Gaz de schiste, l’Académie des Sciences fossilisée dans la Roche Mère (3)

Critique de l’avis de l’académie des Sciences sur les gaz de schiste. Troisième partie.

Second Chapitre « Analyses et recommandation »

Va-t-on enfin connaître « le domaine de compétence » de l’éclairagiste ?

Point 1 : déception

L’académicien devient sérieux, se met à parler de picaillon et se comporte en marchand de tapis, il n’a plus envie de nous éclairer et s’adresse au pouvoir public en faisant des promesses de « fracturation écologique » : « Le Comité considère que l’exploration, si elle est menée selon des règles précises et contrôlées, n’a pas d’impact environnemental significatif. »

On veut connaître ces « règles précises » !

Point 2 : Offensive générale

Les chercheurs s’équipent de leur lampe frontale et descendent à la mine. Le plan de toute la division blindée des connaissances scientifiques se précipite à l’assaut de la roche-mère. Attention, la phrase est longue, avalez votre salive, ça commence : « le Comité considère comme prioritaire d’utiliser les connaissances géologiques, géophysiques et géochimiques déjà acquises au moyen de forages et de fracturations (ou qui dorment dans les archives) puis d’acquérir et d’associer observations de terrain complémentaires, expériences de laboratoire et modèles de simulation numérique pour évaluer, sur des bases scientifiques, les ressources potentielles de notre pays en gaz et huile de roches-mères. Il est urgent de solliciter tous les géoscientifiques (géologues, géophysiciens, géochimistes, hydrogéologues…), du monde universitaire et des organismes publics » (CNRS, BRGM, IFPEN) ou privés, pour travailler conjointement à cette évaluation des réserves. »

Mais a-t-on été suffisamment éclairé ?

Point 3 : vœux pieux récidivistes et langue de bois

Point 4 : tactique

Point 5 : Enfin on entre dans le sujet… déception

Rien de scientifique concernant la gestion de l’eau. On patauge dans les sempiternelles recommandations publiées dans d’autres rapports…

Passons !

L’Annexe comporte quatre parties

Une 1e partie de vulgarisation scientifique « les gaz de schiste en quelques mots », sans intérêt : tous les militants des collectifs connaissent ça sur le bout des doigts. Notons que l’éclairagiste savant dans cette annexe en profite encore pour donner la parole aux gaziers : on retrouve mot pour mot leurs arguments massues.

Seconde partie «  Les recommandations britanniques »

La parole est donnée aux académies Royales. Va-t-on s’élever de celle du « Peuple Souverain ». Deux vénérables institutions britanniques ont été auditionnées pour nous éclairer : la Royal Society et la Royal Academy of Engineering.

La déception est immédiate… En supposant notre éclairagiste un tant soit peu honnête on peut expliquer la misère scientifique anglaise par le contexte historique…

Après les ravages du thatchérisme et de l’ère Tony Blair en Angleterre, le gouvernement britannique s’est durablement réorganisé en carpette et a déroulé le tapis rouge pour accueillir en grande pompe le capitalisme du désastre sur son territoire… Dans cette pétromonarchie finissante, le nucléaire et les gaz de schiste érigés en bijoux de famille sont mis à l’honneur par les arrières petits rejetons de la Dame de Fer.

Rien de très original en somme… Dans ce contexte de fin de règne, la braderie générale du royaume bat son plein… Tout est à vendre au premier investisseur venu… On peut s’attendre à ce que les membres de ces institutions royales soient fidèles à sa gracieuse majesté Margaret et marchent au pas sans moufeter dans son sillage derrière les transnationales du gaz et de l’électricité.

Pour le nucléaire, c’est déjà fait, EDF assez aisément appâté a fait main basse sur l’électricité de sa majesté. Pour les gaz de schiste, on suit lamentablement la même piste, David Cameron dernier rejeton excelle dans la fonction de camelot du Royaume et s’est érigé en premier ministre du redressement productif… Avec le chancelier de l’Échiquier, le préposé à la Pompe à Phynance du royaume, les deux hommes appâtent les investisseurs transnationaux par des cadeaux fiscaux et bradent les concessions d’exploitation dans la plus pure tradition de l’ère Thatcher ; lorsque l’Angleterre par le pétrole de mer du Nord était devenue une ubuesque pétromonarchie (7). Dans cette ambiance de forains, que disent les académiciens Britanniques ? C’est ce que tient à nous apprendre notre lampiste de service.

