Sans subventions publiques, les ventes de voitures électriques s’effondrent

Même si leur nombre augmente, la part des voitures électriques vendues en France cette année ne devrait pas atteindre 2 %. Cet achat est le fait des privilégiés pour qui il s’agit souvent d’une deuxième ou troisième voiture.

Mais les écrans de publicité en sont aujourd’hui remplis. La publicité automobile est du gaspillage lorsqu’on sait qu’elle entraîne une dépense moyenne par voiture neuve vendue de l’ordre de 1 500 euros. Vu le faible nombre de ventes, cela doit représenter une dépense de publicité de 5 000 euros par voiture électrique réellement vendue. Plus de dépenses en publicité qu’en salaires versés aux ouvriers qui assemblent les véhicules électriques, un super gaspillage qui en dit long sur le système capitaliste.

Mais en même temps dans la presse spécialisée, le PDG de PSA Tavarès reconnaît que les voitures électriques actuelles manquent « d’attrait pour le grand public. » Lorsque les subventions d’Etat sont supprimées ou baissent, « la demande s’effondre. » Ce qui n’empêche pas Tavarès de réclamer encore plus d’investissements publics en matière de bornes de recharge. Les dépenses pour le public et les profits pour le privé.

Alors que les services publics de transport manquent de ressources et que la revendication de transports gratuits grandit, subventionner la minorité des acheteurs relève d’une politique qui sert les privilégiés les plus riches.

Photo: Voiture électrique 1890 La Jamais Contente

Source: http://www.npa-auto-critique.org/

7 commentaires sur “Sans subventions publiques, les ventes de voitures électriques s’effondrent

  1. Vincent

    En l’occurence, Tavarès a parfaitement raison : à cause des batteries, les voitures électriques ont trop d’inconvénients pour intéresser les gens.

    Dans le même temps, la contrainte imposée par Bruxelles de 95g de CO2/km impose aux constructeurs de vendre ces voitures… ou des pots de yaourt dont les gens ne veulent pas non plus.

    La faute en incombe donc aux consommateurs, pas aux constructeurs.

  2. Lydie

    Marketing, et voitures

    Intéressant. Comment se fait-il que l’état n’arrive pas à jouer mieux son rôle de régulateur, en captant tout cet argent gaspillé qui pourrait servir le transport collectif par exemple mais surtout l’intérêt général? Les officines publicitaires, et tout cet environnement mercantile sauvent aucun emploi. Ils détruisent un peu plus la terre, ses ressources ainsi que le bien commun qui sont captés par ces délinquants en cols blancs.  Il suffit de prendre connaissance de certains articles pour être édifié. C’est désespérant de constater dans quelle niveau de bêtise nous sommes tous.

    Un exemple parmi tant d’autre du refus de prendre en compte la réalité. (voir l’extrait de texte ci-dessous) Une bonne partie de la population pense que nous serons sauvé par toujours plus de technologie.
    Par Franck Gayraud (cofondateur et PDG d’Arcure) Article tiré de la tribune des échos
    Publié le 11 mars 2020 à 11h20
    La crise écologique laisse le champ libre à tous les prophètes de l’apocalypse et à leurs idéologies souvent rétrogrades. La France, influencée par le très populaire livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, « Comment tout peut s’effondrer », est particulièrement perméable aux théories de l’effondrement. Anciens ministres, vedettes du spectacle, hommes d’affaires opportunistes… les prophètes se multiplient et font sonner leur petite musique collapsologue. Les anticapitalistes y voient, quant à eux, une formidable opportunité de rallier à leur cause tous ceux qui ont vite fait d’oublier les horreurs du communisme au XXe siècle.
     
    Bien sûr, le réchauffement climatique, la réduction de la biodiversité, l’épuisement des ressources naturelles, la fin du pétrole sont autant de défis auxquels notre monde doit faire face. Cependant, aucune étude sérieuse ne permet de conclure que l’on se dirige de près ou de loin vers un effondrement. Nous sommes dans le registre de la croyance pure qui picore des arguments dans la science sans jamais adopter une véritable démarche scientifique globale. Les rapports du GIEC sont de loin les méta-études les plus
    Aucun fédérateur dans ce monde pluriel n’arrive à ce jour à permettre d’œuvrer et penser collectivement sur de bonnes orientations pour un monde meilleur préservant la planète. Les jeunes manifestent leurs désarrois, les gilets jaunes sont matraqués, les femmes sur les inégalités, rien de rien ne bouge.

    Nous crions notre désarrois sans être écouté ou entendu. Chacun reste dans sa sphère et croit détenir la vérité. Pourtant individuellement nous sommes nombreux à conduire des initiatives et des démarches qui mériteraient  d’être valorisées et traduites collectivement pour vivre harmonieusement tous ensemble dans des conditions satisfaisantes. La vrai difficulté reste la captation de 90% des richesses par 2% de la population. Tant que nous ne sortirons pas de ce dilemme pas d’espoir pour nous.

