La fin du tout-voiture sur France Inter

Le 5 octobre dernier, Denis Cheissoux recevait dans le cadre de son émission « CO2 Mon Amour » sur France Inter, Frédéric Denhez, auteur, journaliste, pour son essai « La fin du tout-voiture », paru le 11 septembre 2013, aux éditions ACTES SUD.

On avait parlé de l’essai de Frédéric Denhez il y a peu sur Carfree France. Avec cette émission de France Inter, la question de la fin du tout-voiture devient enfin un thème médiatisé et largement diffusé.

Plusieurs intervenants viennent ponctuer l’émission. Citons ainsi Michel Duchène, adjoint au Maire de Bordeaux et chargé de la prospective et de la stratégie urbaine en charge des grands projets urbains, Yves Krattinger, sénateur et président du Conseil Général de Haute-Saône et François Ferrieux, président du SMTCO (le Syndicat mixte des transports collectifs de l’Oise), et président de la commission transports du Conseil général de l’Oise.

Parmi les sujets intéressants abordés, François Ferrieux parle du concept de « mobilité courante », qui s’apparente selon lui à l’idée de « l’eau courante ». Comment fournir aux gens la mobilité courante comme on amène chez eux l’eau courante?

L’image est intéressante, mais elle peut faire débat. Peut-on en effet mettre sur le même plan l’eau, nécessaire à la vie, et la mobilité? Dit autrement, tout le monde a besoin d’eau pour vivre alors qu’on peut très bien vivre sans se déplacer…

Et comment fournir aux gens cette « mobilité courante »? Selon François Ferrieux, il faut en finir avec la possession de la voiture, les tarifications diverses et variées des transports en commun et la multiplicité des systèmes compliqués pour créer une centrale nationale de la mobilité à l’échelle nationale.

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Par le biais de cette centrale, chaque usager demanderait un déplacement vu comme un service (local, régional ou national) et la centrale lui fournit un trajet complet pouvant comprendre taxi, covoiturage, bus, train, vélo en libre service, etc.

Avec un tel système, vous n’avez plus à vous encombrer l’esprit des horaires, tarifs, correspondances, ruptures de charge, etc. La centrale de mobilité vous propose la meilleure offre au meilleur prix/meilleur temps et vous fournit un plan complet de déplacement de porte à porte.

Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur le concept de « mobilité courante », un article de Carfree France approfondit la question.

La « mobilité courante », concept révolutionnaire ou argument éculé? Faites-vous votre propre idée en écoutant l’émission!

http://www.franceinter.fr/emission-co2-mon-amour-la-fin-du-tout-voiture

15 commentaires sur “La fin du tout-voiture sur France Inter

  1. struddel

    Je ne comprends pas bien ce concept de centrale et de mobilité courante même si je comprends le but recherché.

    Mais j’ai du mal à imaginer une situation concrète : est-ce qu’elle serait basée sur le renseignement ? Sur la mise à disposition de moyens de transports ?

    Quelle est la différence avec les services de calcul d’itinéraires avec horaires comme le site http://www.destineo.fr qui mélangent transports urbains et transports inter-urbains ?

  2. CarFree

    Ce que j’en ai compris en écoutant l’émission, c’est qu’il s’agit bien d’acheter un billet de transport global. Exemple: tu habites dans un village de l’Oise et tu veux te rendre à Bordeaux. La centrale de mobilité te fournit un unique billet (que tu payes en ligne) incorporant par exemple un taxi ou du transport à la demande entre chez toi et la gare la plus proche, les différents trains à prendre, puis un bus arrivé à Bordeaux ou une location de voiture. Mais le service pourrait également inclure du covoiturage, de la location de vélos en libre service, etc. en fonction des conditions précises de chaque déplacement.
    En fait, cela correspond plus ou moins à ce que font déjà certains services comme celui que tu cites, mais avec la possibilité de payer un billet unique et prenant en compte tous types de transport.
    Pour en savoir plus, voici l’article où François Ferrieux explique son concept:
    http://carfree.fr/index.php/2013/10/23/pour-une-mobilite-courante/

  3. struddel

    Ok, c’est donc basé sur le renseignement de l’itinéraire idéal en prenant en compte tous les types de transports qui sont disponibles entre l’arrivée et le départ (destineo en est proche au niveau de sa région) et en proposant en plus des prestations type réservation taxi comme le fait la SNCF actuellement, le tout avec un billet unique.

