Meurtriers et suicidaires

Que ce soit dans les commentaires de certains blogs, sur des forums de discussion ou simplement en écoutant les gens parler, j’ai rencontré plusieurs fois la notion de « cycliste suicidaire ».

Les cyclistes, d’après ces échanges, seraient des personnes suicidaires car ne se préoccupant absolument pas de la circulation et se mettant en danger consciemment via les entorses au code qui leurs sont généralement reprochées comme les feux grillés ou les mauvais placements sur la voie.

J’ai plusieurs fois indiqué ma vision des choses sur ces points et je résumerai simplement cette introduction en invitant les cyclistes à la plus grande prudence : restez sur vos deux roues.

Mais si les cyclistes sont suicidaires, peut-on dire que les automobilistes sont des meurtriers ?

La très grande majorité des automobilistes ne cherche bien évidemment pas à tuer les autres usagers, tout comme la plupart des cyclistes ne cherche pas à mourir sous les roues d’une auto.

Ce qui amène ce genre de réflexion est l’exaspération devant certaines situations répétées maintes et maintes fois mettant en danger les usagers vulnérables, de l’un ou de l’autre côté des usagers.

Après avoir traité plusieurs fois ce qui était reproché aux cyclistes, voici en rappel la liste des infractions les plus fréquemment commises par les automobilistes que j’ai pu observées, mettant en danger de mort les cyclistes et pouvant transformer un automobiliste … en meurtrier :

  • Doubler en frôlant à moins d’1m. Pour rappel, l’écart minimum est d’1m en ville, on ne demande à personne de mesurer, mais frôler les cyclistes en les dépassant est non seulement très désagréable pour ces derniers, mais également très dangereux : il suffit d’un écart bref du cycliste sur sa gauche pour éviter un obstacle pour être fauché et finir par terre.
  • Faire une queue de poisson en se rabattant. L’action classique de l’automobiliste qui double le cycliste sans prêter attention à ce qu’il y a devant et qui se rend compte qu’il va devoir freiner rapidement, en se rabattant d’un coup. C’est bien d’avoir une extrême confiance sur les freins des vélos, mais on avouera facilement que cette action peut amener un drame rapidement.
  • Croiser un cycliste lorsqu’il n’y a pas la place de le faire. Ceci revient à le frôler, et c’est dangereux dans les deux sens. C’est vrai, le faible encombrement des vélos amène à penser qu’il est toujours possible de les croiser, or si techniquement c’est souvent possible, cela se fait souvent au détriment de la sécurité du cycliste, notamment lors des dépassements qui amènent à croiser un cycliste sur sa voie. Je me suis déjà vu monter sur le trottoir en urgence pour éviter des rétro …
  • Tourner à droite ou à gauche sans vérifier ce qui vient derrière. Rappel du code de la route : un usager est TOUJOURS prioritaire sur sa propre voie tant qu’aucun signal ne lui indique le contraire. Un cycliste dans sa voie sur la piste cyclable est donc TOUJOURS prioritaire s’il ne rencontre pas de cédez-le-passage ou de stop, tourner avant lui, c’est lui couper la route, et c’est un cas très fréquent d’accidents graves (refus de priorité = risque de collision). Ceci est donc valable pour tourner à droite, mais également pour tourner à gauche, certaines pistes cyclables étant placées au centre de la chaussée.
  • Variante de la piste cyclable coupée : le changement de file inopiné sans vérifier ce qui vient derrière.
  • Griller un feu. C’est ce que reprochent le plus souvent les automobilistes à la grande majorité des cyclistes. Je respecte les feux tricolores pour ma part (choix personnel), et je suis souvent presque « amusé » de voir le nombre d’automobilistes qui ne les respectent pas… les cas les plus fréquents étant lorsque la file qui va tout droit ou qui tourne a le droit d’avancer, ou lorsque le feu vient de passer au rouge.
  • Les priorité non respectées. Pour rappel, les vélos sont soumis au même régime de priorité que les autres usagers de la route, sauf indication contraire. Le cas le plus fréquent est l’automobiliste persuadé d’avoir le temps car estimant qu’un vélo est un véhicule lent. En ville, un vélo peut aller aussi vite qu’une voiture, on n’est pas systématiquement obligé de le laisser passer si sa vitesse est réellement lente, mais il est bon de s’en assurer avant de passer… L’autre cas est le fameux « désolé, je ne vous avais pas vu ». Pour rappel, l’attention portée à la route est primordiale et vitale, quand on ne voit pas sur la route, c’est soit qu’on a mal regardé, soit qu’on a anticipé sa manoeuvre avant même de regarder. Ne pas voir est un tort, pas une excuse. Lorsqu’on conduit un engin aussi dangereux qu’une auto, on DOIT voir, c’est un impératif.
  • Le stationnement sur les pistes cyclables. Le fameux « j’en ai que pour 5 min » ne diminue en aucun cas le danger : il ne s’agit pas que de confort mais de réelle mise en danger. En obligeant le cycliste à faire un écart sur la voie ou circulent les voitures, on crée une situation de danger potentiel. Je me demande comment réagiraient les automobilistes si un cycliste se plaçait en plein milieu de la route pour décharger son porte-bagages.
Lire aussi :  Casse toi avec ton vélo