  3. pedibus

    bah le cacapipitalisme a toujours été bidouillard roublard, et cette dernière inflexion vers les poubelles électrifiées ne devrait pas nous foudroyer de rage :

    il reste aux citoyens à devenir assez bruyants pour dénoncer la prise en charge par la puissance publique de ces infrastructures d’alimentation électrique, qui ne sont pas du tout prioritaires dans l’agenda climatique et le cahier des charges de la bonne gouvernance socio-environnementale :

    comme il a été dit à l’instant sur nos ondes la priorité c’est l’investissement massif dans les transports en commun à technique ferroviaire – tram, RER et tram-train – pour deux objectifs intermédiaires immédiats :

    – sortir nos amis de confession colorée giléjaunassique, à la gloire de Ste-Gnognole, des processions interminables qu’ils fabriquent 250 jours par an en allant se faire siphonner une bonne part de valeur ajoutée – qu’ils fabriquent, bis repetita… – sous forme d’obole versée au clergé au service de la même divinité…

    – commencer dare-dare à rapetasser la froque urbaine qui se dépenaille grave dans sa bordure, en construisant péricentralement de nouveaux quartiers  en visant la mixité socio-fonctionnelle, ou en requalifiant l’existant de la sorte.

    Quant au technicisme spectaculaire, qui nous éclipse le fond des choses, qu’on fabrique illico d’autres miroirs aux alouettes, pour la bonne cause ceux-là, par exemple à partir des matériels de transport public, des paysages urbains nouveaux générés par l’absence des bagnoles en stationnement et en circulation, avec le concours des architectes, urbanistes et agences de com qui tournent le dos aux idéologies qui nous horripilent…

  4. Prolo

    @Vincent :

    > ou des pots de yaourt dont les gens ne veulent pas non plus.

     

    A de rares exceptions près (la smart par exemple, dont pas mal de gens ont voulu), les constructeurs ne font pas vraiment d’efforts pour vendre les « pots de yaourt », malgré leurs avantages indéniables :

    – véhicule plus léger = moins de gaspillage d’énergie et de matière à la fabrication, et moins de déchets en fin de vie,

    – plus faible consommation de carburant, prix plus petit pour les consommables (pneus, freins…), taxes, réparations et assurances moins chères, et impact écologique plus faible pendant l’utilisation,

    – facilité pour stationner et circuler en ville et pour circuler sur la neige.

    Et pourtant, les parkings de centre-ville sont plein de berlines, de SUV et de monospaces.

  5. vince

    Exact Prolo,

    Si on supprimait les lignes de démarquage des places de stationnement il serait limpide qu’une grosse voiture prends beaucoup plus de place qu’une petite, et donc empêche les autres de se garer aussi.

    On voit maintenant des voitures qui touchent les lignes des deux côtés, ceci est viable tant qu’il reste des voitures plus petites pour se garer à côté.

  6. pedibus

    petite ou grosse de toute façon, pas sûr qu’on aille bien loin dans la remise en cause du culte de la bagnole, tout ça pour causer anti-rabelaisien…

    quant au subventionnement de l’électromobilité individualiste ça rejoint celui du système automobile en général, quand les politiques publiques crachent au bassinet à fond la gamelle dans les infrastructures routières nouvelles ou élargies et tous les équipements associés…

    même pour la question des  P+R :  interrogeons-nous davantage sur le coût engendré par la chose, et celui qui découlerait de leur généralisation le long des lignes de TCSP et de TER en périphérie d’agglo :

    ne vaudrait-il pas mieux subventionner l’achat de vélos pliants, après un appel d’offre pour en améliorer la conception, les fonctionnalités, la modularité pour répondre à tous les besoins – dont les besoins industriels de fabrication – et particularités individelles… ?

    on serait gagnant, au moins trois fois :

    – augmenter l’activité physique chez les périurbains et les banlieusards ;

    – rendre plus gérable la bimodalité TC-vélo…

    – faire des économies aux acteurs des TC en renonçant aux sommes colossales nécessaires à la construction des parkings : jusqu’à 100.000€ la place en ouvrage… ?

     

    appel d’offre pour le vélo pliant à toutes les échelles : U€, Etats de l’Union, régions ou intercos…

    resterait bien sûr à vélo-sécuriser les itinéraires menant aux stations de transports en commun.

  7. pedibus

    CHRONIQUE
    Eviter un naufrage de l’économie, oui, mais avec des contreparties
    09/04/2020

    Anne BringaultMembre du Cler-Réseau pour la transition énergétique et du Réseau action climat

    Facebook
    Twitter
    Partager sur …

    LinkedIn
    Mail

    Imprimer

    Comment prendre le risque d’une crise économique, écologique et sociale après la crise sanitaire actuelle ? Redémarrer comme avant serait ignorer les leçons du drame que nous vivons, et risquer de renforcer la crise climatique et environnementale déjà en cours. Apprendre des erreurs et fragilités face à la pandémie pour aller vers des sociétés plus résilientes, capables de mieux anticiper, se préparer, réagir avec rapidité et s’adapter à des situations de crise, voilà le défi qui nous attend.

