« Anti », n’est-ce pas trop ?

Je fais partie de ceux qui sont intermodaux : à savoir que je suis tour à tour piéton, cycliste, utilisateur de transports en commun et, oui, automobiliste.

Je porte fièrement le T-Shirt « J’ai une voiture mais je me soigne », et je trouve quand même à la voiture des avantages certains. Je dois en effet toutes les deux semaines chercher mes enfants chez leur maman, à 50 km de la ville, dans une zone très mal desservie par les transports publics. Sans voiture, je ne vois guère comment y aller !

Donc, parfois, je trouve que « Carfree » est par trop « anti ». Et que ce discours a parfois un effet répulsif sur une large frange de la population dont l’opinion est en train de changer petit à petit. Changer du tout au tout et abandonner complétement sa voiture est difficile dans notre société. Je suis militant, je roule tous les jours à vélo, et pourtant… Que dire de ceux qui font TOUS leurs déplacements en voiture ?

Alors je suis pour que ce site que je trouve par ailleurs très intéressant mette plus en avant un discours moins radical, au risque de ne s’adresser qu’à des convaincus.

Image tirée du film « Monkey Warfare« 

20 commentaires sur “« Anti », n’est-ce pas trop ?

  1. Alavetz

    Moi aussi, j’ai une bagnole qui –dans la société d’aujourd’hui– m’est indispensable. Mais je suis quand même «anti» parce que je rêve d’une énorme panne sèche qui permette de ralentir le rythme général, et rende enfin ce machin obsolète.

    Et aussi parce que tant qu’il y aura une seule voiture qui roule, il n’y aura jamais de paix pour les animaux qui traversent.

  2. Christine

    Du même avis qu’Alavetz, il me manque pour ma part un certain nombre de trains ou bus pour les jours de grand vent où la pratique du vélo avec bagages sur 20 km devient épuisante et un vrai défi . J’ai donc toujours une voiture, pour l’instant , mais je me soigne!

  3. Jean-Marc

    « Je dois en effet toutes les deux semaines chercher mes enfants chez leur maman, à 50 km de la ville, dans une zone très mal desservie par les transports publics »

    C est, avec la famille réelle (et non la famille statistiquement inexistante des manifs « un papa, une maman« ), séparée et/ou recomposée, c est souvent un pb qui se pose.

    2 choses cependant :
    légalement,
    la chambre pour enfant est obligatoire, si bien que cela pose des contraintes financières, en articulier pour les personnes vivant dans des zones à loyers très élevés (idf, cannes, nice, …)

    mais, si la chambre est obligatoire, ce n est pas le cas de la voiture…

    Les 2 parents sont à X km mal desservi par les TEC, et trop éloignés pour que les enfants le fasse en vélo?
    et bien, il suffit qu’un seul des 2 parents ait une voiture… et l autre, le dédommage pour les trajets qu’il (elle) fait.

    De même, bcp de parents, avec leurs enfants, se lient à la voiture :
    en faisant les taxis à des âges où ce n est pas nécessaire
    (avant, il y avait la queue des voitures de parents devant la maternelle… puis devant la primaire… maintenant, on a la même queue…. devant les lyçées ! ! ! )

    et en allant chercher des activités péri-scolaires à perpettes :

    peut-etre que le prof de judo/foot de « truc » a meilleure réput que le prof amatteur de l assoc de quartier où on vit…
    mais, si le but est que son enfant s amuse, et non pas lui pourrir la vie à essayer d en faire à tout prix un zidane ou un david douillet, alors, le mettre à l assoc de son quartier est tout aussi bien.

    En plus, il y cotoiera les enfants de son quartiers :
    au lieu de se faire des amis qui vienet loin de chez lui (et donc, qui nécessite d’être vehiculé pour leur rendre visite…), il pourra rendre visite à ses copains du quartier à pied/en vélo.

    En plus, celà créera de la vie dans le quartier, et lui, n’étant plus un inconnu qui ne fait qu’utiliser son quartier que comme cité dortoir, s’évitera, lorsqu’il rentrera enfin par ses propres moyens de son club, des rencontres désagréables avec des inconnus de son quartier, qui veulent son équipement de foot/judo/autre hors de prix

  4. alain

    Ronuick voudrait-il qu’on se fonde dans la société actuelle?
    Du fait qu’on bouffe des OGM à longueur de repas, devrait-on cesser d’être anit-ogm?
    Du fait qu’on a de l’électricité d’EDF, devrait-on cesser d’être anti-nucléaire?
    Du fait qu’on respire de la pollution, devrait-on cesser d’être anti-pollution?

