La fête de l’autoroute

Dimanche 22 mai 2016 avait lieu la première « fête de l’autoroute ». On connaissait la fête du vélo (les 4 et 5 juin prochains) et la journée sans voiture (le 22 septembre), désormais on aura peut-être tous les ans la fête de l’autoroute!

Au départ, il s’agit d’une pure opération de communication de la part des sociétés concessionnaires d’autoroutes. Au programme, une quinzaine de tronçons un peu partout en France livrés aux piétons le temps d’une journée, avec des vols en montgolfière et des parcours du combattant, mais aussi des concerts, un cirque, des expos de street art, des foodtrucks, des fêtes foraines, des spectacles vivants, des cours de zumba, stretching, courses d’obstacles, triathlon, vélo, jeux de société géants et ateliers de relaxation.

En fait, c’est un peu comme une journée sans voiture, mais avec sa voiture. Car, pour aller « prendre possession de l’autoroute » avec ses petits pieds, il est sans doute préférable de commencer par prendre sa voiture pour aller jusqu’à l’aire d’autoroute concernée!

En fait, ce qui est amusant avec cette fête de l’autoroute, c’est la colère du lobby automobile en général et d’une bonne partie des automobilistes en particulier. Vous comprenez, les sociétés d’autoroutes qui font des profits monstrueux utilisent l’argent des péages pour payer des cours de zumba ou de street art à des piétons!

Pierre Chasseray, le délégué général de l’association « 40 automobilistes, » rit jaune : « cette opération est la preuve flagrante qu’ils ont de l’argent à perdre. J’espère que beaucoup de monde ira écouter Vianney [programmé près de Toulouse, ndlr] à ce concert financé par les automobilistes. »

Mais le meilleur reste à venir. Un article du journal Le Figaro démonte en règle cette fête de l’autoroute, en prenant à témoin la « juste » indignation des automobilistes-lecteurs du Figaro. C’est très bien écrit et c’est très drôle. En particulier cette magnifique perle qui mérite d’entrer dans les annales:

Le temps d’un dimanche aux accents de convivialité aiguë, les vastes étendues bitumineuses prouveront qu’elles n’ont rien à envier aux petits chemins forestiers, aux parcs et jardins luxuriants, aux terrains de jeux, aux pistes cyclables, ou encore à cette inexorable prolifération de «coulées vertes» qui éclaboussent nos villes de leur dogmatisme écologiste. »

C’est bien vu, non? Y’en a marre du dogmatisme des coulées vertes ! Et on ne parle pas assez de l’idéologie nauséabonde des chemins forestiers! Que dire également du totalitarisme des parcs et jardins?

Lire aussi :  Pollution du Temps

Franchement, le Figaro est le meilleur journal de France, et surtout beaucoup plus drôle que sa pâle copie dénommée le Gorafi.

En fait, cette histoire de fête de l’autoroute met en rage les automobilistes qui doivent déjà en ce moment faire la queue dans les stations-service pour récupérer quelques litres d’essence et qui doivent dans le même temps naviguer entre les blocages, les opérations escargot et les barrages filtrants des syndicats! Pauvres automobilistes, la tension commence à sérieusement monter et certains viennent même chercher leur essence avec une batte de base-ball

Avec la fête de l’autoroute, on leur enlève en plus une quinzaine de tronçons d’autoroutes pour donner des cours de zumba payés avec leur argent d’automobiliste racketté par les péages autoroutiers!

C’est vraiment la goutte de pétrole qui déborde du bidon!

9 commentaires sur “La fête de l’autoroute

  1. emmp

    Merci beaucoup pour cet article, Marcel ! J’avais moi-même découpé dans mon torchon hebdomadaire local la demi-page de pub pour l’événement, sans trop savoir quoi en faire et surtout, sans trop comprendre de quoi il s’agissait. Je me demandais si j’allais te le transmettre, l’envoyer à La Décroissance, l’encadrer ou le brûler sur la place publique.

    Car au fond, que montre-t-elle, cette publicité ? Un charmant défilé de jeunes gens en fête, au milieu d’une large route bitumée, avec musique, sourires et petits nenfants à roulettes. En somme, le résumé du bonheur en plein air.

    Sur une autoroute.

    Une autoroute sans voitures.

    Si je comprends bien, l’autoroute est à nous, on s’y déplace de plusieurs façons non motorisées, on s’y amuse… quand elle n’est plus utilisée en tant qu’autoroute. Du coup, qu’est-ce que la société d’exploitation compte gagner avec cette propagande ? Elle emploie des arguments autodestructeurs : l’autoroute, c’est chouette quand ce n’est plus une autoroute !

