Agressif au volant ?

Insultes, queues de poisson, coups de klaxon: certains automobilistes semblent donner libre cours à leur agressivité dès qu’ils sont au volant. Que se passe-t-il dans la tête de ces conducteurs énervés?

Fureur aveugle : au volant, le moindre obstacle peut être perçu comme une agression ou une limite au pouvoir de vitesse et à l’impression de toute-puissance.

La route est un environnement frustrant : nous ne pouvons pas toujours rouler aussi vite que nous le voudrions, et il faut composer avec les autres. Certaines personnes régulent moins bien leurs émotions.

Impulsives, avides de sensations fortes et ne supportant pas l’ennui, elles réagissent par l’agression. En voiture, nous voyons rarement le visage des autres. Or l’échange visuel est un élément pacifiant. Derrière les vitres teintées, nous perdons cette capacité d’apaisement et d’empathie.

Sitôt derrière un volant, certaines personnes semblent changer de personnalité. De calmes et posées, elles deviennent soudain nerveuses, irritables, grossières, agressives, intolérantes à la moindre frustration. La voiture nous change-t-elle de Dr Jekyll en Mr Hyde ? Ou bien ne fait-elle que révéler certains penchants sous-jacents?

Le comportement des conducteurs semble en grande partie livré aux passions, aux émotions, et parmi elles, à la colère. Les rubriques de faits divers font régulièrement état de rixes, voire de meurtres, dont l’origine est un dépassement jugé intempestif ou une allure trop lente sur la route. Alors, que se passe-t-il chez l’Homo sapiens blotti dans l’habitacle de son automobile?

En fait, sitôt derrière le volant, tout porte à croire que nous souhaiterions être les seuls sur la route, et que nous devenons intolérants à toute forme de frustration, de limite à notre puissance et nos désirs, ce qui aurait pour effet de nous transformer, le temps d’un trajet, en un être râleur, intolérant et agressif.

Lire aussi :  De la voiture au vélo: En route vers le changement

Un article de Nicolas Guéguen, enseignant-chercheur en psychologie sociale à l’Université de Bretagne-Sud, dirige le Laboratoire d’Ergonomie des systèmes, traitement de l’information et comportement (LESTIC) à Vannes.

14 commentaires sur “Agressif au volant ?

  1. emmp

    Intéressant mais frustrant : l’article en PDF s’achève sur une phrase coupée en plein milieu (« Voilà pourquoi il vaut mieux ne pas prendre la route après une »). Est-ce qu’il y a moyen de le trouver entier ailleurs ?

  2. Fred Hervé

    Malheureusement les cyclistes ne dont pas toujours des exemples de sagesse et de zen attitude. Que ce soit en déplacement urbain ou dans le cadre d’une sortie en peloton. J’ai déjà vu pas mal de rétroviseurs cassés ou de déversements d’insultes. Je précise que je parcourait entre 10 à 15 000 km pas ans quand je travaillais et que actuellement cela fait 2 ans et 29 000 kmqu’on parcours le « monde » à vélo.

  3. Zfred

    @Fred Hervé

    dans quel contexte avez-vous des cyclistes agressifs de manière injustifiée ? Est-ce dans l’un des cas que cite l’article, à savoir « embouteillage, voiture qui roule trop lentement, usager qui prend une place de parking juste devant » ?

  4. Fred Hervé

    @Zfred

    En peloton j’ai déjà vu des cyclistes bramaient comme des ânes parce que une voiture les obligeant à ralentir.

    En ville lorsque après avoir grillés un feu ou ne pas marquer un arrêt au stop ils engueulaient la voiture à qui ils devaient la priorité.

    Il y a des cons partout la seule différence, c’est qu’ils se sentent souvent supérieurs et en cas d’accident sont beaucoup plus dangereux.

    Malheureusement le vélo ou la marche à pied ne sont pas des vaccins contre la bêtise et l’intolérance .

     

  5. redt0mat0

    En tant que cycliste, il est légitime de se laisser aller parfois à de petits « recadrements » parfaitement justifiés suite à des comportements d’automobilistes sytématiquement anormaux et dangereux (l’article explique bien les causes de cela, mais cela n’excuse rien!). Les exemples son innombrables: piste cyclable squatée, queues de poissons juste après un dépassement danfgereux sans respect des distances ni de la vitesse maximale autorisée (souvent pour arriver à un feu rouge 50 m plus loin), passage piéton encombré, et j’en passe…

