Réponses aux sceptiques de la gratuité des transports publics urbains

Quand on parle de gratuité des transports publics urbains, très souvent les mêmes questions ou critiques reviennent de la part des sceptiques ou des opposants. Le Collectif pour la gratuité des transports publics dans l’agglomération grenobloise a eu la bonne idée de regrouper les principales questions que l’on entend habituellement.

Réponses aux sceptiques

« C’est impossible, ça n’existe nulle part. »
Si, 22 villes françaises l’ont déjà fait, certaines même depuis très longtemps ! (1975 à Compiègne).

« Si c’est gratuit, les usagers vont tout dégrader. »
Ce ne fut pas le cas à Aubagne, ni à Castres-Mazamet, ni à Châteauroux, etc. … On peut également remarquer qu’en Isère, la gratuité des musées n’a pas entraîné de problèmes particuliers.

« Si c’est gratuit, on le paiera par nos impôts. »
Non ! La plupart des « villes gratuites » l’ont financée en augmentant le versement transport des entreprises.

« Il ne faut pas que ce soit gratuit pour tout le monde car certains peuvent payer. »
La gratuité inciterait toutes les catégories sociales à prendre les transports en commun d’où une meilleure mixité. La « tarification solidaire » mise en place par le SMTC est très insuffisante : par exemple, elle ne bénéficie qu’à 20 % des 19-25 ans alors que 50 % de cette classe d’âge vit sous le seuil de pauvreté. Par ailleurs, cette « tarification solidaire », du même coup, a supprimé la gratuité pour la plupart des plus de 65 ans. Plutôt que d’exclure des personnes du bénéfice de la gratuité, il serait plus juste de la financer par l’impôt sur les sociétés ou l’impôt sur le revenu (plus progressif).

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« Je ne suis pas pour la gratuité car tout service a un prix. »
L’éclairage public, l’entretien de la voirie et des espaces verts, le ramassage des ordures ménagères ont aussi un coût, pourtant ils sont « gratuits ». Nous empruntons sans péage routes, trottoirs et pistes cyclables. Les transports publics rendent aussi un service d’intérêt général. Pourquoi ne seraient-ils pas gratuits comme ceux-ci?

« Dès que c’est gratuit, c’est dévalorisé et le service se dégrade.»
Pourquoi un service gratuit ou un produit moins cher seraient-ils forcément moins bons ? Avec l’augmentation de la fréquentation, qu’on observe partout dès la mise en place de la gratuité, les collectivités sont amenées à améliorer le service, souvent en concertation avec les usagers. Cela permet de disposer de plus de bus aux heures de pointe, de placer les arrêts là où ils sont utiles au plus grand nombre, dans tous les quartiers, d’améliorer la desserte le soir, d’ajouter des lignes transversales, etc.

Source: http://www.gratuite-transports-publics.ouvaton.org

9 commentaires sur “Réponses aux sceptiques de la gratuité des transports publics urbains

  1. pamot

    « Si c’est gratuit, on le paiera par nos impôts. »
    Non ! La plupart des « villes gratuites » l’ont financée en augmentant le versement transport des entreprises.

    Et d’où vient l’argent des entreprises si ce n’est des clients ?

  2. Florent

    « le ramassage des ordures ménagères ont aussi un coût, pourtant ils sont « gratuits ». »

    Non, la TEOM (Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères) est là pour financer le ramassage en question (et le retraitement).

    C’est tout sauf gratuit… et c’est justement totalement injuste !
    Exemple perso qui vaut ce qu’il vaut: je paye 180€ par an de TEOM… pour environ 6kg de déchets pour 2 personnes par an…
    Je payerais la même chose qui on en jetait 700kg (moyenne française pour 2)… ou même si on jetais encore plus.
    C’est donc au contraire un très bon contre exemple… (ou le fait de rendre « gratuit » un service fait qu’il est mal utilisé)

    L’entretien de la voirie est aussi un bon contre-exemple de gratuité… (ou comment externaliser le maximum de coûts de la voiture)

    Alors oui, on pourrait en conclure « puisqu’on finance déjà par nos impôts divers des pratiques peu recommandables qui deviennent gratuites, on pourrait plutôt financer ces pratiques vertueuses en les rendant gratuites » (et nous sommes d’accord, les transports publics gratuits seraient un bon candidat à ce type de pratiques vertueuses).
    Personnellement, je m’interroge plutôt sur l’opportunité de faire l’inverse: arrêter de subventionner des pratiques peu vertueuses dans un premier temps (ie: péage urbain et routier ou TIPP supplémentaire pour l’entretien des routes, redevance incitative pour les ordures ménagères, etc). On verra ensuite où mettre l’argent ainsi économisé.
    Dans le cas de mon agglomération (Laval), j’ai re-regardé récemment les différents tarifs des abonnements.
    Ca va de 0€ à 25€ (<20€ si pris à l’année) selon différentes conditions (ressources, âge, scolaire/étudiants, invalidité, chômage, etc). Et ça me paraît totalement raisonnable au regard du service fourni. Les abonnements pour les personnes à faibles revenus vont de 2,10€ à 8,60€/mois. Les personnes âgées de 20€ à 87€ par an max selon les ressources (soit moins de <2€ à <8€ par mois).
    Alors oui, c’est effectivement toujours plus de « 0€ pour tout le monde »
    Tant que ça couvre significativement plus que le coût de la billetique (y compris contrôles, et après analyse, c’est a priori le cas du moins chez nous), ça me paraît justifié.
    Vu mes revenus, si je prenais le bus quotidiennement, je trouverais normal de payer 25€/mois (ou 235€ par an). Si je le prenais occasionnellement, je trouverais normal de payer un ticket <1€ (par carnet de 10).
    On en revient toujours à la même chose:
    Si je ne prends pas le bus, ce n’est pas pour une question de coût (c’est vraiment très bon marché) mais une question de praticité (je vais tellement plus vite et je suis tellement plus libre à vélo – mais d’autres pourraient terminer la même phrase par « avec ma bagnole » c’est vrai).
    Donc selon moi, l’action est plutôt à mener sur l’efficacité des transports en commun (rendre un service que les gens plébiscitent et utilisent vraiment par ce que ça serait le meilleurs moyen) plutôt que sur son prix.
    Il y a plusieurs moyens pour cela et beaucoup passent par « rendre la voiture moins attractive en ville »: actions sur les parkings, la vitesse, les voies réservées, etc, etc…

