La métropole bordelaise entre p’tit vélo et nostalgie du tout-auto

Que se passe-t-il donc dans la tête des élus de l’intercommunalité bordelaise, la « métropole » … ? Un p’tit vélo ou une nostalgie du tout-auto… ?

On aurait pu pousser un ouf de soulagement, après avoir pris connaissance des résultats de cette petite enquête ménages déplacements, la dernière datant de 2008-2009, à l’époque où le baril de pétrole menaçait de sauter le seuil des 150$… Petite parce que se contentant l’automne dernier de sonder par téléphone uniquement les habitants de la partie de l’unité urbaine – la zone agglomérée de l’aire urbaine – sous gouvernance intercommunale, soit 85% de sa population totale, mais 62% de l’aire urbaine, laissant donc le gros tiers restant, le plus fort pratiquant automobiliste, à l’écart du sondage : 28 communes sondées en 2017 contre 96 neuf ans plus tôt, c’est peut-être qu’il y a de l’économie budgétaire dans l’air, surtout après deux ponts routiers sur la Garonne à coût astronomique, à digérer ou à provisionner, l’un étant en service et l’autre en attente de construction, sans savoir si un jour du tram passera dessus, ou un méchant Bus à Haut Niveau de Saturation, because les zélus du coin n’arrêtent pas de dire que c’est trop cher… Ces deux investissements cumulés équivaudront quand même in fine à deux ou trois lignes de tram supplémentaires…

Revenons quand même aux tendances favorables, qui arrachent quand même une ébauche de sourire de satisfaction. Les adeptes de Ste-Gnognole ne sont plus une majorité de pratiquants dans la zone… ! De 59% en 1999 ils se retrouvent « marginalisés » à 49.6%… ! De quoi semer l’émoi dans le grand évêché de la banlieue, farcie de concessionnaires automobiles… ! Alors au profit de quels modes de déplacements… ?

Et c’est là où c’est la fête à Paulette : le clou bondit de 4 à 7.7% dans l’agglo et rattrape même Strasbourg – qui a peut-être encore augmenté depuis… – pour la commune de Bordeaux à 15% de part modale… ! Déjà un podium de début d’année (chiffres INSEE 2015) juchait la ville à la troisième place pour les vélotafeurs et vélotafeuses (enfin le contraire : ça fait mauvais genre) … :

moaaaa zy croyait pas, prêt à accuser le grand statisticien national d’avoir été victime des hackers à Poupoute, mais c’était en fait de bon augure…

Un début d’hypothèse explicative serait peut-être à trouver du côté de la saturation des transports en commun, complétement insuffisants avec seulement trois lignes de tram en service : comme si Paris devait se contenter des lignes 1, 6 et 4 du métro pour faire face à ses besoins de déplacements… !

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que ces transports publics urbains stagnent à 11.6%, n’engrangeant qu’un peu plus d’un point et demi de part modale supplémentaire : il n’y a pas de marge de manœuvre capacitaire pour accueillir les reconvertis potentiels… Quant aux autres transports publics, TER et cars départementaux, ils s’effritent à un niveau epsilonesque, en passant de 1% à 0.3% : toujours pas de RER ou S-Bahn en vue dans l’agglo… Et puis la thrombose automobile permanente dissuade sans doute une partie de la population de faire le rituel quotidien déjà évoqué…

Les pédibus se prennent cinq points de part modale, à 29% : ce sont eux finalement, les « invisibles », qui profitent le mieux de la baisse du culte… Et pourtant quelle galère dans cette agglo, avec un trottoir sur deux qui sert de parking, et une pression automobile intolérable partout : le taux du solde migratoire de l’agglo est désormais le plus fort de France, après celui de Montpellier, parmi les petites capitales régionales, et les ex. Ce qui fait que le nombre de déplacements motorisés individuels n’a pas dû baisser, malgré la tendance en proportion évoquée tout à l’heure…

Lire aussi :  Archéologie de l’automobile

Les modes actifs de déplacements sont donc à la fête dans l’agglo bordelaise, en cumulant 36.7% des parts modales, et la bagnole n’est plus le mode hégémonique dans les pratiques : de quoi se plaindrait-on… ? Eh bien il y a quand même péril en la demeure : la maison planétaire brûle et ses dirigeants regarderaient ailleurs, voire répandraient à profusion de l’huile de schiste, et les zélus bordelais contribuent eux aussi à vouloir jeter de l’huile sur le feu. L’anneau autoroutier qui ceinture l’agglo, sans la contenir complètement, fait partie d’une flambée de projets loufoques qu’une campagne médiatique locale semble attiser…

Pas un jour sans que le journal local – Sud-Ouest – n’évoque les bouchons, le stationnement, les horodateurs, les coûts de l’usage automobile… pour réclamer de la mansuétude à l’égard des automobilistes et des investissements pour des infrastructures routières plus capacitaires ou supplémentaires. Dès lors on réclame avec dévotion une couronne supplémentaire à l’auréole de sainteté, avec une troisième voie pour la rocade, voire un super contournement. On interview avec complaisance les élus, socialos ou ripoublicains, pour les entendre relayer le bon vieux mécontentement populaire à roulettes motorisées, nouvelle fronde à les entendre, alors qu’il n’est point question de papier timbré, la vignette ayant disparu… Bref le système automobile trouve là de nouveaux relais pour faire repartir à la hausse les sales habitudes.

