La « tournant écologique » du quinquennat de Macron

Attention, c’est du lourd. Une fois de plus, Macron va sauver la planète, épisode 227… Dans un entretien exclusif au journal DNA le 12 février 2020, le président de la République détaille sa politique pour l’environnement et explique comment il compte mettre « L’écologie au centre du modèle. »

Après le « tournant social » du quinquennat que l’on peut constater avec le projet de réforme des retraites (défense de rire…), Emmanuel Macron veut désormais imprimer un « tournant écologique » au travers de la transition énergétique, la préservation de l’environnement, la lutte contre la pollution, la défense de la biodiversité, etc. N’y voyez aucun rapport avec la proximité des élections municipales de mars 2020 qui pourraient voir une nouvelle percée des partis dits écologistes et une probable dérouillée du parti dit « En Marche. »

Les effectifs du ministère de l’écologie baissent plus vite que les émissions de CO2

En visite récemment au Mont-Blanc pour expliquer que « l’écologie est le combat du siècle » (Photo), Emmanuel Macron n’a pas souhaité rappeler que le ministère de l’écologie a perdu plus de 4.000 emplois depuis le début de son quinquennat. Quand on veut sauver la planète et l’environnement, c’est le genre d’informations qu’il vaut mieux passer sous silence. Les glaciers fondent, les effectifs du ministère de l’écologie aussi…

Selon lui, « il y a eu d’abord la prise de conscience, puis les grandes lois de programmation, pour l’avenir. Et il y a désormais ce que l’on doit faire maintenant, sans attendre. C’est ce que nous faisons maintenant depuis deux ans et demi. » Supprimer les postes du ministère de l’écologie?

Comme on est sur Carfree, on va faire un « focus » (macronien) sur toutes les révolutions qui nous attendent grâce à Emmanuel Macron dans le domaine de la mobilité: « Autre élément très important, la loi sur les mobilités c’est-à-dire la façon dont on va vers de la mobilité plus douce en ville et une complémentarité des moyens de transport. Nous devons favoriser les transports collectifs, plutôt hydrogène et électrique, nous devons aussi favoriser le vélo avec la possibilité de le trouver à l’aéroport, à la gare routière ou ferroviaire. »

A ce niveau-là de « pensée complexe », ce n’est pas donné à tout le monde, en particulier à tous « ceux qui ne sont rien » comme nous, de saisir la portée d’un tel message jupitérien. Si on essaye de décoder la disruption, on va faire des bus (Macron) à l’hydrogène (sachant qu’il ne doit pas y avoir plus d’une trentaine de stations hydrogène en France…), on va faire de la « mobilité douce » (de la trottinette électrique en mode free-floating 2.0?) et de l’intermodalité avion+vélo?

Disons déjà un mot de la « mobilité douce », car les « marcheurs » sont censés en connaître un rayon… Quand on parle de « mobilité douce, » en général on se situe dans le domaine du greenwashing pour qualifier quelque chose de pas vraiment défini: la marche, le vélo, la trottinette, les transports en commun, voire la voiture électrique, l’autopartage ou le covoiturage… Si on veut vraiment parler de marche ou de vélo, on préférera l’expression de « mobilité active. » Donc, aller « vers de la mobilité plus douce en ville, » cela veut tout dire et rien dire… le terme pouvant ici très bien dire développer la voiture électrique (ou hydrogène…) en ville. Au passage, il est assez insupportable de constater que le terme de « marcheurs » soit confisqué par un groupe politique qui n’a rien à voir avec la marche, activité ô combien noble défendue avec passion par Henry David Thoreau dans un essai intitulé De la marche.

Concernant l’idée disruptive de « favoriser le vélo avec la possibilité de le trouver à l’aéroport, » il s’agit probablement d’un nouveau concept d’intermodalité avion+vélo… En gros, si on comprend bien l’idée, après un voyage en avion à l’autre bout du monde qui te permet d’avoir un bilan carbone supérieur à celui de l’Ethiopie, tu vas gentiment compenser carbone en arrivant à l’aéroport en prenant un vélo en libre-service avec une super appli de la GreenTech, car on est dans la start-up nation! Concrètement, en tant que premier de cordée, tu reviens de ta semaine aux Bahamas avec ta famille, tes sacs et tes valises… et c’est parti à vélo sur l’échangeur en sortant de Roissy-Charles-de-Gaulle!

Lire aussi :  Point de vue cycliste sur les journées d'action pour l'abrogation de la réforme des retraites

Certains esprits malveillants disent que les élites sont déconnectées de la réalité, pourtant Emmanuel Macron nous montre enfin la voie d’une mobilité « douce » et « propre » connectée aux problèmes quotidiens des Français…

Mais la nouvelle sans doute la plus importante de l’entretien reste à venir. En effet, le président de la République nous apprend en fin d’article que « nous devons également remettre sur pied notre modèle SNCF. » Venant du fossoyeur en chef du système ferroviaire français, cette nouvelle laisse perplexe… Est-ce que le projet est de mettre les bus Macron sur des rails qui s’appelerio… des trains? Ou alors remettre en service toutes les petites lignes ferroviaires abandonnées depuis des années?

En tout cas, il s’agit selon lui de « mesures très fortes, inédites, qui peuvent susciter des tensions dans la société… » On ne voit pas trop les tensions que pourraient susciter une réouverture des petites lignes de trains, mais bon… Le principal, c’est de « remettre l’écologie au centre du modèle… » avec des bus à l’hydrogène circulant sur des petites lignes de train et de l’intermodalité avion+vélo…

Bref, on sent déjà que le « tournant écologique » du quinquennat va être tout aussi crédible que le « tournant social… »

5 commentaires sur “La « tournant écologique » du quinquennat de Macron

  1. jol25

    Espérer une quelconque action dans le bon sens d’une oligarchie nombriliste et economico-pilotée, faut pas rêver… Redonnez le pouvoir (et les responsabilités) aux citoyens, cassez cette centralisation du pouvoir: après, il pourra peut-être se passer des choses.

  2. Françoise

    J’ai beaucoup ri en lisant cet article. Merci ! Parce qu’en ce moment on n’en a pas souvent l’occasion. Tout est vrai malheureusement. Il n’y a plus que l’humour qui pourra nous sauver, j’en ai peur !

  3. ikook

    On est en pleine campagne électorale. Dans ma ville, c’est marrant. Tous les candidats parlent de vélos et à les écouter ou les lire, il ne faut pas en douter: dès qu’ils seront élus, la france  deviendra la Hollande. Nous avons déjà le fronage (comme la Hollande), nous avons le vin (pas les hollandais) et grâce aux promesses de nos charmants candidats, nous aurons bientôt les vélos (comme la Hollande). Elle est pas belle la vie?

     

    Y’a juste un truc que je comprends pas… Si les élus veulent nous mettre sur des vélos en ce joli mois de février pour qu’on les élise…. pourquoi parlent-ils encore d’autoroutes à construire?

    https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/poitiers-limoges-un-grand-pas-vers-l-autoroute?queryId%5Bquery1%5D=57cd2206459a452f008b4594&queryId%5Bquery2%5D=57c95b34479a452f008b459d&page=12&pageId=57da5ce0459a4552008b4567

  4. l'intégriste ferroviaire

    Ducron présente son plan de remise sur pied de la SNCF : sa démission immédiate !

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