    Pour finir, il est d’ailleurs assez intéressant d’observer la réaction de nombreux automobilistes lorsqu’on les regarde (sans geste, juste regarder) à travers la vitre de leur voiture: ils prennent la fuite quand c’est possible, ou alors ils regardent droit devant eux en faisant semblant de pas nous voir. Exactement comme lorsqu’ils grillent la priorité ou le feu piéton 🙂 J’en ai même vu plusieurs, pris de panique, saisir maladroitement leur téléphones (c’est rare qu’ils ne l’aient pas déjà en main en conduisant, d’ailleurs,  ces derniers temps ) et appeler d’urgence (qui ? la police ?) . Intéressants animeux que ces automobilistes…

     

  6. pedibus

    mézig a le souvenir d’un peloton de cyclistes coursiers devenus subitement férocement automobilistes braillards, quand ils m’ont croisé sur une petite route départementale dont j’avais forcé les barrières, les obligeant alors à modifier leur trajectoire (dans une légère courbe) à cause de mon large chargement de cyclo-camping…

    sinon il n’y a pas beaucoup de surprise à avoir en lisant dans l’article que la tendance est à la hausse quant à la perte de sang froid et au passage à l’acte en cas d’interaction conflictuelle, ou de coexistence mal vécue dans l’espace public entre motorisés, ou entre ceux-ci et d’autres individus en déplacement :

    ce n’est rien d’autre qu’un approfondissement de notre statut d’autocentré – sans jeu de mots avec la gnognole – largement sculpté par les techniciens du marketing, où le consommateur est devenu une espèce de grosse larve  incapable de faire autre chose que de – mal- gérer l’immédiateté de ses désirs, perpétuellement excités… et où la croyance la mieux partagée consiste à se représenter comme l’unique destinataire des péripéties du fonctionnement du monde;

    Autominus en sait sans doute plus que moi en termes de psychosociologie, mais cette veine-là est sans doute essentielle pour disséquer la personnalité de l’automobiliste, lequel a pu largement voir se modifier son comportement dans la phase post fordiste, où l’objet marchandise se personnalise à l’extrême, où chaque individu devient un micro segment à part entière, véritable petit dieu, avec sa bagnole joujou avec le design unique, prêt à exercer la toute puissance à laquelle il a dû renoncer dans les premiers stades de la petite enfance (Winnicott, années 1970…?)…

     

     

  7. Jean-Marc

    Fred Hervé 19 août 2016 à 8:29 Malheureusement les cyclistes ne dont pas toujours des exemples de sagesse et de zen attitude [..] J’ai déjà vu pas mal de rétroviseurs cassés

     

    Moi :

    « Malheureusement, les cyclistes »… « rétroviseurs cassés »

    Vu le texte autour, je suppose qu’il s agit de rétros de voitures, et pas de rétros de vélos.

    Alors, il serait intéressant de développer..

    Comment des voitures ont-elles eu un rétro cassé par vélo ?Comment leur conducteur ont-ils fait pour aboutir à ce résultat impossible à avoir ?

    Pour ma part, cela m est arrivé une seule et unique fois :

    une voiture qui ne respecte pas la loi, qui me frôle, et qui explose son rétro contre 3 de mes doigts de la main gauche, ma manette de frein et ma poignée.

     

    Précision : en france, il est interdit de passer à moins de 1.5m du point le plus externe d’un cycliste [exception en agglo, ou une dérogation ramène la distance à 1m.. ceci, même dans les zones 70, même pour un 40tonnes… (inutile de dire que la loi actuelle est juste mortelle dans une telle condition, cependant légale.. restraindre la dérogation pour les zones 45km/h ou moins, aux véhicules de moins de 1.5t serait plus normale.. ou – plus simple et plus judicieux- la disparition de cette dérogation mortelle)]

    Cette loi ne précise pas si le cycliste est en droit ou pas, sur une chaussée autorisée aux cyclistes ou pas, s’il roule droit ou zigzgague, s’il est saoul : Cette distance mini. concerne TOUS cyclistes, piétons, personnes en tracteur ou sur un animal (plutôt un cheval), porté ou attelé qu’on peut croiser ou doubler.

    Ainsi, si un conducteur d automobile réussit à toucher un guidon d’un cycliste, s’il réussit à passer sous 0cm de distance entre eux.. il est OBLIGATOIREMENT sous les 1.5m de distance légale => il est OBLIGATOIREMENT en faute s’il était en déplacement

    => Quand il n y a pas la place pour croiser ou doubler un cycliste en laissant la distance légale minimale, alors,

    -s il le suis et voudrai le doubler, l automobiliste à l OBLIGATION légale de ne pas le doubler,et de rester derrière

    et,

    – s’il roule dans l autre sens et va le croiser dans un endroit trop étroit, alors, afin de respecter la distance légale minimale lors de ses déplacements, distance qu’il ne peut garantir, il a, par conséquent, l’OBLIGATION légale de ne plus rouler, de s arrêter, de laisser passer le cycliste (qui lui a le droit de croiser une voiture à moins de 1m), et de poursuivre sa route uniquement quand le cycliste l aura croisé.

