Comment se libérer de la voiture

Le numéro 7 de notre revue Commencements vient de paraître et compte tenu du témoignage que j’y donne de ma vie sans voiture, j’ai pensé que cela pouvait vous intéresser.

Après une expérience dans le développement local, Thierry Groussin rejoint le monde bancaire où il exercera notamment les fonctions de responsable de la formation des dirigeants. Il s’intéresse particulièrement à la prospective, à l’ingénierie pédagogique, au développement territorial et aux dispositifs producteurs d’intelligence collective. Il conçoit et anime des séminaires et des parcours de réflexion inspirés des idées de Jean Joseph Jacotot, André Coenraets et Bruno Lussato. Sous le titre « Les ombres de la caverne », il a publié aux éditions Hermann un recueil de réflexions sur l’actualité.

Quels sont vos rapports personnels avec la voiture ?

Au cours de ces dernières années, mes rapports avec la voiture, qui étaient de l’ordre de la symbiose, se sont effilochés. C’est le résultat d’une évolution personnelle. Je suis d’une génération où l’obtention du permis de conduire était comme l’épreuve initiatique qui permet d’accéder au monde des adultes, à l’autonomie: quelque chose, en premier lieu, de très symbolique. En outre, j’ai aimé les voyages en voiture. Quand j’étais enfant et que nous partions en vacances dans la Citroën familiale, les variations de régime du moteur et le passage des vitesses étaient pour moi comme une musique. Lorsque j’ai eu le permis, conduire a été pendant de nombreuses années un immense plaisir. Je n’ai rien tant aimé que m’asseoir derrière un volant avec la perspective de faire défiler les paysages pendant de longues heures.

J’étais infatigable. J’ai descendu la côte Est des Etats-unis de New-York jusqu’au Mexique et j’ai continué jusqu’au fin fond du Yucatan…

Je me souviens, en Sicile, de la route en lacets qui, sur le versant opposé à l’Etna, descend vers Palerme. Je ressentais une sorte d’ivresse à enchaîner virage sur virage… La voiture et moi, ç’a été une grande et longue histoire d’amour!

Quelle a été l’origine du divorce ?

Je n’ai jamais eu d’accident si c’est ce que vous avez à l’esprit, et, Dieu merci, personne dans mon entourage n’a été victime de la route. Je n’ai connu que quelques froissements de tôle dont je n’étais même pas responsable.

J’ai toujours mon permis et ses douze points et je m’en sers occasionnellement. J’ai parlé d’une évolution. Celle-ci, sur plusieurs années, a combiné différents registres: l’expérience personnelle, le constat de certaines réalités écologiques, des réflexions prospectives…

L’expérience personnelle ?

Je vivais en région parisienne depuis une quinzaine d’années quand, au moment d’un contrôle technique périodique, je me suis trouvé devant le choix de changer de véhicule ou de remettre celui que j’avais à la norme. Or, je ne m’en servais plus que pour les courses – six kilomètres chaque weekend – et pour partir en vacances avec mes enfants, c’est-à-dire deux ou trois fois par an. Je ne m’en servais plus pour aller au travail, car la congestion de l’A15 avait quasiment doublé en quinze ans. Le RER était beaucoup plus rapide et me permettait de lire. Un détail qui a son importance: j’avais arrêté de fumer et je n’avais plus besoin de ma bulle isolante! Quand j’ai rapporté les maigres services que me rendait mon véhicule à ce qu’il me coûtait, un ami à qui je m’étais ouvert de ma perplexité m’a encouragé à faire l’expérience de la vie sans voiture: j’ai dit au garagiste de la garder. Je faisais alors des séjours de plus en plus fréquents en Vendée. Pour ces aller-retour le train s’était révélé une meilleure option que la voiture: plus rapide, moins fatiguant et moins cher, et on peut y lire, écrire, dormir. J’avais de merveilleux souvenirs du vélo, quand, avec mon vieux copain Michel, nous partions explorer la campagne autour de Villeneuve-sur-Lot. Ce bruit léger de l’air, du pneu sur la route, cette immersion dans le paysage… En Vendée, j’ai racheté un vélo. J’ai retrouvé ces sensations et je me suis alors habitué à me déplacer et à faire mes courses à vélo – ou à pied. J’ai rajouté du plaisir dans ma vie quand me déplacer en voiture n’aurait été qu’un acte fonctionnel.