    Ce site n’est pas un site radical. Ce site dit une vérité évidente que certains trouvent trop radicale.

  5. Sophie

    Pour contrebalancer la propagande bagnolâtre (pubs pour les voitures, temps d’antenne et magazines consacrés aux comparatifs et publi-reportages, reportages sur le prix de l’essence et les soucis des pauvres automobilistes), un petit site vraiment anti n’est pas de trop.

    Ce site permet de découvrir que nous ne sommes pas absolument seuls à être sans voiture, que c’est possible même pour des familles, que c’est possible de commencer à sauter le pas même si on conserve une voiture par famille (déjà un grand progrès).

  6. Pim

    je pense que le qualificatif qui convient mieux à carfree n’est pas « anti », mais plutôt « utopique ».
    Pas si anti que ca puisque carfree propose de nombreuses alternatives à la voiture, des solutions simples, efficaces et mêmes réalistes ou déjà existantes, d’autres farfelues. Et puis, être anti voitures en ville, est ce être anti voitures tout court? Depuis le temps que je lis les articles et les commentaires, je réalise que les carfreenautes, dans leur grande majorité sont conscients des services occasionnels que la voiture peut rendre. C’est plutôt l’abus de voiture qui les énerve. alors anti abus de voiture conviendrait mieux.

    Utopique convient encore mieux, car dans la société actuelle, les enjeux économiques, politiques, la bien bonne pensée unique de TF1, la mondialisation, et plus généralement les efforts effectués par la société de consommation etc. sont si forts qu’il est très improbable que la voiture s’arrête brutalement. Malgré la crise, l’emploaaaa qui decroaaaa, la bagnole reste la reine, coûte que coûte il en faut une! alors oui Carfree est utopique, autant que la décroissance, très loin d’être ancré dans la culture populaire. Mais c’est tellement bon d’y croire et d’espérer.

    En tout cas, merci pour cet article. Je retiens de celui ci ton souhait de rendre plus populaire le refus de la voiture.

    Personnellement, je ne vois pas comment rendre populaire cette idée sans culpabiliser les gens. Un moment, il faudra bien leur dire qu’ils sont démodés, que les années 60 c’est fini depuis longtemps, qu’ils sont des gros dégueulasses, et en plus des egoïstes! Et là je pense qu’ils ne vont pas apprécier.
    On pourrait parler de la méthode douce relayée par les médias de masse, (payés par la pub pour les bagnoles), qui t’expliquent que la voiture c’est désormais électrique, propre et branché que le vélo c’est pour le dimanche et c’est encore mieux si c’est électrique, que le train c’est dangereux, que l’avion c’est pas cher, que la croissance verte c’est l’avenir grâce au nouveau rasoir jetable en carton recyclé, et qu’enfin la décroissance c’est pour retourner vivre dans les grottes avec des bougies. Mais je doute de l’efficacité de cette méthode, distillée au moment du dessert, entre la pub, le sponsor, la meteo, le sponsor, la pub, le loto et la pub.

  7. Seb

    Tout dépend de l’objectif… Changer les choses ou être puriste. Quand on est anti par définition on ne se fait pas que des amis et on convainc moins facilement.

  8. bertrand

    un discours radical est nécessairement objectif. Sinon, il faut parler d’extrémisme. Tous les papiers ne sont pas bon à lire, et inutile de penser à ma place (en parlant d’une large frange de la population). La part modale du vélo, c’est 5%. Dans quel côté se trouve l’extrémisme, Ronuick ?

  9. Le cycliste intraitable

    Anti-voiture ? Le but premier de Carfree est de lutter contre la suprématie du transport motorisé privé dans les villes, lieux créés pour se rencontrer (et faire des affaires) et non pour circuler.

    La suppression de l’automobile individuelle est certes une utopie, mais il est temps de passer de la voiture pour tous à la rue pour tous. En ce sens, Carfree, utilisé non pour déverser sa vindicte anti-voiture, mais pour présenter et analyser tout ce qui se passe, progrès comme régressions, est un site dont l’utilité publique est réelle mais mal reconnue.

    Pour reprendre un célèbre animateur TV (qui insupporte certains Carfree), « ce n’est pas nous qui sommes radicaux, c’est la situation qui est radicale ». Et en ce qui concerne la politique de transports en France, elle l’est effectivement.

  10. Struddel

    Si on veut, on peut se passer de voiture : elle n’est jamais indispensable, on peut toujours faire sans.

    50 km toutes les deux semaines à vélo c’est largement faisable quand on a pas de handicap physique.

    Les gens n’ont plus aucune santé ni aucune forme physique à force d’utiliser un moteur dès qu’un trajet leur semble trop difficile à vélo.

