Les cyclistes sont-ils de bons clients ?

“Les cyclistes sont moins bons clients que les automobilistes”. Un argument trop souvent utilisé par des commerçants pour refuser le développement d’infrastructures vélo à proximité de leur commerce. Une enquête réalisée par la Ville de Copenhague nous donne des éléments pour briser cette idée reçue.

L’enquête a été menée en mars 2012 auprès de 3000 personnes ayant toutes effectué des courses la semaine auparavant dans la région de Copenhague. En voici les enseignements principaux :

  • Les clients à vélo participent à 32% du total des revenus des magasins et supermarchés de la ville, en excluant les centres commerciaux qui sont des aimants à voitures. Ils dépensent 2 milliards d’euros par an dans les rues commerçantes de Copenhague, c’est un peu plus que les automobilistes. Bien sûr, le nombre de cyclistes est important et 35% de l’ensemble des déplacements pour aller faire des courses sont réalisés à vélo. Mais si l’on regarde individuellement, les cyclistes dépensent autant que les automobilistes et nécessitent moins d’investissements financiers en infrastructures.
  • Le cycliste sort de son portefeuille en moyenne 30€ par visite et 50€ par “sortie shopping”, contre respectivement 60€ et 90€ pour l’automobiliste. Pourtant les cyclistes génèrent plus de revenus pour les magasins de proximité car ils s’y rendent plus fréquemment que les automobilistes, comme le montre également une étude réalisée en France par la FUB en 2003.
  • Enfin, les résultats montrent que l’absence de parking vélo à proximité des commerces est un réel frein à l’utilisation du vélo pour aller faire ses courses. Un client non cycliste sur quatre estime que l’absence de bons dispositifs de stationnement à destination est la raison pour laquelle il ne prend pas le vélo. Et de manière générale, 26% des cyclistes ne sont pas satisfaits des infrastructures de stationnement.
Lire aussi :  La vie sans voiture... et en marchant

Un autre argument pour casser l’idée reçue “l’automobiliste est un meilleur client car il peut remplir son coffre” provient d’une étude autrichienne réalisée à Graz : 94% des achats dans des magasins de zone urbaine peuvent être réalisés à vélo (dont 14% seulement avec une remorque).

C’est donc prouvé : les cyclistes participent clairement à dynamiser les commerces de la ville !

Convaincu ? Demandez-donc l’installation d’un parking vélo devant votre supermarché à l’aide des outils fournis par le GRACQ :

  • un argumentaire et une lettre d’introduction de votre demande (à adapter)
  • une fiche pratique sur les caractéristiques d’un bon parking vélo

Aurélie Willems
Photo: SalimVirji

Document issu du site internet du GRACQ – Les Cyclistes Quotidiens ASBL – www.gracq.org – Les droits de reproduction sont réservés et limités

13 commentaires sur “Les cyclistes sont-ils de bons clients ?

  1. Thomas

    Autre raison à noter : les cyclistes dépensent moins d’argent que les automobilistes pour leurs déplacements. Il leur en reste donc davantage pour faire leurs courses.

  2. Vincent

    > L’enquête a été menée en mars 2012 auprès de 3000 personnes ayant toutes effectué des courses la semaine auparavant dans la région de Copenhague

    Argument contestable : le vélo a une place beaucoup plus importante au Danemark et en Hollande que nulle part ailleurs dans le monde. Selon le principe du « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras », on peut comprendre que les commerçants soient opposés par principe à cette évolution.

    Pour les convaincre, il aurait été intéressant de connaître l’impact sur le commerce des restrictions anti-voitures lorsque ces pays ont entamé ce mouvement dans les années 70, et comment les commerces ont évolué depuis.

    De toute façon, réintroduire des commerces en centre-ville est une révolution puisque ça fait des décennies qu’on fait le contraire en poussant les gens à vivre en banlieue. Et si la voiture électrique se démocratise dans les vingt ans qui viennent afin de gérer en partie la fin du pétrole… cette révolution sera mort-née. On peut comprendre que les autorités hésitent.

