Linas-sur-Bagnole

Linas est une petite commune (env. 6.600 habitants) du nord de l’Essonne. Elle fait partie de ces villes dont on peut dire qu’elles paient un lourd tribut à la voiture. Deux axes routiers à grande circulation la traversent: la Francilienne dans le sens Est-Ouest, et la Nationale 20 dans le sens Sud-Nord. Ces deux axes occasionnent de nombreuses nuisances: pollutions, divisions en quartiers dont 3 sont isolés du centre-ville, embouteillages récurrents et prolongés aux sorties de la commune aux heures de pointe, accidentologie en conséquence…

L’autodrome dit de Linas-Montlhéry, haut lieu de l’histoire de l’automobile, est entièrement sur le territoire de la commune de Linas. Si sa dégradation ne permet plus les courses de la « grande époque » il sert encore occasionnellement à des rassemblements de véhicules anciens. Son circuit routier sert à des démonstrations de véhicules, à des stages de pilotage, à des « essais de gamme. » L’autodrome est aussi le siège de l’UTAC, Union technique de l’automobile du motocycle et du cycle, « organisme privé, contrôlé et financé majoritairement par l’industrie automobile française [qui] procède à des tests et des essais sur les véhicules automobiles. » (source Wiki). Bref, un temple.

Au sud de la commune, le long de la Nationale 20, on dénombre une dizaine de casses sur les quelques kilomètres qui nous séparent d’Arpajon et, au nord, de nombreux garages et marchands de motos se sont installés dans le secteur immédiat de Montlhéry-La Ville du Bois.

Au nom de ce patrimoine historique la ville accueille, chaque dernier dimanche du mois, la parade automobile dite « Linas-autodrome » qui investit la place de la mairie donc, 10 à 11 fois par an. À cette occasion, le stationnement y est notamment interdit à partir du samedi soir. Comme la place n’est pas assez grande, ils en mettent jusque dans la cour de l’école… Après un temps de rassemblement sur la place – la commune offre généreusement le café et les croissants, l’animation, etc. – c’est le départ de la caravane sur les routes des communes alentour pour un retour et une arrivée à l’autodrome. Cette réunion satisfait une poignée de passionnés locaux dont le Maire mais la grande majorité vient de toute la région voire de bien au-delà. La parade est encadrée par la police municipale et des motards d’un club de moto privé. Quand elle démarre, il vaut mieux ne pas vouloir traverser la route. Ce sont plusieurs dizaines de véhicules, plus près de la centaine… Je ne vous parle pas des coups de klaxons, de la réquisition de l’espace public, de la pollution, encore plus… La tenue à Paris de la COP21 n’a pas empêché la réunion prévue du 29 novembre 2015. Ils s’en moquent.

Lire aussi :  Le mythe de l'automobilité

Il n’est pas besoin de rentrer plus dans les détails (et il n’en manque pas) pour avoir une idée du tableau. Or, lors de la dernière réunion du Conseil municipal, le Maire nous a appris que la Ville allait accepter la domiciliation en sa mairie d’une association existante, « Fans d’anciennes, » issue d’une commune du secteur et dont l’objectif est la sauvegarde et la promotion des voitures anciennes. Linas sera désormais également le point de départ des rallyes touristiques qu’elle organise, et accueillera chaque deuxième dimanche du mois leur rassemblement mensuel de véhicules anciens sur le parking du centre omnisport.

Les élus de l’opposition ont réagi en faisant remarquer que cela faisait beaucoup… Ce à quoi le Maire a répondu que les nuisances générées par ces manifestations seraient négligeables comparées à celles de la circulation habituelle. Quand demande lui a été faite s’il serait possible de suggérer à cette association d’éviter le centre-ville, la réponse du Maire a été qu’il est préférable d’attendre que les désordres se manifestent plutôt que de les anticiper… On est mal barrés…

Vous allez rire : la crèche inaugurée il y a quelques années s’appelle « Les p’tits bolides. »

9 commentaires sur “Linas-sur-Bagnole

  1. vu de sirius

    oui mais Linas c’est à côté de Montlhéry et de son circuit automobile, donc tout le coin est axé « bolides », j’imagine que çà doit être la même chose aux Mans. Je pense que ces gens vivent dans un univers mental si différent (et opposé) de celui des « carfree » qu’il ne servirait à rien d’essayer de les convaincre, c’est comme certains chasseurs ….

  2. emmp

    Bonjour à tous, et bonne année.

    Ton commentaire, cher Vu de Sirius, prône de baisser les bras… Pas très militant. Qui nous dit que les habitants du secteur sont tous admirateurs de voitures, anciennes ou pas ? Et d’ailleurs, où vit l’auteur de ce texte, sinon à Linas ? Ce n’est pas parce qu’on habite dans une ville où la ouature est vénérée qu’on vénère soi-même la ouature. C’est comme toutes les religions : les non-pratiquants et les pratiquants les plus assidus peuvent avoir le même code postal. Donc, militons partout, y compris (peut-être même surtout) quand nous sommes minoritaires. Il y a peut-être, à Linas, des vieux qui ont connu la ville avant l’apparition de sainte Bagnole. Ils pourraient raconter aux jeunes qu’il existe autre chose.