Il s’en faudrait de peu pourtant, pour inscrire dans la durée cette tendance, accentuer le déclin de l’usage automobile, relancer l’usage des transports en commun :

Etendre à toutes les communes de l’agglo le stationnement réglementé, utiliser ses recettes pour financer la construction de lignes de tram supplémentaires, tout en recrutant plus d’agents de surveillance de la voie publique pour corriger le stationnement sauvage, préempter des biens fonciers dans tous les espaces vacants pour construire des logements déconnectés de la spéculation immobilière folle, garder des rez-de-chaussée pour implanter des commerces de proximité, préempter ceux qui risquent de disparaître faute de succession… Bref une action d’intervention qui brasserait bien plus de ressources financières, qui induirait bien plus de créations d’emplois et qui répondrait bien mieux à l’urgence socio-environnementale, en satisfaisant le besoin de logement, de travail et d’accès au services dans de la vraie ville, dans la vraie vie…

Parce qu’il est temps de mettre définitivement à la réforme les goudronneuses…

6 commentaires sur “La métropole bordelaise entre p’tit vélo et nostalgie du tout-auto

  1. seb

    A vouloir trop faire du « style » on devient illisible. J’ai pas compris la moitié de ce qui est écrit et pourtant j’habite Bordeaux et je me sens concerné par ce texte. Soyez plus simple dans votre formulaition si votre objectif est d’être compris 🙂

  2. Vince

    C’est du Pédibus !!

    En relisant trois fois on parvient à en comprendre un petit peu, même moi j’y arrive.

    Lexique de lecture : le clou : le vélo, les pédibus : les piétons

     

    En tout cas soutenons les clous et les pédibus de Bordeaux car c’est ce qui épargne de l’éternelle ritournelle  Strasbourgeois =  Germaniques = vélo                                                                                                                 Français = Latins = voitures

     

     

     

     

  3. zit

    Ah mais alors bien sûr que l’on comprends ce texte, excusez, les z’amis, faut essayer de lire autre chose que la TV et les SMS, on s’habitue finalement assez bien à la lectures de textes avec des verbes conjugués, des sujets, ces compléments d’objets et tout un tas de néologismes sonnants et pédalants.

    Faire un effort neural, c’est comme pédaler pour se déplacer ;o).

     

    Après, y’enna ki préfèrent la trottinette atomique…

  4. JN

    En tout cas l’histoire d’étendre la zone de stationnement réglementé c’est du pipeau si cela ne s’accompagne pas d’une féroce répression du stationnement interdit. Dans mon quartier Talençais en stationnement réglementé, on a vu les 3 premiers mois une forte présence d’ASVP, depuis plus rien. Du coup réglementé ou pas, les trottoirs sont envahis comme avant. En fait c’est plutôt le fameux poinçonneur (aujourd’hui arrêté) qui semblait avoir la délégation de la police du stationnement…

    Et puis les ASVP on sait ce que ça vaut : tous les matins devant l’école il y en a deux, qui ne trouvent rien à dire aux quelques égoïstes professionnels qui se garent sur le trottoir pour déposer leur progéniture(« j’en ai pour deux minutes »).

  5. pedibus

    oui JN, on a une curieuse façon de considérer le trottoir à Talence :

     

    http://carfree.fr/index.php/2015/09/22/exploration-du-territoire-automobiliste-ballade-en-marge-de-bordeaux-et-talence/ **

    Sinon à Bordeaux-bordel, même en zone de stationnement réglementé, dès passées les cinq heures du soir les bagnoles sont de nouveau à califourchon sur le trottoir, et en files ininterrompues le dimanche…

    La sainte bagnolardise doit considérer que ça fait distingué, puisqu’on trouve ce comportement même quand il y a largement la place de le faire sur la chaussée, sans réduire les commodités de l’espace à circuler :

    alors on peut trouver ainsi, dans une file de stationnement réglo, l’exception bizarre de celui qui rêve peut être de « cacatre », se jouant déjà le film de pouvoir escalader une bordure de trottoir…

    Il y aurait tellement à dire sur la psychologie de nos « amis » minoritaires bordeluches* des modes inactifs de déplacements…

    … enfin me v’la encore en flagrant délit de jargonnage :

    les auto-immobilistes voulais-je dire…

     

    au vu de la mono maniaquerie du journal Sud-Ouest sur le bouchonnage permanent – pas la bibine, mais plutôt rues, routes et autoroutes de l’agglo – le teme est plus seyant… : http://www.sudouest.fr/2017/11/27/circulation-en-gironde-vos-solutions-contre-les-bouchons-3983874-2780.php**

     

    * https://fr.wikipedia.org/wiki/Bordeluche

    ** BOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

Les commentaires sont clos.