Un tram-train à Limoges pour réconcilier ville et territoire

Et si le tram-train était la solution pour Limoges et sa région? Deux jeunes possédant une formation en architecture-urbanisme et en développement-web défendent l’idée de mettre en place un tram-train dans un rayon d’une soixantaine de kilomètres autour de Limoges, soit un lieu de vie de 435.000 personnes.

Antonin Boyer et Alexandre Brahim-Beyrand, des amis d’enfance, ont même fondé un collectif intitulé « Bon sens paysans » afin de convaincre les citoyens et les élus de la pertinence de leur projet. Avec l’aide d’autres jeunes de Haute-Vienne et avec une véritable passion pour l’histoire des transports ferroviaires et du tramway en Haute-Vienne, ils souhaitent s’appuyer sur l’existant afin de mettre en circulation un tramway qui circulerait sur les voies de chemin de fer.

Les deux passionnés relèvent que la plupart des déplacements quotidiens (domicile/travail, domicile/lieux d’études) dans ce périmètre correspondent à des échanges routiers entre ville et campagne. Et l’avantage du tram-train, c’est justement le lien entre campagne et ville, sans rupture de charge. Leur modèle, c’est la ligne Sarrebruck-Karlsruhe en Allemagne ou ce qui se fait à Porto au Portugal avec le train-tram-métro.

Leur territoire possède pourtant l’un des plus riches héritage ferroviaire de France. Pour la partie haut-viennoise, il est constitué d’une étoile à huit branches de plus de 400 km de voies sur lesquels sont parfaitement réparties une cinquantaine de gares.

tram-train-limoges

Leur idée consiste à réinvestir cet héritage par le biais du tram-train, véhicule très léger qui fonctionne comme un train en campagne et comme un tramway dans les agglomérations. Du fait de la convergence des voies, avec un départ toutes les demi-heures aux extrémités des 5 lignes, on obtient un battement entre les rames, de l’ordre d’une dizaine de minutes en centre-ville.

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L’existence du réseau dans l’agglomération de Limoges permet la création de 23 nouvelles stations en complément des deux gares actuelles pour la desserte de tous les quartiers. Pour la plupart elles ne nécessitent que l’aménagement de quais, de leurs accès et des abords immédiats.

Selon un article du journal Le Populaire, les élus qu’ils ont rencontrés prennent au sérieux leur suggestion. Le coût du projet est estimé à 600 millions, ce qui est beaucoup moins cher que la ligne de tram toulousaine dont le prix est proche du milliard. Cette somme englobe l’achat des véhicules, une vingtaine au total, l’aménagement des stations, la sécurisation des passages à niveau, l’électrification des tronçons qui manquent et la création des voies nécessaires aux croisements des rames. Les temps de trajets seraient réduits de 50 % : 12 minutes par exemple pour relier Limoges à Nexon, 7 pour se rendre à Aixe-sur-Vienne, 40 pour relier Les Bénédictins à Thiviers.

Antonin et Alexandre préconisent un réseau de 400 km. Ce projet est accompagné d’une redéfinition du centre-ville. Par exemple, les arcades du boulevard Carnot serviraient de boutique, le quai de la gare d’Aixe-sur-Vienne est aménagé. Il comprend un pôle de danse, une crèche et une bibliothèque. Bref ! Le tram-train pourrait être une solution pour Limoges et sa région.

3 commentaires sur “Un tram-train à Limoges pour réconcilier ville et territoire

  1. pedibus

    C’est du bon sens citadin tout ça ! Il n’y a pas de seuil démographique pour se lancer dans un réseau de tram train pour les agglomérations qui voudraient sérieusement se lancer dans la transition des modes de vie, modes de déplacements compris : sans flagornerie la province modeste peut se payer du RER!

    De façon plus réaliste considérons qu’il faut que l’unité urbaine atteigne  200.000 habitants et qu’existe sur son territoire un noeud ferroviaire : sans avoir fait le travail de recension je parierai que c’est toujours le cas pour des cités de cette importance en France.