Cela veut dire quand même des contraintes: on ne charge pas six bouteilles d’eau minérale sur un vélo et on perd du temps qui pourrait être employé à autre chose…

Cette notion de temps perdu ou gagné est relative. Il se trouve que j’ai connu ces problèmes de santé qui affectent principalement les hommes dont l’activité a été exclusivement intellectuelle et la vie sédentaire.

L’activité physique, que j’avais de tout temps méprisée, est apparue comme la condition fondamentale d’un retour à la santé par des moyens naturels. J’insiste sur les « moyens naturels », car on a toujours la ressource de prendre des produits chimiques, mais c’est selon moi une solution à laquelle on se condamne faute d’adopter le mode de vie conforme à notre physiologie. Ainsi, chaque fois que j’enfourche mon vélo, pour faire simple, je fais un cadeau à mon système cardiovasculaire. Or, me connaissant, si j’avais une voiture au garage, je me trouverais des tas de raison de la prendre plutôt que le vélo – dont ce fameux argument de faire les choses plus vite. En réalité, à vouloir gagner sans cesse du temps, on en perd. On perd le plus précieux: celui de la vie. Ce n’est pas pour rien qu’on voit se développer de nos jours un mouvement en faveur du slow: slow food, slow cities, etc. [1]

Vous avez évoqué des constats et des réflexions…

Cela faisait un certain temps que je me posais des questions sur les nuisances de toute sorte qui découlent du pullulement des véhicules à moteur. Peut-être, la première chose – que j’ai ressentie comme une blessure – ce sont les dégâts que cause l’extension des routes et des autoroutes.

Il y a très longtemps, en Vendée, il y a eu le projet d’une route côtière. Je n’étais encore qu’un gamin, mais j’imaginais le bois de Saint-Jean, que je connaissais bien, livré aux engins de chantier. Une route côtière, c’est un fugace agrément pour les automobilistes, mais c’est une catastrophe du point de vue de l’écologie – et des vrais promeneurs, ceux qui prennent le temps de goûter leur environnement.

Ce projet a avorté, mais au nom du temps à gagner, nous violons sans cesse nos paysages, nos zones naturelles ou cultivées, nous fractionnons des étendues en parcelles isolées les unes des autres par des glacis de béton ou de macadam, avec des effets désastreux sur la biodiversité animale et végétale. En outre, alors que, dans nos pays, on réclame une alimentation bio, non industrielle, les surfaces des meilleures terres cultivables régressent. En partie responsable: l’artificialisation des sols due à l’emprise croissante du bâti, des routes, des autoroutes, des aéroports, etc. [2]

velo
Alfred Sauvy se scandalisait déjà de l’envahissement de l’espace public par les véhicules individuels qui le squattent sans contrepartie. Aujourd’hui, on peut dire que tout s’organise autour d’eux. C’est comme si, entrés dans la maison comme domestiques, il s’en étaient insidieusement rendu maîtres! Au delà des surfaces qu’elle s’approprie et modèle à son usage et dans son intérêt, la voiture va jusqu’à façonner l’être humain. Elle le rend économiquement dépendant [3] et physiquement paresseux: on la prend pour faire cent mètres!

Elle nous plonge dans des situations de stress et de frustration – les radars, les piétons, les cyclistes, les limitations, les parkings, les péages et j’en passe. Elle nous rend impulsifs et irascibles. Et voyez ce que flattent les publicité qu’on utilise pour la promouvoir: l’égo, le machisme, le fantasme… Il y aurait un livre à écrire sur les effets anthropologiques de la voiture! En outre, si l’on prend quelques chiffres, quelle aberration! La plupart du temps, ces véhicules à quatre ou cinq places ne transportent qu’une seule personne. En moyenne une tonne et trois cents kilos de métal, de plastique et d’électronique pour déplacer quatre-vingt kilos d’os et de viande! Si l’on regarde du côté de la performance [4], on voit que la vitesse moyenne, malgré les accélérations fulgurantes quand le feu passe au vert, n’est que de 15,2 km/heure dans notre capitale. Quelle disproportion entre les moyens et les résultats!

