de rouler lentement même pour une centaine de mètres est si abominable et angoissant pour le corps humain ? Est-ce qu’on pense sérieusement qu’on va perdre du temps si on attend quelque mètres avant de dépasser ?

    Ce besoin de vitesse à tout prix est angoissant je trouve, ça montre à quel point le corps est drogué par ça et à quel point la vitesse prend possession du corps et de l’esprit…

  6. Guillaume

    Tout à fait d’accord avec l’article. D’ailleurs cela ne se limite pas au dépassement des seuls vélos. Un dépassement doit se justifier. La courtoisie de celui ci n’a selon moi rien a voir. Il ne s’agit pas de courtoisie, mais de sécurité.
    Qui va dépasser un camion et lui imposer de réduire sa distance de freinage lorsqu’il semble s’y être pris à la dernière minute ? Personne, parce qu’on a pas envie de finir dessous. Cela est pareil pour tous les autres modes de conduite. Un vélo freine globalement moins bien qu’une voiture (en prenant la moyenne des conditions climatique, et des vélos). Il est donc normal que la voiture prenne les mesures afin de ne pas mettre en danger le vélo.

  7. Georges

    bonne problématique soulevée dans cette article, il m’arrive souvent de me faire raser ou lécher par des bagnoles qui s’arrêtent quelques dizaines de mètres plus loin, je ne manque jamais de leur faire la remarque que c’est bien la peine d’accélérer inutilement et de frôler un cycliste pour s’arrêter quelques mètres après.
    Je crois qu’en effet il y a un conditionnement en voiture et en moto à aller vite sur des petites portions alors que c’est totalement inutile, mais il faut bien qu’ils aient l’impression que leur super moteur puissant serve à quelque chose. En réalité ça emmerde tout le monde : bruit, pollution et insécurité…

  8. Le cycliste intraitable

    Je me demande quel serait l’effet de la pose de compteurs à rebours aux feux, comme on trouve dans le monde chinois. Je me rappelle d’un chauffeur qui faisait exprès de ralentir pour ne pas avoir à s’arrêter au feu !

    Il serait temps de mener des grandes campagnes de sensibilisation sur le respect des cyclistes, qui, là où ils ont le droit de circuler, sont autant la circulation que les motorisés. Il y en a assez des campagnes uniquement centrées sur la sécurité des motorisés !

  9. Jean-Marc

    « Je me rappelle d’un chauffeur qui faisait exprès de ralentir pour ne pas avoir à s’arrêter au feu ! »

    C est ce que je fais, une fois tous les 4 à 6 mois, quand par hasard, je me retrouve chauffeur d’une voiture ou camionnette :

    inutile d’user le moteur en accélérations puissantes, inutiles d’user les freins en freinage exprès :
    savoir anticiper est la clé d’une conduite plus sûre (meilleure vue devant et sur les cotés… à l’inverse de ceux qui collent des monospaces ou SUV aux vitres impénétrables), moins dangereuse, plus respectueuses de la mécanique, moins polluante, et plus économe.

    le but est de décélérer suffisamment tôt (rétrogradage jusqu’à la seconde… alors que j avais oublié le rétrogradage avant : à (demi-)fond, et freinage en 4eme, voire 5eme, avant le feu), pour réussir à recoller aux voitures arrêtées, lorsqu’elles démarrent, sans avoir stoppé, et sans devoir accélérer trop.

    Comme aucun autre automobiliste ne roule ainsi… mais préfèrent tous faire la course à fond, à fond, à fond entre 2 feux, pour pouvoir piler et attendre, fiers de leurs exploits,
    J’ai crois tjrs que je vais me prendre plein de coups de klaxons, en roulant ainsi,
    mais, bizarrement, celà n arrive jamais
    (quasi jamais ? j ai peut-être oublié un coup de klaxon).

    (vitesse de 42 à 47km/h en pointe : les voitures précédentes s’éloignent de moi, mais je les recolle)

  10. Laurent

    Si les automobilistes font tout pour doubler les vélos en villes, c’est parce qu’ils sont très pressés de freiner aux feux et, plus ils vont vite et plus ils freinent vite.

  11. Vincent

    Struddel > Il est donc totalement inutile de doubler : à l’approche d’un rond-point, à l’approche d’un feu rouge, à l’approche d’un stop, à l’approche d’un carrefour sans être sûr d’avoir la priorité ou sans s’être assuré avant qu’aucun obstacle ne viendra perturber sa progression en maintenant sa vitesse.

    Cet article part du postulat implicite qu’on est dans le rationnel.

    L’expérience quotidienne montre qu’une partie des automobilistes (et pour ceux-là, en très grande majorité doté du chromosome XY) ne supportent pas la présence des cyclistes et le font savoir.

