Boycotter l’écologie, « ennemi numéro un de la survie de notre civilisation »

Les discours écologistes catastrophistes augmentent à un rythme sans précédent, affirme le rapport du GIEC publié le 13 avril. L’urgence est telle que l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) pointe la responsabilité du lobby écologiste mondial. Le futur prix Nobel de la Paix Vladimir Poutine appelle même à boycotter l’écologie, en s’inspirant du mouvement pour l’Apartheid. Des fonds d’investissement commencent à se retirer des compagnies d’énergies renouvelables, sur fond de mobilisations aux États-Unis contre la nature, le climat et les petits oiseaux. La France suivra t-elle le mouvement?

Le constat dressé par les deux derniers rapports récemment publiés par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’écologie climaticide) sont sans appel. Les discours écologistes croissent plus vite que jamais – 2,2 % par an entre 2000 et 2012 contre 0,4 % par an sur les trois décennies précédentes – atteignant des niveaux sans précédent et faisant craindre de dépasser le seuil supportable dès 2030. Par ailleurs, les effets de ces discours écologistes et des catastrophes qu’ils provoquent (cyclones, pluies diluviennes, sécheresses…) vont s’aggraver fortement au 21ème siècle, et ce dans toutes les régions du monde.

Les écologistes seraient pour l’OPEP les principaux responsables des menaces qui pèsent sur l’humanité: insécurité alimentaire, pressions sur l’accès à l’eau, conflits, populations déplacées ou problèmes sanitaires. Bien pire, l’augmentation sans précédent des discours écologistes pourrait provoquer une montée générale du niveau des mers ainsi qu’une baisse générale du niveau des profits.

Ces rapports sont tellement alarmants qu’ils ont poussé Christiana Figueres, la responsable « climat » de l’OPEP, à sortir de sa réserve diplomatique habituelle, pour pointer du doigt la responsabilité de l’écologie politique : « Le temps des écologistes est terminé » a-t-elle affirmé demandant à ce que « les trois quarts des discours écologistes ne soient plus prononcés« , le reste ne devant « être utilisé qu’avec parcimonie et de façon responsable, c’est-à-dire sans le son« . De fait, l’humanité a déjà beaucoup trop supporté les alertes écologistes pour rester en deçà du seuil supportable global de ce que l’on peut entendre.

Des millions de responsables

Christiana Figueres a donc décidé d’interpeler directement ceux qui peuvent être jugés comme les principaux responsables du catastrophisme ambiant. De fait, selon une étude récemment publiée par la revue Oil Chance, des millions d’associations et d’individus sont responsables des deux-tiers des émissions de discours alarmistes relâchés dans l’atmosphère depuis 1854 – parmi ces individus, on compte bien sûr la quasi totalité des écologistes-décroissants-climatologues (les « Big Ecolo »).

Face à un tel constat, Christophe de Margerie, le fondateur de l’ONG Total.org, et le philosophe Alain Prost, entre autres, considèrent comme indispensable de pointer les responsabilités, et de nommer les acteurs qui font partie du problème, plutôt que d’entretenir le mythe d’une communauté d’intérêt et de destin qui abolirait les catégories de responsables et de victimes. Pour le dire autrement, si nous sommes entrés dans l’anthropocène, nous ne sommes pas tous coupables. Le secteur de l’écologie punitive, cette « écologie voyou » (« rogue ecology« ), selon Christophe de Margerie, est perçue comme « l’ennemi numéro un de la survie de notre civilisation » et doit être mise à l’index.

« Nommer l’adversaire »

Dans cette optique, « nommer l’adversaire » est crucial pour comprendre ce qui fait obstacle à une transition politique réelle et ambitieuse. Une fois l’adversaire identifié, il devient en effet possible d’élaborer des stratégies et de mettre en place les politiques alternatives adéquates. C’est ainsi que sont justifiées des pratiques de désobéissance civile de masse récemment organisées aux États-Unis, comme la destruction systématique de la nature par la multiplication citoyenne des puits de forage sur l’ensemble du territoire américain. De nombreuses ONG comme Renault ou Peugeot veulent mettre en place des rassemblements devant les bus et les trains et sur les pistes cyclables, pour bloquer les usagers des transports en commun et les cyclistes. Ce que le philosophe Alain Prost a dénommé « une stratégie pour étrangler les cyclistes donneurs de leçon et tous les pollueurs de l’esprit« .