Et tout cela a un coût pas seulement personnel mais collectif…

Tout cela a un coût considérable. Je ne reviens pas sur la destruction de l’environnement, mais il faut quand même évoquer la pollution et ses effets sur la santé. Il faut évoquer l’épuisement accéléré des matières premières, le pic pétrolier… Alors, va-t-on vous dire, s’agissant de ce dernier, « le relais est assuré par les biocarburants ». Quoi de plus écolo! Mais avez-vous vu que leur production entre en concurrence avec les productions vivrières ? Avez-vous vu qu’elle conduit à spolier des populations de leurs territoires ancestraux ? Au Brésil, la forêt du Mato Grosso a été quasiment rasée et les Indiens guarani chassés comme des malpropres. Alors, cela vous semble-t-il normal que l’on sacrifie tant de choses à l’emballement de notre civilisation mécanique ? Car emballement il y a et il persiste: après nous, les économies émergentes ont préféré elles aussi le pullulement de la voiture individuelle au développement des transports en commun. Chaque jour il y a 1000 voitures de plus dans les rues de Pékin qui suffoque déjà de pollution.

Lire aussi :  Un chercheur universitaire remporte un prix pour avoir montré le potentiel du mouvement Carfree UK

Ne vaudrait-il pas mieux apaiser cet emballement ? Le véhicule individuel nous met dans une impasse. Voulons-nous y mourir ?

Mais avez-vous essayé d’imaginer comment faire fonctionner notre société sans véhicules motorisés ? N’est-ce pas proprement illusoire ?

Je voudrais rappeler la perspective historique: l’apparition du véhicule à moteur est récente dans l’histoire et le pullulement du véhicule individuel, qui en est une dérive, l’est encore davantage. Or l’histoire est faite de choses qui apparaissent et disparaissent alors même que leurs contemporains ont cru qu’elles étaient éternelles. Pour moi, non seulement la voiture – ou plutôt son pullulement – est devenue un phénomène nuisible, mais ce phénomène est tôt ou tard appelé à passer. Après avoir renoncé à racheter une voiture et eu l’impression d’agir en original, j’ai découvert que le « sans voiture », le « car free », est un mouvement qui prend de l’ampleur dans de nombreux pays. Le site français http://carfree.fr est non seulement remarquablement documenté, avec un fonds de plus de 3000 articles régulièrement actualisé, mais en outre il est très fréquenté et il est accessible en cinq langues. Alors, comment se passera-t-on de la voiture ? Comme à l’accoutumée, la réponse n’est pas purement technique, elle est complexe, elle est sociale et humaine. Se passer de voiture – du moins en réduire la place dans nos existences – relève d’un mode de vie et je dirais même de valeurs que l’on adopte, d’imaginaires que l’on cultive.

La solution, c’est la multiplicité des expérimentations. D’une part,celle-ci permettra de produire et de tester de plus nombreuses pistes que n’en pourrait donner le cerveau d’un planificateur. De l’autre, un mix de solutions est sans doute la réponse à la diversité des situations que connaissent les gens qui doivent se déplacer selon qu’ils vivent ici ou là, qu’il s’agit de déplacements répétitifs ou exceptionnels, de transport de personnes ou de courses, etc.

Quelques idées, pêlemêle ?

On peut multiplier les « oasis ». Des îles comme Mackinac, sur le lac Huron aux Etats-unis, ou Bréhat, en France, vivent sans voitures. C’est plus facile, évidemment, s’agissant de petites îles avec une faible population [5].

Mais l’idée fait son chemin, car même l’automobiliste apprécie les espaces que l’on protège de la voiture! Il y a longtemps qu’en Grande-Bretagne on demande aux visiteurs de laisser leur véhicule à l’entrée de certains villages. Le « sans voiture » suscite le réaménagement de certains quartiers et inspire un nouvel urbanisme [6].