    Ça demanderait une cohérence au niveau national de tous les moyens de transports publics ET des compagnies privées (location de voiture, taxis), ainsi qu’un encadrement du covoiturage, mais effectivement, c’est la solution idéale.

  4. pedibus

    Je connais très bien l’élu bordelais en charge actuellement – entre autre – du stationnement à la ville de Bordeaux. Transfuge des Verts il est maire adjoint de l’équipe municipale Juppé…

    J’ai eu l’occasion de l’intervewer au téléphone sur le phénomène du stationnement automobile sur trottoir, comportement généralisé et bénéficiant d’une grande complaisance de la police municipale : déni de réalité…

    Pour le reste une tarification unique, simplement à l’échelle d’une agglomération, facilite grandement la vie de l’usager. Mais à Bordeaux on n’en est toujours pas là: les TER ont toujours leur tarification dans le périmètre transport urbain…

    Un bureau des temps c’est bien, mais le « top down » pourrait faire mentir la doxa : un conseil/bilan à domicile, à l’instar des « ambassadeurs du tri » pour les déchets ménagers, serait sans doute beaucoup plus efficient…

  5. struddel

    « Mais à Bordeaux on n’en est toujours pas là: les TER ont toujours leur tarification dans le périmètre transport urbain… »

    Est-ce qu’une cohérence nationale des transports urbains (hors choix du réseau qui est propre à chaque agglomération) ne faciliterait pas la chose ?

    Un tarif unique et une gestion centralisée avec des succursales dans chaque agglomération.

    Rien qu’en voyant les différences surprenantes entre deux régions sur la question des TER censés être gérés par une société nationale, on peut évidemment penser que c’est utopique, mais rien n’est figé.

  6. pedibus

    Hélas Struddel !!!

    Les autorités organisatrices de transport urbain font ce qu’elles veulent, c’est-à-dire pas grand chose à l’aune de la volonté politique existante…

    Les lois Deferre depuis 1982/1983 leur laissent entière liberté… de ne rien faire.

    Et la constitution française n’instaure pas de hiérarchie entre les personnes morales de droit public : donc pas de possibilité d’injonction de l’Etat en direction des régions ou des EPCI…

  7. Vincent

    > Parmi les sujets intéressants abordés, François Ferrieux parle du concept de « mobilité courante »

    Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué…

    On peut résumer le problème plus simplement : le pétrole, c’est terminé. Et comme 99% des transports sont actuellement alimentés par du pétrole…

    Donc, le futur:
    – centrales nucléaires
    – voitures électriques
    – vélo (classique ou à assistance électrique)
    – fin de l’étalement urbain, fin des banlieues, on remplace l’énorme IdF par plusieurs grandes villes (cf. Allemagne, Hollande, etc.)
    – isolement des logements pour ne pas cailler tout en consommant peu de chauffage
    – remplacement des chauffages gaz/fioul par pompes à chaleur/chauffage urbain
    – fin des low-costs et vols longue-distance; vacances en Europe en train.

