Rendons les rues aux enfants!

En 2015, l’Association Nationale des Conseils d’Enfants et de Jeunes (ANACEJ), le Cafézoïde, la Rue de l’Avenir et Vivacités Ile-de-France ont décidé de joindre leurs compétences pour faire émerger, soutenir et accompagner des initiatives de « Rues aux enfants » en particulier dans les quartiers populaires.

Ce collectif est animé par la même conviction : il est impératif d’attribuer aux enfants la place qui leur est due dans leur ville en respect des principes de la Convention internationale des droits de l’enfant.

En donnant la priorité de manière excessive à la circulation motorisée individuelle, nous avons en effet, été amenés à ne plus penser à la place des enfants dans l’espace public. Or, la découverte de leur environnement, de la rue, de la ville est l’occasion pour eux de se confronter au réel, de s’affirmer, de grandir. Cet apprentissage physique et sensoriel de leur autonomie au sein d’une communauté favorise de manière importante la constitution de leur personnalité.

Un concept en renouveau

Dès le siècle dernier, principalement dans les pays anglo-saxons (New-York, Royaume-Uni) des play-streets apparaissent où les enfants jouent en toute sécurité. Des associations de parents aux Pays-bas ont fait émergé en 1976 une règlementation pour l’apaisement de la circulation dans les zones d’habitat (woonerf). En France, des Rues du mercredi apparaissent à Lyon dans les années 80 et Cafézoïde organise depuis 2005, un grand rendez-vous festif le long du bassin de la Villette à Paris. Enfin le projet européen Bambini, piloté en Ile-de-France par l’ARENE (Agence régionale de l’environnement et des nouvelles énergies) a donné lieu à plusieurs expériences de Rues aux enfants en 2012 ; un important travail méthodologique a été réalisé à cette occasion (www.bambini.areneidf.org).

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Qu’est-ce qu’une rue aux enfants ?

C’est une rue fermée temporairement, certains jours et heures bien précis, à la circulation motorisée.

Les enfants peuvent alors jouer en toute sécurité et toute tranquillité. Elle s’adresse aux riverains, habitants des rues avoisinantes ou de la ville.

Des structures de jeux, éphémères ou non, peuvent être installées et des animations organisées: la rue se trouve ainsi métamorphosée. L’espace doit être clairement délimité et une signalétique mise en place avec un affichage « Rue réservée au jeu ».

Organisée en collaboration avec différents acteurs: collectivité, parents, associations, (etc.), c’est en général une initiative citoyenne. Elle peut être aussi initiée par la collectivité qui mobilise des moyens pour mettre en place l’événement.

La rue appartient aussi à ses habitants !

Ce n’est pas uniquement un lieu où circulent et stationnent les véhicules, mais c’est aussi un espace de rencontre entre voisins, quelque soit leur provenance, leur origine ou leur âge.

Il est essentiel que l’espace public soit partagé par plusieurs générations.

L’espace public est un « bien commun » ; il favorise le lien social et apporte à la ville davantage de liberté.

Vous aussi, lancez des projets de rues aux enfants !

https://www.ruesauxenfants.com

3 commentaires sur “Rendons les rues aux enfants!

  1. pedibus

    Ce genre d’initiative peut être un puissant moyen de modifier en douceur les représentations, même dans les quartiers populaires, pour détrôner du sommet de la pyramide mentale du système de valeur des habitants des quartiers l’indéboulonnable effigie à la gloire de Ste-Gnognole :

    faire passer ses enfants et ceux des autres avant sa carrosserie nécessite sans doute plus qu’un transpalette, déjà pour libérer les trottoirs du stationnement illicite, et idéalement pour piétonniser au plus vite un maximum de rues dans nos villes…

    La psychologie sociale est sûrement le meilleur transpalette de la boîte à outils des sciences sociales, pour faire bouger rapidement croyances, systèmes de valeurs et autres constructions cognitives, individuelles et collectives… Ces dernières peuvent être terriblement efficaces par le contrôle social et la honte fichue aux mauvais pratiquants (!), quant aux « minoritaires » il me plaît bien et m’amuse de faire un rapprochement avec le « levain » évoqué fréquemment par les communautés chrétiennes (!!!)…

     

    boaaaatement vôtre.

  2. Alain

    Bonjour,

    Je ne suis pas persuadé qu’en fermant temporairement certaines rues (le dimanche seulement ?) on libère de la place les autres jours de la semaine pour les enfants et autres piétons.

    Mais l’initiative est bonne.

    En circulant en vélo avec ma fille (6 ans), un gentil automobiliste m’a un jour fait remarquer que « circuler en vélo dans la rue, c’est dangereux, surtout pour les enfants », et que je ne devrais pas faire ça. Le gars était sincère et je pense qu’il ne rendait même pas compte que c’était lui et sa voiture qui créait le danger.

  3. Françoise

    J’habite dans un centre-ville interdit aux voitures et fermé par des bornes, ce qui, logiquement, devrait permettre aux enfants de faire du skate ou de la trottinette sans danger dans les rues piétonnes. Malheureusement, les automobilistes ont trouvé la solution en s’équipant  maintenant de motos et de scooters, ce qui leur permet de passer tranquillement entre les bornes pour accéder au centre-ville sans autorisation. Ils circulent partout, ce qui empêche les enfants de jouer tranquillement, et se garent partout, ce qui recommence à défigurer le paysage, alors qu’on avait enfin réussi à se débarrasser du stationnement automobile. De plus, ils font du bruit, et je constate qu’ils deviennent de plus en plus nombreux de jour en jour.  C’est décourageant …

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