Nice: manifestation des naufragés du TER

À Nice comme ailleurs, le carfree est un combat! Dernier épisode, samedi 24 Janvier dernier, une manifestation des usagers mécontents du TER. 200 participants, ce qui en fait (il me semble) la plus grande manifestation d’usagers de TER en France.

Pour comprendre ce qui motive ces gens, il faut savoir que le service TER est déplorable sur la Côte d’Azur. Ajoutez à cela que, prix de l’immobilier faisant, les travailleurs « ordinaires », n’ont pas l’opportunité d’habiter près de leur lieu de travail. Par exemple, à Monaco, le m2 se négocie à 60.000 euros avec des salaires qui n’ont rien d’exceptionnel. Pourtant, 30.000 français se rendent dans la principauté chaque jour pour travailler.

Chance, une ligne TER dessert toutes les grandes villes de la Côte (Cannes, Nice, Grasse, Monaco, Menton, etc…). Sauf que…

Sauf que le service TER ne suit clairement pas. Les trains sont bondés même sans retard ni annulation. À chaque jour ses trains supprimés et retards, à tel point qu’il est impossible pour un employé d’arriver à heure fixe au travail.

Et tous y vont de leurs anecdotes : les retours en taxi lorsque tous les trains sont annulés le soir (95 euros le Monaco-Nice, ça fait mal au portefeuille), les galères lors des 75 jours de grève du TER en 2014 (oui, 75 jours, vous avez bien lu), les malaises dus à la chaleur dans des trains non conçus pour être autant remplis, etc…

Hélas, la plupart, au bout d’un certain temps, se résignent à prendre leur voiture ou s’acheter un scooter, avec les impacts négatifs que l’on connait (pollution, sécurité, économie, etc…). Le nombre de gens que je côtoie qui ont « abandonné » le train comme moyen de transport quotidien est ahurissant.

Lire aussi :  Les vélos dans les trains internationaux: ça recule

Toujours est-il que quelques-uns refusent de se résigner. Preuve en est, cette manifestation, organisée par l’association « Les naufragés du TER », qui réussit à réunir 200 personnes, pour tenter d’attirer l’attention sur ce gâchis énorme. Manifestation bien relayée par les médias locaux, par Nice Matin et 20 minutes notamment.

Quel gâchis d’un moyen de transport pourtant tout simplement génial; aller et venir au boulot sans stress aucun, rapidement, le tout assis et en admirant une superbe vue mer, c’est absolument magnifique, et on pourrait même convertir les caisseux les plus résignés !

Il faut continuer le combat !

9 commentaires sur “Nice: manifestation des naufragés du TER

  1. paladur

    Va -t’on entendre Le maire de Nice, Mr Estrozi, plus connu pour ses caméras de vidéo surveillance et ses propos sur les roms, que pour son amour de l’écologie? Le motodidacte s’en fout, les riches retraités sont ses électeurs.

  2. pedibus

    « 18,2% sont arrivés avec plus de cinq minutes de retard » s’agissant des TER de la région PACA en 2014 si on se réfère à « Mobilicités »:

    l’honneur est sauf, TER ne voulant donc pas dire « Toujours En  Retard »…

    Plus sérieusement la situation régionale évoquée est, une fois de plus, révélatrice des limites de la gestion urbaine française à l’échelle de l’aire urbaine, c’est-à-dire définie conceptuellement par l’INSEE avec les travailleurs pendulaires, qui aujourd’hui se déplacent massivement avec l’automobile: au-delà de l’empilement des périmètres d’autorités politique, administrative, sectorielle on doit déplorer l’absence de politiques publiques locales cohérentes pour ce qui concerne le double défi du déplacement et du logement: toute politique publique locale lucide et volontariste doit y répondre simultanément, et d’abord avec des projets fonciers d’envergure, c’est-à-dire de dimension suffisante pour crever la bulle spéculative immobilière et foncière, casser le marché en faveur de l’habitant postulant : les PLU menés à l’échelle de l’interSCoT à réinventer – pour lui donner un visage politique et décisionnel ou le faire porter directement par la région… -, les établissements publics fonciers locaux contenant des projets urbains ambitieux aux portes des zones agglomérées – ou dans celles-ci pour les densifier -, avec la double technique incitation/sanction d’expropriation à coût « raisonnable » ou de gel du bien foncier sous la classification « provisoire à perpétuité » d’inconstructibilité des terrains que les élus décideraient… : autant de techniques pour éviter qu’une trop grande part de la population ne soit trop longtemps membre de la communauté des gens du voyage, en TER ou par l’autoroute…