Lire aussi :  La nouvelle frontière du capitalisme

Situons-le dans son contexte. En avril 2011, l’Angleterre était réveillée par un tremblement de terre. A cette occasion, le Londonien moyen découvrait peut-être pour la première fois l’existence des gaz de schiste dans le Royaume. La fracturation hydraulique avait traversé l’Atlantique, s’activait en Angleterre et peut-être avait tiré de leur sommeil les académiciens mais n’avait pas réussi à ébranler les certitudes savantes…

En 2013, les membres auditionnés déclaraient débonnaires : « On s’attend à ce que la sismicité induite par la fracturation hydraulique soit plus faible que celle ressentie naturellement au Royaume-Uni ou celle liée aux activités minières – elles-mêmes faibles si on les juge selon les standards mondiaux. Il faut cependant mettre en place un suivi (monitoring) de la sismicité robuste et efficace. »… De toute évidence l’ambiance soporifique des vénérables institutions ne semble pas menacée par la fracturation de la roche-mère. On n’est plus au temps de Newton où la chute d’une pomme pouvait intriguer un savant et produire une théorie de la gravitation universelle. Mais dans les paysages dévastés de l’ère Thatchérienne il ne doit plus y avoir de pommier et donc plus de pomme pour faire de la science…

La sieste est assurée mais qu’en est-il de la soupe à l’académie ?

Rebelote et dix de der avec les aquifères ! « Les risques de contamination des aquifères à partir des fractures sont très faibles à condition que l’extraction de gaz se fasse à partir des profondeurs de plusieurs centaines de mètres en dessous des nappes phréatiques. »

Avec ces belles paroles, rien à craindre, pas d’odeur de soufre, la soupe ne peut être que bonne…

Décidément il n’y a pas un académicien pour rattraper l’autre, même des deux côtés du Channel. Avec ces sentences scientifiques éclairantes on a une autre mesure en profondeur des ravages environnementaux et mentaux du thatchérisme… Plus de pommiers, plus de pommes, plus de science… Un proverbe anglais dit « an apple a day keeps the doctor away »

Aux propos tenus par les académiciens on peut suspecter la pénurie de pomme, la santé mentale des scientifiques est compromise dans ce pays…

Pour clore ces « recommandations britanniques », suit une liste de huit pieuses recommandations, les deux dernières sont assez cocasses :

« Pratiquer des tests adaptés d’intégrité des puits dans un cadre standardisé ».

« Établir des procédures de pilotage intégré pour s’assurer que l’eau est utilisée de façon durable et pour minimiser les déchets. »

Fin de la troisième partie

(1) « Éléments pour éclairer le débat sur les gaz de schiste » Avis de l’Académie des sciences, 15 novembre 2013
(…)
(7) Le Monde le 12 08 2013 « David Cameron réitère son soutien au gaz de schiste »

3 commentaires sur “Gaz de schiste, l’Académie des Sciences fossilisée dans la Roche Mère (3)

  1. BromptonAddict

    La photo m’a fait penser à la chanson Miss Maggie de Renault bien dans le contexte du site et particulièrement cet extrait :
    Femme je t’aime parce que
    Une bagnole entre les pognes
    Tu n’ deviens pas aussi con que
    Ces pauvres tarés qui se cognent
    Pour un phare un peu amoché
    Ou pour un doigt tendu bien haut
    Y’en a qui vont jusqu’à flinguer
    Pour sauver leur autoradio
    Le bras d’honneur de ces cons-là
    Aucune femme n’est assez vulgaire
    Pour l’employer à tour de bras
    A part peut être Madame Thatcher

Les commentaires sont clos.