    Imaginons qu’un jour ait lieu un grand blocage militant destiné  à démontrer que l’autoroute mange de l’espace sur lequel on pourrait faire autre chose que rouler à 140 km/h. Est-ce qu’on ne pourrait pas utiliser cette même image, qui semble inspirée par Gébé ?

    Non décidément, je ne comprends ni l’événement, ni la façon dont je devrais y réagir.

  2. emmp

    On peut lire un compte rendu d’une opération similaire sur http://www.lanouvellerepublique.fr/Loir-et-Cher/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2016/05/24/Promenade-a-velo-sur-l-autoroute-A-85-2725574

    Les témoignages sont stupéfiants : « Ce tronçon n’a que dix ans, j’ai connu cet espace cultivé par les agriculteurs. Cela me fait plaisir de me le réapproprier ne serait-ce que quelques heures… »

    Autrement dit  : « C’est moche, ça casse tout, ça gaspille la terre, mais on l’a accepté et on aime bien revoir ce dont on a été privés.»

    Plus loin : « S’emparer de l’autoroute avec nos deux jambes, c’est vraiment très agréable ! Le temps s’est comme arrêté. » Mais pincez-moi, les aminches, que je me réveille ! Qu’est-ce qui  empêche ce gars d’aller marcher ailleurs ? Il faut qu’un lieu ait été violé pour qu’il l’aime ?

    Bon, je prends mon vélo et je vais au bois, ça me calmera.

  3. anarkocyclo

    @emmp, tout à fait d’accord on se demande quel est le sens de cet évenement et en tant que militant cycliste je me dis d’un côté très bien ça fait toujours moins de circulation mais d’un autre côté c’est une sorte d’opération de communication pour que les gens s’approprient affectueusement leur autoroute et donc infine qu’ils n’oublient pas de l’emprunter lorsque ce sera redevenu le lieu infernal de pollution, de destruction de l’environnement et de gâchis de l’argent public qu’elle est réellement, en payant bien sur le ticket de péage vital!

  4. alfredvoitures

    MAIS ON PEUT TRES BIEN FAIRE DU VELO SUR AUTOROUTE !

     

    J’ai fait 1300 km d’autoroute aux Emirats arabes unis SANS PROBLEME. Aux USA, c’était bien plus cool sur huit voies et plus que sur route alternée ! En Asie, c’est souvent aussi cool de prendre les 4 voies, mise à part le bruit. Tout dépend du comportement des conducteurs…

    Mais je n’irai pas me frotter aux voitures des autoroutes européennes.

    D’une manière générale, la France et l’Angleterre, à éviter à tout prix quelque soit le type de routes ! (j’ai cyclé dans 70 pays)

  5. PMeBC

    Les sociétés d’autoroutes se préparent pour le futur. Elles cherchent à quoi leurs infrastructures pourraient bien servir.

  6. pedibus

    ah! Alfred…

    foi de pédibus j’irai point prendre mon pied entre les glissières de sécurité séparatrices des flux opposés du trafic d’une autoroute, €uropéenne, d’Asie ou de Syldavie…

    à la rigueur nuitament, mais pour faire des nids de poule :

    au vu de l’ambiance d’état de siège actuelle on va perquisionner mon domicile, en me croyant possesseur d’explosifs…

    sinon une pensée émue en direction des potes de Quarante Millions de Pétainistes :

    si y a pu de gazoline va falloir prendre ses jambes à son cou ou mouliner dur…

     

    BOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

     

     

     

     

  7. alain

    En passant, comme çà, le site pourrait-il se mettre à l’heure de la non-américanisation de la langue?

    Street Art, FoodTruck, Stretching…. Tous ces mots ont des équivalences en Français.
    De même, Vélorution Lille dans un autre article qui proclame « no leader ».

    Connaissez-vous la logique de la conquête romaine? Un territoire conquis donnait le terme militaire « Pro Victis » signifiant « Territoires des vaincus » et qui s’est transformé « Province ».
    Devons-nus devenir Province anglophone soit Terroitoires des Vaincus de la langue?
    Merci d’y réfléchir.

  8. pedibus

    enfin, parlons plutôt de « terroutoirs » pour l’instant, vu qu’on n’est pas encore sortis de la gnognole et de son hyper système…

    quant aux trottoirs des villes ce sera, encore pour longtemps – belle vacherie -, « parcage de complaisance pour les gnognoles ».

    …bon, pas un poil de franglais là-dedans.

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