    Enfin, est-il besoin de le rappeler, l’usage des TER, pour échapper à la rente foncière de la centralité urbaine, pourrait ne pas être à coup sûr une technique Carfree dans la mesure où la multi-modalité des pratiques permet le plus souvent de sortir de la gare TER avec son automobile pour rejoindre son domicile perdu dans un autre périurbain : c’est là encore de la périurbanisation par ricochet.

    Cette hypothèse reste plausible en Midi Pyrénées : qu’on observe la dimension du parking de trop de stations TER et la distance du premier lotissement, dans le meilleur des cas… Pour la région PACA puisque le niveau de prix du foncier/ immobilier reste inaccessible dans beaucoup de villes du chapelet urbain desservi par TER le long de la Côte d’Azur, Nice-Fréjus, concentration urbaine majeure, l’échappatoire pourrait consister à rentrer dans les terres par automobile depuis la station TER qui dessert au plus près son lieu de résidence.

    Il serait évidemment intéressant qu’on commande une enquête origine destination des usagers TER pour étayer tout ça, en variant la typologie urbaine et foncière avec trois régions à fort dynamisme démographique : Midi Pyrénées, PACA et Languedoc Roussillon par exemple, en s’attardant sur les sections de lignes TER desservant l’aire urbaine de Toulouse, de Montpellier et de la quasi conurbation Nice-Fréjus par exemple…

     

  3. alfred

    75 jours de grève…???!!!

    Il faudrait vérifier les sources. Je doute que le salarié lambda réussisse financièrement à faire grève pendant 75 jours surtout que parmi eux, beaucoup économisent pour acheter une voiture, la plus puissante possible.

    A moins qu’il y ait 75 syndicats différents qui fait un jour d’appel à la grève…

    La plus grande grève de l’Histoire a duré un an. C’était en Angleterre contre Tchatcher. Et nos mineurs n’ont rien obtenu. A part du superlibéralisme qui développe les pistes cyclables et qui fait qu’on vit dans monde délité, pas pour tout le monde évidemment.

    Si il y eu effectivement 75 jours de grève, c’est qu’ il y a un gros problème.

    A mon avis, ça sent l’INTOX.

  4. fredG Auteur

    Pour les 75 jours de grève en 2014:

    @Vincent, le blog « maligne-ter » ne comptabilise pas toutes les grèves, il manque par exemple la grève du 24 décembre 2014 au 5 janvier, ou encore celle du pont du 15 août (du 14 au 17 août)

    Cela dit, le chiffre de 75 jours est OK s’il l’on considère qu’une grève durant du mardi 20h au jeudi 8h compte pour 3 jours. Je l’ai considéré comme 3 jours, tout comme l’auteur de l’article que je donne en lien dans l’article, car, comme beaucoup de monde, mes horaires de travail ne sont pas flexibles. Je suis donc oblige de faire 3 jours de covoiturage, pour 1 jour de grève « officiel ».

    Si l’on compte une grève durant du mardi 20h au jeudi 8h pour 1 jour, je comptabilise 36 jours de grève pour 2014.

  5. Vincent

    Tant que les transports en commun ne seront pas aussi sûrs qu’une voiture, ça va être impossible de convaincre ceux qui ont le choix de laisser leur bagnole au garage.

    On sait 1) si ce nombre de jours de grève est comparable aux autres lignes de TER et 2) sinon, pourquoi il y a tant de jours de grève?

  6. Zeed

    Le graphique donné par Vincent me semble obsolète.  a m’étonnerait que la part du vélo n’aie augmenté que de 0, 2% en 10 ans, et c’est sans compter sur l’instauration des vélos bleus très appréciés dans la métropole Nice Côte d’Azur.

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