Comment construire sa piste cyclable

Face à l’inaction des pouvoirs publics et des municipalités, on connaissait les collectifs cyclistes qui peignent eux-mêmes des bandes cyclables sur les chaussées. Nous allons voir qu’il est possible d’aller encore plus loin et de construire carrément des pistes cyclables à moindre coût.

Pour rappel, une bande cyclable est en fait un simple coup de peinture sur la chaussée matérialisant un couloir pour les cyclistes. La bande cyclable a le mérite d’identifier visuellement pour tous les usagers, en particulier les automobilistes, un espace réservé aux vélos.

Cependant, certains cyclistes, et en particulier les moins expérimentés, ne se sentent parfois pas très à l’aise sur ces bandes cyclables, frôlés par les voitures. C’est pourquoi, il existe aussi des pistes cyclables qui remplissent le même objectif que les bandes cyclables (offrir un espace réservé aux cyclistes) mais en séparant physiquement le trafic cycliste du trafic automobile.

Sur une piste cyclable, le sentiment de sécurité est plus fort dans la mesure où les voitures sont physiquement séparées des vélos, et non plus seulement par un simple coup de peinture au sol matérialisant une ligne de séparation imaginaire.

Dans ce contexte, pourquoi ne pas créer uniquement des pistes cyclables? Déjà parce qu’en général cela coûte plus cher qu’un simple coup de peinture: il est donc économiquement plus facile pour les municipalités de créer des bandes cyclables. Ensuite, parce que ce n’est pas toujours techniquement possible, sauf à prendre trop d’espace à l’automobile, ce qui peut effrayer certaines municipalités à l’écoute du citoyen-automobiliste.

Et pour ce qui concerne les simples bandes cyclables, qui ne coûtent pourtant pas très cher au regard des sommes colossales englouties dans les aménagements routiers, elles sont encore loin d’être omniprésentes dans les rues de nos villes. Même si la Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie (LAURE) de 1996 impose la mise en place d’aménagements cyclables lors de toute création ou rénovation de voie, beaucoup de municipalités trainent des pieds.

C’est pourquoi, on ne compte plus les villes où des collectifs cyclistes s’organisent pour aller peindre eux-mêmes des bandes cyclables sur les axes où la situation est la plus préoccupante. On peut ainsi citer par exemple les villes de Nantes, Biarritz ou Marseille.

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Dans le cas présent, certains vont encore plus loin et mettent en place carrément des pistes cyclables, c’est-à-dire des espaces réservés aux vélos physiquement séparés du trafic automobile.

Cela s’est passé à Minneapolis, aux USA, où un collectif cycliste nommé Bikewaysforeveryone.org (« Des pistes cyclables pour tous »), a mis en place une piste cyclable de ce type.

Ils sont partis d’une bande cyclable existante, mais ils auraient tout aussi bien pu créer leur piste cyclable directement même sans la présence initiale d’une bande. Leur projet a consisté à poser le long de la bande cyclable, à intervalles réguliers, des bacs contenant de la terre et des fleurs.

La présence de ces bacs de fleurs non seulement embellit la rue et la ville, mais affirme par ailleurs une séparation nette entre la voie automobile et ce qui devient une piste cyclable séparée.

Selon les organisateurs de l’évènement, pour réaliser la piste cyclable, il leur a fallu seulement 15 bacs, qu’ils ont fabriqué eux-mêmes en contre-plaqué et qu’ils ont disposé le long de la bande cyclable à des intervalles compris entre 30 et 75 mètres.

Pour fabriquer les bacs, ils étaient 10 et cela leur a pris seulement 3 heures. Le groupe a convaincu des pépinières locales de leur prêter les plantes gratuitement, et il a payé pour que des ouvriers des pépinières les mettent en pot.

Apparemment, l’ensemble de l’opération a coûté 600 dollars, soit environ 438 euros, y compris la location d’un camion pour venir déposer les bacs.

La municipalité a semble-t-il été prévenue à l’avance de l’opération et ne s’y est pas opposée.

Le collectif cycliste a désormais l’intention d’équiper 48 kilomètres de bandes cyclables afin d’en faire des espaces réellement séparés du trafic automobile.

Photos de Kristina Perkins

12 commentaires sur “Comment construire sa piste cyclable

  1. pédibus

    Belles initiatives!

    Faire de l’espace public un palimpseste où écrire un message directement lisible par les citadins : « il n’y en pas que pour l’automobile ici »…

    Je ne ne peux m’empêcher de prévoir la même chose pour les piétons, en plus symbolique, avec les bandes classiques tagués sur la chaussée aux intersections avec les petites rues, trop souvent dépourvues de la chose…

    Histoire d’enhardir le piéton avant et pendant sa traversée. Même si une panneautique de rappel aiderait à lui faire perdre sa transparence aux yeux des motorisés individuels…

    Je suppose qu’on m’objectera tous les risques juridiques que comporte ce faussaire, rien que pour le cas particulier où il se trouverait que l’intersection se trouve à moins de 50 mètres* d’un passage « officiel »?

