Les pro-diesel continuent leur intox

Un collectif de médecins et de chercheurs publient une tribune dans laquelle ils dénoncent les agissements des lobbies pro-diesel.

Nous sommes des médecins et chercheurs impliqués pour améliorer la qualité de l’air et alerter sur l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé. Notre combat est celui de la vérité scientifique et nous n’acceptons pas que celle-ci soit bafouée au nom de probables intérêts économiques.

Le diesel, y compris les nouveaux diesels, est à l’origine des émissions les plus toxiques pour la santé humaine

Or, cette parole des lobbies pro-diesel est régulièrement reprise dans les journaux ou sur les plateaux de télé pour convaincre l’opinion de la non-dangerosité de ce carburant. « Les diesels les plus récents polluent moins que l’essence », déclare ainsi Pierre Chasseray, le président de l’association 40 millions d’automobilistes dans Le Parisien du 8 juin. Le diesel a remporté « une victoire technologique, mais pas celle de l’opinion », affirmait encore le journaliste Pascal Perri dans l’émission C dans l’air du 28 mai 2018 sur France 5.

Pourtant le diesel, y compris les nouveaux diesels, est à l’origine des émissions les plus toxiques pour la santé humaine. Il nous semble essentiel de rappeler un certain nombre de vérités :

Les nouveaux véhicules diesels n’émettent que très peu de NOx : faux

Toutes les données sur les émissions de NOx des dernières générations de véhicules diesels ont fait l’objet de tricheries révélées lors du Dieselgate. Tous ces diesels frauduleux sont interdits de circulation aux Etats-Unis, mais ils continuent de circuler impunément en France.

De plus, les mesures d’émissions des tests au banc d’essai sont réalisées en « conditions optimales » de conduite, mais il n’empêche, même dans ces conditions « favorables » un diesel récent émet 5 à 6 fois plus de NOx qu’un véhicule essence.

Même dans des conditions « optimales de conduite » un diesel récent émet 5 à 6 fois plus de NOx qu’un véhicule essence

Les tests réalisés par France Nature Environnement (FNE) et Transport environnement ont par ailleurs démontré qu’« en condition réelle » de conduite les émissions de NOx pouvaient être multipliées par 10.

En effet, en situation réelle, dans les zones urbaines, les systèmes de dépollution des NOx ne marchent pas, car le moteur en ville n’a jamais le temps d’atteindre la température nécessaire à son fonctionnement1. Ces mêmes systèmes ne fonctionnent également pas lors d’accélération importante comme en montée de côte.

Le plus redoutable des NOx, le NO2, est à l’origine de 5 000 à 7 000 décès d’origine cardiovasculaire ou pulmonaire par an, en France

Rappelons que le plus redoutable des NOx, le NO2, est à l’origine de 5 000 à 7 000 décès d’origine cardiovasculaire ou pulmonaire par an, en France, et qu’il s’agit là d’un impact sous-évalué ne représentant qu’une estimation basse.

En plus des NOx, les diesels émettent des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), cancérigènes pour le poumon et la vessie et responsables d’effets cardiovasculaires ainsi que sur le fœtus. Ces HAP sortent sous forme de particules et de gaz pour lesquels les systèmes de catalyses sont également inefficaces en ville quand le moteur n’a pas le temps de chauffer.

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Les filtres des nouveaux diesels n’émettent pas de particules : faux

Du fait de la performance de ces filtres, les particules émises sont plus petites, donc plus toxiques. Ces particules ultrafines et nanoparticules sont extrêmement nocives car recouvertes de métaux et d’HAP qui peuvent traverser le système respiratoire, contaminer nos organes et même traverser le placenta de la femme enceinte pour atteindre le fœtus.

Il est d’ailleurs regrettable que ces particules ultrafines ne soient pas prises en compte dans les mesures actuelles.

Les nouveaux diesels protègent la planète : faux

Cet argument ne tient pas non plus, car les différences d’émissions de CO2 entre les motorisations essences et diesels s’avèrent infimes, mais surtout parce que les nouveaux moteurs diesels émettent plus de protoxyde d’azote (N2O), un gaz à effet de serre 200 fois plus puissant que le CO2. Enfin, le diesel est un gros émetteur de particules carbonées (black carbon), dont les effets sur le réchauffement et la fonte des glaces ne sont plus à démontrer.

Les nouveaux moteurs diesels émettent plus de protoxyde d’azote (N2O), un gaz à effet de serre 200 fois plus puissant que le CO2

Il n’y aura jamais de bon ni de meilleur diesel. Il est vital pour notre santé de planifier une sortie de ce carburant. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a fixé l’échéance à 2025, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a annoncé 2030. Quant aux moteurs thermiques, essence et diesel, ils devraient disparaître en 2040. Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot s’y est engagé. Gardons ce cap !

Florence Trébuchon, médecin allergologue
Thomas Bourdrel, médecin radiologue, collectif Strasbourgrespire
Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au LPC2E-CNRS à Orléans
Pierre Souvet, médecin cardiologue, président de l’Asef
Jocelyne JUST, service d’allergologie pédiatrique
Gilles Dixsaut, président du Comité francilien contre les maladies respiratoires
Isabella Anessi-Maesano, directrice de recherche (DR1) Inserm

Source: https://www.alternatives-economiques.fr/pro-diesel-continuent-intox/00085027

Notes

1. Pour que les systèmes de dépollution des Nox de type réduction catalytique sélective (SCR) avec additif de type AdBlue et piège à Nox fonctionnent, la température du système doit être maintenue au-dessus d’une certaine température qui n’est que très rarement atteinte lors de trajet urbain. Pire, en ne fonctionnant pas correctement, les systèmes AdBlue relâchent du NH3 et des NOx, qui pourront en se combinant former des particules secondaires.

2 commentaires sur “Les pro-diesel continuent leur intox

  1. Prolo

    « Quant aux moteurs thermiques, essence et diesel, ils devraient disparaître en 2040. Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot s’y est engagé. Gardons ce cap ! »

     

    Heu, Nicolas Hulot, il a combien de bagnoles au garage ? Il émet combien de pollution par an rien qu’en prenant l’avion ?

  2. Letard

    Bonjour à tous,

     

    Pour moi, les constructeurs d’automobiles ne sont pas responsables de l’empoisonnement des automobilistes à leur volant.

    Jamais ils n’ont, selon moi, demandé aux automobilistes de se rapprocher les uns des autres dans un embouteillages.

    D’ailleurs, si des automobilistes ne se rapprochaient pas les uns des autres dans un embouteillage, il n’y aurait pas d’embouteillage.

    Cherchez l’erreur.

    Pour moi, les constructeurs et vendeurs d’automobiles sont comme les constructeurs et vendeurs d’armes à feu, ils ne sont pas responsables du mauvais usage qui en est fait.

    Pour la plupart, ils ne se sentent même pas responsables. Mais, au non du principe de précaution, pour moi, ils devraient tous l’être.

    Qu’en pensez-vous.

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