  8. CarFree

    Vincent, juste une remarque, pour la voiture électrique c’est moins évident que cela. Dans l’émission, l’animateur demande justement à Denhez ce qu’il en pense et la réponse est sans appel: la voiture électrique restera une voiture bloquée dans les bouchons et sa pollution est déportée dans la centrale qui produit l’énergie. D’ailleurs, il cite des chiffres intéressants. Selon lui, la voiture électrique en France (avec une énergie électrique à 80 % nucléaire) produit (quand même) 90 g de CO2 au km (je donne les chiffres de mémoire, il faudrait vérifier). Et selon lui, les dernières générations de petites voitures thermiques (il parle de voitures allemandes) sont en-dessous de ce seuil. Donc, même du point de vue CO2, la voiture électrique ne semble pas être une si bonne affaire que cela (et pourtant on est sans doute un des pays les plus nucléarisés de la planète et on ne parle même pas des pays où l’énergie électrique est produite essentiellement avec du charbon ou du fuel).

  9. struddel

    On peut résumer le problème plus simplement : le pétrole, c’est terminé. Et comme 99% des transports sont actuellement alimentés par du pétrole…

    Donc, le futur:
    – centrales nucléaires
    – voitures électriques


    Où en est-on des réserves d’uranium ? De cobalt ? De lithium ?

    Sans même parler des problèmes inhérents à la voiture électrique et de la pollution des déchets nucléaires, la situation ne semble pas solvable par cette voie non plus.

  10. Vincent

    L’uranium, on en pour des décennies. Encore plus si les pays comme les USA choisissent le recyclage
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_du_combustible_nucl%C3%A9aire

    Les déchets fortement radioactifs représentent un volume très faible. Le stockage ne pose pas de problème insurmontable.

    Les Chinois et d’autres relancent la recherche sur les centrales au thorium : très abondant sur Terre, centrales moins risquées, usage uniquement civil.
    http://www.franceculture.fr/emission-continent-sciences-centrales-au-thorium-et-sels-fondus-2013-04-22

    La voiture électrique n’est pas la panacée, mais, en attendant mieux, ça permet déjà de réserver le pétrole à d’autres usages où il est pour le moment irremplaçable (avions, livraisons, machines agricoles, pesticides, plastique).

    Par quel bout qu’on le prenne, la fin des hydrocarbures est un problème majeur qui ne résoudra pas avec quelques mesurettes. L’inertie de nos gouvernements est d’autant plus agaçante.

  11. cycliste alcoolique

    bah –
    La solution:
    -aucune voiture personnelle en ville, seulement du transport public gratuits, des vélos, des vélo-taxis.
    -des tram/TER.
    Et quelques taxis en dehors des agglos pour aller là ou le bus/train ne va pas.
    Plus de marché de proximité. Des camions épicerie pour ceux qui vivent dans les endroits reculés.
    + de télétravail
    moins de travail salarié aussi.
    Mais elle est où la croissance là-dedans?
    ben on s’en fout! Elle ne sera plus. Elle n’ai déjà plus, et quand elle était, on cravachait autant.

  12. pédibus

    La croissance il en reste : ça s’appelle dans le jargon des sciences occultes économiques la croissance endogéne.

    C’est la croissance de « l’économie résidentielle », dont celle résultant de transports publics urbains renforcés par exemple, ou encore un service d’éducaââââââââtion renforcé et dédié aux victimes d’addiction à la motorisation individuelle…

  13. struddel

    « L’uranium, on en pour des décennies »

    On arrive donc bien à la fin. Des décennies, ce n’est rien du tout.

    Et comme il n’y aura plus de pétrole, on devra utiliser l’uranium pour alimenter l’extraction d’uranium, malin !

    « Les déchets fortement radioactifs représentent un volume très faible. »

    Chiffres ? Faibles par rapport à quoi ?

    « Le stockage ne pose pas de problème insurmontable. »

    Ah, quelle est la solution dont personne n’a entendu parler jusqu’à présent ?

  14. Alex

    Le nucléaire est la moins pire des alternatives (émissions de CO2 faibles, mais le sel fondu marche pas, le stockage n’est pas une solution). Nous en sommes totalement dépendant aujourd’hui. Cependant, si on pouvait s’en passer, je signe tout de suite.

    Le vélo en ville est une des réponses à la non augmentation du nucléaire en France. Bref, pédalons mes amis !

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