  3. noxyvelo

    @Thomas
    Le vélo coûte moins cher et permet de faire des économies.
    Mais attention à l’effet rebond:
    Si c’est pour acheter des produits plus chers mais de meilleur qualité / durabilité très bien.
    Mais si c’est pour acheter plus de produits technologiques et/ou très coûteux écologiquement, y gagne-t-on vraiment ?

  4. Thomas

    @noxyvelo
    C’est sûr.
    Mais parmi ceux qui vont faire leurs courses à vélo, une bonne partie je pense est déjà dans une démarche de sobriété écologique.

    Et pour les produits « low-cost », mais high-cost pour la planète et les travailleurs qui les fabriquent, j’espère qu’ils finiront par afficher leur vrai prix.

  5. dutheil

    La démonstration est convaincante quand il s’agit de montrer la nécessité de convertir des places de stationnement automobile pour le vélo: et l’argument gagnerait plus encore en cohérence si on faisait de même avec les containers à ordures ménagères, pour les concentrer à intervalle raisonnable sur la chaussée, ce qui libérerait le trottoir pour les piétons…

  6. Jean-Marc

    L effet rebond, les commerçants s’en moquent.

    Le but de l article, c est de dire des évidences… sauf pour certains commerçants;
    mais pas de regarder l empreinte carbone des achats hors vélo/ hors auto (pour être aussi polluant qu’un automobiliste qui fait son plein… et avec la même fréquence, faudrait acheter quand même énormément de merdes… et je ne parle que des pleins, pas de la fabrication de l engin de plus d’une tonne).

    cette évidence -là :
    si tu es un cycliste (valable aussi pour un piéton) non automobiliste,
    tu dépenses bcp bcp bcp moins en transport,

    résultat, que les revenus des cyclistes soient plus élevés, identiques ou supérieurs à ceux des automobilistes,
    les cyclistes ont des revenus, hors revenus liés au transport, supérieurs aux automobilistes

    donc,
    si tu n es pas un vendeur directement lié à l auto (essence, pièces de voiture d occasion, siège auto, masseuse de lombaires suite à de longs trajets, …)
    les non-automobilistes ont des revenus disponibles supérieurs à dépenser chez toi…
    donc, par intérêt financier, il ne faut surtout pas que toi, commerçant, tu les négliges.

    Autre point, non spécifié (de mémoire, celà vient d’une étude postée par espritcritique.be) :

    les automobilistes sont plus volages que les cyclistes :
    si auchan, à 15km de cora, fait une promo sur les merguez, certains automobilistes sont prêt à faire 2x15km de plus afin d economiser 5 centimes…

    c.f. http://xkcd.com/951/
    certains automobilistes sont prêt à perdre leur temps et leur argent, à courir après le moins cher.
    [des cyclistes pourraient avoir la même mentalité… mais comme chercher le prix le plus bas, au passage en caisse, nécessite de bcp se déplacer pour rien… et que faire le tour des magasins en vélo n est pas très excitant, cette pratique de la recherche à tout prix de la bonne affaire (pour acheter 20 autres produits à coté…. à prix gonflé) ne doit pas être très usitée par les cyclistes]

    Ainsi, les cyclistes sont souvent une clientèle plus sûre :
    une fois qu’ils apprécient un commerce (pour sa proximité, son choix, la qualité de ses produits,.. mais aussi ses prix : un savant mixte de ces valeurs, variant selon les personnes), ils y reviennent de façon plus assidue que bcp d automobilistes.

    Ainsi, pour leurs commerces, il serait bien que les commerçants ne négligent plus autant les cyclistes (un simple poteau pour attacher un vélo suffit…).

    Quand je vois les vélocistes chez moi, çà fait peur :
    Plusieurs n’offrent aucun aménagement pour garer son vélo,
    et, les rares qui en fournissent, fournissent des racks à vélo avec arceaux de… 20-25cm : les trucs si bas, qu’ils sont spécialement conçu pour voiler les roues…

    Bizarrement, certains (très rares) commerces non liés au vélo offrent un meilleur accueil aux vélos.