    Après, il y a certainement des agglos (peut-être Grenoble ?) où ce raisonnement n’est plus de mise (parce que la tarification ne serait pas adaptée?) mais ça devient une question de politique locale et non une généralité.

  3. jean sivardiere

    « Les usagers vont tout dégrader » : cet argument de certains opposants à la gratuité est effectivement contestable.

    « Si c’est gratuit, on le paiera avec nos impôts » : si on fait payer les entreprises, solution de facilité, c’est en réalité le consommateur qui paye, et c’est le consommateur modeste qui est le plus pénalisé.

    « Certains peuvent payer » : la tarification solidaire au quotient familial est équitable, certainement plus que l’impôt sur le revenu.

    « Avec l’augmentation de la fréquentation, qu’on observe partout dès la mise en place de la gratuité, les collectivités sont amenées à améliorer le service » : … si elles en ont les moyens financiers. En pratique, on observe aujourd’hui un début de dégradation des services urbains en raison des difficultés budgétaires des collectivités territoriales, la gratuité des transports urbains n’est pas un sujet d’actualité.

  4. pedibus

    Nos statisticiens vantent aujourdh’hui le secteur touristique comme attracteur de devises étrangères avec quatre-vingt millions de visiteurs par an? Que nos cités développent ce secteur chez elles et prétendent à un versement transport maxi!

    Ensuite avec le péage urbain et le stationnement réglementé généralisé sur l’ensemble du PTU voici des ressources supplémentaires…

    Si on rajoute une fiscalité locale « intelligente » on boucle facilement les budgets investissement (de vrais réseaux pour une part modale forte) et exploitation de nos transports urbains…

  5. pedibus

    …quant au secteur touristique, « aubaine pour le développement local », que les cités s’engagent dans sa version réellement « durable » de l’activité, et que le visiteur potentiel soit attiré par le mode vie autochtone (ce que documente de plus en plus fréquemment la littérature grise à ce sujet…):

    la place de l’automobile dans ce cas de figure ne peut être que la portion congrue, celle des TCU, du vélo et de la marche hégémonique!

  6. pedibus

    Enfin, pour compléter le commentaire de Laurent, pour ce que d’aucuns considèrent comme symbolique, avec le ticket à un euro, plus ou moins, votre serviteur se nichera diaboliquement dans les détails avec l’idée suivante:

    quid d’une remise en cause des réseaux organisés en offre rigide, avec horaires fixes de lignes de bus par exemple, suivant le conceptde Blaise Pascal, et son manège de carrosses, au cas où la fréquence et l’itinéraire de ces bus seraient modifiés en temps réel par la commande des citadins voyageurs sur le web?

    alors pour éviter que ne roulent à vide les bus, ne faudrait-il pas instaurer une pénalité pour les absentéistes, avec le prélèvement du prix du ticket?

  7. abil59

    Je serai très heureux de vivre dans mon pays le jour où on pensera vraiment à l’intérêt général. C’est-à-dire, pour moi, au niveau des transports la gratuité totale des réseaux de transports publics et le paiement réel des automobilistes de toutes leurs externalités négatives. Autant dire pas demain…
    c’est n’importe quoi de dire que si c’est gratuit c’est dégradé. Est ce que je fous un coup de poing à mon voisin parce que c’est gratuit? Est ce que je casse la façade de ma mairie parce que c’est gratuit? Est ce que j’éclate les pneus des voitures stationnées dans ma rue parce que c’est gratuit? Non. Et je suis plus respectueux du bien public que du bien privé.

  8. Henri Bourjade

    A partir du moment où la gratuité des transports en commun a prouvé sa viabilité économique dans des dizaines de villes, où est le problème ?

    C’est pourtant une solution efficace pour augmenter fortement la fréquentation des transports en commun dans les villes petites et moyennes.

    Et par là de diminuer :

    – Les ralentissements aux heures de pointe.

    – Les besoins en parking en centre ville.

    Très souvent les services de bus sont minables ( très faible fréquence, faible densité) dans ces villes, ce qui engendre de l’insatisfaction chez les usagers.

    Pas de gratuité c’est plus de bouchons, de pollution, de fermeture de lignes de bus, plus de parkings.

    TC gratuits + larges zones piétonnières + aménagements cyclables sans discontinuité, c’est de la qualité de vie, ce qui attire une population imposable, des commerces imposables, des étudiants financés.

     

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