    Maintenant, être « anti voiture » ça ne sert à rien, les gens qui se persuadent qu’elle est indispensables se braquent dès qu’on leur explique que c’est faux.

    Ce qu’il faut, c’est montrer d’autres alternatives en rappelant les inconvénients de la voiture pour expliquer pourquoi ces alternatives sont viables.

    Mais vouloir la disparition de la voiture est inutile : l’appel à la raison des gens ne fonctionnent qu’avec les personnes qui acceptent de se remettre en question.

    Maintenant, certaines personnes assimilent toutes ces infos, les comprennent, mais se moquent de la planète, des gens, et des conséquences de leurs actes. Or cela reste un droit, l’altruisme n’est pas obligatoire.

  11. lecolomobile

    La propagande publicitaire automobile n’aime pas la notion d’usage raisonnable et modéré de l’automobile que vous décrivez. L’industrie automobile prône le tout-automobile dans un monde violent stressé où la vitesse l’emporte sur la modération. Heureusement le vent tourne et on assiste à un retour de balancier: les ventes d’autos plongent.

    Avez-vous vu un récent reportage montrant que les Romains sont en train de renoncer à la voiture où on voyait un concessionnaire expliquer qu’il vendait jusqu’à 16 (de mémoire) automobiles par jour avant et plus qu’une aujourd’hui?

  12. lecolomobile

    Plutôt qu' »anti-automobile », Carfree préfère l’expression « alter-automobile ».

  13. lecolomobile

     » ALTERMOBILE « … J’ai l’esprit d’escalier aujourd’hui.

  14. tardif

    Moi aussi, je trouve que le discours « anti » est contreproductif. C’est un discours du tout ou rien, qui place l’enjeu tellement haut que c’est finalement complètement inefficace.

    Si l’objectif c’est de supprimer la voiture. La réponse est donc « oui » ou « non ». Comme il n’existe pas d’alternative suffisante aujourd’hui pour la majorité des gens, la réponse sera donc « non »… pour la majorité des gens. Et rien n’aura avancé.

    Si l’objectif est de limiter au maximum le nombre de voiture et leur utilisation, la réponse est alors totalement différente. A chacun, il est demandé ce qu’il peut faire lui-même dans sa propre vie en vue de cet objectif-là.

    Et chacun peut faire quelque chose de concret tout de suite (substituer, par exemple, tous les déplacements en voitures pour lesquels une alternative existe déjà: transports en commun, vélo ou marche), et quelque chose pour plus tard (au moment de déménager, par exemple, choisir un domicile bien desservi par les alternatives).

    Le discours du tout ou rien effraie les gens, il manque totalement de réalisme, il n’est absolument pas concret et pratique. Bref, c’est servir sur un plateau aux gens peu décidés des raisons pour ne rien faire!

  15. Taz

    Bonjour,
    L’automobile ne nourrit’elle pas l’égoïsme exacerbé ?! En effet, utiliser pour soit-même (bien souvent) une machine de 4m/1m75 (en moyenne..) utilisant les ressources naturelles sans se soucier de leurs épuisement, alors qu’on tire la sonnette d’alarme depuis maintenant des années, (mais peut-être n’est-elle plus entendu à force de la tirer) ne développe-t-il pas obligatoirement (et dans une construction très fortement inconsciente) une attitude de « Je me déplace en comptant, sans compter, sur ressources de la planète. Puis j’agis contre l’épanouissement des générations futures. Au fait je vous emmerde, de toute façon je crèverai avant de voir le désastre.. »
    Les gros utilisateurs au quotidien de l’automobile sont très proche d’agir de cette manière semble-t-il. T