  7. Laurent

    En même temps, beaucoup de cyclistes sont limités par le volume des achats. Ces derniers doivent pouvoir se loger dans un sac à dos ou des sacoches (les vélos cargo sont minoritaires parmi les vélo).

    Il faut faire attention à ne pas faire l’achat de trop, ce produit qui encombrera une main lors du trajet retour (pas très pratique).

    J’aurais largement acquiescé si l’étude avait annoncé que les cyclistes réfléchissaient beaucoup plus à leurs achats que les automobilistes.

  8. Le cycliste intraitable

    Les cyclistes sont des clients plus fidèles parce qu’il n’est pas aisé de faire ses courses à 10 km pour gagner quelques euros, quand bien même le coût du déplacement est très inférieur au coût du déplacement en voiture.

    Leur moindre capacité d’emport est certes compensée par leurs visites plus fréquentes, mais pour les marchands d’objets encombrants (meubles, ordinateurs, électroménager, matériaux…), il est évident que les cyclistes présentent d’autant moins d’intérêt qu’il faut les livrer. Certains se sucrent d’ailleurs allègrement sur la livraison…

    J’ai récemment expérimenté l’attelage vélo – diable pour le transport d’objets encombrants. Attaché par la languette de porte-bagage, ça tient la route mais c’est lent (10 – 15 km/h) du fait des petites roues du diable.

    Au moins j’ai gagné du temps par rapport à un aller-retour à pied, avec le poids à supporter partiellement et des trottoirs qui laissent souvent plus à désirer que l’asphalte lisse des chaussées.

    C’est en cela que l’autopartage est indispensable, pour permettre à ceux qui ne possèdent pas de voiture (ou de camionnette) d’en disposer quand le besoin ou l’envie leur vient, à un juste coût (~ 0,5 € / km), d’un véhicule qui correspond parfaitement à leurs besoins d’emport.

  9. Jeff

    Quand on fait le marché en ville (en y allant à vélo si c’est trop loin), on peut consommer plus local, choisir ses commerçants (en fonction de la qualité, de la provenance, du prox, bio ou non,…), on achète moins de produits transformés et inutiles. On a plus de rapports humains avec les commerçants que dans les supermarchés.
    On peut consommer pour un meilleur rapport qualité/prix et en plus, on ne consomme pas d’essence.
    Le problème pour les cyclistes est qu’il n’y a souvent pas d’infrastructure pour se garer

  10. Jacques

    C’est une étude qui me convainc totalement mais il faudrait en réaliser une dans une ville où le vélo est moins ancré dans les habitudes des gens pour voir l’impact que cela aurait sur le comportement des gens chez nous.
    Enfin il faudrait de toute façon plus de parking à vélo près des commerces et dans les villes, cela inciterait les gens à utiliser le vélo davantage et à se rapprocher petit à petit de la culture hollandaise ou danoise…

  11. bikeman

    Petite parenthèse : ce que l’on peut regretter toutefois c’est que bcp de commerçants de quartier s’appellent Leclerc Express, Carrefour City, Casino, etc.
    La grande distri est omiprésente, c’est navrant… et il est vrai que garer son vélo n’est pas tjrs chose aisée, car les aménagements urbains manquent… mais on se débrouille…

  12. Obgoblin

    La FUBICY fait de la peine et depuis qu’elle a vendu son guidon d’or à la ville de Tours pour un ouvrage qui n’a finalement pas été réalisé, elle a perdu toute crédibilité.

    Le tramway de Tours a été construit sur l’espace cycliste et piéton, en préservant l’espace des automobiles et la FUBICY a récompensé la mairie… est elle vraiment allé voir ce qu’il s’est passé dans cette ville? La place dévolue au vélo dans l’espace urbain à Tours a diminué avec l’arrivé du tram, mais apparemment ça vaut un guidon d’or…

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