J. H. Crawford, fondateur américain du mouvement « car free », présente sur son site un nouveau design urbanistique pour des villes sans voiture [7]. Dans ce même esprit, on peut au moins multiplier les pistes cyclables. A voir le nombre de plus en plus élevé de vélos qui circulent en été aux Sables d’Olonne et la saturation des râteliers installés par la mairie, on se rend compte que ce n’est pas un délire d’écolos mais la réponse à une aspiration des gens. On peut imaginer qu’en plus cela a une fonction pédagogique et qu’ayant pris goût à ce moyen de transport pendant les vacances, ils en garderont l’envie une fois de retour chez eux…

Depuis les années 70, la voiture et les zones commerciales extérieures aux villes se sont mutuellement stimulées. Ainsi, chacun a pris l’habitude d’aller, avec son véhicule, une ou deux fois par semaine faire des courses volumineuses à l’hypermarché. Souvenons-nous qu’auparavant il y avait dans nos villes et nos quartiers des commerces de proximité qui permettaient de faire des achats quotidiens à quelques minutes de marche de son foyer. Ces commerces commencent à revenir et c’est une tendance que le consommateur peut encourager s’il décide de les fréquenter. Si, faute d’une offre locale suffisante, il faut se déplacer, alors un gros véhicule qui fait un circuit vaudra mieux que plusieurs petits qui font des aller et retours. On peut développer les livraisons à domicile ou les services d’entraide de voisinage. J’ai connu aussi l’époque des commerçants ambulants, le boulanger, le poissonnier, le boucher qui parcouraient les quartiers excentrés plusieurs fois par semaine et signalaient leurs haltes d’un coup de trompette.

cheval
On peut simultanément tirer un meilleur parti des véhicules personnels existants, ce qui évitera de devoir en produire d’autres et fera des économies de places de parking, sans parler du budget des ménages. Le co-voiturage permet d’optimiser économiquement les déplacements et, grâce à Internet, il commence à bien se développer.

L’économie de la fonctionnalité propose d’aller plus loin: elle prône le remplacement de la propriété par l’usage. Une voiture en usage partagé permettrait d’en économiser huit ou neuf autres [8]. Ainsi on rentabilise au mieux ce que sa construction a coûté de ressources naturelles, mais aussi on dispose du véhicule adapté à la situation: un petit quand on se déplace seul et un plus gros quand on voyage en groupe ou en famille. La locomotion humaine a ses limites, mais on peut l’encourager en développant les véhicules hybrides comme les vélos à assistance électrique. Cette assistance permet également de développer des véhicules un peu plus lourds mais plus confortables, protégés de la pluie et du froid, capables de transporter des charges plus volumineuses et plus pesantes.[9]

Et la voiture électrique ?

Comme l’a écrit Marcel Robert sur le site carfree.fr: « passer à la voiture électrique, c’est comme changer de marque de cigarette » [10]. La pollution n’est pas tout à fait la même, mais elle subsiste. Électrique ou non, il faut fabriquer le véhicule et la ponction sur les ressources non renouvelables n’est pas différent. Pour les constructeurs, en réalité, il ne s’agit que de renouveler l’intérêt pour la voiture, qui décroît dans nos pays, en rajoutant l’argument écologique. Mais si l’on fait le coût complet matière et énergie de la voiture électrique « de son berceau à sa tombe », il n’y a pas de révolution. Quant au changement d’énergie, c’est surtout un changement de lieu de pollution puisque, cette énergie, il faudra bien la produire quelque part.

Vous n’avez pas évoqué les transports en commun ?