    Ensuite c’est le prétexte du tonnerre pour mettre en pratique la mise en cohérence de l’urbanisme et du transport, avec l’esprit de la loi SRU ou du concept TOD ( transit-oriented development), pour densifier et requalifier l’urbanisme, autour des lignes ferroviaires si la distance entre les stations est infra kilométrique, ou densifier autour des stations au-delà.

    Reste bien sûr énormément d’obstacles  pour réaliser un vrai réseau de tram train. Le moindre n’est sans doute pas politique tellement le mécano institutionnel local est complexe et bloquant ! Il vaudrait presque mieux des relations informelles* entre élus pour faire aboutir la chose si on ne veut pas que chacun mette en avant ses prérogatives, son petit territoire, sa compétence institutionnelle, ses électeurs, dont les automobilistes, commerçants et chefs d’entreprise au premier rang, son petit pouvoir, réel ou imaginaire… Une réforme de la Constitution, la Moribonde V, pourrait encore faire muter nos régions, actuels tigres de papier, obèses en km2 mais observatrices impuissantes de l’étalement urbain, celui que quantifie régulièrement l’INSEE, avec des aires urbaines qui n’arrêtent pas d’enfler, leur couronne progressant à un rythme de big bang :

    que les régions se voient attribuer une compétence exclusive urbanisme et transport et ce blocage pourrait rapidement être levé, si d’autre part on prévenait un certain penchant pour la tambouille entre « petits » et « grands élus », par exemple en reconnaissant enfin une hiérarchie entre les personnes morales de droit public que sont les collectivités territoriales…

    Parmi les autres obstacles il y a bien sûr le Système Nocif Complètement Foutraque, avec ses quintes de toux incompréhensibles – refeufeu et atchoum – qui fout en l’air des plages horaires au prétexte d’une maintenance de la voie…

    Sinon, à supposer, par une vision de l’esprit, que ces dangers soient écartés et qu’une mayonnaise sociale prenne localement pour porter le projet de tram train, associations et groupes de citoyens en tête,  il y aura toujours la ressource du péage urbain pour amorcer la pompe à phynance et  le mécanisme de requalification et de restructuration de la région urbaine, en agissant simultanément sur les secteurs de l’urbanisme et du transport…

     

    *

    le dernier n° de la revue Flux, 2015/2-3 (N° 101-102), « Le rôle des outils de coordination urbanisme-transports collectifs dans la fabrique politique urbaine », juillet – décembre 2015, particulièrement l’article de Juliette Maulat, « Contractualiser pour coordonner urbanisme et transport ? Regards croisés sur quatre expériences de contrats d’axes ferroviaires », avec dans sa conclusion sur le contrat d’axe mais au-delà sur les politiques publiques locales :

    Dans un contexte de décentralisation, de complexification des systèmes d’acteurs et d’évolution des objectifs de l’action publique, les collectivités bricolent et inventent des outils. […] Si le contrat d’axe ne réduit pas la complexité liée au partage des compétences entre différentes collectivités et échelles de décision en matière d’urbanisme et de transport, il est un outil pragmatique, de gestion et de régulation des décalages entre les périmètres institutionnels et l’échelle des enjeux posés aux acteurs publics […]. Il [le contrat d’axe] ouvre de nouvelles perspectives pour une articulation des projets de transport et des projets urbains qui prenne plus finement en compte les contextes locaux et donne une place importante à la négociation politique.

  2. Boris D

    L’histoire de Limoges et des transports en commun a toujours était féconde (y compris la création de la CGT en ses murs le 23 septembre 1895 !).

    Voici pour l’illustrer un court-métrage humoristique. On aimerait que le vent de créativité et d’autodérision qui souffle en cette année post-révolutionnaire ne soit malheureusement pas si daté.

    Le lien : L’ATTRACTION ÉLECTRIQUE (ROBERT-CHARLES, 1969)

  3. L'intégriste ferroviaire

    Il fallait oser le dire et le formaliser, ils l’ont fait : génial.

    Et dans un 2e temps on pourrait aussi reposer des voies sur l’ancien chemin de fer départemental de la Haute-Vienne ! 😉

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