    Pour ma part, je vois défiler devant chez moi les véhicules historiques qui en viennent, et j’en ai plus qu’assez. Alors, vivre sur place et en voir dix fois plus… je compatis.

  3. Vincent

    Aucune chance des les convaincre : la seule solution est de déménager dans une grande ville plus cyclamicale type Strasbourg, Nantes ou Grenoble.

  4. vu de sirius

    en effet si j’étais linaisien en tous cas je militerais pour que l’événémentiel actuel soit remplacé par leur show de voitures anciennes, un moindre mal (déjà esthétiquement) à mon avis : mais face à des gens aussi butés, toute action doit être problématique.

  5. emmp

    « La seule solution est de déménager »: ce n’est pas une solution, c’est une échappatoire. Note bien que je comprends la base de la décision, et je serais certainement tentée de l’adopter moi aussi, mais appelons les choses par leur nom.

  6. Jean-Marc

    Malheureusement, chacun de nous n a qu’une vie, qui -en plus- n’a qu’une durée limitée (inférieure à 120ans pour la plupart)

    Alors, vouloir améliorer son cadre de vie est un point très positif,

    Mais, si le chantier semble titanesque, inaccessible, aller vivre dans un endroit plus supportable est un moindre mal.

    Donc, sauf si on est viscéralement attaché à un endroit (ou à une entreprise, à un emplois), aller ailleurs, où il fait bon vivre, et où les choses sont aussi améliorables, semble meilleur pour sa santé, pour ses nerfs, pour la tranquillité de ses nuits et celles de ses proches, que de se battre contre des moulins à vent.

    Bien sûr, peu de gens auraient misé sur Gandhi, face à l armée impériale anglaise,

    Donc une seule personne, avec du temps et de la conviction, peut tout changer. Mais en partant d’un mur sourd et aveugle, c est plus dur, et on se fatigue pour rien, on s’essouffle (donc il est mieux d’être cycliste pour un combat de longue haleine : on a acquis le souffle nécessaire aux longues distances, à la durée).

    Créer et améliorer des villes où il fait bon vivre, tel que la ville espagnole de Pontevedra (c.f. http://www.france2.fr/emissions/tout-compte-fait/diffusions/24-10-2015_427587 ), en laissant péricliter les villes qui misent sur le tout-voiture, me semble plus positif que d’agir avant qu’ils ne prennent pleinement conscience de leurs erreurs.

    On a le cas avec les places piétonnes : comme le gros bourg n a pas eu des milliers de nouveaux habitants et de 100aines de nouveaux commerces après la piétonnisation d’une seule place du bourg il y a 1 ou 2 ans, certains maires sont revenus dessus, et ils ont déduis de leur vaste expérience sur le très long terme, que le tout-voiture, qui n a jamais marché, aller finir par marcher chez eux, si bien que certaines de leurs très rares places ou rues commerçantes piétonnes sont re-devenues accessibles 100% à l auto..

    Laissons ceux qui veulent foncer dans le mur le faire : ils permettront aux autres, ailleurs, ainsi qu’à la génération suivante chez eux, de comprendre que c était un mauvais choix.

    Par contre, appliquons-nous à faire évoluer les choses comme il faut pour améliorer le cadre de vie, partout où nous sommes, partout où nous vivons et/ou où cela nous semble possible.

  7. pedibus

    que les Chinois envoient un escadron de drones pulvérisateurs de clous sur Linas-trèfle-à-quatre-feuilles et alentour!

    et viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite…

     

    boaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

  8. Henri Bourjade

    Quoi qu’on fasse, la commune de Linas est à côté d’un circuit automobile et partagé par des voies rapides.

    Ce n’est pas exactement le genre d’endroit où le vélo pourra prospérer rapidement, vu l’ambiance locale.

    Ce n’est pas non plus l’enfer d’avoir des rassemblements de voitures anciennes.

    Aimer les voitures anciennes et vouloir des pistes cyclables, des places piétonnières, moins de pollution, plus d’espaces verts n’est pas incompatible.

    La voiture n’est pas l’ennemie de la vie humaine. Elle est bien utile et agréable, pour la grande masse des gens.

    Ce sont ces mêmes gens qui apprécient les places piétonnières, les espaces verts, les pistes cyclables.

    Encore faut-il que les élus s’en rendent compte et sachent rendre leur territoire plus agréable à vivre pour tous, en réduisant la place de la voiture.

    Sinon leurs habitants prendront leur voiture pour aller voir plus loin le calme, le silence, l’air pur et la sécurité.

     

     

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