Je les gardais pour la fin, car ils permettent d’aborder le sujet fondamental de la société que l’on veut et d’un nécessaire projet politique, même si des choses peuvent être faites localement indépendamment d’une ambition nationale. Ils ont un rôle crucial, particulièrement le rail qui, selon moi, est à redéployer. Alfred Sauvy avait démontré il y a déjà quarante ans que le train est plus économe de tout que la route. Moindre consommation d’énergie à la tonne transportée, moindre pollution, plus grande durée de vie des voies ferrées et considérablement moins de CO2 que la voiture. Pour autant, on a désaffecté des kilomètres de voies ferrées, ce qui veut dire que ne sont plus aussi bien pris en compte – dans ce domaine comme dans d’autres – des intérêts supérieurs mais non commerciaux. Il y a sans doute davantage de fierté, selon notre représentation actuelle de la réussite, à lancer des TVG qu’à gérer la ligne Tonneins – Tombeboeuf ! Cela dit, à l’inverse, on peut constater qu’en région parisienne les lignes de RER ne cessent de s’allonger et les gens de faire des parcours domicile – lieu de travail de plus en plus long. Cela nous invite à réfléchir plus largement, de manière systémique, sur les ressors de la société que nous subissons et sur les conditions d’émergence de celle que nous voulons…

eau
Que faites-vous de l’emploi que procurent l’automobile et la
route ?

D’une part, l’emploi que procure l’automobile, directement ou indirectement, est surestimé. Il est loin le temps où Peugeot, Citroën et Renault produisaient en France.

Aujourd’hui, une grande partie de la production automobile est délocalisée et, de fait, les transports collectifs créent deux fois plus d’emplois que la construction automobile [11]. D’autre part, il est clair que la détection et le traitement du cancer entretiennent de nombreux emplois: faut-il pour autant encourager le développement du cancer? [12]

Source: Commencements numéro 7
Propos recueillis par Alexander Borough
Pour en savoir davantage: http://carfree.fr

Notes

[1] Cf. l’interview de Sylvie Pouilly dans Commencements n°2: Ralentir, c’est résister.
[2] En 2010, selon l’INSEE, 5 millions d’hectares soit 9% du territoire français étaient déjà artificialisés et, selon le Ministère de l’Ecologie, on continuait de détruire 165 hectares de sol agricole ou semi-naturel par jour.
[3] Certains calculs font penser que, par exemple, le citoyen helvétique travaillerait en moyenne une semaine par mois pour couvrir les frais de possession et d’usage de son véhicule.
[4] Données publiées par la Direction de la Voirie et des Déplacements de la Mairie de Paris.
[5] Consoglobe
[6] Wikipédia donne une liste de ces lieux « car free »: http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_car-free_places
[7] carfree.com
[8] ADEME
[9] Comme le quadricycle promu par Joseph Iturbide
[10] http://carfree.fr/index.php/2013/09/13/passer-a-la-voiture-electrique-cest-comme-changer-de-marque-de-cigarettes/
[11] Notre Planète
[12] Pour approfondir: le livre de Marcel Robert: Pour en finir avec la société de l’automobile, à télécharger gratuitement à cette adresse: http://carfree.fr/pour_en_finir.pdf

6 commentaires sur “Comment se libérer de la voiture

  1. Vincent

    > Cela veut dire quand même des contraintes: on ne charge pas six bouteilles d’eau minérale sur un vélo

    On peut aussi boire l’eau du robinet, bien moins chère, ne nécessitant pas de pétrole, et (sauf éventuellement en Bretagne) parfaitement potable.

    > L’activité physique, que j’avais de tout temps méprisée, est apparue comme la condition fondamentale d’un retour à la santé par des moyens naturels. J’insiste sur les « moyens naturels », car on a toujours la ressource de prendre des produits chimiques

    Vision religieuse de plus en plus répandue dans la population. On va dire aux cancéreux de se soigner avec des tisanes ou des huiles essentielles?

    > En outre, alors que, dans nos pays, on réclame une alimentation bio, non industrielle

    Voir l’Afrique ou l’Asie : c’est bio, c’est manuel… et ça ne nourrit pas, vu la faible productivité.

    > Tout cela a un coût considérable. Je ne reviens pas sur la destruction de l’environnement, mais il faut quand même évoquer la pollution et ses effets sur la santé

    Il faudrait rajouter la facture économique (pétrole) et sociale (accidents de la route).

