De l’usage de la Sainte Godasse sur les Obstacles Urbains Mouvants

Oyez, oyez, bonnes gens, personnes physiques éclairées (sinon vous ne seriez pas ici), gentes dames, damoiseaux et autres promoteurs d’une existence non-soumise à la con-consommation et à la bagnole!

Ce matin, j’ai eu une révélation. Non que je me sois pris pour Jeanne la bergère (qui paraît-il était vierge ?), qui elle entendait des voix. En sa qualité de cas d’acouphènes chroniques, elle a fini en côtelettes bien grillées, comme chacun sait…

Ce matin, juché sur ma monture immaculée (un fier Bullitt blanc), j’ai découvert la vertu de la juste résistance à l’encombrement répété de nos pistes cyclables par ce que je qualifierai « d’obstacles urbains mouvants ». Définition maison des O.U.M. (j’aime les abréviations, ça fait sérieux et presque intelligent héhéhé) ci-après : « ensemble de corps étrangers à la bande / piste / route cyclable, dont la présence est injustifiée et fruit de la crétinerie caractérisée de la société capitaliste bagnolesque ». Quelques exemples d’O.U.M. : les scooters (ça c’était hier matin), les bagnoles, les containers poubelles de tailles variables…

Ce matin, amis Carfreestes, j’ai décidé afin de lutter contre l’envahissement de notre espace à nous, usagers de la bicyclette (je n’ose employer le terme « cyclistes » tellement il me rappelle les bagnolards enviandés déguisés à grands frais en coureurs du Tour du Dopage qui parcourent sur des vélos surcotés et faméliques les routes asphaltées le week-end), de faire usage autant de fois qu’il sera nécessaire de la Sainte Godasse !

La Sainte Godasse nous permet en outre une fois descendu(e)s de notre fier destrier (à propulsion animale, attention!) et par là même redevenus piétons, de nous propulser d’un endroit à une autre dans un fluide mouvement appelé « marche », qui selon l’ami Poelvoorde n’est qu’une suite de déséquilibres suivis d’une presque-chûte maitrisée.

La Sainte Godasse nous précède alors de peu (une pointure?) dans notre périple et nous évite bien des douleurs occasionnées par maints déchets-rebuts de la société industrielle (cailloux tranchants, bris de verre…)- sur le dessous de nos arpions.

Mais surtout, bien installés sur notre selle de vélocipède et roulant à bonne allure, la Sainte Godasse nous confère -via une ruade bien sentie dans les indus O.U.M.- un pouvoir considérable: celui de marquer notre territoire! Avouez, c’est plus élégants que d’être amenés à pisser partout; surtout qu’à la longue nous serions alors potentiellement rendus responsable de pénurie de breuvage (bière, eau, jus de fruits, eu égard au nombre de pédaleurs en augmentation, tout disparaitrait!)…

Lire aussi :  Un web-documentaire pour se former et réfléchir aux questions de mobilités

Toute bagnole stationnée là « pour cinq minutes » hériterait de la sorte d’une ouïe supplémentaire, facilitant ainsi pour sûr la circulation de l’air à l’intérieur de l’infernal engin. Vous n’avez pas remarqué comme les caisseux sont toujours soit en état d’énervement constant, soit totalement apathiques dans les bouchons? C’est qu’ils manquent d’air, nos pauvres concitoyens ainsi esclavagisés. Aidez-les à mieux respirer, de grâce!

Tout scooter profitant de la grande bande cyclable pour mieux paresser mollement, avec des airs d’étron posé là par un artiste post-moderne quelconque (il doit bien s’en trouver un qui fait des sculptures avec de la merde, j’en fais le pari!) se verrait céans gratifié d’une amélioration de son aérodynamisme, et sans frais en plus. Ca vaut tous les kits du monde!

Mais le plus beau reste encore les containers poubelles, laissés là vides à l’abandon sur la voie qui est la nôtre. Grâce à la Sainte Godasse, vous pourrez en bon curieux que vous êtes tester en conditions réelles la théorie de l’énergie cinétique, en philanthropes généreux et désintéressé faire profiter les caisseux de la surprise merveilleuse d’une poubelle posée là en plein milieu de leur voie alors qu’ils arrivent lancés (ils vous en remercieront par quelques coups de klaxon appuyés, j’en suis sûr), et en bon primesautiers vous dire que décidément rien ne vaut une bonne taloche. 😉

Puissiez-vous, chaque fois qu’il sera nécessaire, ou au simple gré de vos envies du moment, recourir à la Sainte Godasse… Je suis persuadé (mais c’est pour le moment une opinion strictement personnelle qui devra faire l’objet d’une étude ultérieure approfondie) qu’il est même possible de faire ainsi usage du pouvoir de la Sainte Godasse lors des phases de simple marche à pieds (voir plus haut pour la définition de cette dernière).