  16. CarFree

    Mon avis est forcément orienté, mais je ne trouve pas que le site Carfree soit démesurément « anti-voitures ». Quand on voit par exemple, les 15 ou 20 derniers articles, bien peu relèvent de l’anti-voitures pur et dur. Beaucoup participent à mon avis du bon sens, à savoir contester la société actuelle du tout-voiture, comme cela a été dit par certains commentateurs. De manière générale, je rappelle que nous publions pour une bonne part les articles qu’on nous propose, ce qui ouvre très largement le spectre, depuis la suppression totale de la voiture au développement des alternatives, y compris l’autopartage ou le covoiturage…
    Pour le reste, je me retrouve assez largement dans la théorie du tape-cul proposée par Randall Ghent.
    http://carfree.fr/index.php/2008/04/07/l%E2%80%99equilibre-de-randy/
    Selon cette théorie, les conceptions « évidentes » de développement des alternatives à l’automobile ont largement investi le champ des associations ou le grand public et même, pour une part, certains milieux institutionnels. Dès lors, à quoi cela sert-il de défendre ce qui est assez largement accepté par l’opinion publique ou les milieux institutionnels? Réponse: à rien! Si Carfree doit se résumer à porter uniquement l’argumentaire consistant à dire qu’il faut développer les alternatives à la voiture sans trop chercher à pénaliser ou culpabiliser l’automobile, autant mettre la clé sous la porte. Car, à part une minorité d’extrémistes pro-bagnole, tout le monde reconnaît plus ou moins que le développement du vélo ou des transports en commun par exemple vont dans le bon sens…
    C’est pourquoi, je pense que notre rôle est d’aller au-delà de ces simples revendications et d’adopter, d’une certaine manière, une position délibérément plus utopique, à savoir la disparition de l’automobile et la mise en place d’une société libérée de la voiture. C’est une manière justement d’agiter un chiffon rouge devant le pare-brise des automobilistes en leur faisant accepter progressivement certaines mesures de restriction de l’usage de la voiture comme un moindre mal… Exigeons l’impossible car au bout du compte nous aurons moins que ce que nous demandons. Si nous exigeons seulement ce qui est déjà plus ou moins accepté par tout le monde, nous aurons encore moins et le tout-voiture a encore de beaux jours devant lui…

  17. dutheil

    Le seul objectif de restreindre l’usage de l’automobile en ville semble encore bien utopique au vu des tergiversations trop souvent observées. Allez proposer de supprimer une file de stationnement pour élargir le trottoir, allez demander à Strasbourg d’étendre les zones 30 par référendum (2011) ou allez demander à Genève de rendre piéton une cinquantaine de segments de rue (2012) par votation: vous vous faites étendre au carrefour démocratique!

    Etre anti mobilité motorisée individuelle est désormais une nécessité pour observer rapidement une véritable transition des déplacements et des modes de vie.

    Trop de fumistes veulent nous fourguer le système traditionnel avec une bonne couche cosmétique: l’auto partage et la location de 4 roues peut être mais uniquement dans le péri urbain de énième couronne ingérable autrement. Pour le reste, en zone dense urbaine, que l’on ne reste pas en panne avec les réseaux tram et métro actuels qui pour beaucoup trop d’agglomération restent insuffisants et saturés.

    Et que l’on prenne ses responsabilités pour sanctionner tout stationnement automobile illicite, plaie française pour les mobilités actives…

  18. Jeff

    Pour ma part, je suivais l’actualité de Carfree depuis quelques années, mais je n’y viens plus très souvent. Non pas pas que je ne sois plus anti-voiture, mais je suis retourné travailler pour l’industrie automobile. On a tous des contradictions, j’essaie d’y remédier mais ce n’est pas facile:
    Si on veut travailler dans une usine de vélo, par exemple, il faut vivre en Asie ou dans une moindre mesure aux Pays-Bas. Je continue d’aller travailler à vélo, mais travaillant et habitant loin d’une ville, la voiture est très utile. Je ne peux pas imposer à toute ma famille une vie sans voiture à ma femme et mes enfants en bas âge (on fait déjà 16 km/jour à vélo pour les emmener à l’école).
    J’ai des amis qui m’avaient dit, on vit à la campagne parce qu’on aime la nature, et on passe notre temps dans la bagnole. Depuis, ils ont déménagé.
    J’aurais tendance à dire: quand on aime la nature, on vit sociabilisé en ville ou on vit comme un hermite à la campagne.

  19. Struddel

    Tu ne peux pas leur imposer car ils y sont habitués, dommage : nous on n’a jamais eu de voiture, du coup personne n’impose rien à personne, ça a toujours été comme ça et ça semble naturel pour tout le monde.

  20. zaph

    Dans l’usage de l’automobile, il ne semble pas qu’il y ait de demie mesure. Soit on l’utilise pour n’importe quel trajet, soit on n’en utilise pas.

    Nous devons contrecarrer les initiatives des lobbies de l’automobile, ayant leurs entrées dans les ministères, les municipalités en étant présent dans les débats publics, dans des manifestations type « journée sans voiture » , « parking day », en militant pour un nouveau partage de l’espace public.

    Il faut semer le doute de la pertinence de l’usage de l’automobile et convaincre de ses méfaits sur la santé publique et sur la qualité de vie.

    Ce site a le mérite de montrer qu’il est possible de se passer d’ une automobile en proposant des alternatives et des pistes de réflexion et en ouvrant le débat permet de faire partager expérience, habitude et d’instaurer un dialogue parfois « passionné ».

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