    > Mais avez-vous essayé d’imaginer comment faire fonctionner notre société sans véhicules motorisés ? N’est-ce pas proprement illusoire ?

    Illusoire, non, mais la difficulté, c’est de revenir sur cinquante ans d’étalement urbain : comment vont faire tous ces gens en banlieue qui dépendent totalement de la voiture pour se déplacer et du camion pour les ravitailler?

    > il ne s’agit que de renouveler l’intérêt pour la voiture, qui décroît dans nos pays,

    Je suis un peu sceptique : dans les centre-villes peut-être (et encore, ça dépend où : voir les résultats des dernières Municipales), mais certainement pas en banlieue, où les gens *adorent* la bagnole.

    D’ailleurs, dans ces coins, le vélo se résume à un loisir du dimanche (VTT, course, balade avec les enfants). Pour eux, le vélo est un truc de bobo-gaucho des centre-villes.

    > Que faites-vous de l’emploi que procurent l’automobile et la route ?

    On peut répondre de manière plus générale : il faut en finir avec cette idéologie de l’emploi à tout prix, et se poser à chaque fois la question : ces activités permettent-elles, ou pas, d’améliorer le bien-être (qui est pourtant le but du développement économique). Sinon, on peut aussi bien payer des gens à creuser des trous et d’autres à les reboucher.

  2. Jean-Marc

    @Vincent : Un peu de tout, une fois tu dis qq chose de censé, une fois tu dis un truc qui est un non-sens, qui semble exprès là pour faire réagir.

    Alors, revenons sur 2 points

    – la santé – l’activité physique douce/la sédentarité :

    Th. G. : « L’activité physique, que j’avais de tout temps méprisée, est apparue comme la condition fondamentale d’un retour à la santé par des moyens naturels. J’insiste sur les « moyens naturels », car on a toujours la ressource de prendre des produits chimiques »

    Vincent : « Vision religieuse de plus en plus répandue dans la population. On va dire aux cancéreux de se soigner avec des tisanes ou des huiles essentielles? »

    Moi : « il y a, effectivement, une vraie vision religieuse des poudres et pillules, dans le monde anglo-saxon : on va prendre de la créatinine, de la DHEA, du beta-carotène, des conchoïtinses sulfate et de l acide hyalurique (sans aucune surveillance médicale, en ventes libres) et d autres gellules/poudres, au lieu d aller à la source : de prendre de fruits et légumes sains, et de manger moins gras, moins sucré, moins salé, sans édulcorants de synthèse, 3 fois moins souvent de la viande (2 à 3 fois par semaine), si possible bio, si possible de saison, si possible peu transformé (préfèrer une carotte du jardin, à une salade de carotte baignant dans une sauce à l huile de palme et aux conservateurs) en préférant, niveau viande, le poulet-dinde-lapin au veau-boeuf-porc-mouton-agneau, et en préférant aux thon-saumon de norvège (ne pas vomir…) les harengs-maquereaux-sardines-anchois, moins toxiques, car en début (ou presque) de chaine alimentaire, et non élevé en batteries marines infestées (saumon…).

    Mais, par chance, sauf dans les salles de muscu. ou autres lieux vantant la santé artificielle, la france n est pas autant contaminée par cette vision religieuse.

    On trouve une vision religieuse du naturel, avec certains adeptes des huiles essentielles, mais, -par chance- ils sont bien moins nombreux que les gélulomaniques. (rappel : la ciguë, l amanite phalloïdes, sont naturelles)

    Mais sinon, sur la santé, il faut savoir qu’on a tjrs 2 choix :

    faire parti du probème (puis essayer de le reparer), ou faire partie de la solution

    c.f. http://www.liberation.fr/terre/2013/12/12/les-maladies-chroniques-la-nouvelle-crise-ecologique_966083?xtor=rss-450

    Hypertension, obésité, diabète de type II, cancer, cholestérol…

    que des maux en explosion mondiale depuis plus de 10 ans, liés à la sédentarité, ainsi qu’aux plastiques-plastifiants + aliments industriels + voitures -particules fines et carburants-sorties d échappements (c.f. perturbateurs endocriniens).

