Nordiques à vélo, Italiens à moto

Une étude publiée mardi 17 janvier par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) fait le point sur l’usage du vélo en France pour les déplacements domicile-travail.

En 2015, 2 % des actifs ayant un emploi vont travailler à vélo. Ce mode de transport est bien moins utilisé que l’automobile, largement prédominante, les transports en commun ou la marche, mais il fait jeu égal avec les deux-roues motorisés. Ses adeptes parcourent quelques kilomètres entre leur domicile et leur lieu de travail. Ils résident plutôt dans les villes-centres des grands pôles urbains. Les départements les plus urbanisés sont ainsi ceux où le recours à ce mode de transport est le plus important.

L’utilisation du vélo pour aller travailler varie peu en fonction de l’âge, contrairement aux autres modes de déplacement. Les femmes vont moins souvent travailler à bicyclette que les hommes, tandis qu’elles empruntent plus fréquemment les transports en commun. Les cadres et les diplômés du supérieur recourent plus à ce mode de déplacement que les autres actifs. Il y a même une corrélation entre niveau d’étude et pratique du vélo pour les déplacements domicile-travail: l’INSEE relève ainsi que les titulaires d’un doctorat sont ceux qui pratiquent le plus le vélo!

Ces chiffres ne sont pas vraiment étonnants, mais ils montrent surtout qu’au-delà de la nécessité de développer des aménagements cyclables, il y a des effets de structure. Bien entendu, des aménagements cyclables de qualité apparaissent comme une condition nécessaire pour développer la pratique du vélo, mais peut-être pas suffisante.

On voit en effet apparaître des différences culturelles certaines dans la pratique du vélo, en fonction du niveau d’étude, du type de métier ou de la localisation géographique.

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Le meilleur exemple sans doute est la pratique du vélo en France par les étrangers résidant et travaillant en France. Les étrangers européens résidant en France conservent en effet des habitudes très proches de leur pays d’origine.

Ce résultat demeure, même en tenant compte des autres facteurs observables qui pourraient expliquer l’utilisation d’un mode de transport particulier. Ainsi, parmi les citoyens de l’Union européenne (UE) habitant et travaillant en France, les Allemands, Danois, Suédois et Hollandais sont de loin les plus fervents utilisateurs du vélo (avec des proportions de l’ordre de 4 à 8 % de cyclistes parmi les travailleurs de ces nationalités). Les Italiens privilégient davantage que les autres nationalités les deux-roues motorisés (3,3 % contre 2,0 % des Français et 1,4 % des autres citoyens de l’UE).

Si les Allemands, Danois, Suédois et Hollandais utilisent beaucoup plus le vélo en France que les Français, ce n’est évidemment pas lié aux aménagements cyclables (ou à leur absence). Il y a un aspect culturel qui mérite d’être pris en compte et qui doit déboucher sur une sorte de décolonisation de l’imaginaire.

Source: http://www.insee.fr/fr/statistiques/2557426

8 commentaires sur “Nordiques à vélo, Italiens à moto

  1. abil59

    C’est beau le dernier paragraphe mais cependant pour connaitre une personne des 4 nationalités à la fin citées vivant en france, je peux vous dire qu’elle a abandonné le vélo en france alors que dans son pays d’origine elle faisait 24 kilomètres par jour en domicile-travail.

    Pourquoi? Plusieurs facteurs:

    – un manque criant d’aménagement cyclable

    – une priorité absolue et en toute heure de la voiture, partout

    – un caractère de la voirie vraiment différente avec l’absence de pistes cyclables qui rendent le fait de faire du vélo comme quelque chose d’absolument pas relaxant, être toujours aux aguets

    – le manque de « caractère d’habitude » et de respect des Français en général pour le vélo c’est-à-dire par exemple « hop je double le vélo et directement après je tourne à droite sans clignotant »

    – le manque de stationnement

    – un manque de « système vélo » (magasins de vélos, lieux où se renseigner, associations, réseau de cyclistes…)

    – le sentiment de solitude dans un monde motorisé…

     

    Et j’en passe !

  2. Zaph

    comme l’a démontré Fréderic Heran dans son livre « le retour de la bicyclette » et comme le souligne abil59 il n’y a rien de culturel dans la pratique du vélo.

    Seule une meilleure pris en compte du cycliste dans l’espace urbain permet un développement de la pratique. Les 2 villes en tête du classement des déplacements pendulaires à vélo, Strasbourg et Grenoble, sont celles qui ont eu depuis des années une politique cyclable volontariste.

    Ce résultat devrait inciter les pouvoirs publics a opérer un vrai tournant dans la politique de partage de l’espace public au profit des modes actifs. Hélas, et malgré des tricheries avérées, le lobby voiture est encore tout puissant pour imposer des décisions néfastes au développement de la pratique du vélo comme le port du casque aux enfants et autres gadgets.

  3. abil59

    @Zaph: merci oui c’est le volontariat qui manque! Un exemple je suis allé sur le site de la ville de Lyon et c’est 2 euros le stationnement voiture par heure en hyper-centre!… Et Amsterdam c’est juste 5,80 euros de l’heure pour un stationnement en surface pour les rares places. Et ne sert-ce que le dépose minute voiture à la gare d’Amsterdam CS. Il faut déjà connaitre pour savoir qu’il en existe un minuscule et c’est encore une autre paire de manches d’y arriver! Pour la mobilité y a pas de demi-mesure: soit on assume soit on assume pas.

     

  4. PMeBC

    Cadre supérieur à Genève je me déplaçai à vélo partout n’ayant pas de voiture. Mon épouse utilisait aussi un vélo. Retraité en Espagne je persiste à utiliser un vélo. Mon épouse n’a plus jamais utilisé le sien, maintenant elle va en voiture partout. Culturel?

  5. pedibus

    erratoum atchoum… :

    tout le monde a dû s’en rendre compte, mais les chiffres que j’ai cités ne concernent pas les agglos mais les communes…

    je tâche de chercher sur le site de l’INSEE des chiffres plus précis qui permettraient de distinguer la ville centre et son unité urbaine…

    à noter qu’à Strasbourg 16% de part modale vélo en 2015 pour la commune ça ne correspond qu’à un point de progrès depuis 2009… et toujours la moitié de Copenhague (ville) en 2010 comme en 2014,  ou moins qu’à Amsterdam (ville), avec 22% en 2008, ou moins encore et sans la dynamique de progrès à Utrecht (ville), avec 21% en 2008 et… 26% en 2012.

    ces chiffres proviennent du site EPOMM…, lequel posséde des données hétérogènes : ville ou agglo suivant les cas…

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