    C est fou, Fred, tu veux accuser les cyclistes, mais tu prouves que les automobilistes aux rétros trop débordant, qui ont croisé ces cyclistes étaient tous en faute grave, mettant au minimum une vie en danger..

  8. Fred Hervé

    @ Jean Marc

    Je n’accuse spécialement les cyclistes. Je dis juste qu’il y a des gens qui ont d’ex réactions exacerbée quel que soit le moyen de déplacement .

    Qzand  je dis que J’ai déjà vu pas mal de rétroviseurs cassés ou de déversements d’insultes je parle d’actes volontaire de la part de collègues cyclistes. Je te remercie pour le rappel des règles de dépassement mais en tant que cycloté connais,  merci

     

  9. Der

    A mon humble avis, il y a toujours la même proportionnalité de c…s quelque soit le moyen de transport. Par contre, un automobiliste dispose pour se « faire justice » de 1,5 tonnes de métal qui peut foncer à 100km/h, contre 15kg et 30km/h pour le cycliste…
    En terme de danger potentiel, c’est un peu comme un psychopathe armé d’une kalachnikov contre un autre armé d’un couteau suisse.

  10. Gwen

    Jean-Marc, il est intéressant que tu fasses référence à cette distance latérale minimale de sécurité. Cette distance d’un mètre-cinquante est assez récente, 1998 ; elle était auparavant d’un mètre seulement [1].
    Cette décision fut une très maigre avancée si l’on considère la règle en vigueur en 1922, qui imposait au moins deux mètres de distance latérale [2], mais surtout quand on compare la vitesse et le nombre des véhicules en 1922 et en 1998 !
    Il est clair qu’il y a eu une forte régression de la sécurité des non-motorisés tout au long de l’invasion automobile, régression volontaire de la part du législateur qui aurait dû conserver sinon augmenter cette distance minimale de deux mètres.

    Par contre, contrairement à ce que tu dis, il n’y a à ma connaissance rien qui impose une distance minimale pour croiser. Seule existe une contrainte sur la vitesse [3] qui doit être réduite.

    À l’étranger et en particulier au Royaume-Uni, tout conducteur doit dépasser un deux-roues en lui laissant autant de place qu’un autre véhicule [4], c’est à dire en changeant de voie. C’est ce qui devrait être la norme : quand on dépasse, on se place le plus à gauche possible.

    Enfin, voici une affiche très claire sur l’effet provoqué par un dépassement dangereux sur le cycliste :
    https://pbs.twimg.com/media/CR7g93DWwAAYerr.jpg

    [1] Code de la route, art. R.14 : https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;?cidTexte=LEGITEXT000006074947&idArticle=LEGIARTI000006875425
    [2] Nouveau code de la route, art. 9 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6149374p/f5.image
    [3] Code de la route, art. R. 413-17 : https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;?idArticle=LEGIARTI000006842207&cidTexte=LEGITEXT000006074228
    [4] Highway Code, rule 163, Overtaking : https://www.gov.uk/guidance/the-highway-code/using-the-road-159-to-203

  11. christiane

    ces conducteurs ne sont pas <a href= »www.affutagoutil.com »> affûter </a> mais bon sont des danger publiques.

  12. Nico

    Réponse d’un chauffeur de taxis : fais pas ch… j’étais à 1m50 du trottoir… Et la licence dans une pochette surprise

  13. Jean-Marc

    Quelques autres lois, souvent très peu connues et/ou très peu appliquées par les automobilistes :

    Article R412-12 I : « I. – Lorsque deux véhicules se suivent, le conducteur du second doit maintenir une distance de sécurité suffisante pour pouvoir éviter une collision en cas de ralentissement brusque ou d’arrêt subit du véhicule qui le précède. Cette distance est d’autant plus grande que la vitesse est plus élevée. Elle correspond à la distance parcourue par le véhicule pendant un délai d’AU MOINS deux secondes. »

    Article R412-9 : s’écarter de la zone « portières-chauffeur descendant sans regarder » :

    [..]Sur les voies où la vitesse maximale autorisée n’excède pas 50 km/ h, un conducteur de cycle peut s’écarter des véhicules en stationnement sur le bord droit de la chaussée, d’une distance nécessaire à sa sécurité.[..]
    Article R34 : « Dans les agglomérations, l’emploi de l’avertisseur sonore est interdit en dehors du cas de danger immédiat. En ce cas, les signaux émis doivent être brefs et leur usage très modéré. »

    Visiblement, voir un cycliste rouler est une cause de « danger immédiat » pour certains automobilistes..

    (pour ce dernier, entre l abrogation en mars 2001 et l abrogation de l abrogation en juin 2001, je ne comprend pas s’il est toujours en vigueur ou pas..)

Les commentaires sont clos.