    Le vernis des boites de conserves, les produits phyto des aliments non bio ou la voiture participent activement à devenir malade et rendrre les autres malades.

    Par contre, une fois les cancers déclarés, rien n interdit de se soigner… essayer de s exposer moins aux causes connues deses maladies chroniques, pour espérer ne pas devenir un malade, mais rester sain, n empêche pas de prendre des médocs quand on est malade malgré tout….

     

    – l alimentation – la faim dans le monde :

    Th. G. En outre, alors que, dans nos pays, on réclame une alimentation bio, non industrielle

    Vincent : Voir l’Afrique ou l’Asie : c’est bio, c’est manuel… et ça ne nourrit pas, vu la faible productivité.

     

    moi :

    – la plupart des pays africain et d asie se sont lancé dans la production d aliments ou d ingrédients alimentaires destinés à l export, et abandonne la culture vivrière de leur population :

    cacao, café, coton, huile de palme, thé, …

    – l europe et les USA subventionnent à perte leurs agriculteurs, et leurs exportations de surplus vers ces pays, c.f. les carcasses (les cuisses et ailes restent en europe/pour les pays indus) de poulets en batterie congelés, vendu un peu partout en afrique, moins cher que le poulet élevé localement, mettant les paysans à la rue, car leur coupant leurs revenus, leurs clients

    – la culture bio bien faite, c-à-c utilisant des plantes compagniones et n utilisant pas la monoculture permanente sur un même sol (qui entraine forcément, année après année, des chutes de rendements, que ce soit en bio, mais aussi en indus, c.f; beauce, brie ou autres ex-régions à très trsè forts rendements)

    a, au bout de 4 à 6 ans, des rendements… supérieurs, à la monoculture industrielle

    c.f. le riz des canards de Takao Furuno (méthode utilisée en Camargue, grâce à son adaptation par un ingénieur agronôme)

     

    D un coté, s’il est bien fait, au fur et à mesure que des verres, champignons ‘c.f. mycorrhize) et autres insectes et micro-organismes re-colonisent le sol, qui re-devient vivant, le sol de culture bio devient de plus en plus productif. Alors que, l’hors -sol de l agriculture indu, au fur et à mesure que tout vient d au-dessus, et que les apports par la roche, par le sol, directement, naturellement, se réduisent d année en année (et que le sol devient de plus en plus du béton sans vie), les rendements diminuent inexorablement, malgré l ajout de toujours plus de fertilisants (et le sol, devenir une couche superficielle sans lien, sans racines (physiquement), sans vie, fini par être emporté, lessivé, pluies après pluies.

     

    Pour finir :

    il faut savoir, que depuis plus de 50 ans, le monde est en sur-production alimentaire,

    qu’il y a 2 fois plus de personnes souffrants d’obésité (2M) que de sous-nutrition (1M), que les agro-carburants + que les 70% de terres cultivées destinées au bétail (entrainant une surconsommation de viande en occident, avec de nombreux problèmes de santé), sont justement permi par cette énorme sur-production.

    Et on a même inventé pour occuper/financer nos paysans à « creuser des trous et [..] à les reboucher » les agro-carburants

    (les rendements, en occident (contrairement au brésil, avec climat et plantes meilleurs pour les rendements) sont souvent nuls ou quasi nuls = on produit +/- autant d’équivallent pétrole qu’on en a consommé= aucun intérêt, sauf polluer le sol, l air, l eau, consommer de la Surface Agricole Utile… et offrir des subvs conséquentes aux plus gros paysans et aux usines à gaz, pardon, aux usines à bioéthanol et bioesthers totalement inutiles qui en découlent)

    La faim dans le monde n est pas due  une manque de production, mais à des causes politiques et économiques :

    en syrie-iran, en somalie-éthiopie-érythrée, des gens ont faim… mais ce n est pas lié au climat, mais aux combats et aux politiques des hommes.