A bon entendeur !  😀

7 commentaires sur “De l’usage de la Sainte Godasse sur les Obstacles Urbains Mouvants

  1. Zaly ze cat

    Quelle belle plume. En ce moment pousseuse de bébé, je rêve de marcher littéralement sur toutes les voitures garées tous les jours sur les trottoirs et contre le mur dans mon quartier, ne me laissant aucune alternative que de descendre sur la route pour avancer. Je suis un peu trop calme ou réservée pour passer à l’acte, mais un jour, je crois qu’un verrou va sauter entre mon cervelet et mon frontal. Et je rirai triomphalement en froissant toute cette tôle grâce à mon poids. C’est quand même dingue que les automobilistes, quand ils se garent mal, pensent à bien serrer pour laisser de la place aux autres automobilistes, ou par peur qu’on leur pète un rétro peut être, mais méprisent totalement les piétons.

  2. Adri1 Auteur

    J’encourage chacun à retourner aux caisseux et scootards le centuple du manque de considération qu’ils ont pour toutes les autres mobilités…

    C’est un immense plaisir que d’entendre le couinement de la tôle rayée, le claquement de l’aile ou de la portière bien talochée, ou le craquement du rétro qui lâche et se met à pendouiller au long de de la carrosserie de l’engin méhaigné et garé en plein milieu de la zone que les piétons pensaient être à eux.

    Une fois en promenant ma petite fille dans la poussette, j’ai même eu l’occasion de faire une « stéréo » : forcé de passer sur la voie carrossable à cause de la présence de la merde motorisée sur le trottoir, j’ai éclaté (d’un coup de Sainte Godasse bien senti donc) le rétroviseur gauche d’une bagnole donc j’avais déjà plié le droit la semaine précédente, en passant au même endroit !

    Ca été le voyage initiatique dans mon crâne : le moment où j’ai décidé de choisir qui allait s’imposer, entre ma frêle carcasse et leur carrosserie puante.

    Depuis, à de multiples reprises, je me suis montré sans pitié aucune à l’encontre de la civilisation des suceurs de pétrole : coups de clé, coups de pompe, rayures au moins aussi longues que les bagnoles, la guérilla urbaine que je mène quotidiennement contre les feignasses bagnolardes a de multiples cordes à son arc. Et je pourrais écrire des pages et des pages sur la vertu cathartique de la chose !

    Le plus triste, c’est que c’est à peu près le seul langage que les caisseux comprennent : la sanction matérielle, qui a par conséquent donc un coût direct pour eux, les poussera donc à se garer ailleurs à court ou moyen terme. Quant à susciter une réflexion, ‘faut pas rêver, ça reste des caisseux, donc la lie de la métropole.

    Quelques chiffres, que j’aime a répéter, et qui constituent une preuve de plus de la stupidité qu’est la bagnole :

    – 80% des trajets quotidiens font moins de 10 km, dont 50% font moins de 5 km ;

    – le trajet quotidien total moyen d’un français est de 25.2 km

    – une voiture coûte 50 centimes d’euros du km, un vélo 3 centimes environ

    – une voiture passe 85% de son temps d’existence au parking

    A bas la bagnole, et tout le système cacapipitaliste criminel qui va avec !

  3. Kiki

    Bonjour

    Foin de sémantiques haineuses envers nos congénères motorisés, ainsi privés de l’usage de leurs jambons… seul le mépris semble adéquat !

    La plupart de nos banlieues étant le fruit des délires d’urbanistes des années 60 je ne suis pas persuadé que même un recours forcené à la Sainte Godasse encourage les inactifs à deux ou quatre roues à se pousser…

    Question ouverte : quand exigera-t-on des élus et des urbanistes à la créativité foisonnante d’enfourcher un vélo avant de valider sur plan tout équipement cyclable? Parlant de la Jeanne je pense qu’ils pourraient finir sur le même bûcher pour le genre d’hérésies dont ils revendiquent la paternité !