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Après avoir invité les cyclistes à la prudence, j’invite donc les automobilistes à bien respecter les règles élémentaires de la sécurité au volant de leur machine qui reste un élément dangereux dans le paysage urbain de par ses capacités d’accélération et sa masse et à toujours vérifier que leur action ne met pas en danger un usager plus vulnérable qu’eux.

http://pasdevoiture.wordpress.com/

11 commentaires sur “Meurtriers et suicidaires

  1. kw

    A propos, où en est le fameux plan mobilité active qui devait faire passer le pv de 35 à 135 € pour les stationnements sur piste cyclable ?

  2. Struddel

    Et pensez à mettre le clignotant également … Quel que soit le moyen de transport d’ailleurs, même à roller, la communication est quand même primordiale sur la route…

  3. alfred

    Moi je grille le feu – bizarre cette expression griller du feu ! – quand il y a plein de voitures en face et plein de voitures derrière moi et que la rue est étroite. Sinon je me chauffe doucement devant le feu surtout l’hiver et je suis déçu quand il s’éteint pour passer au vert. Heureusement les gaz d’échappement me réchauffent…

    Je reviens d’une rando à vélo d’un mois aux Pays-Bas, Allemagne et Danemark. C’est un paradis pour les cyclistes bien évidemment mais surtout pour les handicapés !

    Ca me déprime d’en être encore à se battre pour avoir un bout de bitume…

  4. cassagnes

    Concernant le 4eme point dans les mouvement de tourne-à-gauche il n’y a pas que les pistes installée au centre de la chaussée mais aussi les piste installée côté gauche et ceci pour les deux sens de circulation. C’est à dire que si l’on a une piste bidi à gauche sans signal de cédez le passage, elle est prioritaire dans les deux sens. article. article R415-14, R415-3 et R415-4 du CdR. Par ailleurs j’aurais rajouté un autre point, dans les carrefours à feu lorsque la voiture a le vert elle doit laisser la priorité aux piéton (et cycliste si piste collée au passage piéton) lorsqu’elle tourne à droite ou à gauche si vert piéton (majorité des cas). Dans grands nombre de cas les automobilistes considèrent le vert comme une priorité dans tous les cas de figure.

  5. paladur

    L’usage addictif du klaxon totalement interdit sauf en cas de danger imminent mais je ne pense pas que le fait d’exprimer son mécontentement en soit un…

  6. Lomoberet

    L’idiotie des automobilistes n’a d’égale que le j’enfoutisme des forces de l' »ordre » et le cynisme affecté de nos élus.
    Mer d’Alors

  7. Laurent

    Lorsqu’un automobiliste prend des liberté avec le code de la route, c’est qu’il a des bonnes raisons de le faire.
    Il me semble que la mauvaise foi de l’automobiliste face à une connerie qu’il commet parfois sciemment, est la pire des choses.

  8. Lomoberet

    La voiture, c’est LA liberté !
    LA liberté de tuer les autres usagers de la voie publique
    LA liberté de faire crever les plus faibles à grand coup de gaz d’échappement
    LA liberté de faire assassiner des populations innocentes au motif d’inestimables ressources en pétrole
    LA liberté de détraquer de manière irrémédiable le climat planétaire
    Dès lors, pourquoi ajouter ce S à cette masse de liberté !

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