    Et, hors conflit, moins d’inégalités permettent aux plus pauvres d avoir de quoi manger (depuis des années, années après années, le monde a explosé son nombre de millionnaires et de milliardaires, mais la classe moyenne européenne est en diminution… depuis 30 ans, en occident, les inégalités se creusent entre une minorité (personnes et grosses entreprises) qui paye de moins en moins d impôts légalement et illégalement, et une majorité qui bénéficie de moins en moins de services publics tout en payant toujours plus).

     

    (c.f. les gens qui ont faim en france : ce n est pas l absence de produits à dispo, qui les géne, mais les inégalités économiques = la faible quantité d’argent qu’ils ont par rapport à leur voisin)

  3. Gwenola

    @ Vincent : L’eau est potable en Bretagne…… il en va de la santé publique!

  4. Guillaume

    J’adore cette article! super positif.

    Le pac d’eau ou de coca, c’est vrai qu’il vaut mieux s’en passer. Mais avec de bonnes fontes, c’est tout a fait possible d’en prendre 2 et même un troisième sur le porte bagage.

    C’est sur que la capacité de transport d’un vélo est inférieur à un kangoo… mais bien équipé, on transporte énormément à vélo. Même des planches.

     

  5. Haricophile

    J’ai passé 15 jours au Japon. Je ne dis pas que tout est idéal chez eux, loin de là, mais il faut bien dire, côté transport on a des claques à prendre :

    – Chez eux la voiture individuelle est un luxe (aucun stationnement public dans un pays ou les m2 de terrain coûtent très cher).

    – Le réseau de train est très dense et très performant, les fréquences sont élevées et la plage horaire étendue. Le pompon c’est qu’il s’excusent quand le train est en retard… de plus de 2mn !!!

    – Il n’y a pas d’hyper-marché. C’est très important car du coup il y a des magasins et toutes les commodités accessibles à pieds partout (avec des plages horaires étendues aussi vu leur mode de vie). On n’a absolument jamais besoin de la voiture pour aller faire les courses ou pour quoi que ce soit.

    – Du coup on marche pas mal, mais ça tient la forme et franchement ça donne un mode de vie beaucoup plus calme et agréable. On a une image du Japon technologique et du Japonais stressé, mais sur place la réalité est très différente de la nôtre.

    – Il n’y a pas tant de vélo que ça, mais j’ai découvert concrètement que la vie sans voiture est un choix politique et rien d’autre. C’est complètement possible puisque ça existe dans un pays qu’on n’associe pas avec le « retour à l’âge de pierre » et qui au niveau géographique n’est pas mieux « favorisée » que la France. Pour cela il faut un bon service de transport public et favoriser les petites structures de proximité plutôt que de faire le lit des mega-concentrations de type Carrefour.

    – Un petit détail : Le service à la personne est extrêmement important pour eux : Il y a des gens partout même quand il y a des robots : Nous avons passé beaucoup d’énergie au nom de la « rentabilité » à supprimer tous les « composteur des Lilas », c’est une grosse erreur.

  6. Haricophile

    Je ne vais pas refaire le commentaire que j’ai déjà fait, mais au Japon l’automobile est un luxe. Il n’y a aucun stationnement public et la surface de parking coûte très cher. Il y a donc très peu de transport individuel qui se fait en voiture en dehors des trajets professionnels.

    Le Japon ne fait pas partie des pays qui « vivent à l’âge de pierre » et j’ai constaté sur place que non seulement la vie sans voiture était possible, mais que c’était une réalité quotidienne pour l’immense majorité des Japonais. Maintenant je sais en ayant vécu une réalité concrète dans un grand pays industriel que la vie « tout voiture » était bien plus utopique et moins confortable que la « vie sans voiture ».

    Il y a deux conditions pour la vie sans voiture : Premièrement un bon réseau de transports en communs, et leur réseau est très dense et excellent. Nous on a passé notre temps à démolir nos lignes dites « secondaires ». Deuxièmement cesser de favoriser les mega-structures de type centre commercial Carrefour, au Japon on a partout la possibilité d’aller faire ses courses et subvenir à tous ses besoins à pieds, dans les villes en tout cas.

    La vie tout voiture ou sans voiture est purement un choix politique et rien d’autre.

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