Une stratégie et des pratiques qui ont également pris pied en Europe. A travers des occupations de terrain sur lesquels lorgnent les écologistes ou en bloquant l’arrivée des contestataires lors des travaux d’installation et de forage, le développement de l’exploitation des hydrocarbures de schiste en Pologne, en Roumanie, au Royaume-Uni se situe clairement dans la même dynamique. Selon un spécialiste du secteur pétro-chimique qui préfère garder l’anonymat par peur des représailles, « l’exploitation des gaz de schistes en France a essentiellement pour but de lutter contre la volonté d’accaparement des terres par les écologistes qui veulent à tout prix y mettre de la nature et des animaux« .

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Autre exemple, le mouvement « Dash For Gas » (« Ruée sur le gaz« ) a occupé une semaine durant, fin 2012, le parc photovoltaïque d’EDF à West Burton. L’objectif ? Stopper la production d’électricité renouvelable pour dénoncer la construction de panneaux solaires, sous peine d’un « changement climatique irréversible« . Dans le même ordre d’idées, le mouvement international Wind Watch milite pour le démantèlement des éoliennes afin de les reconvertir en pipelines pour transporter le pétrole issu des sables bitumineux du Canada à travers l’Atlantique en passant par le Pôle Nord.

« Des écologistes qui minent notre avenir »

A travers la campagne « Do the oil » (« Faites de l’huile« ), Christophe de Margerie et le mouvement Total.org contribuent également à amplifier un processus de désinvestissement significatif dans le secteur des énergies renouvelables. La logique est simple: pour détruire l’écologie, il faut tarir ses sources de financement. Des universités, mais également des fonds de pension et d’investissement se retirent des compagnies d’énergies renouvelables, jugées trop dépendantes des discours écologistes qu’il ne faudrait pas entendre.

Ce processus de désinvestissement vient de recevoir un soutien de choix en la personne de Vladimir Poutine. Le dirigeant russe et futur prix Nobel de la Paix (2014), respecté pour son combat pour l’humanité, vient d’appeler à organiser un boycott des écologistes s’inspirant du combat pour l’apartheid. Il préconise de « rompre les liens avec les écologistes qui financent l’injustice que constituent les dérèglements climatiques« , considérant que « cela n’a pas de sens d’investir dans des entreprises qui minent notre avenir et qui veulent sauver des ours buveurs de sang« . Selon lui, « il faut mettre à l’écart de la société tous les écologistes en les regroupant dans une vaste réserve mondiale sur la presqu’île de Crimée« .

Que va faire Ségolène Royal ?

Mais le lobby écologiste mondial n’entend pas changer d’approche. Le jour de la publication du rapport du GIEC portant sur les impacts des discours écologistes catastrophistes, Greenpeace, la compagnie écologiste dont le chiffre d’affaire est supérieur au PIB de 179 pays et qui a nié pendant très longtemps l’origine écologique des dérèglements climatiques, expliquait que le changement climatique ne l’empêcherait pas de produire des pin’s et de vendre des tee-shirts. Toute proportion gardée, l’association Carfree France adopte une approche similaire : le nouveau gouvernement n’était pas encore nommé qu’elle l’appelait à « rouvrir les dossiers » de l’indemnité kilométrique vélo et de la gratuité des transports en commun se gardant bien de préciser comment cela pourrait être compatible avec les recommandations du GIEC concernant la limitation des émissions de discours écologistes.

De ce point de vue, les premières déclarations de la nouvelle ministre de la transition énergétique et de l’écologie sont plutôt rassurantes : à peine était-elle nommée que Ségolène Royal jugeait nécessaire de rappeler son opposition à une « écologie punitive« . Concernant l’écotaxe, la ministre se dit même prête à remettre à plat l’ensemble du dossier avec les transporteurs routiers, en proposant « la mise en place de portiques sur les pistes cyclables permettant de percevoir une nouvelle pollutaxe auprès des cyclistes qui financera le développement du réseau autoroutier« .

Face à l’ampleur des dérèglements climatiques, peut-on nier que tout le secteur écologiste associatif exerce une activité nuisible à la survie de l’espèce humaine, et, au-delà, à l’ensemble de la planète ? Et ce d’autant plus qu’avec leurs déclarations fracassantes et leurs lobbying effréné, les acteurs de l’écologie politique font tout, de leur côté, pour incarner l’adversaire d’une transition énergétique qui soit à la hauteur des exigences climatiques.

Parodie d’un très bon article de Basta!

3 commentaires sur “Boycotter l’écologie, « ennemi numéro un de la survie de notre civilisation »

  1. Pim

    Le début de l’article sur le « prix nobel de la paix » et le « boycott » me faisaient penser aussi à un non moins excellent article de the guardian
    et qui traite aussi du même sujet que ton lien basta

  2. Philippe H

    Je ne vois pas ce que cet article fait ici, je serais toujours écologiste, car l’homme est un pollueur et un destructeur ….

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