    Le changement de cap des politiques publiques devra s’appuyer sur les enseignements de la crise sanitaire, en particulier quatre d’entre eux : la destruction de la vie sauvage et de son habitat est à l’origine d’infections et de propagations de virus qui ont des impacts sur la santé humaine. C’est une raison supplémentaire pour stopper la destruction des espaces naturels et de la biodiversité.
    La mondialisation accélérée, les délocalisations massives, les coupes dans certains services publics ont rendu notre pays plus fragile, dépendant des importations et sans marge de manœuvre. Les alertes des scientifiques ont été souvent ignorées et n’ont pas donné lieu à des politiques adaptées aux risques. Enfin, les situations de crise ont davantage de conséquences sur les plus modestes et les plus vulnérables. Réduire les situations de précarité est donc un impératif, car nous ne sommes pas tous égaux face à ces crises.

    Ne pas repartir de plus belle
    Face à la pandémie, l’Etat a fait passer la préservation de vies humaines avant les intérêts économiques. Il a pris des mesures radicales, avec un confinement imposé qui semblait quelques semaines plus tôt irréalisable hors d’un pays comme la Chine. Il a mis en place des dispositifs de chômage partiel ou des reports de paiement des cotisations pour les entreprises. Des nationalisations sont même évoquées. Bien loin des mots d’ordre libéraux jusque-là en vigueur, les entreprises appellent au secours et le besoin d’Etat devient le nouveau credo. Bruno Le Maire s’y est engagé dans une récente interview donnée au JDD : l’Etat apportera « les moyens financiers nécessaires aussi longtemps que la crise durera », pour éviter « un naufrage » de l’économie.
    Mais il ne s’agit pas de sortir d’une crise sanitaire pour appuyer sur l’accélérateur et foncer vers la crise climatique et environnementale déjà enclenchée. Si les tribunes se multiplient pour plaider pour une relocalisation des productions, une meilleure prise en compte des impacts environnementaux, la réduction des inégalités et une préservation des services publics, il faudra plus que des paroles pour engager les transformations nécessaires. C’est maintenant, lorsque l’Etat répond aux appels à l’aide des entreprises, qu’il doit exiger des contreparties.
    S’il n’est pas question de laisser des entreprises s’écrouler faute de chiffre d’affaires pendant la durée du confinement, l’aide de l’Etat doit être conditionnée à un changement de cap programmé et compatible avec les objectifs climatiques et la préservation de l’environnement. Ne pas laisser tomber Air France, oui. Mais cela doit s’accompagner de plans pour réduire le trafic aérien, en particulier sur les vols intérieurs. L’Etat devra accompagner ces conditions de mesures fiscales et réglementaires en cohérence avec ses objectifs climatiques, mais aussi rendre le train plus accessible.

    Transparence et suivi des aides
    Le secteur automobile est également à l’arrêt. L’Etat devra l’aider à passer ce cap difficile, mais, en contrepartie il devra exiger un plan de transformation de la production et d’investissements dans les nouvelles motorisations. Plus question de promouvoir la vente de SUV qui contribuent à la pollution de l’air et au dérèglement climatique. L’Etat pourra, là aussi, accompagner ces plans de mesures fiscales ou réglementaires rendant plus accessibles les véhicules les moins polluants, tout en renforçant les moyens pour développer les mobilités alternatives (pistes cyclables, transports en commun…).
    Nombreux sont les secteurs touchés. La nécessité et la proportion du soutien public doivent être évaluées au regard des capacités des entreprises à amortir elles-mêmes les baisses d’activité. Il est nécessaire qu’une attention particulière soit portée aux petites et moyennes entreprises, qui constituent le cœur de la transition écologique et énergétique. L’utilisation des aides exige la transparence, grâce à la mise en place d’indicateurs et d’outils de suivi. L’Etat doit également assortir la mise en place d’aides à de strictes conditions environnementales, sociales et fiscales. Il doit exiger des feuilles de route pour la transition des entreprises soutenues incluant un plan de baisse de l’activité le cas échéant et une diversification des investissements afin de respecter les trajectoires de sortie des énergies fossiles.
    L’Etat devra s’assurer d’un strict respect des budgets carbone, en particulier pour les secteurs soutenus. Il pourra ainsi renforcer la réglementation environnementale déjà mise à l’agenda politique, notamment dans le cadre du « Green Deal»» européen pour l’aviation (fiscalité sur le kérosène) et l’automobile (renforcement des normes de CO2). Enfin, une trajectoire de suppression des niches fiscales néfastes au climat dont bénéficient certaines entreprises doit également être instaurée.
    Pourquoi se préoccuper de ces enjeux actuellement, en pleine crise sanitaire ? Parce que c’est maintenant, alors même que les mesures de soutien aux entreprises sont prises, que les contreparties doivent être actées.
    Pour aller plus loin : Les propositions du Réseau action climat pour une plus grande résilience face aux crises.
    Source :

    https://www.alternatives-economiques.fr/anne-bringault/eviter-un-naufrage-de-leconomie-oui-contreparties/00092419

     

Les commentaires sont clos.