    Néanmoins seul compte le temps pendant lequel nous transformons un trajet utilitaire en partie de rigolade vélocipédique, le manque d’esprit critique et de prise de recul des « caisseux » (terme que je ne partage pas, étant moi même de cette « CSP » par obligation lors de mes déplacements professionnels) par l’utilisation frénétique de leur automobile permet surtout de s’incliner devant leur patience angélique.

    On m’a souvent qualifié de courageux lors de mon arrivée dans la cour de la société qui m’emploie… mon point de vue est plutôt que je n’ai pas la patience de supporter les tressautes d’un point mort – première – point mort tous les matins. Et que je peux m’en passer ! Ce n’est malheureusement pas le cas pour tous les usagers de la route (habitation en rase campagne = bagnole !)…

    Tolérance, tempérance et jugements fondés aideront la cause des utilisateurs de cycles (et des « cyclistes » dont je fais également partie… parce qu’on peut apprécier une sortie sportive le week-end sans combis bariolées).

  4. PMeBC

    Conservez cette idée Zaly ze cat. Et ne faites pas comme la dame à qui j’avais reproché d’encombrer tout le trotoir avec sa bagnole. Elle venait avec avec deux gamins d’environ 4 et 7 ans. Je lui avait dit qu’elle devrait comprendre que l’on désire pouvoir passer avec une poussette puisque elle même avait certainement utilisé une poussette. Réponse de la dame : oui mais c’était il y a longtemps, maintenant ils sont assez grands et je n’ai plus besoin de poussette. Incroyable, vive l’égoisme et les autres on s’en fout.

  5. Yan

    On est d’accord c’est un monde de merde, dans lequel par exemple le gaspillage est la règle (rouler en bagnole est de tous les moyens de déplacement celui qui consomme le plus d’énergie…); néanmoins si la bagnole est en effet la règle, c’est précisément parce que tout a été fait, matériellement mais aussi culturellement, pour que…l’on roule en bagnole! J’ai de ce fait bien du mal à latter les caisses en ferraille qui encombrent l’espace (je ne le fais jamais en fait) et j’ai découvert depuis peu, j’ai confirmé en réalité, que c’est plutôt en y allant courtoisement – je sais moi aussi ça me débecte! – qu’on arrive parfois à faire comprendre deux-trois trucs… Une chose est peut-être bien certaine en revanche : le rétroviseur qui pendouille n’a jamais été capable d’expliquer quoi que ce soit…! Il faut ajouter que l’espace manquant est parfois consacré à des sottises encombrantes (îlots centraux…) souvent dangereuses (plots, poteaux, barrières, blocs en tous genres…)…

    Sinon pardon j’ai peut-être pas compris quelque chose, mais que vient faire l’éventuelle virginité de Jeanne d’Arc??? C’est « marrant », comme toujours tout le temps partout (!) la situation des (jeunes) femmes en la matière retient l’attention… Même chez les cyclistes…?!

    Sinon une bicyclette est elle aussi stationnée 80% du temps (en prenant moins de place certes).

  6. Bernard

    Vi, vi : un de mes voisins suspend sa bicyclette à 2,5 mètres de hauteur dans son entrée, au dessus de la tête de la majorité de ses visiteurs, ça ne gêne personne.

    Dommage par contre qu’il réussisse régulièrement à noircir de traces de pneus la belle peinture blanche de la cage d’escalier de l’immeuble, en descendant de son 2ème étage, ou en y montant sa bécane, alors qu’on a un garage à vélo en rez de chaussée.

  7. Prolo

    « Mais le plus beau reste encore les containers poubelles, laissés là vides à l’abandon sur la voie qui est la nôtre. Grâce à la Sainte Godasse, vous pourrez en bon curieux que vous êtes tester en conditions réelles la théorie de l’énergie cinétique, en philanthropes généreux et désintéressé faire profiter les caisseux de la surprise merveilleuse d’une poubelle posée là en plein milieu de leur voie alors qu’ils arrivent lancés »

    Faites gaffe en envoyant les poubelles apparaître sur la chaussée : y’a aussi des deux roues (motorisés ou pas) sur la route.. une poubelle (surtout vide) ça ne remue pas beaucoup une voiture, mais ça peut faire chuter un 2 roues.

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