    *R.412-37 code de la route, http://fr.wikipedia.org/wiki/Passage_pour_pi%C3%A9tons_en_France

  2. Jean-Marc

    Principe qui me plait bien…

    sauf 2 détails qui me gênent :

    A- la facture ?

    « Apparemment, l’ensemble de l’opération a coûté 600 dollars, soit environ 438 euros, y compris la location d’un camion pour venir déposer les bacs. […] Le collectif cycliste a désormais l’intention d’équiper 48 kilomètres de bandes cyclables afin d’en faire des espaces réellement séparés du trafic automobile. »

    La municipalité ne fait pas son travail… donc les assos le font, bon, pourquoi pas…
    c est plus efficace et rapide que d attendre que la municipalité le fasse un jour, ou de lui faire un procès pour la contraindre.

    Mais, ils ont le droit d envoyer la facture à la municipalité…
    et, s’ils le font UNE FOIS gratis, l’équipement des 48km suivant ne doit pas être à leur frais.

    (les automobilistes payent pour le macadam ?)

    B- la police
    2eme point qui me gène : la vidéo à 44sec :

    une rue où il n y a que des piétons et cyclistes, à faible densité, où personne ne se gène,
    et où les membres de l asso aiguillent les cyclistes sur leur nouvelle piste :
    c est bien de créer une piste, mais plusieurs de ces cyclistes peuvent avoir besoin d aller dans une des maisons à gauche, ou de tourner au prochain carrefour à gauche, ou trouver que la piste est trop encombrée d enfants à vélo zigzaguant sur toute la voie, ou de cyclistes bouchonnant…

    mettre une zone réservée exclusivement, pour que les voitures n’y viennent pas, OK,

    MAIS créer une réserve OBLIGATOIRE, avec désapprobation (voire, plus tard, amendes ?) des cyclistes qui osent quitter ce lieu, pas d accord…

  3. Vincent

    Oui, c’est sympathique mais ça n’est pas comparable à une vraie politique pensée à l’échelle de la ville.

    En même temps, vu 1) le prix de l’essence moitié moins élevé qu’ici et 2) les hivers qu’ils ont dans les États du nord, on peut comprendre que la municipalité ne considère pas les pistes cyclables comme une priorité.

    On verra quand l’essence sera à [url=http://www.gasbuddy.com/gb_gastemperaturemap.aspx]$10/gallon[/url].

  4. Florent

    Visiblement, cette piste était éphémère. Plus une opération de com d’une asso de cycliste qu’une véritable installation (je doute que les bacs en contreplaqué durent au delà de la 1ère pluie !).
    En plus, vu le nombre de cyclistes et de piétons sur la voie + les gens présents, ça ressemble à une « journée des modes doux » organisée par la ville qui a banalisé une section de route sur laquelle les assos se sont retrouvées pour faire leur promotion !
    C’est très bien je dis pas… Mais de là à dire que ça permet « à bas coût » de faire une piste cyclable, il y a un pas un peu grand à mon avis…

  5. pédibus

    çà peut faire partie du dispositif d’une ville aux élus éclairés, laissant la bride abattue aux initiatives citoyennes et associatives, agissant au coup par coup, histoire d’enfoncer le clou, non dans les boyaux… mais dans les représentations; faut-il encore que soient réunis cohérence, persévérance et projets à temporalité courte

  6. Zeed

    Ce week-end à Chamonix,Nathan,19 ans,étudiant,revenait d’acheter un cadeau de St Valentin pour l’élue de son coeur et circulait à vélo.

    À 20 heures environ il s’est fait renverser par un ENC . . . . de chauffard qui roulait en Audi,bin tiens,une grosse merde de grosse cylindrée!!!
    Et cet enc… de fils de p… a pris la fuite,laissant sur le carreau le jeune amoureux,qui est maintenant décédé…

    Comment pourrions-nous avoir du respect pour ces ordures et ces lâches qui ne respectent pas la vie?
    Comment pourrions-nous avoir du respect pour ces ordures de marques qui construisent et vendent ces engins de mort?
    Et comment pourrions-nous avoir encore du respect pour ces maires de communes qui refusent d’effectuer des aménagements?

    NON!AUCUN RESPECT! MORT À LA VOITURE!!!!!!!!

  7. pédibus

    N’en déplaise à Michel Foucault et ses admirateurs contrôler la communauté automobiliste, avec les moyens modernes à disposition ne doit pas être écarté, le bilan en termes de liberté, de sécurité et d’autres considérations renvoyant à la société et l’environnement devant être déconnecté de la symbolique trop forte de l’objet fétiche contre lequel nous nous fédérons ici…

  8. phaidon

    En tous cas cela fait réfléchir, aux moments des municipales, des interrogations pour nos futurs élus et d’aborder la cause cycliste, comme
    une nécessité incontournable du déplacement en sécurité et quand
    j’entends le discours de notre ministre des sports pour souligner et accorder un sens profond à notre santé ….le changement c’est aussi
    maintenant,le développement cycliste par des économies…..!

  9. Zeed

    …Et aussi une répression beaucoup plus sévère à l’encontre de ces
    enc…. de la route…

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