Une espèce particulièrement précieuse pour la survie de l’humanité

Les piétons et les cyclistes sont comme les Indiens d’Amérique ou les noirs sud-africains du temps de l’apartheid. L’espèce dominante leur a piqué leurs terres, les tient pour des êtres inférieurs, des moins que rien, leur assigne des espaces trop étroits, un statut de  » non person « , ou de sous-hommes, leur vote des lois qui restreignent leurs mouvements, leur liberté.

Ils se révoltent et revendiquent d’être reconnus au même titre que l’homo bagnolus, ils contestent parfois le code de la route qui est à leur égard l’équivalent des lois encore en vigueur dans pas mal de pays arabes à l’égard des femmes. Les femmes revendiquent l’égalité des sexes, les cyclistes eux revendiquent le droit à une utilisation égale de l’espace et de l’argent publics.

Des décennies de tout-voiture les ont exclus, confinés dans des réserves ou des cheminements scabreux bourrés de pièges. La société leur impose des règlementations, des modes de vie contraires à leurs aspirations, leur met des bâtons dans les roues au lieu de leur ouvrir des pistes cyclables. Les élus ne s’intéressent pas à cette minorité qu’ils traitent avec un mépris souverain car ils ne pèsent pas lourd dans les urnes. Des sommes colossales sont consacrées aux infrastructures ou aux mesures en faveur de la voiture, rarement pour le piéton, encore moins pour le cycliste.

Cela génère le sentiment général que, pour se déplacer, même pour un ou deux kilomètres, la norme c’est la voiture. « Que font là ces zombies en fluo qui utilisent encore leurs pieds pour marcher ou pour pédaler alors qu’on sait bien que le pied gauche est fait uniquement pour débrayer et le droit pour accélérer ou freiner, et le gilet fluo pour protester contre la taxe carburant ? »

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En fait, comme les cyclistes tentent à coups de pédales de sauver la planète et la santé de tous, au risque de se faire renverser par les prédateurs pétaradants qui la détruisent, ils devraient être encouragés, montrés en exemples, chouchoutés, protégés en tant qu’espèce en danger, une espèce particulièrement précieuse pour la survie de l’humanité.

Michel Barrère

Pau à Vélo

5 commentaires sur “Une espèce particulièrement précieuse pour la survie de l’humanité

  1. zit

    Ah mais nous semblons nous reproduire en espace confiné et agressif, plus y’a d’bagnoles, plus y’a d’vélos (sauf quand il pleut, pourtant, le cycliste, tout en selle qu’il soit, n’est pas en sel et donc insoluble ;o).

  2. Mathieu

    Encore un article rassurant pour un vélotafeurs qui vient de se faire klaxonner et sermonner à l’instant par un caisseux excité  (pléonasme) retrouvé 100 mètres plus loin dans un bouchon.

    Profitant de ce moment d’immobilisation, je me suis inquiété de savoir la raison de son avertissement sonore, ce à quoi il m’a répondu de plutôt aller sur le trottoir que de gêner la circulation ???????

    Encore un conseil bien avisé d’un automaboule qui n’a pas bien compris que la gène occasionnée par le bouchon dans lequel il se trouvait n’était pas dû à des cyclistes.

    Quel dommage qu’il n’ai pas l’occasion de lire « Une espèce particulièrement précieuse pour la survie de l’humanité ».

    Pat.

  3. jol25

    Je serais prêt à parier que l’automaboule en question a adopté un tutoiement direct. J’ai remarqué que ce genre de personnage doit se sentir isolé dans sa boîte de métal, et trouve souvent prétexte à tout pour manifester son désir de contact social. Soudain, la familiarité s’installe au détriment de toute politesse ou respect… et souvent suivent la grossièreté, les menaces, …

    Dans ce genre de rencontre, il y a aussi un autre type de comportement : quand le cycliste tente de s’adresser au klaxonneur à travers les vitres de sa prison pour obtenir l’éclaircissement de la bruyante manifestation, ce dernier adopte un regard lointain, droit devant lui, niant l’existence même de l’importun… Effrayant de vide… Et très enfantin finalement (je ne te vois pas donc tu n’existes pas) Régression de l’automaboule due à la pratique de son activité favorite ?

  4. Birdboy

    Dernièrement après un accrochage avec une automobiliste j’ai eu droit à : vous êtes un pauvre avec votre vélo et vous faîtes chier les automobilistes car vous êtes jaloux de ne pas pouvoir vous payer une voiture ! J’ai tellement ri !

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