    J’imagine que c’est, au choix : cycliste = « pauvre loser qui n’a pas les moyens de se payer une bagnole » ou cycliste = « gaucho écolo bobo qui nous fait chier ».

  12. Struddel

    Oui Vincent, je pense que c’est souvent ça également, mais j’aimerais que les automobilistes citadins le disent.

  13. Struddel

    Ah, et tu as oublié « jeune con dangereux qui ne connaît pas le code de la route »,.

  14. georges

    en attendant voici du grain à moudre pour militer contrer cette aberration qui est le prolifération des SUV en pleine ville, un enfant tué à nanterre (sur une route que je connais bien) fauché par un connard en range rover qui roulait à 90 km/H en ville http://lci.tf1.fr/france/faits-divers/un-enfant-de-9-ans-tue-par-un-range-rover-dans-les-hauts-de-seine-8044809.html
    (j’aime pas rebondir sur les faits divers mais celui est particulièrement symbolique et révélateur)

  15. Eunoia

    Je ne fais plus trop attention à ces voitures qui doublent pour doubler, 50m avant que je les redouble. Celles qui m’ennuient fortement par contre, sont celles qui me doublent 3,5m avant de tourner à droite en freinant fortement. J’ai le choix entre rentrer dedans ou me déporter à gauche, en ne sachant pas ce qu’il y a à ma gauche. Là, oui, j’ai des envies de meurtre !

  16. apanivore

    Alors que la Pologne détient le record du nombre de tués sur les routes en Europe. On sait que le non respect des limitations de vitesses est largement en cause. Mais plutôt que les faire respecter, le pays est en train de voter (c’est même déjà passé au parlement à l’unanimité) pour rendre obligatoire le gilet jaune pour les piétons (de nuit hors agglomération)
    Le droit à la vitesse ça ne se remet pas en cause comme ça.

  17. Jean-Marc

    J espère que la famille du piéton mort, qui aura eu l audace de marcher sans gilet jaune, indemnisera le proprio de la voiture, pour son passage chez le garagiste et au lavomatic :

    Il ne faudrait pas que ces irresponsables de piétons sans gilet soit dédouanés de leurs responsabilités, sous le simple prétexte qu’ils sont morts.

  18. Jean-Marc

    précision : je n exagère pas vraiment

    c.f. le lien d apanivore
    « on choisit de faire reporter la responsabilité des accidents sur les piétons. Autrement dit, si un piéton ne portant pas de gilet jaune est renversé, la nuit et à la campagne, il sera possible d’exonérer l’automobiliste de sa responsabilité, même s’il fonçait à vive allure et avec de l’alcool dans le sang… « 

  19. TOUTGRATOS

    Ce qui me stupéfie de la part des automobilistes ,c’est qu’ils ne supportent pas de rouler 100m à allure modérée derrière un vélo, mais qu’ils supportent sans broncher (et tous les jours) d’être à l’arrêt total pendant de longues minutes dans leurs bouchons. A écouter des niaiseries à la radio, tripoter leur portable ou bien fumer leur cigarette.

    C’est bien ça, ils sont conditionnés, ils sont captifs dans leur tas de tôle. Comment ils font pour écouter 10 fois le même spot de pub, les mêmes informations rabâchées, le film qu’il ne faut pas manquer d’aller voir, le match de foot hyper important ce soir à la télé et les soldes qu’il ne va pas falloir rater. Comment ils font?

    Je comprends mieux pourquoi ils voient rouge quand ils ont un pauvre cycliste bariolé en jaune qui leur barre la route dès qu’ils peuvent avancer de quelques mètres.

    Appuyer sur des pédales sous la pluie, ce n’est pas le monde qu’on leur promet.

  20. checkman

    Mais vous voulez dire qu’il n’y a pas une loi qui OBLIGE à doubler à cycliste dès qu’on en a un devant soit, sans prendre en compte la notion de danger pour le cycliste, le gars qui arrive en face ou soi-même ?
    Moi j’ai toujours cru que c’était obligatoire de doubler un vélo le plus vite possible sans réfléchir, en tout cas c’est la sensation que j’ai quand je suis à vélo ou sur mon scooter électrique (45 km/h vent dans le dos sur le plat).

    Il me paraissait donc normal de me faire klaxonner lorsque je suis en voiture et que je préfère rester derrière un cycliste plutôt que de risquer de le tuer.

    Ben mince alors, j’en suis tout chamboulé !

    😉 (parfois les réactions des automobilistes me désoles, même quand moi-même je le suis…).

  21. syella

    @ ICE commentaire inuyile intolérant et constituant une entrave à la liberté de chacun A SIGNALER ET SUPPRIMER …NAN MAIS HO

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